John Lane sur les procès d'intention

chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

John Lane traduit par le chartreux a écrit :
Les deux côtés du débat actuel sur Amoris Laetitia sont d'accord sur la proposition que "l'Église ne fait pas de procès d'intention". Ce qui semble vouloir dire qu'on ne juge jamais la reponsabilité subjective, mais seulement des actes bruts, dépourvus de volonté humaine ou rationnelle. De ce point de vue, on ne peut jamais connaître des actes humains en tant que tels, mais seulement des actes faits par un être humain. Quiconque est un tant soit peu familier avec la philosophie morale catholique voit immédiatement l'absurdité d'un telle position.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

John Lane traduit par le chartreux a écrit :
On n'essaye même pas de justifier une telle baliverne, bien sûr. Elle est simplement présentée comme étant communément admise. Pourtant, tous les catholiques munis d'une raison qui fonctionne savent que les prêtres sont formés à juger la responsabilité subjective, et tous ceux qui ont appris un minimum de choses savent que le droit canon développe les règles pour évaluer la culpabilité, et qu'en l'absence de culpabilité subjective la loi ne punit aucun acte. Si vous comettez quelqu'acte odieux, mais qu'il apparaît ensuite que vous étiez somnanbule et complètement irresponsable, vous ne serez pas puni. C'est du simple bon sens, bien sûr, et c'est ahurissant de voir cette évidence combattue par des personnes voulant parler sérieusement.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

John Lane traduit par le chartreux a écrit :
Ce que l'Église ne fait pas en revanche, c'est de "sonder les coeurs". Cela est très different de ne pas "faire des procès d'intention". L'Église fait bel et bien des procès d'intention, juge les intentions et responsabilités subjectives et internes, mais elle fait cela de façon rationnelle et en se basant uniquement sur ce qui est exteriorisé. Ce qui perturbe nos amis, c'est le mode de tels jugements. Ils confondent ce qui est jugé avec la manière de juger.

S Pie X, dans un encyclique dont on attendrait des traditionalistes qu'ils la connaissent presque par coeur, écrit :
Pascendi a écrit : sous couleur d'amour de l'Eglise, absolument courts de philosophie et de théologie sérieuses, imprégnés au contraire jusqu'aux moelles d'un venin d'erreur puisé chez les adversaires de la foi catholique, se posent, au mépris de toute modestie, comme rénovateurs de l'Eglise; qui, en phalanges serrées, donnent audacieusement l'assaut à tout ce qu'il y a de plus sacré dans l'oeuvre de Jésus-Christ, sans respecter sa propre personne, qu'ils abaissent, par une témérité sacrilège, jusqu'à la simple et pure humanité.

3. Ces hommes-là peuvent s'étonner que Nous les rangions parmi les ennemis de l'Eglise. Nul ne s'en étonnera avec quelque fondement qui, mettant leurs intentions à part, dont le jugement est réservé à Dieu, voudra bien examiner leurs doctrines, et, conséquemment à celles-ci, leur manière de parler et d'agir.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

John Lane traduit par le chartreux a écrit :
Comment S Pie X peut-il accuser les modernistes d'arborer une fausse couleur d'amour de l'Église (ce qui est clairement un jugement sur leur intention) tout en disant mettant leurs intentions à part, dont le jugement est réservé à Dieu ? La réponse est simple : le saint Pontife fait ici un procès d'intention, mais un procès uniquement fondé sur les données ordinaires, les actes externes qui rendent manifeste ce que les hommes pensent et veulent. Ce qu'il ne fait pas, c'est prétendre tel un illuminé avoir une lumière spéciale qui permettrait de sonder les coeurs directement. Les jugements sur les intentions sont toujours indirects, étant toujours des déductions à partir de données externes, mais ils n'en restent pas moins des jugements sur le for interne. Quand vous dites que quelqu'un prétexte l'amour de l'Église, vous êtes certainement en train de juger son état interne et subjectif, mais en même temps tous les hommes raisonnables savent qu'un tel jugement est seulement déduit de ce qui est visible, et non pas vu directement.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

John Lane traduit par le chartreux a écrit :
S Robert Bellarmin, docteur de l'Église, exprime cela avec sa clarté et sa précision habituelle, au sujet de l'hérésie formelle chez les individus. Il écrit, "les hommes ne doivent ni ne peuvent sonder les coeurs ; mais quand ils voient que quelqu'un est hérétique par ses actes extérieurs, ils le jugent hérétique pur et simple, et le condamnent en tant que tel."

Certains passages d'un autre docteur de l'Église, S Jean Chrysostome, semblent avoir été écrits exprès contre la paralysie libérale d'aujourd'hui qui, obnubilée par l'interêt présumé de l'individu, ne s'arrête jamais à la considération du bien commun.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

S Jean Chrysostome, homélie 23 sur Matthieu a écrit :
Matth 7:1 "Ne jugez point, afin que vous ne soyez pas jugés. "

Quoi donc! nous ne devons point reprendre nos frères lorsqu’ils pèchent?
(...)
tout serait en confusion et dans l’Eglise, et dans l’Etat, et dans les familles. Car si le maître ne se rendait point juge de son serviteur, et la maîtresse de sa servante, le père de son fils, et l’ami de son ami, à quel excès monteraient enfin les crimes et les désordres? Et non-seulement un ami doit juger son ami, mais nous devons juger et reprendre nos ennemis même, puisqu’à moins de cela nous ne pourrions jamais terminer les différends que nous avons avec eux et que tout serait livré à un bouleversement universel.
(...)
Quel est donc le sens précis de la parole évangélique? Examinons-la avec soin, afin que personne ne soit tenté de voir dans ces lois, qui sont des remèdes de salut et de paix, des instruments de subversion et de trouble.
(...)
Il me semble donc que Jésus-Christ ne défend pas absolument de juger tous les péchés, et qu’il n’ôte pas ce droit généralement à tout le monde, mais seulement à ceux qui, remplis eux-mêmes de vices, condamnent insolemment dans leurs frères les défauts les plus légers.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

S Jean Chrysostome, homélie 23 sur Matthieu a écrit :
Matth 7.15 "« Gardez- vous des faux prophètes qui viennent à vous vêtus comme des brebis, et qui au dedans sont des loups dévorants » "

Après nous avoir avertis de nous garder « des chiens et des pourceaux, » il marque ici une autre sorte d’ennemis bien plus à craindre. Car ces premiers sont visibles et tout le monde les connaît , mais ces derniers sont cachés. C’est pourquoi Jésus-Christ dit des uns qu’on s’en détourne et des autres qu’on les discerne, et qu’on les examine parce qu’il est impossible de les reconnaître d’abord. C’est ce qui lui fait dire : «Gardez-vous, » afin de nous rendre plus vigilants dans ce discernement.
S Jean Chrysostome, homélie 42 sur Matthieu a écrit :
Matth 12.33 "Ou bien, dites que l’arbre est bon, et que son fruit est bon ; ou dites que l’arbre est mauvais, et que son fruit est mauvais : car c’est par le fruit qu’on connaît l’arbre. "

« Puisque la bouche, » ajoute-t-il, « parle de la plénitude du coeur. »

Il leur fait voir encore ici qu’il est Dieu, et qu’il connaît le fond des coeurs. Il nous apprend que nous rendrons compte un jour non-seulement de nos paro1es, mais encore de nos mauvaises pensées, et qu’elles ne peuvent être cachées aux yeux de Dieu. Il montre même que les hommes peuvent aussi les connaître. Car il y a une si grande liaison et un si grand rapport du dedans avec le dehors, que lorsque le venin est au dedans, il faut nécessairement qu’il se répande et qu’il paraisse au dehors par les paroles. Lors donc que vous entendez dire à quelqu’un des paroles mauvaises et scandaleuses, vous devez croire qu’il a en lui beaucoup plus de mal qu’il n’en fait paraître. Car ce qu’il dit de mauvais a un principe et une source, et ce qui paraît au dehors n’est qu’une petite partie de cette plénitude de corruption qui est cachée au dedans.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

John Lane traduit par le chartreux a écrit :
La question de la foi personnelle de Jorge Bergoglio doit être évaluée en fonction du bien commun et de toutes ses paroles, actes et omissions libres et déliberées. Ceux qui font comme s'il était essentiel (ou même important) de ne pas nuire à la réputation de ce pauvre Jorge Bergoglio, montrent par là un mépris du bien commun qui est très anti-traditionnel, et qui est typique du libéralisme. Bergoglio choisit librement et déliberément ses paroles, ses actions symboliques et ses omissions. Il choisit de ne pas habiter dans les appartements du Pape ; il choisit de ne pas s'appeler "Pontife Romain" mais plutôt "évêque de Rome" ou d'autres titres encore ; il choisit d'omettre la plus grande partie des cérémonies et des rituels du pontificat romain. Il choisit également de ne pas professer la doctrine catholique, et au lieu de cela de scandaliser continuellement l'opinion publique avec ses commentaires choquants et non-catholiques. S'il passe pour hérétique, c'est entièrement de sa faute, et il peut résoudre ce problème à tout moment s'il choisit de le faire.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: John Lane sur les procès d'intention

Message par chartreux »

John Lane traduit par le chartreux a écrit :
Il semble que Mgr Lefebvre n'ait jamais cédé en rien au libéralisme qui a englouti tant de catholiques traditionalistes après sa mort. Il n'évaluait pas la foi de Karol Wojtyla suivant la fausse balance qui attribue trop de poids au bien individuel, mais d'abord et avant tout suivant la perspective du bien commun. C'est pour cela qu'il pouvait former le jugement que Wojtyla n'avait pas la foi catholique, n'était "pas catholique", et c'est pour cela aussi qu'il était réticent à imposer à toute la SSPX sa conviction sur la vacance du Saint-Siège, car cette question aussi, il l'envisageait suivant l'optique du bien commun. Il craignait la désunion, voire même des schismes, et se retenait de faire des déclarations inopportunes.


Passe encore si l'on considère que le caractère d'hérétique public de Bergoglio n'est pas un certitude absolue, et si pour cette raison on continue de le reconnaître comme pape à titre provisoire et avec méfiance. Mais ce qui est entièrement illégitime et contre-productif, c'est d'inventer des nouveautés au niveau des fondamentaux mêmes de la philosophie morale, en opposition à toute la tradition de l'Église, en voulant exclure dès le départ tous ceux qui forment un jugement différent. Mgr Lefbvre n'a jamais agi de cette manière, et pour tous ceux qui l'admirent et s'inspirent de lui, son exemple est lumineux.
FIN
Répondre

Revenir à « Doctrine et débats sur les principes »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 7 invités