II.§675 a écrit :
La sainte Vierge ne savait pas alors ce que sainte Élisabeth avait fait pour sauver son fils Baptiste, selon l'avis qu'elle lui avait donné par l'ange quand ils sortirent de Jérusalem pour aller en Égypte, comme je l'ai dit au paragr. 623. Et quoiqu'elle ne doutât point que tous les mystères. qu'elle avait appris par la lumière divine être rattachés à l'office du précurseur, ne fussent accomplis en ce bienheureux enfant, néanmoins elle ignorait les peines dans lesquelles la cruauté d'Hérode avait mis sa cousine Élisabeth et le petit Baptiste, aussi bien que les moyens qu'ils avaient pris pour l'éviter. La douce mère n'osa pas prier son très-saint Fils de lui en donner la connaissance, à cause du respect qu'elle lui portait, et de la prudence qu'elle observait dans ces révélations, de sorte qu'elle se renfermait dans une humilité et dans une patience admirable. Mais sa Majesté répondit à son tendre désir, en lui déclarant que Zacharie, Père de saint Jean, était mort quatre mois après la naissance de Jésus-Christ, et environ trois mois après qu'ils furent sortis de Jérusalem ; que sainte Élisabeth, qui était alors veuve, n'avait point d'autre compagnie que celle de son fils, qu'elle passait sa solitude et son affliction retirée avec lui dans un lieu écarté parce que, sur l'avis qu'elle avait reçu de l'ange, et à la vue ensuite de la cruauté qu'Hérode commençait à exercer, elle s'était résolue à fuir dans le désert avec le petit précurseur, et à habiter parmi les bêtes fauves, pour éviter la persécution d'Hérode ; que la sainte veuve avait pris cette résolution par l'impulsion, et le bon plaisir du très-Haut, et qu'elle était cachée au fond d'une grotte, où elle vivait avec son fils dans les peines, dans les afflictions et dans les incommodités.
II.§678 a écrit :
Je veux avertir à la fin de ce chapitre que je remarque en plusieurs choses que j'écris qu'il y a une grande diversité d'opinions entre les saints Pères et plusieurs auteurs : par exemple, quant à l'époque à laquelle ils disent qu'Hérode exerça sa fureur sur les Innocents, et si ce fut sur les enfants qui ne faisaient que de naître, ou sur ceux qui avaient quelques jours et qui ne passaient pas deux ans, et par rapport à d'autres points douteux, dont je ne dois pas donner ici l'éclaircissement, parce que cela n'est pas nécessaire à mon dessein, et que je n'écris que ce qui m'est enseigné et dicté, ou ce que l'on m'ordonne quelquefois par obéissance de demander, pour donner plus de liaison à cette divine histoire. Il ne fallait pas d'ailleurs que j'introduisisse aucune dispute dans les choses que j'écris ; parce que dès le commencement, comme je l'ai marqué, le Seigneur me déclara qu'il voulait que j'écrivisse tout cet ouvrage, non avec des opinions préconçues, mais avec la vérité que la divine lumière m'enseignerait. Que s'il y a lieu d'examiner si ce que j'écris est conforme au récit de l'Ecriture ; et si les choses ont un rapport convenable entre elles, je remets tout cela au jugement de mes supérieurs, et des personnes sages et pieuses. Cette diversité d'opinions est presque inévitable entre ceux qui écrivent, les uns s'attachant à un auteur, les autres à un autre, et chacun suivant son inclination ; ainsi la plupart des écrits, excepté les histoires canoniques; sont fondés sur des conjectures, ou sur des auteurs douteux, et je ne pouvais pas suivre cet ordre dans cet ouvrage, parce que je suis une femme ignorante.