Extraits de "La Cité Mystique de Dieu"

chartreux
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II.§950 a écrit :
Faites que les vertus éminentes que vous avez connues vous servent d'exemple ; puisez-y comme dans celles que vous découvrirez en d'autres saints, ainsi qu'une diligente abeille butine sur les fleurs, le miel délicieux de la sainteté et de la pureté que mon très-Fils exige de vous. Gardez la différence qu'il y a entre l'abeille et l'araignée ; car l'une change sa nourriture en doux rayons utiles aux vivants et aux morts ; et l'autre change sa propre substance en un mortel poison. Tirez tout le profit qu'il vous sera possible avec le secours de la grâce, des fleurs et des vertus des saints, qui parfument le jardin de la sainte Église ; faites que ce progrés serve à l'utilité des vivants et des morts, et fuyez le péché, qui, comme le poison, est nuisible à tous.
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II.§955 a écrit :
Et si l'on montre ce que la charité a de plus sublime, lorsqu'on donne sa vie pour ceux que l'on aime (Joan. 15:13), il est sûr que l'auguste Marie passa cette borne de l'amour envers les hommes, attendu qu'elle aimait beaucoup plus la vie de son très-saint Fils que la sienne propre, et que cet amour n'avait point de mesure, car elle aurait donné une infinité de vies, si elle les eut eues, pour conserver celle de son Fils.
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II.§959 a écrit :
Lorsque notre Rédempteur alla trouver saint Jean pour en être baptisé (Matt. 3:13), il était entré dans sa trentième année ; car il se rendit directement sur les bords du Jourdain, où son précurseur baptisait, et il en reçut le baptême treize jours après avoir accompli sa vingt-neuvième armée, le même jour que l'Église le célébre. Je ne saurais dignement exprimer la douleur que la très-pure Marie ressentit au moment de cette séparation, non plus que la compassion du Sauveur toutes nos expressions sont trop faibles pour faire comprendre ce qui se passa alors dans le coeur du Fils et de la Mère. Comme cette séparation devait être une de leurs plus pénibles afflictions, il ne fut pas convenable de modérer les effets de leur amour naturel et réciproque.
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II.§961 a écrit :
Vous comprendrez par là l'ignorance des mortels, et combien dans leur aveuglement ils s'écartent de la bonne route ; car ils travaillent généralement et même presque tous pour ne point travailler, ils souffrent pour ne point souffrir ; et se détournent avec horreur du chemin royal et sur de la croix et de la mortification. Livrés à leurs illusions funestes, non-seulement ils abhorrent la ressemblance de leur exemplaire Jésus Christ et la mienne, et se privent de cette même ressemblance, qui est le véritable et souverain bien de la vie humaine ; mais ils se mettent en outre dans l'impossibilité de recevoir leur remède, puisqu'ils sont tous malades, affligés d'une foule de fautes auxquelles il n'y a point d'autre remède que la souffrance. On commet les péchés avec une honteuse satisfaction ; par contre, l'on s'en purge par une salutaire douleur, et c'est dans la tribulation que le juste Juge les pardonne. Par les afflictions on parvient à réprimer, à dompter la concupiscence rebelle ; on amortit les élans désordonnés de la nature ; on règle les appétits concupiscible et irascible ; on abat l'orgueil et la présomption ; on assujettit la chair ; on perd le goût de ce que les choses sensibles et terrestres ont de mauvais ; on détrompe le jugement, on redresse la volonté ; toutes les puissances de l'homme se rangent à leur devoir ; les passions cessent leurs soubresauts et modèrent leurs mouvements ; enfin et surtout l'amour divin est sollicité d'avoir compassion de celui qui est affligé et qui endure les souffrances avec patience, ou qui les cherche avec le désir d'imiter mon très-saint Fils. C'est là où tout le bonheur de l'homme se trouve renfermé ; ainsi ceux qui fuient cette vérité sont insensés aussi bien que ceux qui ignorent cette science.
II.§962 a écrit :
Tâchez donc, ma très-chére fille, de vous y avancer ; soyez diligente à aller à la rencontre des souffrances, et résolvez-vous à ne recevoir jamais aucune consolation humaine. Et, afin que vous évitiez le danger caché dans les consolations spirituelles, je vous avertis que le démon y tend aussi aux âmes pieuses un piège que vous ne devez pas ignorer : car, comme la contemplation des grandeurs du Seigneur est si douce et que ses caresses sont si attrayantes, les puissances de l'âme et quelquefois la partie sensitive y trouvent tant de jouissances, que certaines personnes s'y attachent au point de devenir presque incapables des autres occupations nécessaires à la vie humaine, quand même elles seraient imposées par la charité et par les lois du commerce raisonnable avec les créatures ; et, lorsqu'il faut qu'elles s'y appliquent, elles se désolent à l'excès et tombent dans le trouble, dans l'impatience et dans la tristesse ; elles perdent la paix et la joie intérieure ; elles sont intraitables et rudes envers les autres, sans humilité et sans charité. Et, lorsqu'elles sentent leur propre inquiétude et leur malaise moral, elles en attribuent incontinent la cause aux occupations extérieures, dans lesquelles le Seigneur les a mises par l'obéissance et par la charité, et ne veulent ni avouer ni reconnaître que cette cause se trouve dans leur immortification, dans leur défaut de soumission aux ordres de Dieu, dans leur trop vif attachement à leur propre satisfaction. Le démon leur cache ce piège sous le prétexte qu'elles prennent du bon désir du calme, du recueillement, et de s'entretenir avec le Seigneur dans l'a solitude ; parce qu'il leur semble qu'il n'y a rien à craindre en cela, que tout y est bon et saint, et que le mal vient de ce qu'on les empêche de faire les choses comme elles le souhaitent.
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II.§965 a écrit :
Le Rédempteur du monde s'étant éloigné de la présence corporelle de sa très-amoureuse Mère (...) par la connaissance qu'elle avait des intentions du Verbe incarné, elle s'abstint de parler alors à aucune créature humaine, pour l'imiter dans les austérités qu'il devait pratiquer dans le désert, comme je le dirai ailleurs ; car elle fut en tout une image vivante de ses oeuvres aussi bien en son absence qu'en sa présence.
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II.§975 a écrit :
O hommes, d'où vient un pareil ensorcellement ? Quel objet vous fascine d'une manière si étrange ? Dans quelle léthargie mortelle vous êtes tombés ! Qui a effacé de votre souvenir des vérités si infaillibles et des bienfaits si mémorables, et en même temps les conditions de votre propre et véritable félicité ? Si nous sommes de chair et naturellement si sensibles, qui nous a rendus plus insensibles et plus durs que les rochers ? Comment ne nous réveillons-nous pas de notre assoupissement au bruit éclatant des bienfaits de notre rédemption ? Des os desséchés s'animent et se meuvent à la voix d'un prophète (Ezech. 27:10), et nous résistons aux paroles et aux oeuvres de Celui qui donne à tout la vie et l'être. Voilà de quoi est capable l'amour terrestre, et ce que notre funeste oubli peut produire.
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II.§978 a écrit :
Sa Majesté se joignit donc à la foule, et pria saint Jean de le baptiser avec les autres ; mais le Précurseur le reconnut, et, se prosternant à ses pieds, il lui dit pour s'en dispenser : C'est vous, Seigneur, qui me devez baptiser, et vous venez me demander le baptême ? comme le raconte l'évangéliste saint Matthieu (Matth. 3:14). Le Sauveur lui répondit : Laissez-moi faire pour cette heure ce que je souhaite ; car nous devons accomplir ainsi toute justice (Ibid., 15). Par cette espèce de refus que le saint opposa au baptême de notre Seigneur Jésus-Christ, et par la demande qu'il lui adressa lui-même, il fit entendre qu'il le reconnaissait pour le véritable Messie. Et ceci n'est point contradictoire avec ce que l'évangéliste saint Jean nous rapporte que le saint Précurseur dit aux Juifs : Pour moi, je ne le connaissais point ; mais Celui qui m'a envoyé baptiser dans Peau m'a dit : Celui sur qui vous terrez l'Esprit descendre et se reposer, c'est celui-là qui baptise dans le Saint-Esprit : Je l'ai vu, et j'ai rendu le témoignage qu'il est le Fils de Dieu (Joan. 1:33-34.). La raison que j'allègue pour prouver qu'il n'y a point de contradiction entre ce passage de saint Jean et ce que dit saint Matthieu, est que le témoignage du ciel et la voix du Pére, qui se firent entendre sur notre Seigneur Jésus-Christ prés du Jourdain, coïncidèrent avec le moment où saint Jean-Baptiste eut la vision et l'illumination dont je viens de parler, et jusque-là il n'avait pas encore vu Jésus-Christ de ses yeux corporels. Il put donc déclarer qu'il ne l'avait pas connu comme il le connut alors ; mais il le vit non-seulement des yeux du corps, mais aussi et au même moment par la lumière de la révélation : c'est pour cela qu'il se prosterna à ses pieds et qu'il lui demanda le baptême.
II.§979 a écrit :
Aussitôt que saint Jean eut achevé de baptiser notre Seigneur Jésus-Christ, le ciel s'ouvrit, le Saint-Esprit descendit sur sa téte sous la forme visible d'une colombe, et l'on entendit la voix du Père qui dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me plais uniquement (Matth. 3:17). Plusieurs de ceux qui se trouvaient présents, et qui ne s'étaient pas rendus indignes d'une faveur si admirable, entendirent cette voix du ciel, et virent aussi le Saint-Esprit en la forme sous laquelle il se reposa sur le Sauveur. Ce témoignage fut le plus grand qui se put donner de la divinité de notre Rédempteur, tant du côté du Pére, qui l'avouait pour Fils, que de celui du Saint-Esprit, qui en fournissait la preuve, puisque tout cela manifestait que Jésus-Christ était Dieu véritable, égal à son Père éternel quant à la substance et quant à ses perfections infinies. Le Père voulut être le premier à attester du ciel la divinité de Jésus-Christ, afin d'autoriser par cette attestation toutes celles que l'on en devait donner ensuite dans le monde. Ces paroles du Père renfermaient encore un mystère : c'était une manière de dégager, pour ainsi dire, l'honneur de son Fils, et de récompenser l'acte d'humilité qu'il pratiquait en se soumettant au baptême, qui servait de remède aux péchés, dont le Verbe incarné était exempt, puisqu'il était impeccable (Hebr. 7:26).
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II.§981 a écrit :
Le grand Baptiste fut celui qui pénétra le plus ces merveilles et leurs effets, et qui en eut la meilleure part ; car non-seulement il baptisa son Rédempteur et son Maître, vit le Saint-Esprit et le globe lumineux qui descendirent du ciel sur le Seigneur ; découvrit la multitude innombrable d'anges qui assistaient au baptême, entendit la voix du Père et connut d'autres mystères en la vision que j'ai décrite ; mais il fut en outre baptisé par le Rédempteur lui-même. Et quoique l'Évangile dise seulement qu'il a demandé le baptême (Matth. 3:14), il ne nie pourtant pas qu'il l'ait reçu, parce que sans doute notre Seigneur Jésus-Christ, après avoir été baptisé, aura donné à son précurseur le baptême, que celui-ci lui demandait, et que sa divine Majesté institua dès lors, quoique la promulgation et l'application générale de cette loi n'aient eu lieu que plus tard, quand le Sauveur, après sa résurrection, prescrivit aux apôtres de conférer ce sacrement (Matth. 28:19). Et, comme je le dirai plus loin, le Seigneur baptisa aussi sa très-sainte mère avant cette promulgation, en laquelle il détermina la forme du baptême, qu'il avait ordonné.
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II.§991 a écrit :
Pendant tout le temps qu'il passa dans le désert, notre Sauveur faisait par jour trois cents génuflexions et prosternations, et sa très-sainte mère en faisait autant dans son oratoire, et elle employait ordinairement le temps qui lui restait à faire des cantiques avec les anges, comme je l'ai dit dans le chapitre précédent. Dans cette constante imitation de Jésus-Christ notre Seigneur, la divine Reine coopéra à toutes ses prières, à toutes ses impétrations ; elle remporta les mêmes victoires sur tous les vices, et les répara de son côté par la pratique et les fruits des vertus les plus héroïques ; de sorte que si Jésus-Christ comme Rédempteur nous mérita tant de biens, et paya nos dettes avec une condignité si absolue, la très-pure Marie, comme sa coadjutrice et notre Mère, employa sa miséricordieuse intercession auprés de cet adorable Seigneur , et fut notre médiatrice autant qu'une simple créature pouvait l'être.
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II.§994 a écrit :
Je ne vous dis rien maintenant, ma fille, de l'erreur détestable de quelques fidèles qui ont introduit la vanité et l'ostentation jusque dans les pratiques de pénitence, de sorte qu'ils méritent un plus grand châtiment par leur pénitence même que par leurs autres péchés, puisqu'ils joignent des fins terrestres, vaines et imparfaites aux oeuvres pénibles, oubliant les fins surnaturelles, qui sont celles qui donnent le mérite à la pénitence et la vie de la grâce à l'âme. Je vous parlerai de cela dans une autre occasion s'il est nécessaire ; en attendant songez à déplorer cet aveuglement, et préparez-vous à travailler et à souffrir ; car quand il vous faudrait endurer toutes les souffrances des apôtres, des martyrs et des confesseurs, vous ne devriez pas hésiter. Apprenez par cette instruction à châtier toujours votre corps, et à croire que vous n'aurez jamais assez fait, et qu'il vous restera toujours quelque chose à payer, d'autant plus que la vie est si courte et que vous êtes naturellement si insolvable.
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