Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

chartreux
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
24 C'est le sophisme de l'épouvantail, encore une fois !

25 Oui, je nie tout besoin d'adapter notre religion et notre messe aux exigences d'époques changeantes, par ce que la première est la Vérité même et que la seconde incorpore cette vérité dans sa Liturgie. Cela ne veut pas dire que certaines des cérémonies ne peuvent pas être changées, ou que nous ne pouvons pas revenir à la communion sous les deux espèces du moment que c'est "dans l'interêt de ceux qui reçoivent le sacrement, ou pour la vénération desdits sacrements." Ce que cela veut dire, c'est que notre foi ne peut pas changer. Écoute cette affirmation de fide dans Vatican I :
Concile Vatican I, ch. IV, canon 3 a écrit : 3.Si quelqu'un dit qu'avec le progrès de la science il peut arriver qu'il faille donner aux dogmes proposés par l’Église un sens différent de celui que l’Église a compris et comprend ; qu’il soit anathème. Car la doctrine de la foi que Dieu a révélée n'a pas été présentée aux hommes comme une invention philosophique à perfectionner, mais elle a été confiée comme un dépôt divin à l’Épouse du Christ, pour qu'elle la garde fidèlement et l'expose infailliblement. Aussi faut-il garder toujours aux dogmes sacrés le sens que la sainte Église a une fois déclaré, et il n'est jamais permis, sous prétexte ou couleur d'une intelligence plus profonde, de s'en écarter.
Concile Vatican I, canon IV.3 a écrit : 3.Si quelqu'un dit qu'avec le progrès de la science il peut arriver qu'il faille donner aux dogmes proposés par l’Église un sens différent de celui que l’Église a compris et comprend ; qu’il soit anathème.
Tu vas bien sûr dire que cela ne vaut que pour les choses de fide definita. Je réponds que cela vaut pour la totalité du dépôt de la foi. Or, comme je l'ai mentionné précédemment, il est fréquemment arrivé au cours de l'histoire que l'Église n'a défini un dogme qu'à partir du moment où il a été attaqué. Tu te rends compte de la pagaille que ce serait si on voulait "revenir à la pratique ancienne" avant les définitions ? On pourrait nier tout ce qu'on veut !
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
De plus, ce monde moderne auquel vous voulez qu'on s'adapte, tire son existence même de sa rupture d'avec l'Église - autrement dit il est fondé sur des principes qui reflètent une infidélité originelle au Christ. L'Église ne peut s'adapter à cette infidélité sans devenir adultère et encourir les dures réprimandes que le prophète Jérémie jetait sur les Juifs qui étaient devenus une "génération de prostituées". L'absurdité de cette "adaptationnisme" est que nous voulons que le père du "fils prodigue" aille manger les épluchures avec les cochons. C'est avec ces mêmes "épluchures" que nous nous étranglons dans la nouvelle Église. L'Église ne pourra tuer le veau gras que quand l'homme moderne retournera au Père. C'est Dieu qui "a réconcilié le monde avec lui dans le Christ" (2 Cor. 5:19), et non pas le contraire.

Ceux qui veulent "adapter l'Église au monde moderne" trahissent l'absurdité de leur position ainsi que leur vraies intentions par le fait que ce sont exactement les mêmes qui promeuvent bruyamment un "retour à la pratique ancienne". Cette attaque bilatérale de notre foi par ces pélagiens et montanistes néo-modernistes (chacun criant plus fort que l'autre que "l'Esprit-Saint est avec lui"), nous rappelle le fameux dicton concernant la chandelle que l'on fait brûler par les deux bouts. Après un certain temps, il ne reste plus rien au milieu !

Pour revenir à la question de la messe, depuis les temps apostoliques le coeur de la messe a toujours été le canon (qui contient les mots de consécration et un contexte approprié pour les dire). Il y a bien sûr d'autres canons traditionnels tels que ceux des rites orientaux, qui eux aussi définissent un contexte convenable pour les paroles de consécration. Cependant, je suis catholique romain et j'entends le rester - que Dieu me vienne en aide - et ce malgré la Nouvelle Église. Mais ici encore, ton correspondant montre sa tendance à embrouiller les choses. Répétant ce qu'il avait dit dans sa première lettre, il prétend que le N. O. M. n'est " qu'un retour à la vénérable discipline ancienne antérieure de plusieurs siècles aux réformes de Trente." J'ai abondamment démontré que c'est un mensonge éhonté. Et j'ai même mis ton représentant au défi de me montrer une seule prière du N. O. M. qui soit un exemple d'un tel retour, défi auquel il n'a pas répondu.

Les seuls "retours à la pratique ancienne" promus par la Nouvelle Église sont ceux qui permettent de détruire la Foi et le respect pour la Sainte Eucharistie. S'il faut faire revenir les pratiques anciennes, faisons-les revenir toutes. Revenons aux messes dans les catacombes, aux vigiles qui durent toute la nuit, et à l'office dit par les laïques. Revenons à l'austerité ancienne du jeûne pascal et des vies de prières et de sacrifice. Comme tout cela serait très-adapté au monde moderne, n'est-ce pas !
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
26 Encore une fois, ton correspondant me fait dire ce que je n'ai pas dit, savoir que la suppression des mots mysterium fidei invalide le sacrement. Cependant, un peu plus loin dans la même section il rectifie un peu. J'ai déja traité la plus grande partie de cette question au 5) plus haut. La suppression de ces mots de la substance de la forme (S. Thomas les considère comme faisant partie de la substance), si choquante qu'elle soit, ne change pas le sens de la form-ule et n'invalide donc pas le rite. Reste que l'omission est gravement choquante et a été condamné par l'Église dès 1958. Voici ce que dit un Monitum (avertissement) du Saint-Office :
Cette Congrégation Sacrée Suprême a appris que dans une certaine traduction du Nouvel Ordo de la Semaine Sainte en langue vernaculaire, les mots mysterium fidei sont omis de la forme de la consécration du calice. Il nous est parvenu aussi que certains prêtres omettent ces mots de la célébration même de la messe. Alors, cette Congrégation Suprême avertit qu'il est impie (nefas) d'introduire un changement sur un point si important et sacré ...
Tout cela découle naturellement de ce qui est dit à la section V :
Si quelqu'un ajoute ou retranche quoi que ce soit de la forme de consécration du Corps et du Sang, même s'il ne change pas le sens de la forme, accomplit effectivement le sacrement, mais pèche gravement.
Péché grave hier, norme aujourd'hui ! Et oui, c'est ainsi ...
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
De plus, mon objection au déplacement de ces mots se fonde sur le contexte dans lequel ils sont dits dans le N. O. M., qui permet une interprétation ambigüe et par là-même une interprétation fausse. Les mettre juste après la formule de consécration et juste avant "Christ est mort, Christ est levé, Christ reviendra" laisse clairement entendre que le mysterium fidei est non pas la présence du Christ "entier" sur l'autel, mais son Retour glorieux à la fin des temps. Or, bien sûr que je crois que le Christ reviendra (pour exterminer les méchants), et je suis au courant que cette phrase est de S. Paul, mais je t'invite à considérer que ce déplacement de mots, tout en n'étant pas ouvertement hérétique, est clairement une déformation de l'enseignement de l'Église et de l'intention des Apôtres qui eux mettaient ces mots dans la formule de consécration.

Quant à la citation du Concile de Trente, session 13, chapitre 2, donnée par ton correspondant, je démontre que ce passage est en dehors de la question en en citant une plus grande partie :
En effet, Notre Sauveur, étant prêt de quitter ce monde pour aller à son Père, institua ce Sacrement, dans lequel il répandit, pour ainsi dire, les richesses de son divin amour envers les hommes, y renfermant le souvenir de toutes ses merveilles (Psal. 110. 4.) ; et il nous commanda d'honorer sa mémoire (Luc. 22. 19.) en le recevant, d'annoncer sa Mort, jusqu'à ce qu'il vienne lui-même juger le monde.
Je ne vois pas dans ce paragraphe le mondre appui qui justifierait le déplacement de mots.

Et puisque ton représentant soulève encore une fois la question de la relation entre les paroles de consécration et les récits synoptiques, je le renvoie aux citations que j'ai donné au 5 plus haut, particulièrement celle qui est tirée d'une autorité que lui-même recommande, savoir la Messe de Rite Romain de Jungmann. J'ajouterai que cet empressement à rejeter la tradition en prétextant l'Écriture est et a toujours été une caractéristique des réformés et des hérétiques. Si changement il y avait à faire, ce sont les textes synoptiques qui auraient dû être mis à jour pour être plus en harmonie avec la Tradition (j'entends d'ici le cri d'effroi des observateurs au conseil !) Pour finir, voici une citation de plus de S. Thomas d'Aquin :
Summa IIIa, q.78, art.3, rép. 9 a écrit : Le but des évangélistes n'était pas de transmettre les formes des sacrements qui, dans la primitive Église, devaient rester cachées, comme dit Denys. Mais ils ont écrit pour tisser l'histoire du Christ.
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
27 et 28 . Je m'excuse de ne pas avoir compris du premier coup l'argument exposé par ton correspondant à cet endroit. J'ai consulté un théologien qui lui aussi trouvait le passage peu clair, et tous les deux on a passé plus d'une heure ensemble à essayer de démêler ce qu'il voulait dire. Je crois que j'ai compris maintenant. Ma réponse était tout-à-fait appropriée cependant, par ce que je n'ai fait qu'exprimer l'enseignement de l'Église concernant ce qui peut être considéré comme "narratif" et ce qui est "une affirmation présente du prêtre parlant en la personne du Christ" (c'est à dire les paroles de consécration). Il est évident que dans le N. O. M., la totalité du rite peut être considérée comme "narrative", et si on le dit en l'interprétant ainsi, il n'y a pas de consécration.
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
29 Cela m'amuse de voir que pour la première fois, ton représentant me demande d'étayer ma démonstration par des sources traditionnelles. Commençons par la question de l'intention "virtuelle". C'est un terme technique très précis, et mon autorité sera Mgr Pohle sur ce point. Le prêtre possède une intention réelle quand il veut consciemment ce que l'Église veut. Mais si il est distrait, on peut présumer qu'il possède une intention virtuelle, dont la "force" vient de la "réalité" de l'intention précédente. Dans le débat présent, tout cela est encore à côté du sujet. Ce que je voulais dire, et que j'ai dit très-clairement je pense, et que dans la messe traditionnelle "ce que l'Église veut" est évident, et un prêtre disant les paroles traditionnelles devrait former fortement une intention contraire dans son for interne pour ne pas consacrer (auquel cas il commettrait un sacrilège). Ici le lecteur peut relire tout le passage du livre du p. Walthen cité plus haut au 5). L'intention de l'Église traditionnelle n'apparaît pas clairement du tout dans le N. O. M., et c'est donc charge au prêtre de former une intention réelle de faire non pas ce que le N. O. M. instruit de faire, mais ce qu'il sait être l'intention de l'Église, pour qu'une consécration ait lieu. Si le prêtre ne croit pas à la transsubstantiation, il ne peut évidemment pas former une telle intention - et le texte du N. O. M. n'explicite clairement nulle part ce qu'est l'intention de l'Église. Tout cela explique peut-être mieux l'affirmation du "Bref examen critique" que je vais citer encore une fois :
Bref examen critique, note 21 a écrit : Telles qu'elles figurent dans le nouvel ORDO MISSAE, les paroles de la Consécration peuvent être valides en vertu de l'intention du prêtre ; mais elles peuvent aussi ne l'être pas : elles ne le sont plus par la force même des paroles (ex vi verborum), ou plus précisément : elles ne le sont plus en vertu de leur signification propre (modus significandi) qu'elles ont dans le Canon romain du Missel de saint Pie V. -- Les prêtres qui, dans un proche avenir, n'auront pas reçu la formation traditionnelle, et qui se fieront au nouvel ORDO MISSAE et son Institutio generalis pour " faire ce que fait l'Eglise ", consacreront-ils validement ? Il est légitime d'en douter.
Je joins ici une lettre écrite au Wanderer et publiée dans le numéro du 16 juin 1977. Le Wanderer est un journal "conservateur" de la Nouvelle Église (autrement dit il est de ton bord théologiquement) et cette lettre explique clairement le problème de l'intention dans la nouvelle messe. [Note de Rama C. : je pense que la lecture de cette lettre peut être utile indépendamment du jugement porté sur ce débat. Elle a été écrite par quelqu'un qui croit à la validité du Novus Ordo, après tout.]
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
30-31 Le sophisme de l'épouvantail, encore et toujours !

32 Cela a déja été traité au 5) de cette lettre, ainsi que dans certains passages de ma deuxième lettre. Encore une fois, comme ces mots "essentiels" pour ton correspondant sont présents dans les liturgies anglicanes et luthériennes, il semble bien qu'il considère ces liturgies comme "valides" et qu'il n'y aurait aucun problème pour lui à dire la messe suivant ces rites. Et puisqu'il cite l'encyclique Mediator Dei, je me permets de lui en indiquer le passage suivant :
Le divin Rédempteur voulut ensuite que la vie sacerdotale, qu’il avait commencée dans son corps mortel par ses prières et son sacrifice, fut continuée sans interruption au cours des siècles dans son Corps mystique qui est l’Église.
Cette vie sacerdotale instituée par le Christ se trouve dans les diverses formes de la messe traditionnelle, et pas dans les rites inventés par Luther, Bugnini ou les réformés anglais. Pour tout le reste, cf. le 5) plus haut.

33 Dans le corps de son commentaire, ton correspondant renonce enfin a son épouvantail et reconnaît que, trois fois au moins, j'ai clairement dit que mon accusation d'invalidité ne se fonde sur aucun des manquements nombreux et évidents dans le N. O. M. en dehors des paroles de consécration. La validité est une chose, le sacrilège en est une autre.

34 Le répit a été de courte durée : voilà ton représentant qui reprend son épouvantail ! Je lui fais part qu'à mon avis, c'est plutôt le canon romain traditionnel qui contient les "élements essentiels" auxquels il fait allusion.

35 L'épouvantail est de retour encore une fois ! Si, même après avoir lu toutes les preuves que j'ai apportées et le fait qu'une forme certaine est préférable à une forme douteuse, ton correspondant se sent aussi à l'aise qu'avant avec le N. O. M., alors je respecte son choix personnel, un choix formé à partir de son jugement privé au lieu de l'enseignement de l'Église. Qu'il continue donc à dire le N. O. M. s'il le souhaite, mais qu'il ne prétende pas le faire en tant que catholique fidèle.

36 Cela en devient bête, là !
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :

37 Il est clair que ton correspondant ne connaît pas un seul document conciliaire qui réfute le Bref Examen Critique des théologiens romains. Qu'un texte si radical ait pu continuer à faire parler de lui pendant des années sans rencontrer nulle part d'objections massives est pour le moins extraordinaire [Note de Rama C. : à ma connaissance, ce document n'est toujours pas réfuté aujourd'hui. La politique habituelle de la Nouvelle Église en face de telles choses est de les ignorer]. Si vraiment comme ton représentant le prétend, sa réponse constitue une réfutation du Bref examen critique, cela ferait d'elle un texte capital. Pour ma part, je n'y vois qu'une piteuse dérobade. En ce qui concerne la soumission du cardinal Ottaviani au Pape, les détails ne me sont pas connus. C'est un homme très-âgé (qui a peut-être déja reçu sa couronne de martyr ?), et qui s'il est encore vivant, est proche de la 90aine, aveugle et grabataire. Il a clairement le droit de se retirer du combat et de dire la messe traditionnelle sine populo comme on dit dans la Nouvelle Église (c'est-à-dire sans public). Même s'il est vrai qu'il a signé une rétractation (et qu'il était capable de lire ce qu'il signait), reste que le Bref examen critique est un défi lancé à la Nouvelle Église post-conciliaire, resté sans réponse depuis 9 ans. [Note de Rama C. : il semblerait qu'Ottaviani ait signé une rétractation placée sur son bureau par son secrétaire. Étant aveugle, il était obligé de faire confiance à son secrétaire en cette occasion. Pour plus de détails, cf. la traduction faite par le p. Cekada aux éditions TAN.]
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :

38 Nous avons longuement débattu de la question de la validité. Or, même si ton correspondant réussissait à me convaincre que la phrase "pour vous et pour beaucoup" ne fait pas partie de la substance, ou que la Nouvelle Église a le droit de changer la forme et la substance des sacrements (qui sont fixés en ce qui concerne la messe depuis les temps apostoliques, et très-expressément depuis le concile de Florence), ou que "beaucoup" et "tous" c'est pareil, ou que le Christ voulait dire tous quand Il a dit beaucoup, il me convaincrait seulement que les paroles de consécration sont valides. Il lui resterait encore à me convaincre que le contexte dans lequel ces paroles sont dites n'est pas sacrilège.

La validité par elle-même ne confère pas de valeur au N. O. M., et n'en fait pas non plus un rite représentatif de "la vie sacerdotale, qu’il [le Christ] avait commencée dans son corps mortel par ses prières et son sacrifice" (Mediator Dei). Souviens-toi que "Les victimes des impies sont abominables au Seigneur" (Prov. 15:8). Pour mieux comprendre cela, imaginons une statue d'une sainte très-connue. Si l'on peignait cette statue pour la faire ressembler à une prostituée, la statue serait toujours une statue de la sainte en question, mais elle ne serait ni licite ni utile. Cette analogie paraîtra peut-être extrême au lecteur, mais elle est très précise. Consacrer validement dans le cadre du N. O. M., ce serait outrager Notre Seigneur, et ce serait le pire des sacrilèges d'après S. Thomas. (Summa IIa, q.80, art.5).

Je sais bien que de nombreux catholiques ne voient pas les choses ainsi. La raison de cela est expliquée par S. Hilaire de Poitiers :
Les hérétiques utilisent leurs mots dans leur sens à eux, mais les fidèles prennent ces mots dans un sens orthodoxe. Les oreilles des fidèles sont plus pures que les coeurs des prêtres.
Les fidèles sont trompés hélas et ne voient pas ce qu'on leur a fait. Les changements ont été amenés lentement, et les paroles de la Nouvelle "messe", étant parodiques, imitent et ressemblent suffisamment à celles de la messe traditionnelle, ce qui fait qu'il n'est pas toujours facile de détecter les changements ni de voir comment ils fonctionnent. Le fait que les prêtres portent encore certains (pas tous) des vêtements liturgiques, que la table (et non pas l'autel) est recouverte par un seul linge au lieu de trois passe aisément inaperçu, tout comme l'absence d'une pierre d'autel contenant les reliques des martyrs. Même quand on leur explique l'évidence, les fidèles préfèrent regarder ailleurs. Accepter la réalité leur ferait trop mal. Et enfin, leurs prêtres à qui ils ont l'habitude de faire confiance, les ont trahis. Toutes ces ruses ont déja été pratiquées par les réformateurs anglicans et luthériens qui affirmaient eux aussi "revenir à la pratique ancienne".

Je rejette absolument toute accusation faite par ton correspondant que mon exposé manque de logique ou que je suis insuffisamment familier avec la théologie pour vraiment comprendre les problèmes.
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
39 a) Je suis choqué encore une fois ! Ton correspondant me convainc rarement, en revanche il me surprend assez souvent ! Il prétend que j'essaye "de se réfugier derrière une nouvelle définition de la foi (qui récuse donc celle de la théologie traditionnelle)". Or, cette définition que j'avais donnée dans ma deuxième lettre et contre laquelle il proteste, est tirée de l'Encyclopédie Catholique et est essentiellement celle de S. Thomas ; je la reproduis ici : "la foi peut être considérée à la fois objectivement et subjectivement. Objectivement, c'est la somme de toutes les vérités révélées par Dieu dans l'Écriture et la Tradition, et que l'Église nous présente ... subjectivement, la foi est l'habitude ou la vertu qui nous fait assentir à ces vérités." Et pour citer une autre source :
Mgr G. Van Noort, Théologie Dogmatique a écrit : Le contenu de la foi divine-catholique consiste en ces vérités que le magistère de l'Église propose à notre croyance comme divinement révélées ... L'acte de foi est executé par l'intellect, sous le commandement de la volonté, et avec l'aide de la grâce divine.
Un peu plus loin, cet auteur cite le Concile Vatican I :
Dei Filius, ch. III a écrit : On doit croire d'une foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition et proposé par l’Église comme vérité divinement révélée à croire, soit en vertu d'un jugement solennel, soit dans l'exercice de son magistère ordinaire et universel.
Il n'y a là absolument rien qui m'empêche d'accepter les notae theologicae de ton correspondant, ou les extraits que j'ai donnés des canons 1322-1324, ou l'encyclique Mortalium Animos. Je pense que ton représentant devrait relire le 4 de cette lettre. Il est très-surprenant qu'il rejette la définition de S. Vincent de Lérins de la foi comme "ce qui est cru par tous, toujours et partout" par ce que c'est une référence dans la plupart des manuels de théologie. Puisque ton correspondant semble ne pas aimer la façon de voir de S. Vincent de Lérins, je ne resiste pas à la tentation de rajouter une couche de ce vénérable auteur :
Commonitorium 9.5 a écrit : Prêcher aux chrétiens catholiques une autre doctrine que celle qu'ils ont reçue n'a donc jamais été permis, n'est permis nulle part, ne sera jamais permis ; et anathématiser ceux qui annoncent autre chose que la doctrine une fois reçue, il n'y a pas d'époque où il ne l'a pas fallu, pas de lieu où il ne le faut pas, pas d'époque où il ne le faudra pas.
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