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Re: Notion philosophiquement dévoyée définissant la "liberté" comme "une absence de contrainte"

Publié : jeu. 31 oct. 2019 16:25
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 11 (Avril 1988)


4. L I A I S O N D E S L E C T E U R S

(..)

L'étude des "Frères de Chéméré" :
(p. 43 à 49)



Réponses à quelques objections :


Mais, dira le "Frère": Vous confondez loi civile et loi morale, droit civil et droit moral !?


Comme si la loi civile n'était point, pour être une ordonnance de la droite raison, soumise et dépendante envers la loi morale ; comme si le droit pouvait être amoral ou immoral.

Laissons le Pape Léon XIII nous le rappeler :


"Une telle liberté, il est à peine besoin de le dire, n'est pas un droit, car le droit est une faculté morale,

et, comme nous l'avons dit et comme on ne peut trop le redire, il serait absurde de croire que la liberté appartient naturellement, et sans distinction ni discernement,

à la vérité et au mensonge, au bien et au mal.


Le vrai, le bien, on a le droit de les propager dans l'Etat avec une liberté prudente, afin qu'un plus grand nombre en profite ;

mais les doctrines mensongères, peste la plus fatale de toutes pour l'esprit ;

mais les vices qui corrompent le coeur et les moeurs, il est juste que l'autorité publique emploie à les réprimer sa sollicitude, afin d'empêcher le mal de s'étendre pour la ruine de la société.


Les écarts d'un esprit licencieux, qui, pour la multitude ignorante, deviennent facilement une véritable oppression, doivent justement être punis par l'autorité des lois, non moins que les attentats de la violence commis contre les faibles...


Car une liberté ne doit être réputée légitime qu'en tant qu'elle accroît notre faculté pour le bien ; hors de là, jamais."
(Libertas)



Re: Notion philosophiquement dévoyée définissant la "liberté" comme "une absence de contrainte"

Publié : lun. 04 nov. 2019 19:52
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 11 (Avril 1988)


4. L I A I S O N D E S L E C T E U R S

(..)

L'étude des "Frères de Chéméré" :
(p. 43 à 49)



Réponses à quelques objections :


— Mais, dira à nouveau le "Frère" : il ne faut pas confondre la liberté effrénée et illimitée condamnée par les Papes, et la liberté limitée exposée par "Dignitatis Humanae" !?


Or la liberté illimitée dont parlent les Papes est la fausse liberté ou licence prétendant s'étendre hors des limites du vrai et du bien,

tandis que le concept tordu de liberté comme immunité de toute contrainte professé par Vatican II (D.H. n° 4) à l'encontre de la doctrine catholique comme on vient de le voir,

qui permet à chaque homme et à chaque collectivité de professer SA religion selon ses normes propres (D.H. n+ 6),

sort par le fait même des justes bornes de la vraie liberté qui ne saurait s'étendre à l'erreur et au mal.


Vatican II parle donc de droit à la liberté pour la paix publique là où il ne s'agit que d'un grave désordre licencieux qu'aucune loi civile ne saurait édicter légitimement.



Re: Notion philosophiquement dévoyée définissant la "liberté" comme "une absence de contrainte"

Publié : mar. 05 nov. 2019 20:39
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 11 (Avril 1988)


4. L I A I S O N D E S L E C T E U R S

(..)

L'étude des "Frères de Chéméré" :
(p. 43 à 49)



Réponses à quelques objections :


- Mais, objectera encore le "Frère", Pie XII a pourtant dit que "dans des circonstances déterminées, (Dieu) ne donne aux hommes aucun commandement, n'impose aucun devoir, ne donne même aucun droit d'empêcher et de réprimer ce qui est faux et erroné" (6/12/1953),

et de plus saint Thomas (Ia. IIae. q. 96 a. 2 s.c.) dit que "c'est à juste titre que la loi humaine tolère quelques vices sans les réprimer" !?


Notons d'abord que Pie XII et saint Thomas précisent leur pensée comme suit :

"Il faut affirmer clairement qu'aucune autorité humaine, aucun Etat, aucune communauté d'Etats, quel que soit leur caractère religieux,

ne peuvent donner un mandat positif ou une autorisation positive d'enseigner ou de faire ce qui serait contraire à la vérité religieuse et au bien moral."
(Pie XII, ibid.) ;


"Lorsque l'on dit que la loi humaine tolère certaines choses, ce n'est pas qu'elle les approuve, mais plutôt qu'elle est impuissante à les redresser." (S. Th. 1.2. 93,3 ad 3) ;

"la loi humaine ne peut interdire tout ce qui est contraire à la vertu, mais il suffit qu'elle interdise ce qui est contraire à la vie humaine en commun.

Le reste est tenu comme licite, non en tant qu'approuvé, mais en tant que non puni."
(S. Th. 2.2. 77,1 ad 1)


Là est précisée la différence entre droit, et tolérance de fait.


Re: Notion philosophiquement dévoyée définissant la "liberté" comme "une absence de contrainte"

Publié : mer. 06 nov. 2019 19:41
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 11 (Avril 1988)


4. L I A I S O N D E S L E C T E U R S

(..)

L'étude des "Frères de Chéméré" :
(p. 43 à 49)



Réponses à quelques objections :


Là est précisée la différence entre droit, et tolérance de fait.


Car de même qu'il y a une différence essentielle entre l'impossibilité de fait d'un père de famille d'empêcher en tel cas sa fille d'aller "en boîte de nuit" ou à la synaxe et le fait de lui en accorder la permission,

de même il y a une différence essentielle entre ne pas pouvoir faire des lois pour interdire toute licence et faire des lois permettant telle licence,

entre permettre ou tolérer l'erreur et le mal par l'absence de loi s'y opposant ou les punissant et prétendre les protéger par une loi,

entre souffrir quelque chose d'illégitime ou d'immoral et prétendre le légaliser.


Sinon, il faudrait dire qu'il est possible de faire une loi ("purement civile") protégeant l'avortement pour la "tranquillité publique", bien que l'on ne reconnaisse aucun droit positif et moral à cet acte.

Or la pratique des faux cultes est une matière beaucoup plus grave encore que celle du crime de l'avortement : le second ne s'oppose qu'au 5e commandement, tandis que l'autre au premier.


Re: Notion philosophiquement dévoyée définissant la "liberté" comme "une absence de contrainte"

Publié : jeu. 07 nov. 2019 19:15
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 11 (Avril 1988)


4. L I A I S O N D E S L E C T E U R S

(..)

L'étude des "Frères de Chéméré" :
(p. 43 à 49)



Réponses à quelques objections :


Considérons là encore l'enseignement pontifical :


"Si l'intelligence adhère à des idées fausses, si la volonté choisit le mal et s'y attache, ni l'une ni l'autre n'atteint sa perfection,

toutes deux déchoient de leur dignité native et se corrompent.


Il n'est donc pas permis de mettre au jour et d'exposer aux yeux des hommes ce qui est contraire à la vertu et à la vérité,

et bien moins encore de placer cette licence sous la tutelle et la protection des lois."
(Encyclique "Immortale Dei")


Re: Notion philosophiquement dévoyée définissant la "liberté" comme "une absence de contrainte"

Publié : ven. 08 nov. 2019 18:40
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 11 (Avril 1988)


4. L I A I S O N D E S L E C T E U R S

(..)

L'étude des "Frères de Chéméré" :
(p. 43 à 49)



Réponses à quelques objections :


Considérons là encore l'enseignement pontifical :


"Tout ce que la licence y gagne, la liberté le perd ; car on verra toujours la liberté grandir et se raffermir à mesure que la licence sentira davantage le frein...

Néanmoins, dans son appréciation maternelle, l'Eglise tient compte du poids accablant de l'infirmité humaine, et Elle n'ignore pas le mouvement qui entraîne à notre époque les esprits et les choses.

Pour ces motifs, tout en n'accordant de droits qu'à ce qui est vrai et honnête, Elle ne s'oppose pas cependant à la tolérance dont la puissance publique croit pouvoir user à l'égard de certaines choses contraires à la vérité et à la justice, en vue d'un mal plus grand à éviter ou d'un bien plus grand à obtenir ou à conserver.

Dieu lui-même, dans sa Providence, quoique infiniment bon et tout-puissant, permet néanmoins l'existence de certains maux dans le monde, tantôt pour ne point empêcher des biens plus grands, tantôt pour empêcher de plus grands maux. Il convient, dans le gouvernement des Etats, d'imiter Celui qui gouverne le monde.

Bien plus, se trouvant impuissante à empêcher tous les maux particuliers, l'autorité des hommes doit permettre et laisser impunies bien des choses qu'atteint pourtant et à juste titre la vindicte de la Providence divine.

Néanmoins, dans ces conjonctures, si, en vue du bien commun et pour ce seul motif, la loi des hommes peut et même doit tolérer le mal, jamais pourtant elle ne peut ni ne doit l'approuver, ni le vouloir en lui-même, car, étant de soi la privation du bien, le mal est opposé au bien commun que le législateur doit vouloir et doit défendre du mieux qu'il peut.

En ceci aussi, la loi humaine doit se proposer d'imiter Dieu, qui, en laissant le mal exister dans le monde, ne veut ni que le mal arrive, ni que le mal n'arrive pas, mais veut permettre que le mal arrive.

Et cela est bon. Cette sentence du Docteur Angélique (S.Th.Ia.q.19 a.9 ad 3) contient, en une brève formule, toute la doctrine sur la tolérance du mal.


Mais il faut reconnaître, pour que Notre jugement reste dans la vérité, que plus il est nécessaire de tolérer le mal dans un Etat, plus les conditions de cet Etat s'écartent de la perfection ;

et, de plus, que la tolérance du mal appartenant aux principes de la prudence politique, doit être rigoureusement circonscrite dans les limites exigées par sa raison d'être, c.à.d. par le salut public.


C'est pourquoi, si elle est nuisible au salut public, ou qu'elle soit pour l'Etat la cause d'un plus grand mal, la conséquence est qu'il n'est pas permis d'en user, car, dans ces conditions, la raison de bien fait défaut.


Mais si, en vue d'une condition particulière de l'Etat, l'Eglise acquiesce à certaines libertés modernes, non qu'Elle les préfère en elles-mêmes, mais parce qu'Elle juge expédient de les permettre, et que la situation vienne ensuite à s'améliorer, Elle usera évidemment de sa liberté en employant tous les moyens, persuasion, prières, pour remplir, comme c'est son devoir, la mission qu'Elle a reçue de Dieu, à savoir de procurer aux hommes le salut éternel."


(Encyclique "Libertas")


Re: Notion philosophiquement dévoyée définissant la "liberté" comme "une absence de contrainte"

Publié : sam. 09 nov. 2019 18:07
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 11 (Avril 1988)


4. L I A I S O N D E S L E C T E U R S

(..)

L'étude des "Frères de Chéméré" :
(p. 43 à 49)



Réponses à quelques objections :


Considérons là encore l'enseignement pontifical :


"Si les circonstances l'exigent, on peut tolérer les déviations de la règle lorsqu'elles ont été introduites en vue d'éviter de plus grands maux,

sans toutefois les élever à la dignité de droits, vu qu'il ne peut y avoir aucun droit contre les éternelles lois de la justice.



Plût à Dieu que ces vérités fussent comprises de ceux qui se vantent d'être catholiques,

tout en adhérant obstinément à la liberté de conscience, à la liberté des cultes, à la liberté de la presse,

et à d'autres libertés de la même espèce décrétées à la fin du siècle dernier par les révolutionnaires et constamment réprouvées par l'Eglise
;

de ceux qui adhèrent à ces libertés, non seulement en tant qu'elles peuvent être tolérées, mais en tant qu'il faudrait les considérer comme des droits,

les favoriser et les défendre comme nécessaires à la condition présente des choses et à la marche du progrès,

comme si tout ce qui est opposé à la vraie religion, tout ce qui attribue à l'homme l'autonomie, et tout ce qui l'affranchit de l'autorité divine,

tout ce qui ouvre la voie large à toutes les erreurs et à la corruption des moeurs, pouvait donner aux peuples la prospérité, le progrès et la gloire."



(Pie IX, Let. "Dum civilis societas" du 1/2/1875)


Re: Notion philosophiquement dévoyée définissant la "liberté" comme "une absence de contrainte"

Publié : mar. 12 nov. 2019 17:17
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 11 (Avril 1988)


4. L I A I S O N D E S L E C T E U R S

(..)

L'étude des "Frères de Chéméré" :
(p. 43 à 49)



En guise de conclusion :



"Si ces hommes n'avaient mis leur sens propre au-dessus des enseignements de l'Eglise,

s'ils n'avaient, peut-être sans le savoir, offert une main amie à ceux qui poursuivent de leur haine l'autorité religieuse et l'autorité civile,

s'ils n'avaient ainsi divisé les forces unies de la famille catholique,

les audacieuses machinations des perturbateurs auraient été contenues

et nous n'en serions pas venus à ce point d'avoir à redouter la subversion de tout ordre."



(Pie IX, Let. "Dum civilis societas" du 1/2/1875)