Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

chartreux
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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :
Le professeur Joachim Jérémias

Nous pouvons affirmer sans la moindre crainte d'être contredit que le premier qui a "découvert" cette explication, et son principal propagateur est un certain professeur Joachim Jérémias. Et en fait, quand l'ICEL donne des sources elle cite M. Jérémias comme "autorité" pour justifier ce changement. Avec raison, par ce que c'est lui qui, dans un article de l'Expository Times d'Édimbourg de janvier 1963 déja, publiait cette fabuleuse découverte que Notre Seigneur a dit "pour tous les hommes", en notant que cette interprétation est en parfaite harmonie avec l'idée du "salut final de l'humanité entière, délivrée de toutes les puissances du mal, du péché et de la mort."

Cette doctrine mauvaise et dangereuse du "salut final de l'humanité entière", si clairement opposé à la doctrine de l'Église et du Christ lui-même, est la vraie clef de voute de tout l'édifice promu aujourd'hui sous le nom d'"oecuménisme". Si cette doctrine n'est pas préchée ouvertement, explicitement et en ces termes mêmes (en tout cas pas encore à une grande échelle), elle est néanmoins crue par beaucoup déja ; c'est l'âme du mouvement qui se dit "oecuméniste".

Qui est ce M. Jérémias, auteur d'une découverte si extraordinaire que la forme de consécration de la messe en a été changée ? Né en 1900, Joachim Jérémias, un non-catholique, est actuellement le distingué occupant de la chaire du Nouveau-Testament à l'université de Gottinsen. Bien qu'il ait commencé sa carrière d'écrivain il y a une quarantaine d'années, ce n'est que très-récemment que ses travaux académiques ont été remarqués internationalement. Parmi ceux de ces livres qui ont été traduits en anglais, citons : The Eucharistic Words of Jesus ("Les paroles eucharistiques de Jésus"), The Prayers of Jesus ("Les prières de Jésus") et Problems of the Historical Jesus ("Problèmes concernant le Jésus de l'histoire.")
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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :

Son approche de l'Écriture

Ce n'est pas avec les yeux de la foi que M. Jérémias aborde l'Écriture-Sainte, mais avec les yeux d'un grammarien critique, armé de ses lexiques et de ses règles concernant le subjonctif aoriste, etc. Comme il nous le dit lui-même : "Dans l'étude des paroles eucharistiques de Jésus, la meilleure façon de procéder consiste à commencer par la critique textuelle." Si la "critique textuelle" a peut-être un petit domaine légitime d'application dans l'ensemble des méthodes d'étude des écrits sacrés, les catholiques qui veulent conserver leur foi doivent toujours se souvenir de toutes les condamnations et autres avertissements publiés par l'autorité suprême dans l'Église. Ainsi, les catholiques fidèles et orthodoxes savent bien que figure dans le "Syllabus des erreurs modernistes" du pape S. Pie X, "Ceux-là font preuve de trop grande simplicité ou d'ignorance qui croient que Dieu est vraiment l'Auteur de la Sainte Écriture" (numéro IX). Y est également condamnée le numéro XII, "L'exégète, s'il veut s'adonner utilement aux études bibliques, doit avant tout écarter toute opinion préconçue sur l'origine surnaturelle de l'Écriture Sainte et ne pas l'interpréter autrement que les autres documents purement humains."

Il n'est certes pas évident du tout que M. Jérémias considère l'Écriture sainte comme l'authentique parole de Dieu, ou les évangélistes comme des hommes choisis par Dieu pour être Ses simples scribes, inspirés par le Saint-Esprit, mettant par écrit exactement ce que Dieu voulait révéler aux hommes. Jérémias écrit "Nous n'avons pas besoin de nous préoccuper particulièrement de la question de savoir si ... les passages où Jésus appelle Dieu son père, sont authentiques ou pas." (POJ, p.57) [Note de P. H. Omlor : j'utiliserai l'abbréviation POJ pour The Prayers of Jesus et EWJ pour The Eucharistic Words of Jesus.] "Il est très probable que les passages des évangiles qui mentionnent la prière de Jésus sont des ajouts postérieurs des évangélistes"(POJ, p.76). Le Christ n'a pas vraiment dit à la Cène ce que S. Paul lui attribue, par ce que "Paul a jouté des mots concernant le vin" (EWJ, p.115).

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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :

Mais je suis sûr que tout le monde sera rassuré d'apprendre que la phrase "le Sang de l'Alliance", a peut-être bien été réellement prononcée par Notre Seigneur, par ce qu'elle est validée par toutes les expérimentations de M. Jérémias : "On ne peut contester la possiblité que Jésus ait mentionné l'Alliance à la Cène" (EWJ, p.195). D'après Jérémias, S. Matthieu a "pris l'initiative d'ajouter bien des choses" à ce que S. Marc a écrit en 10:40 (POJ, p.44). La parabole du bon grain et de l'ivraie en Matth. 13:36-43 est évidemment une invention de S. Matthieu par ce qu'on y trouve "des traces très fortes des particularités linguistiques propres au style de Marc" (POJ, p.31).

Contrairement à M. Jérémias, S. Jean n'a pas saisi "le point central du message de Jésus", à cause de "son ignorance de la façon dont le message ne concernait que le petit groupe de disciples proches" (POJ, p.53).

On voit quelle est l'attitude de Joachim Jérémias envers l'Écriture sainte et les évangélistes. Passons maintenant à sa "théologie". Infecté qu'il est de modernisme, ses écrits sont bien sûr remplis d'erreurs doctrinales opposées à la foi catholique. Si ses ouvrages avaient paru pendant le règne de S. Pie X par exemple, et s'il était apparu le moindre indice que des catholiques lisaient ces livres, ce saint et auguste pontife l'aurait immédiatement mis à l'index. Il est vraiment inquiétant que c'est ce genre d'auteur qui est maintenant cité comme "autorité" pour justifier la réfection de la liturgie catholique.
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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :

La "théologie" de M. Jérémias

N'importe quel catholique qui comprend ce qu'est la messe considérera à la fois comme une insulte à son intelligence et comme une attaque de la Foi l'affirmation que dans les "repas de célébration" (l'auteur veut dire les messes) des premiers chrétiens il n'y avait pas de vin ! Mais que la brillante plume de M. Jérémias ait écrit cela ne gêne apparamment pas du tout les innovateurs de l'ICEL, et discrédite encore moins la "grande autorité" de Jérémias à leurs yeux. Le docte professeur nous explique que "les premiers chrétiens venaient dans leur majorité des couches les plus pauvres de la société, et n'avaient pas toujours de vin à leur disposition", et qu'ainsi l'usage du pain seul à l'exclusion du vin "n'était pas seulement fréquent dans la période primitive, c'était vraiment la norme" (EWJ, p.115). Et, croyez-le ou non, la "démonstration" censée étayer cette affirmation scandaleuse est un passage du récit que S. Paul fait de la Cène. En 1 Cor. 11:25 on lit "faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez", et M. Jérémias interprète que quand S. Paul dit "toutes les fois que vous en boirez" il entend par-là "toutes les fois que vous aurez du vin à disposition!" Ce qui prouve bien sûr qu'il étaient souvent sans vin, et étaient donc obligés de célébrer avec le pain seulement ! Voilà ce qu'a écrit l'érudit que l'ICEL a consulté pour la traduction de pro multis !

Sans surprise, Jérémias attaque la doctrine de la transubstantiation, pas ouvertement mais par des insinuations subtiles. Dans ses écrits, des nombreux passages disent ou laissent entendre que "les paroles de célébration ont un caractère métaphorique" (EWJ, p.202, p.223-225 etc). Il va même jusqu'à suggérer que S. Paul lui-même ne considéraient pas l'eucharistie "comme le vrai corps et le vrai sang du Christ". "Participer à la mort rédemptrice de Jésus", écrit-il, "et devenir membre de la communauté des rachetés - voilà ce qu'était l'eucharistie pour Paul. Cette interprétation est confirmée par notre exégèse détaillée. Les disciples, étant les bénéficiaires du don de l'eucharistie, sont devenus les représentants du nouveau peuple de Dieu" (ibid).
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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :
La divinité du Christ attaquée

Quand M. Jérémias parle de "la mort rédemptrice de Jésus", ce serait une erreur de croire qu'il l'entend dans le sens catholique de sacrifice expiatoire unique du Fils de Dieu. "Toute mort possède un caractère expiatoire", dit M. Jérémias, "même celle d'un criminel s'il se repent" (EWJ, p.231). Toute mort innocente offerte à Dieu "a le pouvoir d'expier pour les autres", et la mort du Christ n'est qu'un exemple de "la mort rédemptrice du serviteur souffrant".

C'est un des thèmes préférés du professeur Jérémias d'appeler Notre Seigneur "le serviteur souffrant de Dieu". Certes, il y a quelques endroits dans le Nouveau Testament ou le mot "serviteur" désigne le Messie ; mais pour Jérémias, cette expression n'est qu'un moyen subtil parmi d'autres pour attaquer la divinité du Christ. Pour réfuter cela, nous ne pouvons mieux faire que de répéter les paroles du pape Adrien Ier :
O impies, qui êtes ingrats de tant de bienfaits, vous ne craignez pas de murmurer de votre bouche venimeuse que Lui, notre libérateur, n'est ... qu'un homme sujet à la faiblesse humaine ... quelle chose misérable que l'affirmation qu "Il n'est qu'un serviteur" ... Comment pouvez-vous ne pas trembler, o détracteurs à la querelle facile, (...) hommes abominables à Dieu, quand vous l'appelez serviteur, Lui qui vous a délivré de la servitude du démon. Par ce que, bien que dans la représentation imparfaite du prophète on l'appelle serviteur (cf. Job 1:8), à cause de la forme servile qu'il a assumée dans le sein de la vierge ... nous comprenons que cela est dit historiquement de Job et allégoriquement du Christ.
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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :
Joachim Jérémias peut-il être dit chrétien ? Croit-il que Jésus-Christ est le Fils unique de Dieu le Père, la Deuxième Personne de la sainte Trinité, le Verbe fait chair ? Ou bien, croit-il seulement à l'humanité de Notre Seigneur, que Jésus n'était qu'un homme remarquable qui avait une "commerce particulier" avec Dieu, de qui il a reçu une "révélation intégrale" ?

"On voit cependant dans l'analogie contenue dans ces paroles [Note de P.H. Omlor : il s'agit des paroles de consécration à la Cène] que Jésus s'attendait à une mort violente" (EWJ p.225). Étant vrai Dieu, Jésus ne s'"attendait" pas à une mort violente ; Il savait de toute éternité comment le Fils de l'homme allait mourir. Comme le rapporte Saint Jean, il a même prédit le comment de Sa mort : "Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi. Il disait cela, pour marquer de quelle mort il devait mourir" (Jean 12:32-33).

Si l'on en croit le professeur Jérémias, quand Notre Seigneur a dit "Faites cela en mémoire de moi", il voulait dire "Faites cela pour que Dieu se souvienne de moi" (EWJ, p.252 et 255).
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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :
Le passage de Matth. 11:27, "Toutes choses M’ont été données par Mon Père." est expliqué par M. Jérémias comme voulant dire "Dieu m'a donné une révélation intégrale" (POJ p.49). Cette "révélation intégrale" a été accordée à Jésus à un moment dans le temps, d'après Jérémias : "Nous ne savons pas où et quand Jésus a reçu cette révélation par laquelle Dieu lui a permis de participer à un savoir divin intégral - comme un père permet à son fils de connaître certaines choses [Note de P.H. Omlor : les caractères gras sont de moi] ... On peut peut-être penser au baptême (POJ p.52)". Or, si Joachim Jérémias préfère croire que Jésus a reçu sa révélation à Son baptême, les vrais chrétiens croient eux que "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec (en) Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui.".

"L'usage du mot abba par Jésus exprime une relation particulière avec Dieu" (POJ, p.621). "De ce simple abba, « père », l'Église a extrait l'élément central de la foi que Jésus avait en Dieu "(POJ, p.65) [Note de P.H. Omlor : les caractères gras sont de moi.]

Au sujet de "Je Vous rends grâce, Père, Seigneur du Ciel et de la terre, de ce que Vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et de ce que Vous les avez révélées aux petits." (Matth. 11:25 et Luc 10:21), M. Jérémias nous dit que "Jésus se comptait parmi les petits" et même - quelle audace ! - "Jésus se réjouit d'être le petit de Dieu, son enfant bien-aimé, à qui la révélation a été donnée" (POJ, p.52).
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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :
Jérémias a-t-il raison sur la traduction de multis ?


Que le lecteur ne voie pas dans la discussion qui vient d'être faite un attaque de la personne du professeur Joachim Jérémias. C'est seulement un exposé nécéssaire des idées, de la philosophie et de la théologie particulière de l'homme qui est à l'origine de la mutilation de la formule de consécration. Le grand nombre de citations est là uniquement pour éviter l'accusation fréquente de "citer hors de contexte".

On peut cependant se demander si M. Jérémias, malgré toute son hétérodoxie, a néanmoins raison sur le fait que "tous les hommes" est une traduction acceptable à l'endroit concerné ? Il est difficile d'imaginer comment il pourrait avoir raison. Il y a tout simplement beaucoup trop d'enseignement catholique en faveur de "pour beaucoup" : les mots de l'Écriture sainte telles qu'elles ont toujours été comprises, la tradition liturgique universelle de l'Église, les enseignements de plusieurs Papes, le catéchisme du concile de Trente qui répudie expréssément la traduction "tous les hommes" et, enfin, les explications limpides de plusieurs docteurs de l'Église (dont S. Thomas d'Aquin et S. Alphonse).

On ne peut s'empêcher de penser à ce que disait S. Pie X des modernistes :
Encyclique Pascendi a écrit : A les entendre vous parler de leurs travaux sur les Livres Sacrés, grâce auxquels ils ont pu découvrir en ceux-ci tant de choses défectueuses, il semblerait vraiment que nul homme avant eux ne les a feuilletés, qu'il n'y a pas eu à les fouiller en tous sens une multitude de docteurs infiniment supérieurs à eux en génie, en érudition, en sainteté ; lesquels docteurs, bien loin d'y trouver à redire, redoublaient au contraire, à mesure qu'ils les scrutaient plus profondément, d'actions de grâce à la bonté divine, qui avait daigné de la sorte parler aux hommes.
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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :

L'unique "explication" de l'ICEL

Comme promis plus haut, nous allons sans plus attendre traiter de l'"explication" fournie par l'ICEL. Elle n'est fondée ni sur la théologie sacramentelle, ni sur la Sainte Écriture, ni sur la Tradition. Elle ne tient pas compte non plus de l'autorité du Magistère ou des docteurs de l'Église. Mais tout cela est déja évident puisque comme nous venons de le noter, toutes ces sources sont contre la traduction "tous les hommes". Écoutons donc attentivement leur tentative de justification de la distortion qu'ils font subir à la FORME D'UN SACREMENT ?

C'est une question de philologie, disent-ils ! Et oui, c'est dans leur "critique textuelle et linguistique" comme ils disent qu'ils ont découvert que Notre Seigneur, quand il a consacré le vin à la Cène, a vraiment dit : "mon sang ... versé pour tous les hommes". Une "preuve" de cela est fournie aux pages 34-35 du livret de l'ICEL intitulé The Roman Canon in English Translation ("Le canon romain dans sa traduction anglaise"). Voici l'intégralité du passage :
Ligne 65 : pro multis.
Ni l'hébreu ni l'araméen n'ont de mot pour dire : "tous". C'est pour cette raison que le mot rabbim, "multitude" a un sens qui peut s'étendre à "tous", bien que les traductions grecques et latines semblent préférer le sens plus restreint de "beaucoup" au sens de "tous". Cf. J. Jérémias, The Eucharistic Words of Jesus (New York, 1966, pp. 179-182, 229).
[Note de Rama C. : dans l'article original de P. H. O. il y a une reproduction photographique de ce passage.]
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Patrick Henry Omlor traduit par le chartreux a écrit :


Soyons bien clairs et comprenons bien cette explication. Notre Seigneur parlait en araméen, et pas en latin ou en grec. En hébreu et en araméen (nous dit-on) il n'y a pas de mot pour dire "tous" ; c'est même l'argument principal du passage : Ni l'hébreu ni l'araméen n'ont de mot pour dire : "tous". Ainsi, raisonne l'ICEL, quiconque voulant exprimer la notion de "tous" dans ces langues était obligé de recourir à un terme ambigu, qui en certains contextes voulait aussi dire "beaucoup" (le "sens restreint"). Limité par la langue qu'Il utilisait et qui était Sa langue maternelle, Notre Seigneur a été obligé d'utiliser ce mot ambigu quand il a dit : "mon sang ... versé pour tous les hommes". Pendant dix-neuf siècles, dans le monde entier et dans un multitude de langues, on a attribué à tort le "sens restreint" au mot, alors que le sens large de "tous" était celui que Notre Seigneur voulait exprimer.

Dans le paragraphe que nous venons d'écrire (qui est inévitablement plus long que le passage cité), nous avons restitué fidèlement la thèse défendue par l'ICEL. Pour montrer combien cette même ICEL a servilement suivi le professeur Joachim Jérémias, nous citons un passage de la p.179 de The Eucharistic Words of Jesus :
Joachim Jérémias a écrit : 15.14.24 pollon ("beaucoup" en grec). En grec (comme en anglais) il y a une opposition entre "beaucoup" et "tous", et "beaucoup" est donc le sens restreint et exclusiof ("beaucoup, mais pas tous"). L'hébreu rabbim peut avoir le sens inclusif ("le tout, ce qui fait beaucoup d'éléments"). Cet usage inclusif est lié au fait que ni l'hébreu ni l'araméen n'ont de mot pour dire : "tous".

[Note de Rama C. : dans l'article original de P. H. O. il y a une reproduction photographique de ce passage.]
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