Extraits de "La Cité Mystique de Dieu"

chartreux
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§761 a écrit : Ils firent le partage des biens que saint Joachim et sainte Anne avaient laissés à leur très-sainte fille ; une partie fut offerte au Temple où elle avait demeuré, l'autre fut appliquée aux pauvres, et la troisième resta sous la conduite et la disposition du saint époux Joseph, notre Reine ne se réservant que le soin de le servir et de travailler dans la maison, parce que la très-prudente Vierge se dispensa toujours de vendre et d'acheter, et de tout ce qui regardait le dehors, comme je l'ai marqué dans un autre endroit.
§762 a écrit : Saint Joseph avait appris en ses premières années le métier de charpentier, comme un des plus honnêtes et des plus propres pour gagner l'entretien de sa vie, parce qu'il était pauvre des biens de fortune, ainsi que je l'ai déjà dit ; il demanda à sa très-sainte épouse si elle agréerait qu'il exerçât ce métier pour la servir et acquérir quelque chose en faveur des pauvres, puisqu'il fallait travailler et n'être point oisif. La très-prudente Vierge y consentit, avertissant saint Joseph que le Seigneur ne voulait pas qu'ils fussent riches, mais pauvres et amateurs et protecteurs des pauvres autant que le bien qu'ils avaient le leur pourrait permettre. Après quoi les deux saints mariés eurent une sainte dispute, sur ce que chacun voulait obéir à l'autre comme supérieur. Mais la très-pure Marie, qui était la très-humble d'entre les humbles, vainquit en humilité, et ne voulut point permettre que, l'homme étant le chef, l'ordre de la nature fut renversé ; ainsi elle fit consentir son époux à recevoir ses obéissances en toutes choses, lui demandant seulement la permission de faire l'aumône aux pauvres du Seigneur : ce que le saint lui accorda.
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§788 a écrit : Elle a ouvert sa main à l'indigent, et elle a étendu ses bras vers le pauvre (Prov., XXXI, 20.). C'est une grande force de la femme prudente et ménagère d'être libérale envers les pauvres, et de ne se point abandonner avec faiblesse et lâcheté à la crainte qu'elle pourrait avoir d'appauvrir par là sa famille, puisque le plus puissant moyen d'accroître toutes sortes de biens est de distribuer avec libéralité celui de la fortune aux pauvres de Jésus-Christ, qui sait et peut donner cent pour un, même en cette vie présente (Matth., X, 30.). La très-sainte Vierge distribua aux pauvres et au Temple celui que ses parents lui avaient laissé, comme j'ai déjà dit ; et outre cela elle travaillait de ses mains pour seconder cette miséricorde, qui lui était naturelle; car si elle ne leur eut fait part de sa propre sueur, elle n'aurait pas satisfait le pieux et libéral amour qu'elle leur portait. L'on ne doit pas être surpris que l'avarice du monde ressente maintenant tant de pauvreté dans les biens temporels, puisque les hommes sont si pauvres de pitié et de miséricorde envers les nécessiteux, qu'ils ne font servir qu'à la vanité immodérée ce que Dieu n'a fait et n'a créé que pour l'entretien des pauvres et le remède des riches.
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II, §9 a écrit : Elle comprit comme au commencement le Seigneur créa le ciel et la terre (Gen., I, 1-5.), combien et comment celle-ci fut vide, et comment les ténèbres couvrirent la surface de l'abîme, comment l'esprit du Seigneur était porté sur les eaux, et comment la lumière fut faite par le commandement divin, et la qualité de cette même lumière; qu'en divisant les ténèbres, elles furent appelées nuit, et la lumière jour, et que le premier fut employé à cela. Elle connut la grandeur de la terre; sa longueur, sa largeur et sa profondeur, ses abîmes, l'enfer, les limbes, le purgatoire et tous ceux qui s'y trouvaient; les régions, les climats, la division du monde et tous ceux qui les occupaient et les habitaient. Elle connut avec la même clarté les sphères inférieures et le ciel empyrée; et en quelle partie du premier jour les anges furent créés, pénétrant leur nature, leurs qualités, leurs différences, leurs hiérarchies, leurs offices, leurs degrés et leurs vertus. La rébellion des mauvais anges, leur chute, les causes et les occasions de cette même chute lui furent découvertes (le Seigneur lui cachait néanmoins toujours ce qui la regardait). Elle eut connaissance de leur punition et des effets que le péché produit en ces malheureux rebelles, les voyant comme ils sont en eux-mêmes ; et pour mettre fin à cette faveur du premier jour, le Seigneur lui manifesta de nouveau comme elle était formée de cette matière abjecte de la terre et de la même nature que tous ceux qui retournent en poussière ; il ne lui dit pas qu'elle serait convertie en cette même poussière, mais il lui donna une si profonde conception de son être terrestre, que notre grande Reine s'humilia jusque dans l'abîme du néant ; et étant innocente elle s'abaissa plus que tous les enfants d'Adam ensemble, quoique remplis de misères.
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II,§18 a écrit : Et, comme le jour précédent Dieu lui fit part de l'attribut de sa sagesse, ainsi dans ce second jour il lui communiqua en la manière convenable celui de sa toute-puissance, et lui donna un entier pouvoir sur les influences des cieux, des planétes et des éléments, et commanda à tous de lui obéir. De sorte que cette grande Reine eut un empire absolu sur la mer, la terre, les éléments, les globes célestes, et sur toutes les créatures qu'ils renferment.
II,§19 a écrit : Cet empire et cette puissance appartenaient aussi à la dignité de la très-sainte Vierge pour les raisons que j'ai dites ci-devant ; et outre celles-là nous en avons deux autres particulières : l'une, parce que cette auguste Dame était Reine privilégiée et exempte de la loi commune du péché originel et de ses effets ; et c'est pour cela qu'elle ne devait pas être comprise dans la masse universelle des insensés enfants d'Adam, contre lesquels le Tout-Puissant donna des armes aux créatures pour venger ses injures et pour châtier la folie des mortels (Sap., V, 18.); car s'ils ne se fussent point rendus désobéissants à leur Créateur, les éléments et les autres créatures ne leur auraient pas été rebelles ni nuisibles, et n'eussent pas tourné contre eux la rigueur de leur activité.
II,§20 a écrit : La seconde raison est parce que Jésus-Christ devait obéir à cette divine Reine en qualité de sa propre Mère, et puis qu'il était Créateur des éléments et de tout le reste : il était juste que toutes les créatures obéissent à celle à qui le même Créateur voulait bien obéir, et qu'elle les commandât toutes, puisque la personne de cet adorable Seigneur humanisé devait être soumise à sa mère par une obligation de la loi de nature. Ce privilège avait une grande convenance pour relever les vertus et les mérites de la très-sainte Vierge, parce que ce que nous ne pouvons pas éviter, et ce qui nous arrive bien souvent contre notre volonté, était en elle et volontaire et méritoire. La très-prudente Reine n'usait point de cet empire sur les éléments et sur les autres créatures indistinctement ni en sa faveur; au contraire, elle leur commanda à toutes d'exercer envers elle ce qui lui pouvait être naturellement pénible, parce qu'en cela elle devait être semblable à son très-saint Fils et souffrir avec lui ; car il est sûr que l'amour et l'humilité de cette grande Dame n'auraient pas permis que les créatures eussent suspendu leurs rigueurs, et l'eussent privée du mérite des souffrances, qu'elle connaissait être d'un si grand prix aux yeux du Seigneur.
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II.§29 a écrit : Les nouvelles notions que notre incomparable Reine recevait des attributs de la Divinité, gravaient en son âme de nouvelles vertus, et, sa beauté augmentait à mesure que le pinceau de la sagesse divine la retouchait. Les oeuvres du troisième jour de la création du monde lui furent manifestées dans celui-ci. Elle sut en quel temps et comment les eaux s'assemblèrent en un lieu par le commandement divin, et comme Dieu appela l'endroit qu'elles avaient abandonné, terre, et l'assemblage des mêmes eaux, mers. Elle sut comment la terre produisit l'herbe qui devait porter sa semence ; elle connut toutes les plantes, les arbres fruitiers et leurs semences, chaque chose en sa propre espèce. Elle découvrit et pénétra l'étendue des mers, leur profondeur et leurs divisions ; la correspondance des fleuves et des fontaines qui en sortent, et qui s'y rendent d'un cours précipité comme à leur centre; les propriétés des plantes, des herbes et des fleurs, des arbres, des racines, des fruits et des semences, et comme elles peuvent toutes servir en quelque chose à l'homme (Gen., I, 9-13.). Notre grande Reine connut tout cela d'une manière plus claire, plus distincte et plus complète qu'Adam et Salomon, et nous pouvons dire que par rapport à elle tous les savants du monde furent des ignorants, nonobstant leurs longues études et leur longue expérience. La très-pure Marie apprit les choses les plus cachées, comme dit le Sage (Sap., VII, 21; ibid., 13.) ; et comme elle les apprit sans fiction, elle les communiqua sans envie, et tout ce que Salomon a dit dans cet endroit fut accompli en elle d'une manière très-éminente.
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II.§41 a écrit : Le Seigneur lui manifesta dans la même occasion les ouvres de la création du quatrième jour (Gen., I, 14-17.) ; notre divine Princesse y apprit en quel instant et comment les luminaires du ciel furent formés au firmament pour diviser le jour d'avec la nuit, et afin qu'ils marquassent les temps, les jours et les années ; et c'est pour ce sujet que le grand luminaire du ciel, qui est le soleil, fut fait, comme président et seigneur du jour, et en même temps que lui fut formée la lune, qui est le moindre luminaire, et qui éclaire dans les ténèbres de la nuit : elle y découvrit comme les étoiles furent formées dans le huitième ciel, afin qu'elles rendissent la nuit agréable par leur brillante lumière, et qu'elles présidassent tant à la nuit qu'au jour parleurs diverses influences. Elle y connut la matière de ces corps lumineux, leur, forme, leurs qualités, leur grandeur, leurs divers mouvements et l'uniforme inégalité des planétes. Elle y connut le nombre des étoiles, et toutes les influences qu'elles communiquent à la terre et à tous ses êtres animés; les effets qu'elles rangent en eux, et en quelle manière elles les modifient et les meuvent.
II.§43 a écrit : La très-sainte Vierge reçut une si grande puissance par cette loi, que, suivant notre manière de parler, le Seigneur imposa aux créatures célestes, et de l'empire qu'il lui donna sur elles, que si elle eut commandé aux étoiles de quitter leur place dans le ciel, elles lui auraient obéi incontinent, et elles eussent pris la place que cette divine Dame leur eut assignée. Le soleil et les autres planètes en eussent fait de même, et tous les corps célestes eussent arrêté leur cours et leur mouvement, suspendu leurs influences et leurs opérations au commandement de Marie. J'ai déjà dit qu'elle usait quelquefois de cet empire, ainsi qu'il lui arriva en Égypte (comme nous verrons dans la suite), où les chaleurs sont fort grandes, et où elle se servit du pouvoir qu'elle avait de commander au soleil de modérer son ardeur, et de ne point incommoder par ses rayons l'enfant Dieu et son Seigneur; à quoi le soleil lui obéissait, incommodant la Mère, parce qu'elle le voulait bien de la sorte, et respectant le Fils, le Soleil de justice, qu'elle avait entre ses bras. Il arrivait la même chose à l'égard des autres planètes, et quelquefois elle arrêtait le soleil, comme je le dirai en son lieu.
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II.§54 a écrit : Et pour faire durer davantage cet amoureux débat, le Seigneur lui répondit : " Ma chère Épouse et ma douce Colombe, vous me demandez beaucoup, et ce que font les hommes pour l'obtenir est fort peu de chose ; or comment accorderai-je à des indignes un si rare bienfait? Laissez-moi les traiter, ma bien-aimée, selon leur ingratitude." À quoi notre puissante et pitoyable Avocate répondit : " Non, mon divin Maître, je ne vous laisserai point, je vous serai toujours importune ; si ce que je vous demande est grand, c'est à vous que je le demande, qui êtes riche en miséricorde, puissant dans les oeuvres et véritable dans les paroles. Mon Père David dit de vous et du Verbe éternel : Le Seigneur a juré, et il ne se rétractera point : vous êtes prêtre selon l'ordre de Melchisédech (Ps. CIX, 4.). Que ce pontife qui doit être en même temps victime, vienne donc pour notre rachat ; qu'il vienne, puisque vous ne pouvez pas vous repentir de votre promesse, parce que vous ne promettez pas avec ignorance. Mon doux amour : je suis revêtue de la vertu de cet Homme-Dieu, je ne vous laisserai point que vous ne m'ayez donné votre bénédiction comme à mon Père Jacob (Gen., XXXII, 26.)."
II.§55 a écrit : Il fut demandé à notre Reine dans cette divine lutte, ainsi qu'à Jacob (Ibid., 27.), quel était son nom. Elle répondit : " Je suis fille d'Adam, formée par vos mains d'une vile matiére. " Et le très-Haut lui repartit : " Désormais vous vous appellerez l'Élue, pour être mère du Fils unique. " Mais ces dernières paroles ne furent entendues que des courtisans du ciel, et elles lui furent cachées jusqu'à son temps, n'ayant entendu que le seul terme d'Élue. Cette amoureuse dispute ayant duré le temps que la sagesse divine déterminait, et qui était convenable pour enflammer le coeur fervent de l'Élue, la très-sainte Trinité donna sa parole royale à la très-pure Marie, notre Reine, lui promettant qu'elle enverrait su plus tôt le Verbe éternel au monde pour se faire homme. Étant remplie d'une joie inconcevable que cet agréable fiat lui causait, elle demanda la bénédiction, et le très-Haut la lui donna. Cette femme forte sortit de la lutte qu'elle venait de soutenir contre Dieu, bien plus victorieuse que Jacob, car elle se trouva riche, puissante, chargée de dépouilles ; et pour employer l'humain langage, je dirai que Dieu fut comme blessé et affaibli, ayant été contraint par l'amour de cette auguste Dame de se revêtir dans son sein virginal de la faiblesse humaine de notre chair passible, dans laquelle il devait cacher et couvrir la force de sa divinité pour vaincre dans sa défaite, et nous donner la vie par sa mort. Que les mortels apprennent et voient comme l'incomparable Marie est la cause de leur salut après son très-béni Fils.
II.§56 a écrit : Ensuite les oeuvres du cinquième jour de la création du monde furent manifestées dans cette même vision à notre Princesse, dans le même ordre qu'elles étaient arrivées. Elle connut comment la force de la parole divine produisit les eaux qui sont sous le firmament, les reptiles qui rampent sur la terre, les oiseaux qui volent dans l'air, et les poissons qui se trouvent dans ces mêmes eaux (Gen., I, 20-22.). Elle connut le principe, la matière, la forme et la figure de toutes ces créatures, le genre et toutes les espèces des animaux sauvages, leurs qualités, leurs propriétés et leurs classes; les oiseaux du ciel (car nous appelons ainsi l'air), avec leur différence, la forme, le plumage, les ornements et la légéreté de chaque espèce; elle découvrit les poissons innombrables de la mer et des rivières, les diverses sortes de monstres marins, leur structure, leurs qualités, leurs cavernes, la nourriture que la mer leur fournit, la fin pour laquelle ils ont été créés et le rôle qu'ils remplissent dans le monde. Le Seigneur commanda singulièrement à toute cette multitude de créatures d'obéir à la très-sainte Vierge, lui donnant un entier pouvoir de les commander toutes et de s'en servir, comme il arriva en plusieurs occasions ; j'en raconterai quelques-unes dans la suite. après cela elle sortit de la vision de ce jour, et elle employa le reste aux exercices et aux demandes que sa divine Majesté lui ordonna.
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II,§59 a écrit : Elle employait neuf heures dans cette oraison, et elle en sortait à l'heure de tierce. Et quoique cette sublime vision de l'être de Dieu cessât alors, la très-sainte Vierge ne perdait pas entièrement sa vue et ne quittait point l'oraison pour cela ; au contraire, elle entrait dans une autre qui, bien qu'inférieure à celle qu'elle laissait, était pourtant sans contredit très relevée, et au-dessus de la plus sublime de celles de tous les saints ensemble. Toutes ces faveurs la rapprochaient de plus en plus de la Divinité dans les derniers jours qui étaient les plus proches de l'incarnation, sans que les occupations extérieures de son état y portassent aucun empêchement, parce que dans cette rencontre Marthe ne se plaignait point que Marie la laissait seule dans ses fonctions (Luc., X, 40.).
II,§60 a écrit : En suite de la connaissance de la Divinité qu'elle reçut dans cette vision, les oeuvres du sixième jour de la création du monde lui furent manifestées ; et comme si elle s'y fut trouvée présente, elle connut en Dieu de quelle manière la terre produisit par sa divine parole l'âme vivante en son genre, selon que Moïse le dit (Gen., I, 24.) ; entendant par ce terme les animaux terrestres qui, étant plus parfaits que les poissons et les oiseaux dans les opérations et dans la vie animale, sont appelés par la partie principale, âme vivante. Elle connut toutes ces espèces d'animaux qui furent créés dans ce sixième jour ; et comme les uns étaient, appelés bêtes de somme ; les autres, simplement bêtes, comme étant plus sauvages ; et les autres, reptiles, parce qu'ils rampent sur la terre. Elle en connut distinctement les qualités, les instincts féroces, les forces, les fonctions, les habitudes et les fins. Elle reçut un empire absolu sur tous ces animaux, et il leur fut commandé de lui obéir, de sorte qu'elle eut pu sans appréhension fouler aux pieds l'aspic et le basilic ; tous se seraient soumis à cette Reine sans répugnance, ce que quelques-uns d'entre eux firent plusieurs fois, comme il arriva en la naissance de son très-saint Fils, en laquelle le boeuf et l'âne se prosternèrent devant l'Enfant-Dieu et le réchauffèrent de leur baleine, parce que la divine mère le leur commanda.
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II.§106 a écrit : C'était une rare merveille et un miracle de l'humilité, que de voir cette très-sainte fille élevée à la plus haute dignité et à la suprême sainteté après Dieu, et de voir en même temps qu'elle s'humiliât et s'anéantit jusqu'au-dessous de toutes les créatures, et que cette humilité fut assez forte pour l'empêcher d'avoir la moindre pensée qu'elle put être la mère du messie; et non-seulement cela, mais il ne se trouva pas même en elle l'ombre de la plus petite présomption. Son coeur et ses yeux ne s'élevèrent point (Ps. CXXX, 1.) : au contraire, plus les oeuvres du bras du Seigneur l'élevaient, plus elle s'humiliait dans les bas sentiments d'elle-même. Aussi fut-il juste que le Tout-Puissant eut égard à son humilité, et que toutes les nations l'appelassent bienheureuse (Luc., I, 48).
II.§110 a écrit : Sa divine Majesté fit entendre à l'archange Gabriel cette voix par laquelle elle signifie sa volonté aux anges. Et quoique l'ordre commun qu'elle tient pour illuminer ses esprits célestes soit de commencer par les supérieurs, qui, selon leur rang hiérarchique, éclairent les inférieurs jusqu'à ce que cette illumination, en transmettant des uns aux autres ce que Dieu a révélé aux premiers, soit arrivée aux derniers, les choses ne se passèrent point ainsi en cette circonstance : car le saint archange reçut sa mission immédiatement du Seigneur.
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II.§114 a écrit : Le divin ambassadeur, suivi de cette cour céleste, descendit à Nazareth, ville de la province de Galilée, où se trouvait la demeure de la très-sainte Vierge, qui était une pauvre maison. Le lieu de sa retraite était une fort petite chambre, dépourvue des ornements dont le monde se sert ; elle en condamnait ainsi la vanité par le mépris qu'elle en faisait, et suppléait à leur absence par de plus grands biens spirituels. La divine Dame était alors âgée de quatorze ans six mois et dix-sept jours ; car elle avait eu quatorze ans révolus le huit septembre : les six mois et dix-sept jours en sus se trouvaient depuis celui-là jusqu'à celui-ci, auquel le plus grand des mystères que Dieu ait opérés dans le monde fut exécuté.
II.§115 a écrit : Sa taille surpassait la taille des autres filles de son âge ; elle était fort agréable en sa personne, très-bien proportionnée, d'une beauté et d'une perfection achevée : elle avait le visage ovale ; les traits en étaient fins et délicats ; il n'était ni trop plein ni trop maigre ; le teint clair un tant soit peu brun ; le front large et bien fait ; les sourcils bien arqués et bien dessinés ; les yeux grands et modestes, d'une couleur entre le noir et le pers, d'un éclat incomparable, mais tempéré par le sourire de l'innocence ; le nez droit et régulier ; la bouche petite, vermeille et délicatement prise ; enfin elle était si merveilleusement belle, et tellement comblée de tous les dons de la nature, qu'il ne se rencontrera jamais aucune créature qui puisse l'égaler. Ceux qui la regardaient étaient en même temps, pénétrés de joie, de vénération, d'affection et de respect elle attirait leurs coeurs, et elle les retenait dans une douce crainte révérentielle ; elle les forçait à la louer, et cependant la grandeur de ses grâces et de ses perfections imposait le silence; et elle causait dans tous ceux qui avaient le bonheur de la voir, de mystérieux effets qu'on ne peut facilement expliquer : enfin elle remplissait et animait les âmes d'influences et de mouvements célestes qui les conduisaient à Dieu. Son habit était modeste, pauvre et propre ; d'un gris argenté, ou plutôt cendré, mais fort honnête.
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