Extrait de la Lettre encyclique de Sa Sainteté Benoît XV du 15 septembre 1920
SPIRITUS PARACLITUS, à l’occasion du XVe centenaire du trépas de Saint Jérôme.
Recommandations pour la juste intelligence des Livres Saints :
Benoît XV a écrit :
Il parait bon de reproduire ici certains passages de Saint Jérôme qui montrent clairement combien il avait en horreur l’éloquence propre aux rhéteurs, qui, dans le fracas et le débit vertigineux de paroles creuses, ne vise qu’à de vains applaudissements.
« Ne va pas devenir, conseille-t-il au Prêtre Népotien, un déclamateur et un intarissable moulin à paroles ; mais familiarise-toi avec les sens cachés et possède à fond les mystères de ton Dieu. Dérouler des mots et se faire valoir par la volubilité du langage aux yeux du vulgaire ignorant est le propre des sots.» (Ep. 52)
« Tout ce que l’on compte aujourd’hui d’esprits cultivés se préoccupent non point de s’assimiler la moelle des Ecritures mais de caresser les oreilles de la foule avec des fleurs de rhétorique.» (Dial. c. Lucif. II)
« Je ne veux rien dire de ceux qui, comme moi-même autrefois, s’il leur arrive de n’aborder les Saintes Écritures qu’après avoir fréquenté la littérature profane et de flatter l’oreille de la foule par leur style fleuri, prennent toutes leurs paroles pour la loi de Dieu et ne daignent pas se demander ce qu’ont voulu dire les Prophètes et les Apôtres, mais adaptent à leur façon de voir des témoignages qui ne s’y rapportent point ; comme si c’était la grande éloquence et non la pire de falsifier les textes et de tirer par la violence l’Ecriture à son dessein.» (Ep. 53)
« Car, sans l’autorité des Ecritures, ces bavards perdraient toute force persuasive, n’était qu’ils paraissent étayer de textes sacrés la fausseté de leurs doctrines.» (In Tit. 1,10s) Or, cet éloquent bavardage et cette ignorance loquace « n’ont rien d’incisif, de vif ni de vital, mais ne sont qu’un composé mou, flétri et inconsistant, qui ne produit que d’humbles plantes et des herbes, bien vite fanées et couchées à terre » ; la doctrine de l’Evangile, faite, au contraire, de simplicité, « produit mieux que d’humbles plantes », et, tel l’imperceptible grain de sénevé, « devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel... viennent s’abriter dans ses rameaux » (In Mt. 13,32).
Aussi, Jérôme recherchait-il en tout cette sainte simplicité de langage, qui n’exclut point un éclat et une beauté toute naturelle : « Que d’autres soient diserts, reçoivent les applaudissements qu’ils recherchent et débitent d’une voix emphatique des torrents de paroles ; quant à moi, je me contente de parler pour me faire comprendre et, traitant des Ecritures, d’imiter la simplicité des Ecritures mêmes.» (Ep. 36)
En effet, « sans renoncer aux charmes du langage, l’exégèse catholique doit les voiler et les éviter afin d’atteindre non de vaines écoles de philosophes et une poignée de disciples, mais le genre humain tout entier » (Ep. 48).
Si les jeunes Prêtres mettent vraiment à profit ces conseils et ces préceptes, si les Prêtres plus âgés ne les perdent jamais de vue, leur saint ministère, Nous en avons la confiance, sera très profitable aux âmes des fidèles.