Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

chartreux
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
Si l'on a encore des doutes au sujet de l'intention de la Nouvelle Église, ou sur la portée du changement, il suffit de relire le catéchisme de Trente et les docteurs de l'Église sur ce point précis.

Catéchisme du concile de Trente, Chapitre 18, §III a écrit : Les autres mots : «pour vous et pour plusieurs », sont empruntés les uns à saint Matthieu (25:18), et les autres à saint Luc (2:20). Et c’est l’Eglise qui, inspirée par l’esprit de Dieu, les a réunis. Ils servent à exprimer les fruits et les avantages de la Passion. Si nous en considérons en effet la vertu et l’efficacité, nous sommes obligés d’avouer que le Sang du Seigneur a été répandu pour le salut de tous. Mais si nous examinons les fruits que les hommes en retirent, il est évident que plusieurs seulement, et non pas tous, en profitent. Lorsque Jésus-Christ dit : pour vous, Il entendait par là, à l’exception de Judas, ceux qui étaient présents, et à qui il parlait, ou bien les élus d’entre les Juifs, tels que ses disciples. En ajoutant : « pour plusieurs », Il voulait désigner tous les autres élus, soit d’entre les Juifs, soit d’entre les Gentils. Ainsi c’est avec raison qu’il n’a pas été dit : pour tous, puisqu’il s’agissait en cet endroit du fruit de la Passion, qui n’a procuré le salut qu’aux élus seulement. C’est dans ce sens qu’il faut entendre ces paroles de l’Apôtre : « Jésus-Christ n’a été immolé qu’une fois pour effacer les péchés de plusieurs » (Héb. 37:28) ; et ce que dit Notre-Seigneur dans Saint Jean 17:9 : « Je prie pour eux, je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que Vous m’avez donnés, parce qu’ils sont à vous. »

Cela est confirmé par S. Alphonse de Liguori :
S. Alphonse de Liguori, Traité sur l'Eucharistie a écrit : Les paroles pro vobis et pro multis (pour vous et pour beaucoup) sont utilisées pour distinguer la vertu du Sang du Christ de ses fruits : car le Sang de Notre Sauveur est de valeur suffisante pour sauver tous les hommes, mais ses fruits sont appliqués seulement à un certain nombre et non pas à tous, et ceci est leur propre faute. Ou, comme disent les théologiens, ce précieux sang est (en lui-même) suffisant (sufficienter) pour sauver tous les hommes, mais (de nôtre coté) il ne sauve pas tous effectivement (efficaciter)- il sauve seulement ceux qui coopèrent avec la grâce.
Tel est aussi, clairement, l'enseignement du docteur angélique (Summa IIIa, q. 78, art. 3) et c'est une opinion ratifiée par le Suprême Pontife Benoît XIV dans De Sacrosanctae Missae Sacrificio, Livre II, ch. XIV, où il est écrit que l'opinion de S. Thomas "explique correctement" le fait que le Christ ait dit "pour plusieurs" et pas "pour tous". Il n'est donc pas surprenant qu'aucune de 76 différentes formes liturgiques ne disent "pour tous", et que pas un des Pères de l'Église ne l'a entendu ainsi [Note de Rama C. : aujourd'hui on défend cette fausse traduction en prétendant que 1) le Christ voulait dire "tous", et que 2) l'araméen n'a pas de mot pour dire "tous" et que le Christ a donc dit plusieurs à la place. La première affirmation est une présomption arrogante, tandis que la seconde est absolument fausse.]

On ne peut pas douter au vu de tout cela que la Nouvelle Église a eu la témérité de changer les paroles mêmes du Christ, et de déformer son enseignement. De plus, Elle l'a fait dans la forme sacramentelle d'un sacrement donné in specie, sur un point où le magistère s'est clairement prononcé. La validité de la consécration est donc très-certainement douteuse. Je devrais sans doute dire qu'elle est certainement invalide !

Pourtant, tu persistes à dire que "pour l'essentiel rien n'a été changé dans la messe", et le père O'Leary insiste que les nouvelles traductions sont "orthodoxes" et "exactes" !
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
12) Si la critique du N. O. M. se concentre sur les paroles de consécration, il doit être bien clair que le problème concerne beaucoup plus que ce passage. C'est le canon entier qui doit être préservé. Voici une citation des canons du chapitre de Cologne en 1549 (cité dans le Mystery of Faith de Maurice de la Taille, s. j. ) :
Une nécessité très-pressante nous oblige à dénoncer la pure folie de ceux qui croient que le sacrement du Corps et du Sang du Christ peut être consacré sans la prière catholique que nous appelons le canon, en récitant seulement les mots dans l'Epître de S. Paul aux Corinthiens ... Car dans ce texte l'Apôtre ne fait que raconter historiquement les actions du Christ ; sans se préoccuper aucunement de fournir une formule de consécration, par laquelle le prêtre, ministre de l'Église, par l'invocation du Nom divin, bénit et sanctifie les offrandes posées sur l'autel, non pas certes par ses paroles à lui, mais par les paroles toutes-puissantes de NSJC ...
Ce qui ne veut pas dire que dans certaines situations, la consécration ne puisse avoir lieu en dehors du canon - bien qu'il y aurait alors un péché grave.
S. Thomas, Summa IIIa, q. 78, art. 1 a écrit : Il faut donc soutenir que si le prêtre ne disait que les paroles en question[les paroles de consécration], avec l'intention d'accomplir ce sacrement, celui-ci serait réalisé, parce que l'intention ferait comprendre que ces paroles sont prononcées au nom du Christ, même si ce n'était pas signalé par le récit des paroles précédentes. Cependant ce prêtre pécherait gravement, comme n'observant pas le rite de l'Église.
Tu répondras sans doute qu'il n'y a pas de problème puisque la Nouvelle Église fournit un nouveau rite. Mais alors, permets-moi de demander pourquoi le canon a été aboli. Je te suggère que la réponse est donnée par cette citation de Luther :
Luther a écrit : Cet abominable canon est une confluence de flaques d'eau sale, qui ont fait de la messe un sacrifice. On a inventé et ajouté des offertoires. La messe n'est pas un sacrifice. Ce n'est pas l'acte d'un prêtre sacrificateur. Nous rejetons le canon et toute autre chose qui implique une oblation.
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :

13) J'ajouterais que la majorité des Pères à Vatican II ne prévoyaient probablement pas la destruction totale du canon qui viendrait avec le N. O. M. Excepté certaines personnes comme le cardinal Lienart et sa côterie, la plupart des Pères seraient sans doute choqués par ce qui est arrivé. La Constitution sur la Liturgie par exemple dit que "dans la liturgie il y a des élements inchangeables divinement institués et des élements changeables". À l'époque, la majorité a lu cela en pensant que les "élements inchangeables" incluaient le canon, et surtout la forme et la substance du sacrement. Mais quand on lit le N. O. M. , on se rend compte que finalement, les seuls élements inchangés sont quelques mots comme "Alléluia" et certaines prières comme le Notre Père et le Gloria qui ont toujours été acceptables aux Protestants. Une telle opinion est confirmée par une entrée du Journal du Concile, du 5 novembre 1962 où l'on lit : "on insista particulièrement pour que le canon de la messe ne soit pas changé."
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
14) L'une des raisons pour lesquelles les fidèles ont accepté (à contre-coeur) le N. O. M. , c'est qu'ils leur est impossible de croire que la messe est en train d'être détruite, et détruite par ceux-là-mêmes dont le devoir est de la préserver. Moi-même j'ai du mal à y croire. Pourtant, comme le dit S. Cyril :
S. Cyril, Catéchisme, XV:16-17 a écrit : Que personne ne dise en son coeur : "Dieu n'aurait pas permis cela s'il ne l'avait voulu." Non : l'Apôtre vous prévient en vous annonçant à l'avance, "Dieu leur enverra une grande puissance d'erreur", pour qu'ils soient condamnés et non pas excusés.
La situation actuelle est préfigurée en
Daniel 9:27 a écrit : les victimes (l’oblation) et le sacrifice cesseront, l’abomination de la désolation sera dans le temple
et
Daniel 11:31 a écrit : Des bras (armés) sortiront de lui et violeront le sanctuaire de la force ; ils feront cesser le sacrifice perpétuel, et ils mettront (ajouteront à) l’abomination (dans) la désolation.
Malachie 1:7 a écrit : Vous offrez sur mon autel un pain souillé, et vous dites : En quoi vous avons-nous déshonoré ?
Jérémie 10:20-21 a écrit : Ma tente (Mon tabernacle) a été détruite (dévasté), tous mes cordages ont été rompus ; mes enfants (fils) sont sortis de mon enceinte, et ne sont plus. Il n’y a plus personne pour dresser ma tente, ni pour relever mes pavillons. Car les pasteurs ont agi d’une manière insensée, et ils n’ont pas cherché le Seigneur ; c’est pourquoi ils ont été sans intelligence, et tout leur troupeau a été dispersé.
Ezéchiel 22:26 a écrit : Ses prêtres ont méprisé ma loi, et ils ont souillé mon sanctuaire ; ils n’ont pas fait de différence entre ce qui est saint et ce qui est profane, et ils n’ont pas distingué entre ce qui est pur et ce qui est impur ; ils ont détourné leurs yeux de mes sabbats, et j’étais souillé au milieu d’eux.
S. Alphonse de Liguori aussi avait prédit la destruction de la messe :
S. Alphonse de Liguori, Lettre ouverte aux prêtres a écrit : Aussi, dans sa fureur pour abolir ici-bas la messe, que d'hérétiques le démon n'a-t-il pas déjà suscités, comme autant de précurseurs de l'Antéchrist, lequel s'appliquera tout d'abord et parviendra réellement à faire cesser, en punition des péchés des hommes, le saint sacrifice de la messe, suivant cette prophétie de Daniel : à cause des péchés, la force lui fut donnée contre le sacrifice perpétuel

De telles prophéties nous avertissent très-certainement que la messe nous sera retirée un jour. C'est à nous de juger si le N. O. M. en constitue une réalisation. Au vu de tout ce qui a été dit précedemment, je tends très-fortement à répondre par l'affirmative.
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
15) Face à cet attaque contre l'enseignement catholique, comme réagit l'Église traditionnelle, l'Église de toujours ? Voici un passage de la Légitimation de la Bulle Apostolicae Curae écrite par le cardinal archévêque et les évêques de la province de Westminster à Londres en l'année lointaine 1892 :
L'Église ne doit rien omettre ou réformer dans ces choses que la coutume immémorielle nous a léguées. Car un tel usage immémoriel, qu'il ait incorporé diverses accrétions superflues au cours des âges, doit être consideré par ceux qui croient en une Église divinement préservée et visible, avoir au moins conservé tout ce qui est nécéssaire ; et en s'en tenant fermement à ce qui a été transmis nous pouvons toujours nous sentir en sécurité ; tandis que si nous omettons ou changeons quoi que ce soit, nous sommes peut-être en train d'enlever justement l'essentiel ... Qu'il soit soi-disant permis de supprimer des prières et cérémonies utilisées jusqu'ici, et même de remodeler les rites existants d'une manière radicale, voilà une proposition qui ne trouve aucun appui dans l'histoire, et qui nous paraît absolument incroyable.

S. Thomas est encore plus net à ce sujet :
S. Thomas, Summa IIa IIae, q. 93, art. 1 a écrit : Le culte extérieur peut encore être mensonger d'une seconde manière, du fait de celui qui le pratique. Cela peut arriver surtout dans le culte public, où les ministres officient en tenant la place de toute l'Église. C'est être un faussaire que de présenter, de la part de quelqu'un, ce dont il ne vous a aucunement chargé. Ce serait le cas de celui qui offrirait à Dieu, de la part de l'Église, un culte en opposition avec les formes qu'elle a instituées par autorité divine, et que pratique cette même Église. Si bien que S. Ambroise déclare: « Il est indigne, celui qui célèbre les divins mystères sans se conformer à la tradition reçue du Christ. »
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
16) Tout ce qui précède constitue une liste de problèmes à resoudre. Dans presque tous les cas, un seul de ces points justifierait ma position, tandis qu'il vous incombe de répondre à chacun d'eux. Il y aurait bien sûr encore d'autres "réclamations" à noter, par ce que comme le note le Bref Examen Critique, le N. O. M. "favorise des insinuations et des atteintes manifestes à la pureté de la foi". Ce Bref Examen n'est pas l'ouvrage d'un seul homme, mais de toute une équipe de théologiens et de liturgistes distingués. Comme ce document traite abondamment le fond du problème que nous discutons actuellement, c'est avec une certaine suprise que je note que ni ton correspondant ni le p. O'Leary ne jugent utile ne serait-ce que de le mentionner. Je serais très-interessé par le moindre début de réfutation théologique que la Nouvelle Église post-conciliaire pourrait produire contre ce document très "embarrassant" apparamment.
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
17) Et enfin Mère, j'insiste que je n'ai pas écrit tout cela pour la vanité d'avoir raison, mais plutôt pour te convaincre, toi que j'aime, de me rejoindre dans ce rejet du N. O. M. au motif qu'il n'est PAS CATHOLIQUE. Même si je ne t'ai pas convaincue de la validité et de l'importance de tous mes arguments, je t'ai surement fait réflechir et douter sur un certain nombre d'entre eux. La seule manière pour toi de te justifier de ne pas discuter ces points serait de te cacher derrière des affirmations comme "Nous devons une obéissance totale à notre Saint Père" et "Le Saint Père ne peut pas se tromper". Mais encore une fois, une telle attitude n'est PAS CATHOLIQUE comme je l'ai abondamment démontré dans ma lettre précédente.

Je me réjouis d'avance de la prochaine fois où nous pourrons à nouveau recevoir Notre Seigneur ensemble devant le même autel, et je prie en ce sens. Il faudra trouver pour cela une église où l'on dit la messe traditionnelle. Personne ne contesterait sérieusement la validité de la messe de toujours. Je prends la religion très au sérieux, et de même que je ne confierais pas mon corps à un médicin aux qualifications douteuses, à plus forte raison je ne confie pas mon âme à une "messe" qui a été délibérément changée de façon à "satisfaire le plus modernistes des protestants" comme le dit le Bref Examen Critique.
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
DEUXIÈME PARTIE. VATICAN II, LA RÉVOLUTION FRANCAISE DANS L'ÉGLISE

1) À en juger par le ton de la réponse de ton correspondant, je présume qu'il ne conteste pas l'affirmation du cardinal Suenens qu'
On pourrait dresser une liste impressionante par sa taille de thèses qui hier encore étaient enseignées par Rome comme étant les seules possibles, mais que le concile a rejetées.
Ton représentant écrit en effet :
Ne pas accepter l'enseignement de ce concile, c'est rendre arbitraire l'acceptation des autres. L'enseignement de l'Église peut changer et évoluer sur les choses qui ne sont pas "de foi", c'est-à-dire relevant de l'infaillibilité.
J'ai plusieurs commentaires à faire sur cette affirmation typiquement moderniste, qui mélange bien des choses et surtout l'erreur et la vérité.

a) SI les changements faits à Vatican II concernent des choses ne relevant pas de l'"infaillibilité", alors il est clair que les changements eux-mêmes ne sont pas "infaillibles" et nous ne sommes pas obligés de les accepter avec foi. Je souligne fortement ce "SI" par ce que si je suis d'accord avec la deuxième phrase de ton correspondant, je ne suis pas entièrement d'accord avec la première. Notre foi ne se réduit pas à la seule acceptation de ce qui est clairement "infaillible" au sens légal et canonique du mot. Ainsi par exemple, je ne crois pas que l'avortement ait jamais fait l'objet d'une définition ex cathedra, mais il n'y a pas besoin de cela pour voir que l'avortement est une violation du décalogue et de la loi naturelle.

b) Notre Foi est immuable par ce qu'elle est vraie, et cela vaut pour tout le dépôt de la foi. Comme le note l'Encyclopédie Catholique anglaise, la foi "peut être considérée à la fois objectivement et subjectivement. Objectivement, c'est la somme de toutes les vérités révélées par Dieu dans l'Écriture et la Tradition, et que l'Église nous présente ... subjectivement, la foi est l'habitude ou la vertu qui nous fait assentir à ces vérités." Ainsi, notre foi ne concerne pas seulement les choses qui sont "infailliblement" définies, mais tout ce qui est "cru par tous partout" comme le dit S. Vincent de Lérins. Je crois qu'il n'est pas difficile de démontrer que Vatican II a changé des choses appartenant à cette catégorie, cf. plus bas.

c) Le caractère non-infaillible des changements apportés par Vatican II trouve une confirmation supplémentaire que le Pape Paul VI a dit son discours de clôture qu'il n'y avait pas de "décisions dogmatiques extraordinaires" dans le concile (c'est peut-être à cet endroit que l'action du Saint-Esprit sur Vatican II est le plus visible). Le cardinal Felici, ex-secrétaire de la Curie et ex-secrétaire général du concile a écrit que les décrets du concile sont de jure mais pas de fide. Ainsi, étant de jure il n'y a que l'obéissance qui puisse nous obliger à les accepter, et alors tout ce que j'ai dit au début de ma précédente lettre sur l'obéissance s'applique. [Note de Rama C. : cela a été écrit il y a 25 ans ; aujourd'hui j'écrirais ce paragraphe d'une façon un peu différente. Les "papes" post-conciliaires ont déclaré en effet que les documents de Vatican II constituent "la forme la plus élevée du magistère ordinaire", et nous ont répeté plusieurs fois que nous devons y assentir pour cette raison.]
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :

d) Puisque Vatican II se dit "pastoral" et "non dogmatique", il lui incombe de montrer que ses affirmations sont compatibles avec la foi constante qui a existé au cours de l'histoire. Cette obligation vaut pour les conciles "dogmatiques" aussi d'ailleurs. Comme le dit S. Athanase au sujet du concile de Chalcédoine, l'objet d'un concile est de "rejeter les doctrines érronnées par un décret commun, et de réaffirmer la foi constante des Pères". Cela par ce que "comme les anciens prophètes le disaient avant le Christ, comme Lui-même nous l'a enseigné, il n'est permis à personne d'apporter, d'écrire, de projeter, de soutenir ou d'enseigner, une nouvelle foi." Le Pape S. Léon énonce plus gravement encore la nécéssité que "les coeurs soit unis en la foi" sans qu'"aucune discussion d'aucune sorte ne soit permise." Quiconque "attaque ce qui est déja défini" est "un rebelle qui menace la paix", et agit aut antichristus aut diabolus.

e) En ce qui concerne les encycliques du Pape, leur caractère "infaillible" ou non n'est pas facile à déterminer. D'après Mgr. Fenton,
Mgr. Fenton a écrit : Il est très probable que certains au moins des enseignements contenus dans les diverses encycliques des Papes sont des affirmations infaillibles du Saint Pères. Il est absolument certain que tous les enseignements contenus dans ces encycliques ou en dépendant directement ont droit à l'assentiment religieux au moins intérieur de tous les catholiques.
Le père Pegues quant à lui note que les encycliques représentent l'enseignement souverain de l'autorité suprême :
Père Pegues a écrit : Les fidèles ont donc l'obligation stricte de recevoir cet enseignement avec le plus grand respect. On ne doit pas se contenter de s'abstenir de le contredire publiquement ... Un assentiment mental et interne est requis. Il doit être reçu comme l'enseignement de l'autorité souveraine dans l'Église.
Anna Freemantle, The Papal Encyclicals in their Historical Context a écrit : Les encycliques ne sont pas nécéssairement des documents ex cathedra. Pour cela, la matière doit être de foi ou de moeurs ; le texte doit utiliser les termes "déclarer", "définir" ou "prononcer" ou d'autres équivalents, et doivent énoncer précisément les sanctions et censures attachées à l'obligation de croire.
Les encycliques Acerbo Nimis et Pascendi sont souvent citées comme exemples de telles définitions ex cathedra.

f) On peut définir un concile oecuménique ainsi :
H. Jadin, Ecumenical Councils of the Catholic Church a écrit : C'est une assemblée d'évêques et d'autres intervenants investis de juridiction, convoquée par le Pape et présidée par lui, et ayant comme objet de formuler des décisions en matière de foi chrétienne ou de discipline ecclésiastique. Ces décisions doivent obligatoirement être ratifiées par le Pape ... le devoir le plus élevé d'un concile a toujours été de proclamer la foi, en déliminant la doctrine catholique et en la séparant des erreurs contemporaines. Il y a eu des conciles qui n'ont pas publié de canons disciplinaires, mais tous ont rejeté certaines erreurs.
Vatican II est un concile oecuménique inhabituel à bien des égards. C'est le premier qui s'adresse non pas aux fidèles catholiques mais au monde entier. C'est le premier à être déclaré "pastoral" et "non dogmatique" (par deux papes). C'est le premier qui n'a publié aucun canon disciplinaire ni séparé la doctrine catholique d'erreurs contemporaines. C'est le premier qui a rompu avec les enseignements des conciles précédents et contredit les enseignements d'encycliques antérieures. Et enfin, c'est le premier dont un pape a affirmé lors du discours de clôture que le concile n'avait pas "formulé d'affirmations dogmatiques extraordinaires". C'est donc le premier qui n'est pas "infaillible".
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit :
g) Je m'insurge contre la confusion entre changer et développer. C'est une ambiguité typiquement moderniste. Les deux choses sont différentes, particulièrement en théologie. Les doctrines peuvent être "développées", encore faut-il entendre correctement ce mot ; mais elle ne peuvent pas changer, par ce qu'elles sont vraies.
Voici ce qu'en dit le cardinal Newman :
Cardinal Newman a écrit : Un développement, s'il veut rester fidèle, doit conserver à la fois la doctrine développée et le principe qui l'a produite ... Tel est aussi l'enseignement des Pères concernant les doctrines fixées par le conciles, comme on le voit par exemple chez S. Léon : "Chercher ce qui est déja trouvé, recommencer ce qui est déja fini, déchirer ce qui a été posé, n'est-ce pas là de l'ingratitude envers des biens gagnés ?" De même, S. Vincent de Lérins décrit le développement de la doctrine chrétienne comme perfectus fide non permutaio (perfection et non altération de la foi).
Comment pourrait-il en être autrement, puisque
Cardinal Newman a écrit : Les Apôtres connaissaient toutes les vérités concernant les doctrines théologiques les plus élevées, que les polémistes venus après eux ont pieusement et charitablement réduites à des formules, et développées par des raisonnements.

Au vu de cela, les affirmations de ton correspondant favorisent des insinuations contre la pureté de la religion catholique. Si les changements faits à Vatican II sont des permutatio, ce qui est manifestement le cas, l'accepter rend arbitraire l'acceptation des conciles "infaillibles" précédents, et d'une longue série d'encycliques. La vérité ne se contredit pas - et le Saint-Esprit est vérité.
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