Extraits de "La Cité Mystique de Dieu"

chartreux
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II.§997 a écrit :
La tentation commença le trente-cinquième jour du jeune et de la solitude de notre Sauveur, et dura jusqu'à ce que les quarante jours que l'Évangile marque fussent accomplis. Lucifer se présenta sous une forme humaine ; comme si Jésus-Christ ne l'eut ni vu ni connu auparavant ; et pour réussir en son dessein, il se transforma et prit les dehors resplendissants d'un ange de lumière, et, ne doutant pas que le Seigneur n'eut faim après un si long jeune, il lui dit en le regardant : Si vous êtes le Fils de Dieu, ordonnez que ces pierres se changent en pain (Matth. 4:3). Il supposa la qualité de Fils de Dieu, parce que la crainte qu'il put l'être était ce qui causait son plus grand souci, et qu'il cherchait des indices propres à le lui faire reconnaître. Mais le Sauveur du monde ne lui répondit que par ces mots : L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Matth. 4:4). Le Sauveur prit cette réponse du chapitre huitième du Deutéronome (Deut. 8:3). Mais le démon n'en pénétra pas le sens ; car cet esprit des ténébres entendit que Dieu pouvait sans aucun aliment corporel entretenir la vie de l'homme. Cela était vrai, et les paroles de notre divin Maître avaient bien cette signification : toutefois elles renfermaient encore un autre sens plus relevé, et elles voulaient dire : Cet homme avec qui tu parles vit en la parole de Dieu ; qui est le Verbe divin, auquel il est uni hypostatiquement ; et quoique ce fut précisément ce que le démon désirait savoir, il ne mérita pas de le comprendre, par ce qu'il avait d'avance refusé d'adorer le Dieu-Homme.
chartreux
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II.§1010 a écrit :
Notre divin Maître prit le chemin du Jourdain, où son grand précurseur continuait de baptiser et de prêcher, afin qu'en le voyant le saint rendit un nouveau témoignage de sa divinité et de son ministère de Rédempteur. Le Seigneur eut aussi égard à l'affection du fils d'Élisabeth, qui souhaitait de jouir encore de sa présence et de ses entretiens. Car du moment où le saint précurseur avait vu pour la premiére fois le Sauveur, lors de son baptême, son coeur était resté tout enflammé et subjugué par cette secréte et divine force qui attirait toute chose au Christ ; seulement elle excitait un plus vif amour dans les cours qui se trouvaient mieux disposés, comme l'était celui de saint Jean. Le Sauveur arriva en présence de Baptiste (ce fut la seconde fois qu'ils se virent), et à l'instant où le Seigneur sen approchait, les premières paroles que prononça le précurseur furent celles que rapporte l'évangéliste : Ecce Agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi : Voilà l'Agneau de Dieu, voilà celui qui ôte les péchés du monde (Joan. 1:39). Saint Jean rendit ce témoignage en montrant notre Seigneur Jésus-Christ, et s'adressant aux personnes qui étaient prés de lui pour recevoir le baptême et pour ouïr sa prédication, il ajouta : C'est celui dont j'ai dit : Il vient un homme après moi qui a été élevé au-dessus de moi, parce qu'il était avant moi, et je ne le connaissais point ; mais c'est afin qu'il fut connu que je suis venu baptiser dans l'eau (Joan. 1:30).
II.§1011 a écrit :
Le saint Précurseur dit ces paroles, parce qu'avant que notre Seigneur Jésus-Christ vint à lui pour recevoir le baptême il ne l'avait pas vu, et il n'avait pas encore eu non plus la révélation de son arrivée, telle qu'il l'eut alors, comme je l'ai marqué au chap. XXIVe de ce livre. Ensuite le saint ajouta qu'il avait vu le saint Esprit descendre sur le Sauveur pendant qu'il le baptisait (Ibid.. 32.), et qu'il avait rendu témoignage à la vérité en disant que le Christ était le Fils de Dieu. Car pendant que le Seigneur se trouvait au désert, les Juifs envoyèrent de Jérusalem quelques lévites au saint Précurseur, comme le raconte saint Jean (Ibid., 19, etc.), pour savoir de lui qui il était, et le reste, que cet évangéliste rapporte. Alors Baptiste répondit qu'il baptisait dans l'eau, mais qu'il y en avait au milieu d'eux un qu'ils ne connaissaient point (en effet, le Seigneur s'était mêlé à la foule sur les bords du Jourdain) ; que celui-là venait après lui, et qu'il n'était pas digne de délier les courroies de sa chaussure. De sorte que quand notre Sauveur sortant du désert alla voir une seconde fois son Précurseur, le saint l'appela Agneau de Dieu , et rendit le même témoignage qu'il avait rendu aux pharisiens peu de temps auparavant ; il dit en outre qu'il avait vu le Saint-Esprit sur sa téte, comme il lui avait été révélé qu'il le verrait. Saint Matthieu et saint Luc ajoutent (Matth. 3:17 ; Luc 3:22) qu'on entendit la voix du Pére, quoique saint Jean ne mentionne que l'apparition du Saint-Esprit sous la forme d'une colombe ; parce que le Précurseur n'en déclara pas davantage aux Juifs.
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II.§1012 a écrit :
Quelques-unes des personnes présentes qui lui avaient entendu dire : Ecce Agnus Dei, frappées de ses discours, lui demandèrent quel était celui dont il parlait. Alors le Sauveur, laissant Baptiste instruire, comme je l'ai dit, les auditeurs de la vérité, quitta ce lieu pour prendre le chemin de Jérusalem, après n'avoir passé que fort peu de temps avec son Précurseur. Il ne se rendit pourtant pas directement à la sainte cité ; car il employa plusieurs jours à visiter auparavant divers villages, où il enseignait les hommes d'une manière secrète, les avertissait que le Messie était au monde, les faisait entrer par sa doctrine dans le chemin de la vie éternelle, et en envoyait la plupart recevoir le baptême de saint Jean, afin qu'ils se préparassent par la pénitence à profiter de la rédemption.
II.§1013 a écrit :
Les évangélistes ne disent point où demeura notre Sauveur dans cette conjoncture, ni quelles oeuvres il fit, ni le temps qu'il y employa. Mais il m'a été déclaré que sa Majesté resta prés de dix mois en Judée, sans retourner à Nazareth pour voir sa très-sainte Mère, et sans entrer en Galilée, jusqu'à ce qu'allant trouver son Précurseur dans une autre occasion, le même saint dit une seconde fois : Ecce Agnus Dei (Joan. 1:36) ; et alors saint André et les premiers disciples ayant ouï dire ces paroles à Baptiste, suivirent le Seigneur, qui appela ensuite saint Philippe, comme le raconte l'évangéliste saint Jean (Ibid., 43.). Le Sauveur employa ces dix mois à instruire les âmes et à les préparer par ses grâces, par sa doctrine et par des bienfaits admirables, afin qu'elles sortissent de ce mortel aveuglement dans, lequel elles étaient, et qu'ensuite lorsqu'il commencerait à prêcher et à faire des miracles publics, elles fussent plus promptes à embrasser la foi au Rédempteur et à le suivre ; comme il arriva à plusieurs de ceux qu'il avait instruits. Il est vrai qu'il ne s'entretint point pendant ce temps avec les pharisiens et les docteurs de la loi ; parce qu'ils n'étaient pas fort disposés à croire que le Messie fut venu, eux qui ne voulurent pas même admettre cette vérité lorsqu'elle fut confirmée par la prédication, les miracles et les témoignages si éclatants de notre Seigneur Jésus-Christ (Matth., 11:5). Mais cet adorable Sauveur parla pendant ces dix mois aux humbles et aux pauvres (Luc 4:18) , qui méritèrent ainsi d'être les premiers à recevoir les lumières de sa doctrine, et il fit en leur faveur d'insignes miséricordes dans le royaume de Judée, non-seulement par ses instructions particulières et ses grâces secrétes, mais aussi par quelques miracles cachés ; de sorte qu'on le regardait déjà comme un grand prophète et un saint personnage. Par ce premier enseignement, il porta une foule de personnes à sortir du péché, et à chercher le royaume de Dieu qui commençait à s'approcher, et qui allait se manifester par la prédication évangélique et par la rédemption que le Seigneur voulait bientôt opérer dans le monde.
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II.§1016 a écrit :
Ne donnez aucune entrée aux images des créatures, qui bien souvent attachent plus fortement que les réalités mêmes, ou du moins embarrassent toujours le coeur et lui ôtent sa liberté.
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II.§1017 a écrit :
Notre Sauveur ayant employé les dix mois qui suivirent son jeune à visiter les villages de la Judée, opérant comme à l'ombre de grandes merveilles, résolut de se manifester au monde ; non qu'il se fut auparavant caché pour parler de la vérité qu'il enseignait, mais parce qu'il ne s'était point encore annoncé comme le Messie et le Maître de la vie, et que le moment de se faire connaître approchait, selon qu'il avait été déterminé par la sagesse infinie. C'est pour cela que le divin Messie retourna vers son précurseur, afin que, par le témoignage qu'il lui appartenait, à raison de son office, de donner à la face du monde, la lumière commençât de luire dans les ténébres (Jean 1:5). Le saint fut informé par une révélation divine de la venue du Sauveur, et que le temps était arrivé où il se ferait connaître pour le Rédempteur du monde et le véritable Fils du Père éternel. Déjà prévenu par cette révélation, il vit le Sauveur qui venait vers lui, et soudain il s'écria, transporté d'une joie ineffable en présence de ses disciples : Ecce Agnus Dei (Jean 1:29 et 36) : Voilà l'Agneau de Dieu, le voilà. Ce témoignage rappelait et supposait non-seulement celui qu'il avait rendu autrefois à Jésus-Christ par les mêmes paroles, mais aussi la doctrine qu'il avait plus particulièrement enseignée à ses disciples les plus assidus, et ce fut comme s'il leur eut dit : Voilà l'Agneau de Dieu, dont je vous ai parlé, qui est venu pour racheter le monde et ouvrir le chemin du ciel. Ce fut la dernière fois que Baptiste vit notre Sauveur selon les voies naturelles, car il jouit encore de sa vue et de sa présence par un autre moyen à l'heure de sa mort, comme je le dirai en son lieu.
II.§1018 a écrit :
Deux des premiers disciples qui se trouvaient avec saint Jean ouïrent ce qu'il venait de dire, et, touchés de son témoignage et de la grâce qu'ils reçurent intérieurement de notre Seigneur Jésus-Christ, ils le suivirent : et lui, se retournant amoureusement vers eux, leur, demanda ce qu'ils cherchaient (Ibid., 38). Et ils lui répondirent qu'ils souhaitaient savoir où il logeait ; alors il leur permit de le suivre, et ils restèrent avec lui ce jour-là, comme le raconte l'évangéliste saint Jean (Ibid., 39), qui dit que l'un des deux disciples était saint André, frère de saint Pierre, sans indiquer le nom de l'autre. Mais, selon ce que j'ai appris, c'était l'évangéliste lui-même, qui ne voulut point se désigner à cause de sa grande modestie. Ainsi ils furent, lui et saint André, les prémices de l'apostolat en cette première vocation : car les premiers ils suivirent le Sauveur, sur le seul témoignage extérieur de Baptiste, dont ils étaient disciples, sans aucune autre vocation sensible du Seigneur lui-même. Aussitôt saint André chercha son frère Simon, et lui dit comment il avait trouvé le Messie, qui s'appelait Christ (Jean 1:41), et il le mena à Jésus, qui, l'ayant considéré, lui dit : Vous êtes Simon, fils de Jona ; vous serez appelé Céphas, ce qui signifie Pierre. Tout cela eut lieu dans les confins de la Judée, et le Seigneur résolut d'entrer le jour suivant en Galilée ; et ayant rencontré Philippe, il lui dit de le suivre. Ensuite Philippe appela Nathanaël, et lui raconta ce qui lui était arrivé, et comme ils avaient trouvé le Messie, qui était Jésus de Nazareth, et il le mena vers lui. après les entretiens qui se passèrent avec Nathanaël, et que saint Jean rapporte à la fin du chapitre premier de son Évangile, ce digne Israélite eut la cinquième place, parmi les disciples de notre Seigneur Jésus-Christ.
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II.§1026 a écrit :
Les cinq premiers disciples prièrent le Seigneur de leur donner la consolation de voir sa mère et de lui témoigner leurs respects ; et, voulant satisfaire leurs désirs, il se dirigea vers Nazareth, après qu'il fut entré en Galilée, sans néanmoins discontinuer de prêcher publiquement, en s'annonçant alors comme le Maître de la vérité et de la vie éternelle. Beaucoup de personnes se mirent à l'écouter et à l'accompagner, attirées par la force de sa doctrine, par la lumière et par la grâce qu'il répandait dans les coeurs dociles, quoiqu'il n'appelât personne à sa suite dans cette occasion, en sus des cinq disciples qu'il menait avec lui. Et c'est une chose digne de remarque que ceux-ci, ayant une si grande dévotion pour notre auguste Reine, et une connaissance si claire de la dignité qu'elle avait entre les créatures, cachèrent tous néanmoins les sentiments qui les animaient : et afin qu'ils ne publiassent point ce qu'ils en savaient, la Sagesse divine les rendit comme muets sur cette matière, et leur fit, pour ainsi parler, perdre le souvenir des sublimes mystères qui la regardaient ; parce qu'il n'était pas convenable que ces vérités de la foi fussent vulgarisées dans le commencement de la prédication de Jésus-Christ. Le Soleil de justice ne faisait alors que de naître dans les aimes, et il fallait qu'il répandit ses lumières sur toutes les nations (Malach. 4:2) ; et bien que la Lune mystique, sa très-sainte Mère, fut déjà dans la plénitude de toute sainteté, il convenait qu'elle restât cachée, pour luire dans la nuit qu'aménerait sur l'Église l'absence de ce divin Soleil quand il monterait à son Père. Et c'est ce qui arriva ; car notre grande Dame resplendit alors, comme je le dirai dans la troisième partie : jusque-là sa sainteté et son excellence ne furent manifestées qu'aux apôtres, afin qu'ils la reconnussent et la consultassent comme la digne mère du Rédempteur du monde et la Maîtresse de toutes les vertus.
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II.§1027 a écrit :
Notre Sauveur poursuivit son chemin vers Nazareth, instruisant ses nouveaux enfants et premiers disciples, non-seulement en ce qui regardait les mystères de la foi, mais en toutes les vertus, qu'il leur enseignait par sa doctrine et par son exemple, comme il continua pendant tout le temps de sa prédication évangélique. Dans ce dessein, il visitait les pauvres, consolait les affligés dans les hôpitaux et dans les prisons, et pratiquait envers tous des oeuvres admirables de miséricorde pour le corps et pour l'âme ; sans pourtant se déclarer pour auteur d'aucun miracle jusqu'aux noces de Cana (comme je le dirai au chapitre suivant). Dans le même temps que le Seigneur faisait ce voyage, sa très-sainte mère se préparait à le recevoir avec les disciples qu'il menait avec lui, car elle fut informée de tout ; ainsi elle disposa le logement pour tous, arrangea sa pauvre maison, et se pourvut des vivres nécessaires, toujours également soigneuse, active et prévoyante.
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II.§1033 a écrit :
L'évangéliste saint Jean, qui raconte à la fin du chapitre premier la vocation de Nathanaël (ce fut le cinquième disciple de Jésus-Christ), commence le second chapitre de l'histoire évangélique en ces termes : "Trois jours après, il se fit des noces à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était. Et Jésus fut aussi invité aux noces, avec ses disciples" (Joan. 2). D'où l'on peut inférer que cette grande Dame était à Cana avant que son très-saint Fils fut invité aux noces qu'on y faisait. Pour concilier ceci avec ce que j'ai dit dans le chapitre précédent, et pour savoir quel jour fut celui-ci, je fis par ordre de mes supérieurs quelques questions, auxquelles il me fut répondu que, nonobstant les différentes opinions des interprétes, l'histoire de notre Reine s'accorde avec celle de l'Évangile, et que la chose arriva en cette manière : Notre Seigneur Jésus-Christ, entré en Galilée avec ses cinq apôtres ou disciples, alla droit à Nazareth , prêchant et instruisant le peuple. Mais il fit le voyage en plusieurs jours, sinon en une semaine, au moins en plus de trois jours. Étant arrivé à Nazareth, il baptisa sa bienheureuse Mère, comme je l'ai rapporté ; ensuite il alla prêcher accompagné de ses disciples dans quelques villages voisins. Sur ces entrefaites, notre auguste Princesse se rendit à Cana, comme conviée aux noces dont l'évangéliste fait mention, car ceux qui les faisaient étaient ses parents au, quatrième degré du côté de sainte Anne. De sorte, que cette grande Dame se trouvant à Cana, les nouveaux mariés apprirent la venue du Sauveur du monde, et qu'il commençait à avoir des disciples ; et par le conseil de sa très-sainte mère et l'inspiration du Seigneur lui-même, qui disposait secrétement les choses pour ses hautes fins, il fut invité aux noces avec ses disciples.
II.§1034 a écrit :
Ce troisième jour, auquel l'évangéliste dit que ces noces eurent lieu, fut le troisième de la semaine des Hébreux ; et quoiqu'il ne s'exprime pas clairement, il ne dit pas que ce fut le troisième jour après la vocation des disciples ou après l'entrée du Seigneur en Galilée : s'il l'eut entendu de la sorte, il l'aurait dit. Mais il était naturellement impossible que ces noces arrivassent le troisième jour après la vocation des disciples ou après qu'ils furent entrés avec leur divin Maître dans la Galilée, car Cana est situé aux frontières de là tribu de Zabulon, du côté de la Phénicie, au nord par rapport à la Judée, dans la partie où se trouvait la tribu d'Aser, et ce pays est assez éloigné des confins de la Judée et de la Galilée, par où le Sauveur du genre humain entra. Que si les noces eussent été célébrées le troisième jour, il n'aurait eu que deux journées pour aller de la Judée à Cana, et cependant il en faut trois ; en outre, le Seigneur devait se trouver dans les environs de Cana avant qu'on put l'inviter, et tout cela demandait plus de temps. D'ailleurs, il fallait passer par Nazareth pour se rendre de la Judée à Cana en Galilée, car Cana est plus éloigné vers la mer Méditerranée et proche de la tribu d'Aser, comme je viens de le dire ; et il est sur que le Sauveur du monde avait dessein de visiter auparavant sa très-sainte Mère, qui, n'ignorant pas sa venue, l'attendait dans sa maison sans en sortir, parce qu'elle savait qu'il devait bientôt y arriver. Que si l'Évangéliste n'a pas fait mention de cette venue ni du baptême da la sainte Vierge, on ne doit pas en conclure que cela ne soit arrivé ; mais c'est parce que lui et les autres évangélistes n'ont rapporté que ce qui regardait leur sujet. C'est aussi pour cette raison que le même saint Jean déclare qu'on a passé sous silence plusieurs miracles que notre divin Maître a opérés (Joan. 20:30), parce qu'il n'était pas nécessaire de les écrire tous. Ces explications font comprendre l'Évangile, en même temps que l'Évangile confirme cette histoire par le texte que j'ai cité.
II.§1035 a écrit :
La Reine de l'univers étant à Cana, son très-saint Fils fut invité aux noces avec les disciples qu'il avait, et sa divine bonté, qui disposait toutes choses, accepta l'invitation. Il se rendit donc aussitôt chez ses parents pour sanctifier et autoriser le mariage, et pour commencer à confirmer sa doctrine par le miracle qu'il y fit et dont il se déclara l'auteur ; car, voulant se faire reconnaître pour Maître, qui avait déjà des disciples, il fallait qu'il les confirmât dans leur vocation, et qu'il autorisât sa doctrine afin qu'ils la reçussent. C'est pour cette raison que sa divine Majesté ayant fait secrétement d'autres merveilles, ne s'en déclara pas l'auteur en public comme dans cette rencontre , et c'est pour cela aussi que l'Évangéliste dit que Jésus fit à Cana en Galilée le premier de ses miracles (Joan., 2:11). Ce même Seigneur dit aussi pour ce sujet à sa très-sainte Mère, que son heure n'était pas encore venue (Ibid., 4). Cette merveille arriva le même jour que fut accomplie l'année qui suivit le baptême de notre Sauveur Jésus-Christ ; et ce jour correspondait à celui de l'adoration des rois, comme le tient la sainte Église romaine, qui célébre ces trois mystères en un même jour, qui est le 6 janvier. Notre Seigneur Jésus-Christ avait alors trente ans révolus, et avait passé de sa trente-unième année les treize jours qui se comptent depuis sa très-sainte Nativité jusqu'à l'Épiphanie.
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II.§1037 a écrit :
La très-prudente Dame parlait fort peu, et ce n'était que lorsqu'on l'interrogeait, ou quand elle y était obligée par honnêteté ; car elle appliquait toute son attention aux discours et aux actions du Seigneur, pour les conserver et les repasser dans son très-chaste coeur. De sorte que les actions, les paroles et toutes les manières de cette grande Reine furent pendant toute sa vie un rare exemple de prudence et de modestie, non-seulement pour les religieuses, mais aussi pour les femmes du siècle, surtout dans cette circonstance. Si elles se le représentaient lorsqu'elles se trouvent en de semblables rencontres, elles apprendraient à se taire, à régler leur intérieur et leur extérieur, et à éviter toute sorte de légéreté et de dissolution, car plus le péril est grand, plus la circonspection est nécessaire ; et il est sûr que le silence, la retenue et la pudeur sont toujours les plus beaux et les plus riches ornements des femmes ; ce sont les seules qui ferment la porte à une foule de vices, et qui forment le couronnement des vertus de la femme chaste et honnête.
II.§1038 a écrit :
Or, le vin étant venu à manquer au repas par une disposition de la Providence, pour donner occasion au miracle que le Sauveur y fit ; la charitable Reine lui dit : "Seigneur, ils n'ont point de vin". Sa Majesté lui répondit : "Femme, qu'y a-t-il de commun entre vous et moi ? Mon heure n'est pas encore venue " (Joan. 2:3-4). Cette réponse de Jésus-Christ ne fut pas une réprimande, mais un mystère, car la très-prudente mère ne demanda pas fortuitement le miracle, puisqu'elle savait par la lumière d'en haut qu'il était temps que la puissance divine de son très-saint Fils se manifestât ; elle ne pouvait pas l'ignorer, car elle avait une connaissance claire des oeuvres de la rédemption, de l'ordre que notre Sauveur y devait garder, des moments et des circonstances où il les devait faire. Il faut aussi remarquer que le Verbe divin prononça ces paroles, non d'un ton de reproche, mais avec beaucoup de calme, de douceur et de dignité. Que s'il n'appela point la sainte vierge Mère, mais femme, c'est parce que depuis quelque temps il ne la traitait plus avec la même tendresse extérieure, comme je l'ai dit ailleurs (numéro 960).
II.§1039 a écrit :
Le but mystérieux de la réponse de notre Seigneur Jésus-Christ fut de confirmer les disciples en la foi à sa divinité, et de commencer à la manifester à tous en se montrant Dieu véritable et indépendant de sa mère quant à l'être divin et à la puissance de faire des miracles. C'est pour cette raison que, ne l'appelant point Mère, il lui dit : "Femme, qu'y a-t-il ici de commun entre vous et moi ?" Ce fut comme s'il lui eut dit : "Je n'ai pas reçu de vous le pouvoir de faire des miracles, bien que vous m'ayez donné la nature humaine en laquelle je dois les opérer ; car il ne dépend que de ma divinité de les faire, et comme Dieu mon heure n'est pas encore venue ". Il fit aussi connaître par cette réponse que la détermination de toutes ses merveilles n'appartenait point à sa sainte Mère, et dépendait uniquement de la volonté de Dieu, bien que pourtant elle fut trop prudente pour en demander la réalisation en temps inopportun. Enfin, le Seigneur voulut faire comprendre qu'il y avait en lui une autre volonté que la volonté humaine, et que celle-là était divine, supérieure à celle de sa Mère, qu'elle ne lui était point subordonnée, mais que la volonté de cette même mère dépendait de celle qu'il avait comme Dieu. Pour l'éclaircissement de cette vérité, notre adorable Sauveur répandit en même temps dans l'intérieur de ses disciples une nouvelle lumière, par laquelle ils connurent l'union hypostatique en sa personne des deux natures qu'il avait reçues, la nature humaine, de sa Mère, et la nature divine, de son Père, par la génération éternelle.
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II.§1052 a écrit :
Vous devez écouter avec respect non-seulement la voix intérieure du Seigneur, mais aussi ses ministres, ses prêtres et ses prédicateurs, dont les voix sont les échos de celle du très-Haut, et les canaux par où se répand la saine doctrine de vie, qui sort de la source éternelle de la vérité divine. C'est en eux que Dieu parle et qu'il fait retentir la voix de sa divine loi ; écoutez-les avec tant de respect, que vous ne trouviez jamais rien à blâmer dans leurs discours. Pour vous, tous doivent être savants et éloquents, et vous devez en chacun d'eux ouïr mon Fils et mon Seigneur Jésus-Christ. En vous comportant de la sorte, vous éviterez de tomber dans la folle présomption des gens du monde, qui, pleins d'une vanité répréhensible et d'un orgueil odieux aux yeux de Dieu, méprisent ses ministres et ses prédicateurs, parce qu'ils ne leur parlent pas selon leur goût dépravé. Et comme ils ne cherchent point la vérité divine, ils ne s'attachent qu'aux termes et au style, comme si la parole de Dieu n'était point d'elle même pure et efficace (Hebr. 4:12), et qu'elle eut besoin d'ornements pour se rendre accessible à l'infirme intelligence de ses auditeurs.
(...)
Je vous avertis aussi d'être égale envers tous ceux qui vous parleront, soit qu'ils soient pauvres, soit qu'ils soient riches sans avoir aucune partialité pour personne ; car c'est là une autre faute qui est commune entre les enfants d'Adam, et que mon très-saint Fils et moi avons condamnée en nous montrant également affables à tous, et particulièrement à l'égard de ceux qui étaient les plus pauvres, les plus affligés et les plus méprisés. La sagesse humaine regarde l'extérieur des personnes, et non pas les âmes ni les vertus (Jacob. 2:2) ; mais la prudence du ciel considère en tous l'image de Dieu. Vous ne devez pas non plus vous troubler si l'on découvre en vous quelques infirmités naturelles, qui sont des peines du premier péché, comme les maladies, la lassitude, la faim et les autres incommodités. On cache bien souvent ces choses-là par hypocrisie ou par orgueil ; mais les amis de Dieu ne doivent craindre que le péché, souhaitant plutôt de mourir que de le commettre ; tous les autres défauts ne souillent point la conscience, il n'est donc pas nécessaire de les dissimuler.
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