Extraits de "La Cité Mystique de Dieu"

chartreux
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II.§663 a écrit :
Car lorsqu'on peut légitimement subvenir aux nécessités par des moyens humains, on ne doit pas attendre de miracles ni rester les bras croisés dans l'espérance que Dieu pourvoira à tout par des voies surnaturelles, attendu que sa Majesté ne concourt qu'aux moyens doux, communs et convenables ; et le travail corporel en est un où le corps sert avec l'âme le Seigneur, offre son sacrifice, et acquiert son mérite en la manière qui lui est possible. De sorte que 1a créature raisonnable peut, en vaquant au travail, louer et adorer Dieu en esprit et en vérité (Joan. 4:23). Et, pour le faire, subordonnez toutes vos actions à son bon plaisir, proposez-les à sa Majesté, et pesez-les au poids du sanctuaire en donnant toute votre attention à la divine lumière que le Tout-Puissant vous communique.
II.§668 a écrit :
En ce qui concerne les malades qui avaient des plaies, notre divine Dame se trouva balancée entre la charité, qui l'obligeait à les leur panser de ses propres mains, et un sentiment de retenue qui la portait à ne toucher personne. Et afin de la tirer de cette peine, son très-saint Fils lui dit de guérir les hommes par ses seules paroles et en les instruisant ; mais qu'elle pouvait toucher les femmes et panser elle-même leurs plaies. Et c'est ce qu'elle fit dès lors ; exerçant tour à tour les offices de mère et d'infirmière à tous, jusqu'à ce que saint Joseph commença de guérir aussi les malades ; ce qui arriva deux années après, comme je le dirai. Notre auguste Princesse s'attachait surtout à guérir les femmes, st cela avec une si grande charité, que, malgré son extrême pudeur et sa délicatesse, elle pansait elle-même leurs plaies, quelque ulcérées qu'elles fussent, et y appliquait les linges et les bandages nécessaires ; et elle montrait à toutes ces malades une compassion aussi vive que si elle avait senti leurs maux. Il arrivait parfois que, pour exercer cette charité, elle demandait à son très-saint Fils la permission de l'ôter de ses bras ; et alors elle le mettait dans son berceau et s'employait à soulager les pauvres, parmi lesquels le même Seigneur des pauvres revoyait sous une autre forme l'humble et charitable Dame (Matth. 25:40). Mais chose admirable ! jamais, au milieu de ces oeuvres et de ces soins, elle ne regardait qui que ce fut au visage. Et lors même que la plaie s'y trouvait, notre très-modeste Reine la pansait avec une telle retenue, qu'après coup elle n'eut pu reconnaître aucun malade à ses traits, si d'ailleurs elle ne les eut connus tous par la lumière intérieure.
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II.§675 a écrit :
La sainte Vierge ne savait pas alors ce que sainte Élisabeth avait fait pour sauver son fils Baptiste, selon l'avis qu'elle lui avait donné par l'ange quand ils sortirent de Jérusalem pour aller en Égypte, comme je l'ai dit au paragr. 623. Et quoiqu'elle ne doutât point que tous les mystères. qu'elle avait appris par la lumière divine être rattachés à l'office du précurseur, ne fussent accomplis en ce bienheureux enfant, néanmoins elle ignorait les peines dans lesquelles la cruauté d'Hérode avait mis sa cousine Élisabeth et le petit Baptiste, aussi bien que les moyens qu'ils avaient pris pour l'éviter. La douce mère n'osa pas prier son très-saint Fils de lui en donner la connaissance, à cause du respect qu'elle lui portait, et de la prudence qu'elle observait dans ces révélations, de sorte qu'elle se renfermait dans une humilité et dans une patience admirable. Mais sa Majesté répondit à son tendre désir, en lui déclarant que Zacharie, Père de saint Jean, était mort quatre mois après la naissance de Jésus-Christ, et environ trois mois après qu'ils furent sortis de Jérusalem ; que sainte Élisabeth, qui était alors veuve, n'avait point d'autre compagnie que celle de son fils, qu'elle passait sa solitude et son affliction retirée avec lui dans un lieu écarté parce que, sur l'avis qu'elle avait reçu de l'ange, et à la vue ensuite de la cruauté qu'Hérode commençait à exercer, elle s'était résolue à fuir dans le désert avec le petit précurseur, et à habiter parmi les bêtes fauves, pour éviter la persécution d'Hérode ; que la sainte veuve avait pris cette résolution par l'impulsion, et le bon plaisir du très-Haut, et qu'elle était cachée au fond d'une grotte, où elle vivait avec son fils dans les peines, dans les afflictions et dans les incommodités.
II.§678 a écrit :
Je veux avertir à la fin de ce chapitre que je remarque en plusieurs choses que j'écris qu'il y a une grande diversité d'opinions entre les saints Pères et plusieurs auteurs : par exemple, quant à l'époque à laquelle ils disent qu'Hérode exerça sa fureur sur les Innocents, et si ce fut sur les enfants qui ne faisaient que de naître, ou sur ceux qui avaient quelques jours et qui ne passaient pas deux ans, et par rapport à d'autres points douteux, dont je ne dois pas donner ici l'éclaircissement, parce que cela n'est pas nécessaire à mon dessein, et que je n'écris que ce qui m'est enseigné et dicté, ou ce que l'on m'ordonne quelquefois par obéissance de demander, pour donner plus de liaison à cette divine histoire. Il ne fallait pas d'ailleurs que j'introduisisse aucune dispute dans les choses que j'écris ; parce que dès le commencement, comme je l'ai marqué, le Seigneur me déclara qu'il voulait que j'écrivisse tout cet ouvrage, non avec des opinions préconçues, mais avec la vérité que la divine lumière m'enseignerait. Que s'il y a lieu d'examiner si ce que j'écris est conforme au récit de l'Ecriture ; et si les choses ont un rapport convenable entre elles, je remets tout cela au jugement de mes supérieurs, et des personnes sages et pieuses. Cette diversité d'opinions est presque inévitable entre ceux qui écrivent, les uns s'attachant à un auteur, les autres à un autre, et chacun suivant son inclination ; ainsi la plupart des écrits, excepté les histoires canoniques; sont fondés sur des conjectures, ou sur des auteurs douteux, et je ne pouvais pas suivre cet ordre dans cet ouvrage, parce que je suis une femme ignorante.
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II.§684 a écrit :
"Ma Mère", répondit l'Enfant Jésus, "les liens de mon enfance ne m'ont point paru incommodes, à cause de l'amour que je porte aux âmes que j'ai créées, et que je viens racheter, puisque dans mon âge mur, je dois être pris, attaché et livré à mes ennemis, et même à la mort pour eux (Matth. 22:18). Et ce souvenir m'étant doux en vue du bon plaisir de mon Père éternel (Hebr. 10:7), tout le reste me sera facile. Je ne dois avoir qu'un vêtement en ce monde, parce que je ne veux user que de celui qui sera nécessaire pour me couvrir, quoique tout ce qui est créé soit à moi (Ps. 23:1), mais je l'ai remis aux hommes, afin qu'ils me dussent davantage, et pour leur enseigner comment, à mon exemple et pour mon amour, ils doivent renoncer à tout ce qui est superflu à la vie naturelle.. Vous m'habillerez, ma Mère, d'une tunique longue, et vous la choisirez d'une couleur commune. Je ne porterai que celle-là, et elle croîtra avec moi. Et ce sera cette tunique qu'on tirera au sort à l'heure de ma mort (Ps. 21:19) ; car elle ne doit pas même être à ma disposition, mais à celle des autres, afin que les hommes sachent que je suis né, et que je veux vivre pauvre et dépouillé des choses visibles, qui étant terrestres, appesantissent le coeur de l'homme. Dès l'instant que je fus conçu dans votre sein virginal, je fis cette renonciation à tout ce que le monde renferme ; quoique tout m'appartienne pur l'union de ma nature humaine à la personne divine (Joan. 3:35) ; et je ne voulus avoir d'autre droit sur les choses visibles que celui de les offrir toutes à mon Père éternel, y renonçant pour son amour, et n'en acceptant que ce que la vie naturelle exige, pour la consacrer ensuite aux hommes (Joan. 10:15). Je veux par cet exemple corriger le monde, et lui apprendre à aimer la pauvreté loin de la mépriser car il sera honteux pour ceux qui me connaîtront par la foi de convoiter les choses dont j'ai enseigné le mépris, lorsque moi, qui suis le Seigneur de tout, j'ai tout dédaigné et tout abandonné."
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II.§696 a écrit :
L'Enfant Jésus croissait à l'admiration et à la satisfaction de tous ceux qui le connaissaient. Et ayant atteint sa sixième année, il commença à sortir quelquefois de la maison pour aller dans les hôpitaux y visiter les malades et les nécessiteux, qu'il consolait et qu'il fortifiait dans leurs afflictions d'une manière toute mystérieuse. Il était connu de beaucoup de monde dans Héliopolis, et il s'attirait tous les coeurs par l'influence de sa divinité et par sa sainteté ; plusieurs personnes lui portaient des présents, et selon les raisons et les motifs que lui révélait sa science, il les recevait ou il les refusait, et dans le premier cas il les distribuait aux pauvres. Mais ses paroles pleines de sagesse et ses manières si modestes et si majestueuses causaient tant d'admiration, qu'on venait de toutes parts féliciter et bénir ses parents de ce qu'ils avaient un tel Fils. Et quoique le monde ignorât en tout cela les mystères et la dignité du Fils et de la Mère, néanmoins le Seigneur de l'univers, voulant honorer sa très-sainte mère, faisait qu'on la révérait en lui et pour lui autant qu'il était alors possible, sans qu'on connut la raison particulière qu'on avait de lui rendre à lui-même le plus grand honneur.
II.§697 a écrit :
Beaucoup d'enfants d'Héliopolis s'associaient avec notre aimable Enfant Jésus, comme il est ordinaire à ceux du même âge et de la même mise. Et comme ils n'avaient pas assez de discernement pour juger s'il était plus qu'homme, ni assez de malice pour empêcher la lumière, le Maître de la vérité l'accordait et la distribuait à tous ceux qu'il était convenable. Il les instruisait à la connaissance de la Divinité et des vertus, et leur apprenait le chemin de la vie éternelle, plus fréquemment qu'à ceux qui étaient dans un âge plus avancé. Et comme ses paroles étaient vivantes et efficaces (Hebr. 4:12), il les attirait, les mouvait et les leur imprimait dans le coeur d'une telle sorte, que tous ceux qui eurent ce bonheur devinrent dans la suite de grands saints, parce qu'ils donnèrent avec le temps le fruit de cette semence céleste, répandue de si bonne heure dans leurs âmes (Luc. 8:8).
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II.§711 a écrit :
La vie humaine n'est qu'un tissu de ces divers événements, les uns qui plaisent aux mortels) les autres qui les affligent ; les uns que l'on craint, les autres que l'on désire. Et comme le coeur de la créature est toujours faible et borné, il arrive qu'elle ne garde point un juste milieu entre ces extrémités, car elle accueille avec un enthousiasme excessif ce qu'elle aime, ce qu'elle désire; et tout au contraire elle se décourage et se désole lorsqu'il lui survient quelque chose qu'elle abhorre et qu'elle voudrait pouvoir repousser. Ces changements et ces agitations mettent toutes les vertus dans le plus grand péril, parce que l'amour désordonné que l'on a pour une chose quelconque qu'on ne peut acquérir, fait qu'on en souhaite aussitôt une autre, cherchant dans de nouveaux désirs le soulagement de la peine que cause la privation de ceux dont on a été frustré : et si on l'obtient, on se laisse enivrer de la vaine satisfaction qu'on a de posséder ce que l'on souhaitait, de sorte que cette multitude de désirs jette la créature dans un désordre toujours plus grand de mouvements confus et de passions diffèrentes.
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II.§714 a écrit :
Le très-Haut détermina que notre divine Dame fut la premiére disciple de son école et l'aînée de la nouvelle loi de grâce, la parfaite image de son idée, et la matière choisie sur laquelle le sceau de sa doctrine et de sa sainteté serait imprimé comme sur une cire molle, afin que le Fils et la mère fussent les douze tables véritables de la nouvelle loi (Exod. 31:18) qu'il venait enseigner au monde. Et afin d'atteindre cette très-sublime fin que la sagesse divine s'était proposée, le Seigneur découvrit à l'auguste Marie tous les mystères de la loi évangélique et de sa doctrine, et s'en entretint avec elle à leur retour d'Égypte , jusqu'à ce qu'il commençât à prêcher, comme nous le verrons plus loin. Le Verbe incarné et sa très-sainte mère s'occupèrent en ces profonds mystères l'espace de vingt-trois ans qu'ils demeurèrent à Nazareth, avant que le temps de la prédication de notre adorable Sauveur fut arrivé. Et c'est parce que tout cela regardait la divine mère (dont les évangélistes n'ont point écrit la vie) qu'ils n'en ont fait aucune mention, excepté de ce qui arriva lors de la douziéme année de l'Enfant Jésus, quand à Jérusalem il s'écarta de ses parents, comme le raconte saint Luc (Luc. 2:48, etc.), et ainsi que je le dirai en son lieu. Pendant ce temps-là l'auguste Marie fut la seule disciple de son adorable Fils. Et outre les dons ineffables de sainteté et de grâce qu'il lui avait communiqués jusqu'alors, il lui donna une nouvelle lumière, et la fit participante de sa science divine, déposant en elle et gravant dans son coeur toute la loi de grâce, et la doctrine qu'il devait enseigner dans son Église évangélique, jusqu'à la fin du monde. Et cela se fit d'une manière si relevée, qu'il n'est pas possible de l'exprimer par des termes humains ; mais notre grande Dame en devint si savante, qu'elle aurait pu éclairer par son enseignement plusieurs mondes, s'ils eussent été créés.
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II.§726 a écrit :
L'objet, la matière du saint amour est toujours et partout unique : c'est Dieu pour lui-même, et toutes les choses créées pour Dieu. Mais le sujet qui éprouve cet amour, les causes qui l'engendrent et les effets qu'il produit sont fort diffèrents : et tout cela atteignit chez notre grande Princesse le suprême degré auquel puisse arriver la simple créature. La pureté de coeur, la foi, l'espérance, la crainte sainte et filiale, la science et la sagesse furent en elle sans limites, de même que les bienfaits, le souvenir qu'elle en conserva, l'estime qu'elle en fit, et toutes les autres causes que l'amour saint et divin peut avoir. Cette flamme céleste n'est point produite ni allumée comme l'amour profane et aveugle, qui entre par les sens dépravés, et qui bientôt fait perdre la raison aux malheureux qu'il égare, car l'amour saint et pur pénétre par la très-noble intelligence, et par la force de sa bonté infinie et de sa douceur ineffable, parce que Dieu, qui est la sagesse et la bonté même, veut être aimé non-seulement avec douceur, mais aussi avec sagesse et avec connaissance de ce que l'on aime.
II.§727 a écrit :
Ces amours ont plus de ressemblances dans les effets que dans les causes. Car s'ils ont une fois soumis le coeur et qu'ils y aient établi leur empire, ils n'en sortent qu'avec difficulté. Et de là naît la douleur que le coeur humain ressent quand il rencontre chez l'objet qu'il aime du dédain, de la froideur ou une moindre correspondance, parce que c'est ce qui l'oblige à renoncer à l'amour ; et comme d'un autre côté l'amour s'est tellement emparé du coeur, qu'il saurait difficilement en être banni, même avec le secours de la raison, cette cruelle tyrannie fait souffrir à ses esclaves les douleurs de la mort. Tout cela n'est que folie dans l'amour aveugle et mondain. Mais c'est une très-haute sagesse dans l'amour divin, parce que, où l'on ne peut trouver aucune raison pour s'empêcher d'aimer, la grande prudence est de chercher constamment de nouveaux motifs pour aimer avec plus d'ardeur et pour plaire à l'objet que l'on aime. Et comme la volonté emploie toute sa liberté dans cette entreprise ; plus elle aime librement le souverain Bien, moins elle se sent libre pour ne le pas aimer de sorte que la volonté étant la maîtresse et la reine de l'âme dans ce glorieux débat, la rend heureusement esclave de son amour même, et fait qu'elle ne veut et ne peut, pour ainsi dire, refuser cette libre servitude. Et si elle essuie quelque rebut de la part du souverain Bien qu'elle aime, elle souffre, par cette libre violence, les douleurs de la mort, comme étant privée de l'objet de la vie : parce qu'elle ne vit qu'à cause qu'elle aime et qu'elle sait être aimée.
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II.§737 a écrit :
Quelques jours après le retour de nos saints voyageurs à Nazareth, le temps arriva où le précepte de la loi de Moïse obligeait les Israélites de se présenter à Jérusalem devant le Seigneur. Ce commandement obligeait trois fois l'année, comme cela résulte de l'Exode et du Deutéronome (Exod. 23:14 et 17 ; Deut. 16:1 etc.). Mais il n'obligeait que les hommes, et par conséquent les femmes pouvaient y aller par dévotion ou s'en dispenser, car la visite du Temple ne leur était ni commandée ni défendue. La divine Dame et son époux conférèrent ensemble sur ce qu'ils devaient faire dans ces occasions. Le saint souhaitait d'y mener la Reine du ciel et le très-saint Enfant, pour l'offrir de nouveau au Père éternel, comme il le faisait toutes les fois qu'il allait dans le Temple. La très-pure mère y était aussi portée par sa dévotion et par le culte du Seigneur ; mais comme en cas semblable elle n'entreprenait rien sans le conseil de son Maître, le Verbe incarné, elle le consulta, sur je parti qu'il y avait à prendre, après quoi il fut décidé que saint Joseph irait seul deux fois l'année à Jérusalem, et que la troisiéme ils iraient tous trois ensemble. Ces fêtes solennelles, lors desquelles les Israélites se rendaient au Temple, étaient celle des Tabernacles, celle des Semaines, qui correspondait à la Pentecôte, et celle des pains sans levain, qui était la préparation de la Pâque (Deut. 16:13, 9, 8). Et c'est à celle-ci que le très-doux Jésus, la très-pure Marie et saint Joseph montaient ensemble à Jérusalem. Elle durait sept jours, et il y arriva ce que je dirai dans le chapitre suivant. Mais le saint patriarche assistait seul aux deux autres fêtes sans y mener l'Enfant ni la Mère.
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II.§746 a écrit :
Jésus, Marie et Joseph continuaient, comme je l'ai dit, de se rendre tous les ans au Temple pour y célébrer la pâque des pains sans levain ; et, par suite de cette habitude, ils allèrent à Jérusalem au moment où l'Enfant-Dieu atteignait sa douzième année, quand déjà il convenait qu'il commençât à faire paraître les splendeurs de son inaccessible lumière. Cette fête des pains sans levain durait sept jours, selon les prescriptions de la loi (Deut. 16:8) ; mais le premier et le dernier jour étaient les plus solennels. C'est pour cela que nos très-saints pélerins passaient à Jérusalem toute cette semaine, solennisant la fête par le culte qu'ils rendaient au Seigneur, et par les prières que les autres Israélites avaient coutume de faire, quoiqu'ils fussent si distingués et si différents de tous les autres par le mystère qui cachait leur excellence. La bienheureuse mère et son saint époux recevaient pendant ces jours, chacun de leur côté, de si grandes faveurs de la main libérale du Seigneur, qu'il n'est pas possible à l'entendement humain de les concevoir.


II.§747 a écrit :
Le septième jour de la solennité étant passé, ils prirent le chemin de Nazareth. Et comme ils sortaient de la ville de Jérusalem, l'Enfant-Dieu quitta ses parents sans qu'ils s'en pussent apercevoir (Luc. 2:43), et il demeura caché pendant qu'ils poursuivaient leur voyage, ne sachant pas ce qui leur arrivait. Dans cette circonstance, le Seigneur profita de la coutume et du grand concours des pélerins ; car ils étaient si nombreux dans ces fêtes, qu'ordinairement ils se partageaient par troupes, et que les hommes se séparaient des femmes pour garder la bienséance convenable. Les enfants qu'on y menait allaient indifféremment avec leurs pères ou avec leurs mères, parce qu'il n'y avait en cela aucun danger d'indécence : de sorte que dans cette occasion saint Joseph avait sujet de croire que l'Enfant Jésus accompagnait sa très-sainte Mère, dont il ne s'éloignait jamais (Luc, 2:44) ; et il ne pouvait pas supposer qu'elle fut partie sans lui, parce que cette divine Reine l'aimait et le connaissait bien mieux que toutes les créatures angéliques et humaines. Notre grande Dame n'avait pas des raisons aussi fortes pour se persuader que notre adorable Sauveur était avec le patriarche saint Joseph ; mais le Seigneur lui-même la divertit par d'autres pensées divines et saintes, afin qu'elle n'y prit pas garde dès le commencement, et qu'ensuite, lorsqu'elle remarquerait l'absence de son bien-aimé, elle crut que le glorieux saint Joseph le menait avec lui, et que ce souverain Maître avait voulu lui ménager cette consolation.
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II.§755 a écrit :
L'homme ne sait jamais s'il est digne de l'amour ou de la haine de Dieu (Eccles. 9:1-2) ; et cette connaissance est réservée pour l'avenir. En attendant, les mêmes choses arrivent en général au juste et au pécheur, dans le cours de leur vie mortelle.


II.§756 a écrit :
Le Sage dit que ce danger est le plus grand et le plus funeste, parmi tous les maux qu'il y a sous le soleil (Ibid.Eccles. 9:3), parce que les impies et les réprouvés se remplissent de malice et s'endurcissent le coeur par une fausse et dangereuse sécurité, en voyant que les choses se passent de même pour eux et pour les autres, et qu'on ne peut distinguer avec certitude l'élu du réprouvé, l'ami de l'ennemi, le juste du pécheur, celui qui mérite la haine, de celui qui est digne d'amour (Eccles. 9:12). Mais si les hommes écoutaient leur conscience sans passion, sans illusion , elle apprendrait à chacun la vérité, qu'il lui importe de savoir; car lorsqu'elle reproche les péchés commis, c'est une insigne folie de ne point s'attribuer à soi-même les maux que l'on souffre, et de ne pas reconnaître sa misère, après avoir perdu la grâce et avec elle le souverain bien (Luc 12:58). Et si leur raison était libre, ils avoueraient que la plus grande preuve de leur malheur serait de ne point ressentir avec une extrême affliction la perte ou la privation de la joie spirituelle, et des effets de la grâce ; car si une âme créée et destinée pour la félicité éternelle n'éprouve point ce regret, elle témoigne assez qu'elle ne la désire et qu'elle ne l'aime pas; puisqu'elle ne la cherche point avec empressement (Luc 15:8), jusqu'à ce qu'elle parvienne à espérer qu'elle n'a point perdu le souverain bien par sa faute, du moins avec cette prudente certitude que comporte la vie mortelle.
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