La vertu de Foi

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Laetitia
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Re: La Foi

Message par Laetitia »

Sur les données révélées se construit l'édifice rationnel et scientifique de la théologie, vraie science et la première des sciences.

III. —Cependant, loin de se contredire et de se combattre, la science donne rendez-vous sur son propre terrain à la foi, et la foi s'y rendra sans changer ni s'abaisser.

Sur les énoncés divins confiés à la foi, la raison humaine fera son travail et son œuvre. Après avoir reconnu combien est ferme la base du témoignage divin, elle recueille ces affirmations multiples, et, de ces matériaux épars, elle construit l'édifice rigoureusement scientifique de la théologie chrétienne ; science véritable (1), la première des sciences (2) au double point de vue de la certitude et de la dignité.
La certitude des principes sur lesquels elle repose est absolue : chacune des affirmations divines est un axiome qui ne le cède à aucun de l'ordre rationnel, et la parole de Dieu donne à la connaissance une assise plus ferme que ne sauraient en fournir les sens et la raison elle-même. Les premières déductions, matériellement considérées, participent de cette haute certitude, surtout garanties par l'Église, sous la surveillance infaillible de laquelle travaille la théologie.

Elle l'emporte encore incomparablement sur les autres sciences en dignité par son objet principal, qui est Dieu, principe et fin de tout, et par le but qu'elle vise, qui est de montrer à l'homme sa destinée surnaturelle et les moyens établis pour la réaliser.

La science théologique a donc le même objet que la foi, à savoir : les vérités révélées par Dieu. Mais, tandis que la foi les accepte et les adore sur la proposition divine, la science sacrée les reconnaît, les examine, les rapproche et les coordonne par le travail naturel de la raison, afin de mettre en pleine évidence la sagesse, la beauté, l'harmonie des énoncés révélés, et inviter l'homme à donner à la foi tout son essor. C'est ainsi qu'après avoir reçu de la foi les éléments organisés par elle en corps de science à l'aide de la raison, la théologie contribue, selon la remarque de saint Augustin (3), à engendrer, à nourrir, à défendre et à corroborer cette foi qui lui donna naissance.


(1) S. Thom., I. P., 1, a. 2 : Dicendum sacram doctrinam esse scientiam. Sed sciendum est quod duplex est scientiarum genus. Quædam enim sunt quæ procedunt ex principiis notis lumine naturali intellectus, sicut arithmetica, geometria et hujusmodi. Quædam vero sunt quæ procedunt ex principiis notis lumine superioris scientiæ... Et hoc modo sacra doctrina est scientia.
(2) Ibid., a. 5 : Cum ista scientia, quantum ad aliquid sit speculativa et quantum ad qliquid sit practica, omnes alias transcendit tum speculativas, tum practicas, etc.
(3) De Trin., I. 14, n. 3 : Non utique quidquid sciri ab homine potest... huic scientiæ tribuens ; sed illud tantummodo quo fides saluberrima, quæ ad veram beatitudinem ducit, gignitur, nutritur, detenditur, roboratur.
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Laetitia
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Message par Laetitia »

La science sacrée prépare la foi, la conserve et la défend.

IV. — Ce n'est pas, nous l'avons observé, que la foi résulte de l'effort rationnel : l'acte de foi s'accomplit uniquement sous le coup de la grâce ; mais le moyen régulier pour amener à cet acte, sans qu'il puisse toutefois par lui-même ni le commencer, ni le consommer, et la proposition des vérités à croire. Entendue dans ce sens, la science peut engendrer la foi. Elle le fait plus puissamment encore en enseignant la nécessité de la grâce et l'efficacité de la prière pour réaliser l'acte intérieur de la foi.
Quand cette adhésion est accomplie dans l'âme, la science contribue grandement à sa conservation et à sa défense ; car cette vertu infuse ne se perd que par le péché formel contraire à elle-même, et l'occasion ordinaire des négations provient des difficultés que la raison croit trouver dans les dogmes et les mystères révélés ; or ces objections n'apparaissent pas, ou elles sont amoindries dans l'esprit de ceux qui se sont déjà justifié à eux-mêmes, par l'étude et la raison, les énoncés divins.

Ajoutons que leur autorité contribue à dissiper les ombres dans l'esprit des autres, et, qu'en se protégeant, ils concourent à l'édification publique.

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Message par Laetitia »

L'une et l'autre relèvent de l'autorité.

V. — Quoique issues l'une et l'autre de la parole de Dieu et tendant au même but, la foi et la science sacrée demeurent distinctes et constituent deux ordres bien tranchés. Celle-ci argumente, s'étend par son propre effort, s'illumine des clartés combinées de la révélation divine et de la raison humaine ; celle-là s'absorbe en elle-même, invariable dans sa simplicité, dans son unité et son obscurité, tout entière dans l'adhésion mentale et amoureuse à Celui qui révèle, qui sait et garantit tout.

Au fond, l'une et l'autre reposent sur la même base du témoignage divin et ont pour règle l'enseignement de l'Église. Tout en raisonnant et en évoluant, la théologie n'en reste pas moins la science de la foi, soumise dans la même mesure que la foi au magistère suprême de l'Église, tant pour les données fondamentales qu'elle reçoit de cette source que pour les conséquences qu'elle en déduit. Tout, dans ce travail rationnel, depuis les fondements jusqu'aux sommets, doit demeurer conforme à la foi. Et, bien que la construction scientifique soit l'œuvre de la raison, ce n'est pas à la raison qu'appartient le dernier mot sur cette conformité, mais à l'autorité vivante qui a la garde des vérités révélées. En s'érigeant en règle de la foi (1), la raison détruirait la foi elle-même et, par contre-coup, la science sacrée.

La théologie, science véritable et la plus haute des sciences, revêt ce caractère, exclusivement propre, d'être une science d'autorité : l'autorité est à son point de départ, lui fournissant les matériaux ; elle l'accompagne de son regard et de son contrôle dans le travail de la construction, depuis les premières assises jusqu'au faîte de l'édifice.


(1) Perrone, De Loc. Theol., P. 3, s. 1, c. 3, prop. 1 : Nequit humanas ratio se ipsam fidei regulam constituere, quin fidem destruat, quæ ab auctoritate pendet.
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Message par Laetitia »


L'ÉGLISE GARDIENNE DE LA FOI

chapitre VII de l'ouvrage du Chanoine M.-J. RIBET, Les vertus et les dons dans la vie chrétienne., Paris, 1913.



L'Église gardienne de la Foi

Motifs de crédibilité qui garantissent le fait de la révélation.

I.— Le croyant adhère à la parole de Dieu sur la garantie de son inviolable véracité. Mais, avant d'en venir à cette adhésion, l'esprit a dû préalablement s'assurer que Dieu a parlé. La révélation divine est un fait auquel on ne saurait donner un assentiment raisonnable qu'autant qu'on le connaît. Les raisons qui en démontrent l'existence, forment ce que l'on appelle les motifs de crédibilité.

La certitude du fait de la révélation provient immédiatement de Dieu, ou du témoignage humain, ou de la proposition qu'en fait l'Église. Quelles que soient les garanties de la réalité de la communication divine, la foi intime et infuse reste la même et repose sur l'unique motif de la souveraine Vérité.

Il peut être utile d'éclairer la piété sur ces préliminaires de la foi. Il n'est pas rare qu'il s'y glisse des erreurs ou du moins des perplexités au sujet de la marche rationnelle qui suit l'esprit dans cette ascension.
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Re: La vertu de Foi

Message par Laetitia »

La persuasion intime et le miracle.

II. — Quand la révélation est immédiate, Dieu a deux manières de garantir son identité : la persuasion intime et le miracle.

Dieu, qui seul pénètre la substance de l'âme, a seul aussi le privilège d'imposer immédiatement la foi par l'efficacité de sa parole et de sa présence. En traitant des différentes espèces de révélations, nous avons signalé celles qu'on nomme intellectuelles comme ayant la vertu de produire par elles-mêmes l'invincible persuasion qu'elles viennent de Dieu (1). Cette efficacité, Dieu peut l'attacher à La persuasion intime et le miracletoutes les communications qu'il fait à la créature, de quelque nature et sous quelque forme que ce soit.

Le miracle est le sceau régulier des manifestations divines ; Dieu, par ce qu'il fait et que seul il peut faire, atteste que c'est bien Lui qui parle. Cependant la vigilance est nécessaire pour n'être pas deux fois victime d'illusion : en ce qui est révélé, et dans le prodige apporté pour preuve. La meilleure autorité, en ces conjonctures, est moins dans l'appréciation personnelle que dans le jugement de l'Église, officiellement chargée de l'examen des faits surnaturels et de leur contrôle.


(1) Mystique divine, t. II, ch. IV, n. 10.

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Re: La vertu de Foi

Message par Laetitia »

Le témoignage humain.

III. —Ceux à qui Dieu n'a point parlé peuvent arriver à la connaissance du fait de la révélation par le témoignage humain. Ce témoignage, bien que faillible en lui-même et sujet à caution, suffit néanmoins, en des rencontres précises, à donner la certitude par le nombre et la qualité des témoins.

Tout en étant un acte divin, la manifestation surnaturelle accomplie par Dieu dans le monde humain, prend place parmi les faits historiques relatés par l'homme et mérite autant de créance que les faits de l'ordre naturel, souvent une plus grande créance encore, par l'attention que commande son importance.


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Re: La vertu de Foi

Message par Laetitia »

La proposition par l'Église des vérités révélées.

IV. —Sans conteste la valeur et l'efficacité de ces divers moyens de persuasion, la voie normale et sûre pour connaître le fait de la révélation divine, non seulement dans son affirmation générale, mais pour chacun des énoncés, c'est la proposition qu'en fait l’Église à travers les siècles. Les confidences divines se transmettent à l'universalité des hommes, non par relation individuelle et immédiate, mais par voie de témoignage et d'autorité. La foule humaine est soumise à la loi de l'enseignement, plus encore en matière de religion qu'en toute autre ; et c'est l’Église qui remplit ce rôle de l'initiation religieuse au sein de l'humanité. Elle a été établie par Jésus-Christ pour garder et transmettre le dépôt de la révélation, en conserver les documents et les formules, en préciser le sens de par l'autorité divine et sous sa garantie.

Nous n'avons pas ici à démontrer cette identification morale survenue entre le Christ Sauveur et l'Église ; il nous suffit de la signaler comme la sauvegarde ferme et inviolable de la transmission des vérités révélées. Ce magistère, humain par ses instruments, divin par son institution et ses prérogatives, demeure en permanence dans le monde pour transmettre aux générations, en la forme vivante de l'enseignement, le dépôt des vérités saintes contenues dans l'Écriture et la tradition orale de l'intégrité de la divine Parole par des définitions successives, selon les nécessités des temps et les occurrences des négations contraires.


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Re: La vertu de Foi

Message par Laetitia »

La foi ne repose pas sur l'Église.

V. —Néanmoins, quelles que soient les prérogatives de l'Église pour le maintien et l'écoulement de la révélation divine jusqu'à la fin du monde, ce n'est point sur son autorité que repose la foi, mais exclusivement sur la véracité de Dieu révélateur ; là est la raison déterminante et définitive de l'adhésion intérieure. Nous croyons tout ce que Dieu révèle, parce que c'est Dieu, parce qu'Il est la vérité même, incapable d'erreur et de tromperie ; en un mot, à cause de Lui-même. Mieux encore que par son objet matériel, qui comporte des affirmations sur d'autres objets que Dieu, la foi est théologique, théologale ou divine par le motif qui la détermine et en garantit l'irréfragable certitude.

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Re: La vertu de Foi

Message par Laetitia »

C'est plutôt l'Église qui repose sur la foi.

VI. —Loin que l'Église serve de garant à la Parole divine, c'est sur la divine Parole qu'elle repose elle-même. Son origine et ses attributions font partie de la foi, ayant pour base la volonté positive de Dieu expressément énoncée ; elle est l'œuvre de Dieu ; elle n'a commencé, ne subsiste et ne persévère que par la vertu de sa parole.

Cette institution une fois notifiée et connue, la foi se complaît dans cette autorité vivante, qui, non seulement perpétue inaltérable le trésor des confidences divines, mais a été instituée en lieu et place du Révélateur et du Rédempteur, Jésus-Christ Notre-Seigneur. Par elle, le divin Maître parle, commande, transmet la grâce, éclaire, dirige. De même que rien ni personne n'arrive au Père que par le Fils associant à lui toute créature, de même, rien ni personne, dans la scène humaine où se consomme l'épreuve, ne se relie à Jésus-Christ que par l'Église.

JCL
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Re: La vertu de Foi

Message par JCL »

Je n'ai pas encore eu le temps de lire entièrement les réponses, mais avant de le faire, (et peut être que la réponse se trouve déjà dans ce que je n'ai pas encore lu, dans ce cas ne m'en voulez pas, j'ai besoin de poser précisément cette question sans attendre ) parce que cela me trouble régulièrement et fortement: est-ce que de comprendre bien clairement les preuves philosophiques de l'existence de Dieu est nécessaire,n' est-ce pas ,à condition de ne pas les nier, parfois un obstacle à l'acte de foi pour des personnes pas assez intelligente ou pas assez formée philosophiquement qui voudraient à toute fin comprendre très clairement ces preuves et qui à cause de cela suspendrait leur foi ,ou se laisserait arrêtées comme troublé par l'ombre d'un doute ,et peut être en péril et mis par Dieu justement en devoir impérieux de commencer une bonne fois pour toutes par croire sans condition avant tout et surtout avant plus amples compréhension intellectuelle, scientifique, logique philosophique, ou autrement dit ,en demeure de devoir passer outre ,du moins un temps ces questions là est il du fidéisme ? ou au contraire ,justement la foi ,du coté de l'homme, implique t-elle comme un saut non pas dans le vide mais sur la simple "Parole de Dieu" ,quitte à ce qu'elle semble une folie à la chair et à la sagesse du monde?
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