Saint-Office et Inquisition.

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Louis Mc Duff
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Saint-Office et Inquisition.

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Bonjour à tous,

Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement Si vis pacem qui m’a gracieusement fourni les liens internet me permettant de mettre la main sur une étude sérieuse concernant 2 sujets inconnus, mal connus dans le milieu catholique, à savoir l’INQUISITION et le SAINT-OFFICE.

Nous publierons, en tout premier lieu, l’article sur le Saint-Office; il sera suivi de celui sur l’Inquisition.

Dès leur parution les titres seront référencés pour une lecture plus commode.

Bonne lecture à tous.

Bien à vous.

* SAINT-OFFICE



I. — Mainmise de la royauté sur l'Inquisition au XIVe et au XVe siècle.

II. — L'Inquisition espagnole (XVe-XIXe siècles).

§ I. Ses origines.

§ II. Institution et organisation de l'Inquisition espagnole.

* Torquemada.

§ III. L'Inquisition contre les Juifs et les Morisques.

* Ximénès.

§ IV. L'Inquisition, la Réforme et la Renaissance. Procès d'Érasme.

* Procès de Carranza. L'Index espagnol.

§ V. Procès extraordinaires ; procès politiques.

§ VI. Déclin et suppression de l'Inquisition espagnole.

III. — L'Inquisition romaine.

_________________________________________________________

* INQUISITION du Moyen-Âge



*. Origines.

*. Établissement de l’Inquisition.

*. Doctrine des hérétiques.

*. Organisation de l’Inquisition.

*. Procédure de l’Inquisition.
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Louis Mc Duff
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(col. 1078)

SAINT-OFFICE. — Telle qu'elle avait été établie, au XIIIe siècle, en Languedoc d'abord, puis dans la plus grande partie de l'Europe (voir dans ce Dictionnaire, notre article INQUISITION col. 847 sqq.), l'Inquisition était, aux mains de l'Eglise, une arme puissante. De bonne heure, le pouvoir civil l'avait vue fonctionner avec une certaine méfiance ; mais craignant les sentences qui déclaraient fauteur d'hérésie quiconque entravait les fonctions des Inquisiteurs, il n'avait pas osé s'opposer ouvertement à cette juridiction ecclésiastique. Ainsi fut-elle acceptée par les comtes de Toulouse et de Foix contre lesquels, dès ses origines, elle avait été dirigée ; après eux, la plupart des princes du XIIIe siècle lui prêtèrent le concours du bras séculier.

Le moment vint cependant où, incliné progressivement vers l'absolutisme par les légistes, le pouvoir civil supporta difficilement, au sein de ses états, des juges qui exerçaient leurs fonctions en dehors de lui, en vertu d'une Commission pontificale, appliquaient une loi et un droit qui lui étaient étrangers ; et il fut amené rapidement à se demander si, au lieu d'être l'auxiliaire de l'Inquisition, il ne pourrait pas intervertir les rôles et faire, en sa faveur, de cette redoutable institution un instrument de règne.

S'emparer de l'Inquisition et la mettre au service de l'absolutisme royal, en frappant, grâce aux jugements du Saint-Office, les ennemis du roi comme les ennemis de Dieu, telle fut la tendance des gouvernements du XIVe siècle, tendance d'autant plus marquée que plus grand était le pouvoir de ces gouvernements, et plus précise la conscience qu'ils avaient de leur force.
A suivre : Mainmise de la royauté sur l’Inquisition au XIVe et au XVe siècle…
Dernière modification par Louis Mc Duff le sam. 06 oct. 2018 23:05, modifié 1 fois.
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I. — MAINMISE DE LA ROYAUTÉ SUR L'INQUISITION au XIVe et au XVe siècle

(col. 1078-1079)

De toutes les monarchies, la monarchie française était la plus centralisatrice ; ses légistes affirmaient avec le plus d'énergie son indépendance à l'égard du droit canon et du pouvoir pontifical ; aussi l'on ne saurait s'étonner que, la première, elle ait détourné à son profit la puissance inquisitoriale. Celui qui travailla à cette transformation de l'Inquisition fut le roi des légistes et l'antagoniste de Boniface VIII, Philippe le Bel.

Il commença par la soumettre à son contrôle et à celui de ses sénéchaux. Profitant des plaintes que lui avaient apportées des députés de Carcassonne contre l'inquisiteur Nicolas d'Abbeville, il ordonna, le 13 mai 1291, à son sénéchal de Carcassonne de n'obéir aux réquisitions des juges de l'hérésie que lorsque l'accusé serait hérétique public ou prouvé tel publiquement par des personnes dignes de foi. Au mois de juin suivant, il annonça l'intention d'envoyer en Languedoc des commissaires pour y préciser la jurisprudence inquisitoriale. Quelque temps après, il décréta qu'aucun juif converti ne pourrait être arrêté comme hérétique, sur réquisition des Inquisiteurs, sans que les motifs de l'arrestation eussent été examinés par le sénéchal ou le bailli royal.

Vers la fin de 1295, par une autre ordonnance, il étendait des juifs convertis à tous ses sujets le bénéfice de cette disposition : nul ne pouvait être arrêté par ordre d'un moine, de quelque ordre qu'il fût (même inquisiteur dominicain ou franciscain), avant que le sénéchal n'eût examiné sommairement l'affaire.

Cette dernière mesure, extension des deux premières, équivalait à imposer l'exequatur royal, comme condition préliminaire, à toute poursuite inquisitoriale.
Gardons-nous d'expliquer cette politique par le désir de modérer les rigueurs de l'Inquisition ou de rendre plus libres les consciences. Ces sentiments étaient étrangers à un roi qui ne recula jamais devant la brutalité quand il la crut utile à son gouvernement et qui d'autre part était, non moins que son aïeul Saint-Louis, le défenseur zélé de l'orthodoxie catholique. Ce qui le prouve, c'est que, à plusieurs reprises, il manda à son sénéchal de Carcassonne et au vicomte de Narbonne de prendre des mesures de rigueur contre les Juifs (BIBL. NAT., fonds DOAT., t. XXXII, fol. 85-89, 254-257).

En 1306 il fit arrêter et jeter hors du royaume tous les Juifs, menaçant de mort ceux d'entre eux qui y rentreraient ; en 1304, il fortifia la puissance de l'Inquisition (VAISSÈTE,. Histoire du Languedoc, t. X, col. 428-431), et proscrivit comme séditieuse toute ligue formée contre les inquisiteurs (BIBL. NAT., fonds DOAT, t. XXXIV, fol. 81-82, 109-111).

Le pape Boniface VIII comprit l'étendue de cette mainmise du pouvoir royal sur l'Inquisition…
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I. — MAINMISE DE LA ROYAUTÉ SUR L'INQUISITION au XIVe et au XVe siècle

(SUITE)

(col. 1079)

Le pape Boniface VIII comprit l'étendue de cette mainmise du pouvoir royal sur l'Inquisition ; et pour montrer à quel point il la repoussait, il ordonna, en octobre 1297, à l'Inquisiteur de Carcassonne d'entamer des poursuites pour crime d'hérésie contre plusieurs fonctionnaires royaux de Béziers; ainsi le conflit qui mettait aux prises le pape et le roi au sujet de la levée des décimes se compliquait d'un autre conflit au sujet de l'Inquisition.

Il sembla se calmer l'année suivante : pour prix de certaines concessions pontificales dans le domaine politique et fiscal, Philippe le Bel renonça à ses empiétements sur l'Inquisition. Dans le sixième livre qu'il ajouta, le 3 mars 1298, au Corpus Juris Canonici, Boniface VIII réclama comme un droit absolu de l'Eglise de requérir le concours sans condition des fonctionnaires séculiers à l'action inquisitoriale, et loin de protester contre cette prétention, le roi ordonna à ses officiers de respecter scrupuleusement ce canon (5 septembre 1298) (BIBL. NAT., fonds DOAT, t. XXXII, fol. 280-281. Autre lettre dans le même sens du 15 septembre 1298, Ibid., fol. 278-279).

Ces faits et d'autres qui se produisirent en 1301 et 1302 nous prouvent qu'en Languedoc et même dans tout le reste de la France, la question de l'Inquisition varia selon les péripéties de la lutte engagée entre Boniface VIII et Philippe le Bel. Lorsque le roi avait intérêt à ménager le pape, il ordonnait à ses agents de respecter scrupuleusement la décrétale pontificale du Sexte et de se mettre à la disposition du Saint-Office; lorsqu'au contraire la querelle se ravivait, il affirmait hautement la suprématie du pouvoir royal sur l'Inquisition.

L'échec de Boniface VIII, suivi de près de l'élection d'un pape, Clément V, client du roi de France, fit perdre à l'Inquisition toute indépendance. Le premier, semble-t-il, Philippe le Bel eut l'idée d'utiliser ce tribunal contre tous ceux dont la perte était nécessaire à sa politique, en les représentant à l'opinion publique comme des ennemis de la religion et de la morale. Désormais, beaucoup de procédures et de sentences inquisitoriales, sous une apparence religieuse, furent essentiellement politiques.

Tel fut le cas du procès des Templiers…
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I. — MAINMISE DE LA ROYAUTÉ SUR L'INQUISITION au XIVe et au XVe siècle

(SUITE)

(col. 1079-1080)

Tel fut le cas du procès des Templiers. Ce n'est pas le cas de le raconter ; qu'il nous suffise de marquer qu'il fut poursuivi par l'Inquisition, sur l'ordre du roi et malgré le Saint-Siège.

Celui qui l'engagea fut le dominicain Guillaume de Paris, qui cumulait les fonctions de confesseur de Philippe le Bel avec celles d'inquisiteur général du royaume. « Trop disposé peut-être à seconder les intentions de son royal pénitent, le grand inquisiteur se montra, dans cette occasion, l'homme du roi plus que le ministre du Saint-Siège dont il tenait ses pouvoirs; et sans attendre l'autorisation du pape , il se mit aussitôt à l'œuvre. » (FÉLIX LAJARD, Guillaume de Paris, dans l'Histoire littéraire de la France, t. XXVII, p. 141).

Par une circulaire datée du 22 septembre 1307, il mandait aux inquisiteurs de Toulouse et de Carcassonne, ses subordonnés, ainsi qu'aux prieurs, sous-prieurs et lecteurs de tous les couvents dominicains de France, d'interroger les Templiers sur tous les crimes dont ils étaient accusés et de recueillir les dépositions des témoins qu'ils jugeraient utile d'interroger.

Lui-même fit plusieurs informations à Troyes, Bayeux, Caen, Paris et au Temple; du 19 octobre au 24 novembre 1307, il interrogea 138 Templiers (Voir la procédure, dans les Actes du Procès des Templiers, publiés par Michelet dans la Collection des documents inédits de l'histoire de France.

Plus encore que Guillaume de Paris, le directeur de toute cette affaire était le petit-fils de l'un de ces hérétiques, que cette même Inquisition avait condamnés, en Languedoc, cinquante ans auparavant, de l'homme qui, en organisant l'attentat d'Anagni, avait porté un si rude coup à la papauté, du légiste enfin qui exaltait, en combattant le droit canon, le pouvoir monarchique, Guillaume de Nogaret.

Ce fut en effet pour la mener énergiquement et sans scrupules, au profit du roi, qu'il avait reçu la garde du sceau royal, le 22 septembre 1307 ; et ce fut au lendemain de sa nomination que fut décidée par Philippe le Bel l'arrestation de tous les chevaliers du Temple (RENAN, Guillaume de Nogaret, dans l'Histoire littéraire de la France, t. XXXVII, p. 290). Sous l'impulsion d'un tel homme, les inquisiteurs firent preuve d'un zèle inouï, au service du roi, contre les Templiers. (CH.-V. LANGLOIS, Le procès des Templiers, dans la Revue des Deux-Mondes, 1891, pp. 401-402).

Le légiste Pierre Du Bois semble même avoir eu l'idée de faire porter sur tous les biens ecclésiastiques, jusque sur ceux du pape, la sentence de confiscation qui se préparait contre le patrimoine des Templiers; c'est RENAN qui le fait remarquer: « Faire du roi de France le chef de la chrétienté, sous prétexte de croisade; lui mettre entre les mains les possessions temporelles de la papauté, une partie des revenus ecclésiastiques et surtout les biens des Ordres voués à la guerre sainte, voilà le projet avoué de la petite école secrète dont Du Bois était l'utopiste et dont Nogaret fut l'homme d'action. »

Retourner ainsi l'Inquisition contre la papauté, n'était pas une entreprise banale…
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(SUITE)

(col. 1080-1081)

Retourner ainsi l'Inquisition contre la papauté, n'était pas une entreprise banale.

Clément V, dont l'intelligence était supérieure au caractère, voyait la solidarité qui existait entre l'Eglise et les Templiers, menacés également par l'impérialisme politique et la fiscalité de Philippe le Bel ; et d'autre part, il se rendait compte que les accusations lancées par Guillaume de Nogaret, petit-fils d'hérétique et peut-être hérétique lui-même, contre la foi et les mœurs du Temple, n'étaient qu'un prétexte pour le spolier et le supprimer. Aussi essaya-t-il d'empêcher le procès. A la suppression projetée de l'Ordre, il opposa un projet de fusion des Hospitaliers et des Templiers; il appela auprès de lui les maîtres de ces deux milices et demanda au maître du Temple, Jacques Molay, sur ce sujet, un mémoire qui nous a été conservé.

Ce n'était pas ce que voulait le roi : aussi, coupant court au contre-projet pontifical en préparation, il découvrit brusquement son plan. Clément V crut pouvoir en arrêter l'exécution en gagnant du temps, et pour cela, la mort dans l'âme, non sine magna cordis amaritudine, anxietate et turbatione, il consentit à une enquête sur les Templiers (24 août 1307). RENAN, Guillaume de Nogaret, dans l'Histoire littéraire de la France, t. XXXVII, p. 289).

Philippe le Bel transforma aussitôt l'enquête en procès. Son chancelier, Gilles Aycelin, ne voulut pas s'y prêter et rendit les sceaux. Ce fut alors que le roi les confia à Nogaret, qui, quelques jours après (13 octobre 1307), fit arrêter et livrer à l'Inquisition tous les Templiers, y compris leur grand maître Jacques Molay.

Ce coup fut fait malgré le pape qui, le 27 octobre suivant, adressa une protestation au roi. Le texte en a été publié par RENAN dans sa monographie de Bertrand de Got-Clément V (Hist. littéraire de la France, t. XXXVIII, p. 290). L'année suivante, le pape éleva une nouvelle protestation contre la continuation du procès et blâma formellement les évêques et les inquisiteurs qui s'en occupaient.

Pour réduire cette opposition, le roi eut recours à des procédés d'intimidation ressemblant à du chantage…
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(SUITE)

(col. 1081)

Pour réduire cette opposition, le roi eut recours à des procédés d'intimidation ressemblant à du chantage; il fit menacer le pape d'une campagne de pamphlets. « Que le pape prenne garde ! écrivait son âme damnée, le légiste Du Bois; il est simoniaque ; il donne par affection du sang les bénéfices de la sainte Eglise de Dieu à ses proches parents : il est pire que Boniface, qui n'a pas commis autant de passe-droits ; il faut que cela cesse ! On pourrait croire que c'est à prix d'or qu'il protège les Templiers, coupables selon leur propre aveu, contre le zèle catholique du roi de France. »

Devant ces menaces, Clément V céda et rendit à l'Inquisition ses pouvoirs, mais en lui adjoignant des cardinaux et des commissaires apostoliques pour modérer son zèle en faveur du roi ; et l'affaire se poursuivit, jusqu'à la suppression de l'Ordre par le Concile de Vienne, la confiscation de ses biens au profit du roi, l'exécution d'un grand nombre de ses chevaliers et de son grand maître Jacques Molay.

Ainsi, créée par les Souverains Pontifes pour instruire, en leur nom, les procès d'hérésie, cette institution, en moins d'un siècle, était devenue un instrument de règne aux mains du roi de France. C'est ce que reconnaît l'un des récents historiens de l'Inquisition, M. Ch.-V. LANGLOIS, quand il écrit dans l'Histoire de France de Lavisse (t. III, partie I, p, 183) : « Il n'a pas tenu au garde des sceaux de 1307 que l'Inquisition politique, à la mode des pays du Midi, des princes guelfes d'Italie et des « Rois Catholiques » d'Espagne, ne s'acclimatât chez nous. » On ne saurait mieux dire que Philippe le Bel et Nogaret furent les précurseurs de Torquemada et de Philippe II.

Au cours du XIVe siècle, les successeurs de Philippe le Bel firent de ce tribunal ecclésiastique une juridiction bâtarde, religieuse et canonique par la composition de son personnel et l'aspect religieux de sa procédure, séculière et légiste par ses rapports avec les Parlements et les fonctionnaires royaux et l'influence dominante qu'exerçait sur sa marche la couronne.

On le vit bien en 1322, lorsque comparut devant l'Inquisition de Toulouse Amiel de Lautrec, abbé de Saint-Sernin…
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(SUITE)

(col. 1081-1082)

On le vit bien en 1322, lorsque comparut devant l'Inquisition de Toulouse Amiel de Lautrec, abbé de Saint-Sernin. Il fut traduit devant elle par le viguier royal ; acquitté par elle, il fut traîné en appel par le procureur du roi, non pas devant le pape chef immédiat de l'Inquisition, mais devant la Cour royale la plus haute, le Parlement de Paris (DOM VAISSÈTE, Histoire du Languedoc, t. IV, Preuves, col. 21-22).

En 1318, Henri de Chamay s'intitulait lui-même inquisiteur délégué pur le roi (et non par le pape) à Toulouse. Lorsque, l'année suivante, Guillaume de Villars, commissaire du roi, s'empara des registres de l'Inquisition, le chef de cette dernière protesta, non auprès de la Curie, mais auprès du Parlement, que par cette démarche il semblait considérer comme la juridiction d'appel de son propre tribunal (LEA, Histoire de l'Inquisition, trad. Reinach, t. II, pp. 154 et suiv.).

La diminution de puissance que subit la papauté pendant son séjour à Avignon et surtout pendant le grand schisme, accentua l'asservissement de l'Inquisition à la monarchie des Valois. En conflit avec l'archevêque de Toulouse, en 1364, l'inquisiteur de cette ville soumit le différend au roi et non au pape (DOM VAISSÈTE, Histoire du Languedoc, t. IV, preuve 30). En 1285, à Reims, l'archevêque et les magistrats municipaux, se disputant la connaissance du crime d'hérésie, finirent par signer entre eux une transaction, sans même penser qu'il existait à côté d'eux, dans leur ville, pour réprimer le blasphème et l'hérésie, un Saint-Office ( Archives administratives de la ville de Reims, t. III, 637-645).

Pendant le grand schisme, l'Université de Paris finit par supplanter complètement le Saint-Office dans l'examen des doctrines et la connaissance des crimes d'hérésie. Aussi l'Inquisition n'avait-elle que la vie que lui donnait le gouvernement royal ou le parti au pouvoir, lorsque, pour mieux perdre un ennemi, il estimait opportun de le faire tomber sous une condamnation pour hérésie et par conséquent sous une sentence du Saint-Office. C'est ce que l'on vit lorsque fut poursuivi l'ancien prévôt de Paris, Hugues Aubriot.

Le 21 janvier 1381, Aymeric de Magnac, évêque de Paris, Pierre Godefroy, official de la curie épiscopale, et le dominicain Jacques de Morey, inquisiteur de France, le citèrent devant le tribunal de l'Inquisition sous l'inculpation « d'hérésie, de bougrerie, d'être sodomite et faux chrétien ». (Chronique des quatre premiers Valois,p. 294). Après avoir essayé de résister, en s'appuyant sur la Cour, Aubriot se constitua prisonnier, le 1er février suivant. L'accusation fut soutenue avec acharnement par les délégués de l'Université de Paris, tandis que le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, oncle du roi, plusieurs nobles de Bourgogne et le premier président du Parlement, Philibert Paillart, le défendaient.

Finalement, le vendredi 17 mai 1381, devant le grand portail de Notre-Dame, sur un échafaud, Aubriot dut faire amende honorable en présence de 40.000 personnes parmi lesquelles étaient de nombreux étudiants ; puis il fut condamné à la prison perpétuelle par l'Inquisiteur et ramené dans les cachots de l'évêché (Ibidem, p. 295). Au mois de mars suivant, l'insurrection des Maillotins le délivra et il s'enfuit auprès du pape d'Avignon, Clément VII, qui cassa la sentence de l'Inquisiteur et laissa Aubriot en liberté.

Tant par les crimes visés que par la qualité des juges, cette cause semble intéresser la foi et les mœurs; en réalité…
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Re: Saint-Office et Inquisition.

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qui ou quels sont les auteurs de cette étude?
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Louis Mc Duff
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Message par Louis Mc Duff »

JCL a écrit : jeu. 19 juil. 2018 21:34 qui ou quels sont les auteurs de cette étude?
Jean Guiraud.
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