Biographies des dames Romaines
Publié : dim. 27 mai 2018 22:44
Sainte Léa ou Lée
Les Petits Bollandistes, au 22 mars a écrit :
384 ―Pape : Saint Damase Ier ― Empereur : Théodose le Grand.
Léa était une dame romaine qui, après la mort de son mari embrassa les austérités de la pénitence. Elle portait le cilice, passait la plus grande partie des nuits en prière, et s'exerçait continuellement à la pratique de l'humilité. Elle mourut en 384. Saint Jérôme fait un très-beau parallèle entre la mort de sainte Léa et celle d'un païen, nommé Prétextât, qui fut enlevé du monde la même année, après avoir été créé consul...
Voici donc ce qu'il en écrit à la veuve sainte Marcelle :
« Qui pourra donner à la bienheureuse Léa les louanges qu'elle mérite ? elle se consacra tellement à Dieu, qu'elle mérita la qualité d'abbesse en son monastère, et le titre de supérieure sur tant de vierges qui la reconnaissaient pour leur mère. Après les habits pompeux dont elle s'était servie, selon la vanité du monde, elle se couvrit d'un sac pour mortifier ses appétits, et s'étudia à la perfection, passant les nuits entières en des veilles et des prières, afin d'enseigner la dévotion à ses compagnes, plutôt par l'exemple de ses actions que par ses discours et ses remontrances. Son humilité était si profonde, qu'après avoir commandé aux autres, elle était devenue la servante de tout le monde; mais elle était d'autant plus parfaitement servante du Fils de Dieu, qu'elle voulait être moins maîtresse parmi les créatures. Son ameublement était très-pauvre, ses habits sans luxe, et son vivre fort austère. Elle n'avait pas la tête couverte de perles, ni le visage relevé avec du fard. Elle pratiquait les vertus chrétiennes sans hypocrisie et faisait le bien de telle sorte, qu'elle n'en attendait la récompense que dans l'éternité, parce qu'elle refusait de recevoir en ce monde le prix qui lui était dû.
Maintenant, pour quelque peu de travail, elle jouit d'un repos accompli, après avoir été reçue par les chœurs des anges, et introduite dans le sein d'Abraham, d'où, avec le pauvre Lazare, elle voit le riche et le consul, qui était couvert de pourpre, non plus avec sa robe triomphale, mais chargé d'un habit de confusion il demande une goutte d'eau pour se rafraîchir, sans la pouvoir obtenir. Oh ! que les choses ont bien changé de face ! Celui qui se voyait naguère au sommet des honneurs et des dignités, celui qui montait pompeusement au Capitole, comme s'il eût triomphé des ennemis, et qui avait été reçu avec applaudissement de tout le peuple romain ; celui qui, par sa mort, avait rempli de deuil toute la ville, est maintenant réduit à la misère, et logé non pas au palais et en la cour céleste (comme sa malheureuse femme le publie avec beaucoup d'impudence), mais en des ténèbres extérieures, qui ne finiront jamais. Et notre bienheureuse Léa, qui avait fait sa retraite en un petit coin, afin de paraître pauvre et d'être estimée insensée devant le monde, est aujourd'hui reçue au festin de l'Agneau, et dit avec le Psalmiste « Nous voyons les choses en la maison de notre Dieu de la manière qu'elles nous ont été annoncées ». (ps. XLVII)
C'est pourquoi je vous représente, les larmes aux yeux, et vous déclare qu'il ne faut pas porter deux robes pendant cette vie, ni se couvrir les pieds de peaux d'animaux, qui sont les affections et les actions mortes de la chair ; ni rechercher les grâces et les faveurs du monde, signifiées par le bâton, qui sont toutes conditions mystérieusement défendues par le Sauveur sous le symbole de ces allégories. Nous ne devons pas entreprendre de servir en même temps Jésus-Christ et le siècle, mais il faut vivre avec tant de modération, que les biens éternels puissent succéder aux temporels, et reconnaître que, si notre corps approche chaque jour de sa fin et de ses cendres, tout le reste, dans le monde, n'est pas de plus longue durée ».