Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit : Le canon 22 nous donne une réponse sur ce point :
Canon 22 a écrit : Une loi plus récente, édictée par l'autorité compétente, abroge une loi plus ancienne si elle le décide expressément, ou si elle la contredit directement, ou si elle organise la matière qu'elle concerne d'une façon entièrement différente
Il y a deux raisons différentes qui combinées à ce canon 22 montrent que l'ancien missel est devenu illicite. La première est que les termes de la constitution Missale Romanum qui introduisent le nouveau missel, expriment clairement que l'ancien missel est entièrement remplacé par le nouveau. Les instructions et directives répétées de la Congrégation pour le Culte Divin confirment pleinement que tel est l'esprit de la loi. La deuxième raison est que même si l'on considère qu'il n'y a pas eu de révocation explicite, une loi ancienne est implicitement répudiée si la nouvelle loi établie par le législateur compétent recouvre tout le domaine de l'ancienne. Tel est bien le cas ici, puisque le Saint-Siège a produit un nouveau missel, un nouveau lectionnaire, etc. Même sans révocation explicite, cela suffirait à annuler la législation liturgique de Quo Primum et toutes les prescriptions qui vont avec.

Cela devrait ou aurait dû suffire à clore la question. Le missel de 1969 a aujourd'hui complètement remplacé celui de 1570. La messe suivant des rites antérieurs ne peut être célébrée qu'en privé par des prêtres âgés ou infirmes, ou bien lorsqu'un indult particulier a été concédé, comme en Angleterre ou au Pays de Galles.

Mais bien que tout ait maintenant été dit du point de vue du droit canon, nous pouvons encore examiner certains des arguments avancés en faveur de l'idée que le missel de 1570 serait encore une forme légitime de célébration publique dans l'Église en Australie.

Il importe tout d'abord de bien distinguer célébration de S. Pie V et célébration en latin. Il n'y a aucune interdiction des messes en latin. Bien au contraire, le Saint-Siège a affirmé à plusieurs reprises son souhait que la messe en latin reste une réalité vivante, et que tous ceux qui le souhaitent aient les moyens d'assister à une telle messe. Ainsi, par exemple, le souhait exprimé par le président français Georges Pompidou que sa messe funéraire soit dite en latin était parfaitement en accord avec la loi liturgique actuelle.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit : Mais il faut avouer qu'en Australie cette consigne de maintenir vivante la messe en latin a été fort négligée. Au milieu des années 60 par exemple, un archidiocèse australien avait légiféré qu'il y aurait chaque dimanche au moins une paroisse qui ait une messe en latin. Cette directive cessa assez vite d'être observée, entre autres par ce que la messe en latin n'attirait pas beaucoup de monde, ou n'était en tout cas pas très populaire. Il aurait sans doute mieux valu faire ce genre d'arrangement au niveau régional plutôt que paroissal ; si cela avait été fait, nous aurions aujourd'hui des messes en latin florissantes et soutenues officiellement. Mais les clercs étaient réticents à encourager leurs ouailles à aller à des messes hors de leurs paroisses. Il semblerait donc que la rigidité du système paroissal a empêché le maintien des messes en latin au niveau régional, ce qui fait qu'aujourd'hui la messe en latin a à peu près complètement disparu de notre pays, malgré les directives explicites du Saint-Siège. Le résultat malheureux de cela est que ceux qui ont le désir légitime d'assister à une messe en latin ne peuvent plus le faire qu'en allant à des messes saint Pie V, célébrées sans autorisation de l'autorité ecclésiastique et souvent dans un esprit de schisme et de rébéllion.

Revenons au sujet du statut légal du rite tridentin. Certains prétendent que les expressions employées à la fin de la constitution apostolique Missale Romanum de Paul VI ne constituent une promulgation d'un nouveau rite. Il y au moins trois arguments que l'on apporte à cet effet.

1) On allègue que la traduction anglaise qui elle dit clairement qu'il y a promulgation, est une traduction érronnée du texte latin.
2) Le texte ne dit pas clairement que le missel de 1969 doit remplacer celui de 1560, par ce que le Saint Père dit "volumus" (nous souhaitons), au lieu de mots comme "ibemus" (nous commandons), "mandamus","imperamus" (nous ordonnons), et on en infère qu'il donne un conseil et non pas un acte législatif.
3) L'utilisation du mot de "dérogation" indique aussi que la répudiation de la loi précédente n'est que partielle.

Citons la fin de Missale Romanum :
14. Pour terminer, Nous voulons donner force de loi à tout ce que Nous avons exposé plus haut sur le nouveau Missel. En promulguant l'édition officielle du Missel romain, Notre prédécesseur saint Pie V présentait celui-ci au peuple chrétien comme un instrument de l'unité liturgique et un témoin du culte authentique dans l'Église. Tout en laissant place dans le nouveau Missel « à des différences légitimes et à des adaptations », selon la prescription du IIe concile du Vatican, Nous espérons cependant que ce Missel sera reçu, lui aussi, par les chrétiens comme un signe et un instrument d'unité : dans la diversité des langues une même prière montera ainsi vers le Père par notre Grand Prêtre Jésus Christ dans l'Esprit Saint.

15. Nous ordonnons que les prescriptions de cette Constitution entrent en vigueur le 30 novembre prochain, premier dimanche de l'Avent.

Nous voulons que ce que Nous avons établi et prescrit soit tenu pour ferme et efficace, maintenant et à l'avenir, nonobstant, si c'est nécessaire, les Constitutions et Ordonnances apostoliques données par Nos prédécesseurs et toutes les autres prescriptions même dignes de mention spéciale et pouvant déroger à la loi. Donnée à Rome, près de Saint-Pierre, au jour de la Cène du Seigneur, le 3 avril 1969, sixième année de Notre pontificat.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit : Considérons d'abord la question de l'erreur de traduction. Le passage juste cité de Missale Romanum commence par les mots "Ad extremum ex iis quae hactenus de novo Missali Romano exposuimus quiddam nunc cogere et efficere placet". L'auteur de ces lignes ne connaît aucune autorité sérieuse soutenant que la traduction ci-dessus est inexacte. [Note du traducteur : à cet égard on peut cependant citer Romano Amerio, cf. ici ]. La traduction officielle semble rendre bien mieux le latin que la traduction proposée par certains partisans du missel de 1570, savoir "Après tout ce que Nous avons exposé plus haut sur le nouveau Missel, nous avons le plaisir de conclure."

Quelle est la force juridique de cette Constitution ? Puisque le canon 18, combiné avec le canon 20 [Note de Rama C. : ces références renvoient au code de 1917 qui était encore en vigueur à l'époque où ce texte a été écrit] énonce que toute loi douteuse doit être clarifiée par l'examen des lois similaires et proches dans le temps. Ainsi, la force du texte de Missale Romanum et de certains mots comme volumus doit être déterminée en comparant Missale Romanum à par exemple les constitutions apostoliques qui ont promulgué les nouveaux rites d'ordination, de célébration de la liturgie des heures et de la confirmation, de leur nom Pontificalis Romani Recognitio (18 juin 1968), Laudis Canticum (1er novembre 1970), et Divinae Consortium Naturae (15 août 1971).

Chacune de ces trois constitutions apostoliques dit expréssement et clairement que le nouveau rite introduit remplace complètement l'ancien. Tout en étant plus vague que les autres constitutions, en usant d'une formule qui mélange un peu les justifications et raisons de la loi à la promulgation elle-même, il est clair à la lumière de ces autres constitutions que Missale Romanum aussi veut dire que l'ancien rite doit disparaître pour laisser place au nouveau rite. La manière d'énoncer officiellement la promulgation est essentiellement identique dans Missale Romanum et les trois autres constitutions, qui toutes utilisent volumus. Ainsi, il n'est pas possible que Missale Romanum exprime un simple souhait du Saint-Père au lieu d'un acte législatif véritable.

Tout ce qui vient d'être dit a été mis dans une note privée de la Congrégation pour le Culte Divin, datant du 29 octobre 1974, qui fut ensuite envoyée à un partisan australien de la messe de Saint Pie V. "Dans chaque cas (dans les trois autres constitutions) le document abroge l'ancien rite ou livre liturgique et ordonne le passage à la version renouvelée. Ainsi, le paragraphe concerné (dans Missale Romanum) doit être considéré comme la manière habituelle pour le Saint-Pière d'exprimer sa volonté sur ces points."

Et que penser alors de l'argument disant que puisque le texte dit "dérogation" plutôt qu'"abrogation", le changement n'est que partiel ? Ceux qui soutiennent cela citent des dictionnaires pour dire ensuite que "dérogation" veut toujours dire "abrogation partielle". Mais les mots latins dans des documents canoniques doivent être pris dans leur sens et leur usage canonique, qui n'est pas toujours celui que l'on trouve dans les dictionnaires de latin classique. Certains experts en droit canon acceptent effectivement que "abrogation" veut dire annulation totale, et "dérogation" annulation partielle. Mais d'autres non. Ainsi par exemple Vermeersch-Creusen, dans leur Epitome Juris Canonici, vol. 1, n.129, font remarquer que bien qu'"abrogation" désigne toujours une répudiation totale, "dérogation" désigne une répudiation tantôt totale tantôt partielle. Au canon 22 cité plus haut par exemple, nous avons derogat utilisé dans le sens de "révocation totale", et donc comme synonyme d' abrogat qui est utilisé dans le même canon. Il est donc clair qu'au vu de ces sens multiples de "dérogation" dans la législation canonique, on ne peut prétexter de son usage anecdotique dans la constitution apostolique de Paul VI pour prétendre que la bulle de S. Pie V n'a été que partiellement révoquée.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit :
D'autres arguments encore ont été avancés qui prétendent légitimer la célébration publique suivant le rite tridentin.

On affirme par exemple que le Pape Paul n'a pas le droit de toucher aux actes législatifs de son prédécesseur S. Pie V. On invoque le principe Par in parem potestatum non habet, "un égal n'a pas de pouvoir sur son égal". Il faut faire remarquer que ce prétendu principe n'apparaît nulle part dans le code de droit canon ni non plus dans le 88 règles du Pape Boniface VIII. On ne voit donc pas du tout pourquoi Paul VI ne serait pas autorisé à modifer les actes législatifs de ses prédécesseurs dans la papauté. Il serait bien arbitraire de prétendre que l'acte législatif de S. Pie V en 1570 a retiré à tous ses successeurs le droit le légiférer en matière du rite de la messe.

Une variante de cet argument dit que bien que le Pape Paul VI puisse a priori et dans l'absolu changer les prescriptions liturgiques du Pape S. Pie V, il ne peut pas le faire dans la situation présente, ce serait illicite. Il semble bien difficile de soutenir que ce que fait le Saint-Père est illicite alors qu'un concile général demande expréssement au Saint-Père de réformer les livres liturgiques, et que le Saint-Père suit très-scrupuleusement les lignes générales tracées au concile. On a souvent dit en louange du missel de 1570 qu'il était comme "rendu obligatoire une deuxième fois par le décret du concile de Trente". Si le texte du missel de 1570 peut être légitimement dit "tridentin" ou "conciliaire", le texte du missel de 1960 peut avec autant de raison être dit "conciliaire".

On invoque encore l'usage du mot perpetua (perpétuel) et d'autres analogues dans la bulle Quo Primum. S. Pie V dit par exemple : "Nous ordonnons que cette constitution soit valable à perpétuité, et que rien n'y soit jamais ajouté, retranché ou changé dans ce missel."

Or, Vermeersch-Creisem dans leur Epitome Juris Canonici, vol. 1, n.91, notent que "Toute loi est perpétuelle au sens où elle ne cesse pas quand son auteur meurt", et G. Michaels dit la même chose dans Normae Generales Iuris Canonici, vol. I., p. 176 sqq. Il y a deux types de perpétuité. La perpétuité positive est synonyme d'irrévocabilité absolue, et la perpétuité négative dit simplement qu'aucune date d'abrogation postérieure n'est prévue, bien que cela puisse être décidé plus tard. Hormis quelques rares exceptions, une loi est toujours perpétuelle. En ce sens une loi est le contraire d'une régulation temporaire. Un document de droit positif comme l'est la bulle de S. Pie V est perpétuel au sens ou elle continue d'être en vigueur après la mort de son promulgateur. Mais elle n'est pas perpétuelle au sens au l'autorité compétente (qui dans le cas présent est le successeur de S. Pie V sur la chaire de Pierre) n'aurait pas le droit de la modifier ou de l'invalider. Ainsi, la bulle est perpétuelle négativement mais pas positivement.

On peut ajouter que même si S. Pie V avait souhaité que ses décisions concernant le rite eucharistique soient vraiment et positivement perpétuelles, il n'était pas en son pouvoir d'imposer cela ni d'empêcher un successeur de reconsidérer ses décisions dans des circonstances différentes des siennes.

D'ailleurs, il vient d'y avoir dans les cinquantes dernières années une acceptation universelle dans l'Église de ce changement du Missel et du Bréviaire fait par le Saint-Siège. Dans sa constitution apostolique Divino Afflatu du 1er novembre, le Pape S. Pie X a fait de nombreux changements dans les prescriptions liturgiques de son époque, notamment en rendant aux messes du dimanche leur prééminence d'antan. S. Pie X était très-clair sur son droit de modifier les prescriptions liturgiques de S. Pie V. Comme le dit le saint Pontife dans Divino Afflatu,
il n'est personne qui ne voie que, par les décisions prises ici, Nous avons fait un premier pas vers la correction du Bréviaire romain et du Missel
Et en fait, le Pape S. Pie V n'avait pas complètement achevé son oeuvre de correction, qu'il laissa à ses successeurs. Il est digne de remarque que cette constitution apostolique de S. Pie X, qui change les prescriptions de S. Pie V et affirme nettement et hautement que le Pape est en droit de faire de tels changements, est imprimée au début de tous les anciens missels utilisés aujourd'hui dans les messes illégales qui utilisent le rite d'avant Vatican II.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit : On prétend aussi que puisque le rite d'avant Vatican II a été en usage pendant plus de cent ans, et suivant les termes du canon 30, cette coutume centenaire ne peut être révoquée par une loi contraire si la révocation n'est pas explicitement affirmée. Mais c'est une affirmation sans fondement. Le fait qu'une loi soit observée pendant cent ans ou plus ne transforme pas cette loi en coutume. Un coutume est une norme qui oblige légalement, introduite dans le corps des pratiques de l'Église, avec le consentement tacite ou explicite du législateur, sans publication d'acte juridique. Le missel de S. Pie V fut introduit par une loi et non par une coutume, et (quelqu'ait été la durée de son usage) ne fut jamais une coutume au sens juridique du mot. D'ailleur le Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin, le cardinal Knox, dans une note sur l'obligation d'utiliser le missel publié par la congrégation le 28 octobre 1973, dit expréssement que tout appel à une prétendue coutume immémorielle est exclu.

On invoque un passage de Quo Primum dans lequel Saint Pie V dit que tout prêtre de n'importe quel Église a le droit d'utiliser le missel de 1570 et que ce droit vaut à perpétuité. Il faut considérer le contexte de cette décision de Saint Pie V. Dans l'Église latine de son époque, il y avait une grande variété de missels et de rites de célébration. Il prévoyait que beaucoup de prêtres pourraient subir des pressions pour continuer à utiliser les rites existants plutôt que le rite unique qu'il était en train de prescrire. Le Pape a donc exprimé clairement que personne n'avait le droit d'imposer à un prêtre de continuer à utiliser un rite ancien au lieu du nouveau.

Il y une considération canonique à prendre en compte concernant cette décision de Saint Pie V. Même si l'on concède qu'elle constitue un privilège, il faut se souvenir que c'est un privilège accordé par la loi et non pas par un rescrit. Comme le note G. Michaels dans Normae Generales Iuris Canonici, vol.2, p. 602, en vertu des canons 20, 60 et 71, une loi générale révoque tous les privilèges qui sont contenues dans les lois antérieures. Le fait qu'une loi révoquant un privilège doit énoncer explicitement cette révocation (canon 60 p.2 et canon 70) ne vaut que pour les privilèges accordés par rescrit. Comme il a déja été dit, toute la loi promulguée par Quo Primum a été répudiée dans son intégralité. Cette répudiation inclut tout privilège qui aurait pu être inclus dans cette loi.

Notons le caractère extrêmement étendu des clauses annulatives dans le Missale Romanum de 1969 :
nonobstant, si c'est nécessaire, les Constitutions et Ordonnances apostoliques données par Nos prédécesseurs et toutes les autres prescriptions même dignes de mention spéciale et pouvant déroger à la loi.
Certains avancent qu'un prêtre ne peut utiliser le nouveau rite de la messe par ce qu'à son ordination il a prêté le serment anti-moderniste et que célébrer ce nouveau rite serait un parjure. La prémisse est donc que le rite actuel est hérétique dans ses paroles. Certains vont jusqu'à accuser d'hérésie les paroles de la consécration utilisées aujourd'hui dans une messe en anglais, et disent qu'il faut s'en tenir à la messe en latin pour cette raison. On peut répondre à cela que puisque le Magistère de l'Église est d'accord, puisque pratiquement aucune voix dissidente ne s'élève, que la réforme des rites eucharistiques faite à la demande du Concile du Vatican est tout-à-fait orthodoxe, et qu'un prêtre peut fort bien la célébrer sans la moindre crainte de se contaminer de modernisme.

Le passage le plus contesté dans la messe en anglais est This is the cup of my blood...it will be shed for you and for all men (ceci est la coupe de mon sang ... versé pour vous et pour tous les hommes). Il est vrai que la version latine dit pro multis (pour plusieurs) tandis que la version anglaise dit for all men. Mais les deux sont orthodoxes. S. Paul écrit à Timothée, "l’homme Jésus-Christ (le Christ Jésus homme), 6qui s’est donné lui-même pour la rédemption de tous" (1 Tim. 2:6). Le catéchisme du concile de Trente, que les partisans du rite tridentin invoquent souvent, dit dans son commentaire sur la forme de consécration, "Nous devons confesser que le Rédempteur a versé Son sang pour le salut de tous." Et la traduction est non seulement orthodoxe, elle est même exacte. Les paroles de consécration ont été originellement dites en araméen par Notre Seigneur. Il a des raisons sérieuses de croire que les mots "pour tous" en araméen désigne à la fois les élus vraiment sauvés ("pour plusieurs") et l'humanité entière pour laquelle le Christ est mort ("pour tous"). Les langues occidentales comme l'anglais ou latin ne possèdent pas les nuances subtiles des langues sémitiques, et sont obligées lors de la traduction de choisir un de deux sens (pour une explication plus détaillée, cf. Max Zerwick, Notitiae, Avril 1970, pp. 138-140).
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit : Il y aurait encore d'autre arguties à réfuter concernant la prétendue légalité du rite tridentin aujourd'hui. Mais celles que nous n'avons pas mentionnées sont tellement misérables et absurdes qu'elles se détruisent d'elles-mêmes. L'Église a parlé, et seules des objections spécieuses pourraient aller contre sa décision.

Il y a un point important à expliquer concernant la politique actuelle du Saint-Siège et des diverses hierarchies nationales qui interdisent tout à coup le rite qui était utilisé jusqu'à Vatican II : il peut paraître surprenant qu'un rite si ancien, et qui est aussi celui qu'à peu près tous les prêtres d'aujourd'hui ont pratiqué à la messe de leur ordination, soit soudainement proscrit et proscrit très-fermement. On peut supposer que s'il ne s'agissait que d'un retour à un rite antérieur, les autorités ne verraient sans doute aucun mal dans le rite tridentin, du moment qu'il ne ferait pas obstacle au renouveau liturgique.

Le vrai problème n'est évidemment pas liturgique ou canonique. Le fait est que la célébration du rite de 1570 est aujourd'hui associé à certaines opinion et attitudes envers l'Église, dont elle est le symbole. Ces attitudes impliquent non seulement un attachement persistant à des formes surannées, mais aussi une hostilité envers le développement oecuménique de ces dernières années, et aussi le rejet de certains changements de points de vue dans la doctrine qui sont prises pour des hérésies. Ces gens considèrent que l'Église échoue dans sa mission de conserver le dépôt de la foi, et croient même détecter chez beaucoup de chefs dans l'Église des signes évidents d'apostasie et d'hérésie. Ils s'auto-intitulent gardiens de la Vraie Foi. La plupart de leurs réclamations concernant le rite eucharistique. C'est le nerf de leur bataille.

On ne saurait contester que la manière dont le changement liturgique et dévotionnel a été géré en Australie est défectueuse. Les nouvelles formes du culte ont parfois été introduites avec si peu de compréhension ou de préparation que la célébration a été confuse et même inappropriée. Le changement a été abrupt et on s'est fort peu préoccupé d'adoucir la transition entre la nouveau rite et les anciennes formes de dévotion à laquelles certains étaient très attachées par une longe et pieuse pratique. Mais il y a une marge entre faire une réclamation légitime, et s'exclure du grand renouveau que l'Esprit-Saint est en train d'effectuer dans l'Église à la suite du deuxième concile du Vatican. C'est cette aliénation, et non pas des scrupules liturgiques, qui rend polémique la question du rite tridentin.

Ainsi, un canoniste ne peut aborder qu'avec hésitation la question du statut légal actuel des divers rites de célébration eucharistique. Il peut certes examiner l'état légal actuel des choses et discuter des points de droit canon. Mais le vrai problème n'est pas un problème juridique. Le vrai problème, c'est l'inquiétude chez certains concernant la direction prise par l'Église, et la difficulté à gagner des coeurs et des âmes à la cause du renouveau. C'est de l'isolement aliénant de personnes à tendance conservatrice dont il faut se préoccuper, et non pas de casuistique juridique.

C'est sur ce plan que la Pape Paul a conclu ses paroles adressées à Mgr Lefebvre, dans son discours au consistoire de mai dernier :
Paul VI a écrit : C'est donc avec une profonde amertume, mais aussi avec une paternelle espérance, que nous nous adressons une fois de plus à ce confrère, à ses collaborateurs et à ceux qui se sont laissé entraîner par eux. Oh ! certes, nous croyons que beaucoup de ces fidèles, au moins dans un premier temps, étaient de bonne foi : nous comprenons aussi leur attachement sentimental à des formes de culte et de discipline auxquelles ils étaient habitués, qui pendant longtemps ont été pour eux un soutien spirituel et dans lesquelles ils avaient trouvé une nourriture spirituelle. Mais nous avons le ferme espoir qu'ils sauront réfléchir avec sérénité, sans parti pris, et qu'ils voudront bien admettre qu'ils peuvent trouver aujourd'hui le soutien et la nourriture auxquels ils aspirent dans les formes renouvelées que le concile Vatican Il et nous-même avons décrétées comme nécessaires pour le bien de l'Eglise, pour son progrès dans le monde contemporain, pour son unité. Nous exhortons donc, encore une fois, tous ces frères et fils, nous les supplions de prendre conscience des profondes blessures que, autrement, ils causent à l'Eglise. De nouveau, nous les invitons à penser aux graves avertissements du Christ sur l'unité de l'Eglise (cf. Jn 17, 21 sq.) et sur l'obéissance due au pasteur légitime qu'il a mis à la tête du troupeau universel, comme signe de l'obéissance due au Père et au Fils (cf. Le 10, 16). Nous les attendons le cœur grand ouvert, les bras prêts à les étreindre : puissent-ils retrouver, dans l'humilité et l'édification, pour la joie du peuple de Dieu, la voie de l'unité et de l'amour !
[Note de Rama C. : cet article est important, et tous ces catholiques qui prétendent aller à la messe traditionnelle tout en proclamant bruyamment leur loyauté aux papes post-conciliaires feraient bien de le lire et de l'étudier. L'abbé Cekada (op. cit.) arrive par d'autres voies à la conclusion que le rite tridentin est proscrit. Remarquons en passant qu'on nous commande l'adhésion aux nouveaux rites au nom de l'obéissance. C'est oublier que l'obéissance n'est qu'une vertu morale, tandis que la Foi, l'Espérance et la Charité sont des vertus théologales, d'un ordre plus élevé.]
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Deuxième lettre de Rama Coomaraswamy
Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Chère Mère Teresa -

Pax Christi ! Je te remercie pour ta gentillesse dans ta réponse à ma lettre. Je n'en attendais pas moins de quelqu'un qui m'aime autant que toi. Malheureusement, ta réponse ne me semble pas satisfaire les exigences et de la vérité et de la justice, comme je vais essayer de démontrer plus bas, avec une suite de sections plutôt que des réponses paragraphe par paragraphe, pour que tu puisses mieux comprendre ma réticence à accepter la nouvelle «messe» et les nouvelles orientations dans l'Église post-conciliaire.

La question de l'obéissance et les vrais problèmes

Ton représentant, dont je ne connais pas le nom, écrit que je récuse l'idée de "loyauté totale", et que quand tu as utilisé cette expression ton intention n'était pas théologique. C'est par ce biais qu'il justifie son rejet des cinq premières pages de ma lettre et toutes les autres réferences traitant de l'obéissance inconditionnelle, comme ne s'appliquant pas.

Mais en fait, ni moi ni toi ne parlions de loyauté. Ce que je contestais, c'est ce que tu avais dit - je te cite exactement encore une fois : "Nous devons une obéissance totale à notre Saint Père." Je veux bien concéder que peut-être tu voulais dire "loyauté" plutôt qu'"obéissance", mais tout de même, quand tu dis que continuer à aller à la messe traditionnelle et rester fidèle à la théologie pré-conciliaire c'est "tourner le dos à Jésus" et quand tu voudrais interdire à mes enfants d'aller à la messe traditionnelle, il semble bien qu'il y ait là un jugement théologique.

En tout cas, l'argumentation de ton représentant démontre abondamment qu'en persistant à garder la messe traditionnelle et la théologie pré-conciliaire, je me rends "désobéissant" au Pontife actuel. C'est une affirmation tellement extraordinaire que je vais te la répéter. En voulant continuer à aller à la messe telle qu'elle a été dite pendant environ 2000 ans, et continuer à adhérer à des enseignements qui ont été promulugués pendant la même durée, je suis apparamment "désobéissant" au successeur de Pierre, dont l'un des rôles essentiels est de préserver intact le "dépôt de la Foi".

Soyons bien clairs concernant l'objet de notre désaccord. Ta position, c'est que

1) La "nouvelle messe" ne diffère pas sensiblement de l'ancienne ;
2) Les "nouvelles orientations" ne changement pas sensiblement l'enseignement traditionnel de l'Église,
ou bien
3) La "nouvelle messe" et les "nouvelles orientations" sont des changements sensibles mais légitimes, auxquels nous devons nous soumettre par ce que "Nous devons une obéissance totale à notre Saint Père" et "le Saint Père ne peut pas se tromper".
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Contre cette position, moi je tiens que

p1) La nouvelle messe est une parodie de la vraie messe, et comme le dit le cardinal Ottaviani, elle s'éloigne "dans l'ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe, telle qu'elle a été formulée à la XXème session du Concile de Trente, lequel, en fixant définitivement les «canons» du rite, éleva une barrière infranchissable contre toute hérésie qui pourrait porter atteinte l'intégrité du Mystère", elle "dépouille la liturgie de toutes les défenses théologiques plus que jamais nécessaires", elle "favorise des insinuations et des atteintes manifestes à la pureté de la foi".

p2) Le deuxième concile du Vatican se sépare des enseignements des conciles généraux précédents sur bien des points, y compris des enseignements "sur la foi et les moeurs" des encycliques papales précédentes. Tellement même que je ne peux qu'être d'accord avec le cardinal Suenens qu'elle représente "1789 dans l'Église". Dans la mesure où Vatican II fait cela, elle est ce que Saint Paul appelle un "Nouvel Évangile", que je dois rejeter même si un ange venait me le proclamer.

p3) L'Église n'a jamais enseigné que "le Saint Père ne peut pas se tromper" ou que "Nous devons une obéissance totale à notre Saint Père". Bien au contraire, elle a toujours dit que si une autorité légitime nous demande de faire quelque chose qui est peccamineux en soi, ou nocif aux âmes ou au bien commun de l'Église, nous devrions résister et désobéir. Les cinq premières pages de ma première lettre montrent en détail ce qu'est l'enseignement de l'Église sur ce point, qui ne peut pas être rejeté d'un revers de main comme "ne s'appliquant pas".

Concernant les autres points contestés par ton représentant et auxquels je vais répondre, comme le fait qu'il y ait ou non des franc-maçons dans l'Église, ou que les écrits de Mgr Bugnini aient été mis à l'Index ou non, ce sont des détails secondaires qui ne doivent pas faire oublier où se situe vraiment notre désaccord.

Je remarque en passant que même si on concède à ton représentant que c'est une question de "loyauté" et non d'"obéissance", cela ne change rien. Il définit mon manque de loyauté comme le fait de croire "sans preuves, à des accusations contre la personne envers laquelle on doit être loyal". Or, en quoi consiste mon accusation ? J'accuse le Pape actuel d'être responsable d'avoir promulgué le Novus Ordo Missae ; d'avoir promulgué des documents de Vatican II, de les avoir corrigés et confimés par sa signature, et d'avoir, à la fois par ses paroles et ses omissions, encouragé un grand nombre d'hérétiques comme Karl Rahner, Bernard Haring, Mgr Bernardine, Mgr Helder Camara (je n'ai pas besoin d'allonger la liste je pense) à venir du dehors répandre les erreurs parmi les fidèles. Il me semble que le concept juridique de la res ipsa loquiter s'applique directement ici.

[Note de Rama C. : il y avait un fort désaccord entre Mère Teresa et moi au sujet de son apparition en public aux côtés de Mgr Helder Camara - elle elle disait que c'était un évêque quand même et moi je disais que son attitude revenait à légitimer quelqu'un de si évidemment responsable de la propagation de la "Théologie de la Libération". Nous avions un désaccord similaire concernant sa participation à la «messe» de Frère Thurien].
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : La messe

Ton représentant désapprouve l'expression de "messe de toujours". Il devrait reconnaître pourtant que le canon de la messe (qui inclut les paroles de consécration) nous vient directement ou indirectement des Apôtres et du Christ. Et cette epithète "de toujours" est tout de même très appropriée, car le canon de la messe codifié (et non pas inventé) par le Pape Saint Pie V est probablement le canon le plus ancien connu que ce soit en Orient ou en Occident. Comme l'a noté Sir William Palmer, un historien non-catholique :
Sir William Palmer a écrit : Il n'y a rien de déraisonnable dans l'idée que la liturgie romaine, telle qu'elle était utilisée au temps de Grégoire le Grand, ait existé depuis l'antiquité la plus lointaine , et même qu'elle ait été composée au temps des Apôtres.

Le Pape Innocent III a écrit dans sa lettre Cum Marthae Circa en 1202 :
Nous croyons que la forme des mots que l'on trouve dans le canon, est comme les Apôtres l'ont reçu du Christ, et comme leurs successeurs l'ont reçu d'eux.
Au chapitre 4 de la XIIème session du concile de Trente, on lit :
ce canon est composé des paroles mêmes de Notre Seigneur, des traditions des Apôtres, et des institutions pieuses des Saints Pontifes.
Enfin, voici ce que dit l'oratorien Louis Boyer, un moderniste liturgique qui est "obéissant au Pape actuel" (bien qu'il dise dans La Décomposition du Catholicisme que "le culte catholique suit actuellement la même voie que les formes les moins traditionnelles et les moins disciplinées du protestantisme") :
Le Canon romain, tel qu'il est aujourd'hui, remonte à saint Grégoire le Grand. Il n'existe ni en Orient ni en Occident aucune prière eucharistique qui, demeurée en usage jusqu'à nos jours, puisse se prévaloir d'une telle antiquité. Non seulement au jugement des orthodoxes, mais même au regard des anglicans et à ceux des protestants qui ont conservé un certain sens de la tradition, rejeter ce Canon équivaudrait, de la part de l'Eglise romaine, à renoncer pour toujours à la prétention de représenter la véritable Eglise catholique.
Soyons bien clairs. Si les citations que je viens de donner disent vrai, le canon de la messe traditionnelle mérite bien son nom de canon de toujours - on le retrouve aussi loin qu'on peut remonter dans l'histoire. Tel n'est certes pas le cas des ersatz de canon du Novus Ordo Missae, qui, bien qu'ils contiennent des phrases anciennes, sont d'origine toute humaine et récente. Remarquons aussi que la messe traditionnelle, même en dehors du canon (qui est rempli de "sainteté et de piété" comme le dit le concile de Trente) ne contient presqu'aucune prière qui ne soit pas d'usage ancien et immémoriel à l'époque de sa codification. Ainsi par exemple, l'utilisation d'autels (qui sont des tombes de martyrs) date du troisième siècle. Les lectures de l'écriture datent du quatrième siècle (puisqu'il n'y avait pas de Nouveau Testament avant la mort du Christ). Le Graduel et l'Introït datent du Vième siècle. Ton répresentant n'aime peut-être pas l'expression "messe de toujours", mais il ne peut nier qu'un liturgiste compétent comme Adrian Fortescue a dit que
Adrian Fortescue a écrit : Le missel de S. Pie V est essentiellement le sacramentaire grégorien, qui est lui-même formé du gélasien qui lui-même vient du léonien. Nous trouvons les prières actuelles du canon dans le traité De Sacramentis et on trouve des allusions au IVème siècle. Ainsi, notre messe actuelle ne diffère pas sensiblement de la messe la plus ancienne. On y perçoit encore des souvenirs de l'époque où les Césars dirigeaient le monde ... La conclusion finale de notre enquête est que malgré quelques questions sans réponse, malgré quelques changements tardifs, il n'y a pas dans toute la Chrétienté de rite plus vénérable que le nôtre.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

Message par chartreux »

Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Si ton représentant trouve trop vague l'expression "messe de toujours", peut-être qu'il préferera une description plus détaillée, du genre de celle-ci :
La messe qui incorpore le canon traditionnel, dont on sait qu'il est inchangé depuis S. Grégoire le Grand, mais qui vient probablement pour sa plus grande partie des Apôtres ; la messe qui comprend les lectures de l'Écriture fixées par le Pape Saint Damase ou IVème siècle ; la messe à laquelle le Pape S. Célestin a ajouté le Graduel et l'Introït ; la messe qui a été continuellement émerveillé les saints et attiré leur louanges ; la messe qui d'après le p. Faber est ce qu'il y a de plus beau dans ce monde ; la messe dont le Pape Urbain a dit qu'elle est si divine que si les habitants du ciel pouvaient encore convoiter quelque chose, ils convoiteraient cette messe ; la messe avec laquelle nos ancêtres ont vécu et pour laquelle ils sont morts. La messe dont S. Alphonse de Liguori disait que c'était la chose la meilleure et la plus belle dans l'Église, et au sujet de laquelle il avertissait que le démon parviendrait un jour à l'abolir ; cette messe à laquelle le Pape S. Pie V n'a ajouté ni retranché rien d'essentiel quand il l'a codifiée et fixée à perpétuité dans sa Constitution Apostolique Quo Primum.
Si ton représentant trouve que le descriptif que je viens de donner est plus précis que de juste dire "la messe de toujours", je lui concède ce point. Pendant que nous y sommes, donnons aussi un descriptif similaire du Novus Ordo Missae :
La "messe" qui a été composée avec l'aide de six non-catholiques, dont certains sinon tous ne croyaient pas à la doctrine catholique de transsubstantiation ; la "messe" qui est un mélange habile des rites inventés par Luther et Cranmer ; la "messe" dont au dire de Paul VI lui-même "l'innovation principale porte sur la prière eucharistique" ; la "messe" qui a changé les paroles traditionnelles de consécration, et qui, dans les versions vernaculaires, change la substance de ces paroles en changeant leur sens ; la "messe" dont la plus grande partie est d'origine toute récente et humaine et non pas apostolique et divine ; la "messe" dont ton représentant reconnaît qu'elle "manque de poésie et de beauté" dans sa version anglaise, la "messe" dont le cardinal Ottaviani dit qu'elle "dépouille la liturgie de toutes les défenses théologiques plus que jamais nécessaires", et "favorise des insinuations et des atteintes manifestes à la pureté de la foi", la "messe" à laquelle les luthériens et autres peuvent participer sans changer leurs fausses croyances par ce que les paroles sont ambigües et n'exigent pas de croire à la transsubstantiation ; et enfin, la "messe" où il n'y a pas de consécration, sauf si le prêtre ou "président de la cérémonie" comme on dit maintenant, a l'intention dans son for interne de consacrer.
Oui, vraiment, soyons très précis sur ce que nous entendons par messe traditionnelle et nouvelle "messe". Tu diras sans doute que ma description est remplie de calomnies, mais tout sera étayé dans ce qui suit.
Répondre

Revenir à « Doctrine et débats sur les principes »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 10 invités