Ligne de conduite pour notre temps par l'abbé Demaris

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gabrielle
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Message par gabrielle »

Comme enfants de Dieu, selon le témoignage de saint Pierre et de saint Jean, nous participons au sacerdoce de Jésus-Christ pour offrir des prières et des vœux; si nous n’avons pas le caractère de l’ordre pour sacrifier sur les autels visibles, nous ne sommes pas sans hosties, puisque nous pouvons l’offrir dans le culte de notre amour en sacrifiant nous-mêmes Jésus-Christ à son Père sur l’autel visible de nos cœurs.

Fidèles à ce principe, nous recueillerons toutes les grâces que nous aurions pu recueillir si nous eussions assisté au saint sacrifice de la messe. La charité nous unit à tous les fidèles de l’univers qui offrent ce divin sacrifice ou qui y assistent.

Si l’autel matériel ou les espèces sensibles nous manquent, il n’y en a pas non plus dans le ciel, où Jésus-Christ est offert de la manière la plus parfaite.

Oui, mes enfants, les fidèles qui sont sans prêtres étant eux-mêmes prêtres et rois, selon saint Pierre, offrent leurs sacrifices sans temples, sans ministres et sans rien de sensible ; il n’est besoin que de Jésus-Christ pour l’offrir, pour le sacrifice du cœur, où la victime doit être consumée par le feu de l’amour du Saint-Esprit, c’est être uni à Jésus-Christ, dit saint Clément d’Alexandrie, par les paroles, par les actes et par le cœur. Nous lui sommes unis par nos paroles quand elles sont vraies, par nos actions quand elles sont justes et par nos cœurs quand la charité les enflamme.

Ainsi, disons la vérité, n’aimons que la vérité alors nous rendrons à Dieu la gloire qui lui est due. Quand nous sommes vrais dans nos paroles, justes dans nos actions, soumis à Dieu dans nos désirs et nos pensées, en ne parlant que par lui seul, en le louant de ses dons et nous humiliant de nos infidélités, nous offrons un sacrifice agréable à Dieu, qui ne peut nous être ôté. Le sacrifice que Dieu demande est un esprit pénétré de douleur, dit le saint roi David ; vous ne mépriserez pas, ô mon Dieu, un cœur contrit et humilié. (Ps 50).
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gabrielle
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Message par gabrielle »

Il me reste à considérer l’Eucharistie comme viatique : vous pouvez en être privés à la mort ; je dois vous éclairer et vous prémunir contre une privation si sensible. Dieu, qui nous aime et nous protège, a voulu nous donner son corps aux approches de la mort pour nous fortifier dans ce dangereux passage.

Lorsque vous portez vos regards sur l’avenir, que vous vous voyez dans votre agonie, sans victime, sans extrême-onction et sans aucune assistance de la part des ministres du Seigneur, vous vous regardez comme dans l’abandon le plus triste et le plus affligeant !

Consolez-vous, mes enfants, dans la confiance que vous devez à Dieu ; ce tendre père répandra sur vous ses grâces, ses bénédictions et ses miséricordes, dans ces moments terribles que vous redoutez, avec plus d’abondance que si vous pouviez être assistés par ses ministres, dont vous n’êtes privés que parce que vous n’avez pas voulu l’abandonner lui-même.

L’abandon et le délaissement où nous redoutons de nous trouver ressemble à celui du Sauveur sur la croix, lorsqu’il disait à son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? »


Ah! que ces paroles sont instructives : vos peines et vos délaissements vous conduisent à vos glorieuses destinées en terminant votre carrière comme Jésus-Christ termina la sienne. Jésus, dans les souffrances, dans son abandon et sa mort, était dans l’union la plus intime avec son Père.

Dans vos peines et vos délaissements, soyez-lui de même unis, et que votre dernier soupir soit comme le sien : que la volonté de Dieu s’accomplisse.

Ce que j’ai dit de la privation du viatique à la mort, je le dirai aussi de l’extrême–onction. Si je meurs entres les mains de personnes qui, non seulement ne m’assistent pas, mais qui m’insultent, je serai d’autant plus heureux que ma mort aura plus de conformité avec celle de Jésus-Christ, qui fut un spectacle d’opprobres à toute la terre!… Crucifié par les mains de ses ennemis, il est traité comme un voleur et meurt entre deux larrons !

Il était la sagesse même, il passe pour un insensé ; il était la vérité, et il passe pour un fourbe et un séducteur! Les pharisiens et les scribes ont triomphé de lui et en sa présence! Enfin, ils se sont rassasiés de son sang! Jésus-Christ est mort dans l’infamie du supplice le plus honteux et dans les douleurs les plus sensibles !

Chrétiens, si votre agonie et votre mort sont à vos ennemis une occasion de vous insulter et de vous traiter avec opprobre, quelle fût celle de Jésus-Christ? Je ne sais si l’ange qui lui fut envoyé pour suppléer à la dureté et à l’insensibilité des hommes ne le fut point pour nous apprendre que dans une telle rencontre nous recevons la consolation du ciel quand celles de la terre nous manquent. Ce ne fut point sans un dessin particulier de Dieu que les apôtres, qui eussent dû consoler Jésus-Christ, demeurèrent dans un assoupissement profond.
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gabrielle
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Message par gabrielle »

Que le fidèle ne s’étonne donc pas de se trouver sans prêtre à sa dernière heure. Jésus-Christ fait des reproches à ses apôtres de ce qu’ils dormaient, mais il ne leur en fait point de ce qu’ils le laissèrent sans consolation, pour nous apprendre que, si nous entrons dans le Jardin des Oliviers, si nous montons au Calvaire, si nous expirons seuls sans secours humains, Dieu veille sur nous, nous console et suffit à tous nos besoins. Fidèles qui craignez les suites du moment actuel, portez vos regards sur Jésus : fixez-le, contemplez-le, il est votre modèle; je n’ai rien de plus à vous dire à ce sujet.

Après l’avoir contemplé, craindrez-vous encore la privation des prières et des cérémonies que l’Église a établies pour honorer votre agonie, votre mort et votre sépulcre ?

Pensez que la cause pour laquelle vous souffrez et mourrez rend cette privation une nouvelle gloire et vous donne le mérite du dernier trait de ressemblance que vous pouvez avoir avec Jésus-Christ.

La Providence a permis et voulu, pour notre instruction, que les pharisiens missent des gardes au sépulcre pour garder le corps de Jésus crucifié ; elle a voulu qu’après la mort même son corps restât entre les mains de ses ennemis pour nous apprendre que quelque longue que soit la domination de nos ennemis, nous devons la souffrir avec patience et priez pour eux.

Saint Ignace, martyr, qui avait tant ardeur pour être dévoré par les bêtes, ne préféra-t-il pas les avoir pour sépulcre au plus beau mausolée ? Les premiers chrétiens, que l’on livrait aux bourreaux, se sont-ils jamais mis en peine de leur agonie et de leur sépulture ? Tous étaient sans inquiétude de ce qu’on ferait de leur corps. Oui, mes enfants, quand on se fie à Jésus-Christ pendant la vie, on se fie bien à lui après sa mort.

Jésus sur la croix et près d’expirer vit les femmes qui l’avaient suivi depuis la Galilée qui se tenaient éloignées; sa Mère, Marie-Madeleine et le disciple bien-aimé étaient auprès de la croix dans l’abattement, le silence et la douleur !… Voilà, mes enfants, l’image de ce que vous verrez : la plupart des chrétiens plaignent ceux d’entre les fidèles qui se trouvent livrés à la persécution, mais ils se tiennent éloignés ; quelques-uns comme la Mère de Jésus, approchent de la victime innocente que l’iniquité immole.
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Message par gabrielle »

Je remarque, avec saint Ambroise, que la mère de Jésus, au pied de la croix, savait que son fils mourait pour la rédemption des hommes et que, désirant d’expirer avec lui pour l’accomplissement de cette grande œuvre, elle ne craignait point d’irriter les Juifs par sa présence et mourir avec son divin Fils.

Quand vous verrez, mes chers enfants, mourir quelqu’un dans le délaissement ou sous le glaive de la persécution, imitez la mère de Jésus, et non les saintes femmes qui l’avaient suivie de Galilée.

Soyez pénétrés de cette vérité : que le temps de mourir le plus glorieux et le plus salutaire est lorsque la vertu est la plus forte dans notre cœur ; on ne doit pas craindre pour le membre de Jésus-Christ quand il est dans la souffrance! Assistons-le, ne fût-ce que par nos regards et nos larmes.

Voilà , mes chers enfants, ce que j’ai cru devoir vous dire : je crois suffisant pour répondre à vos demandes et tranquilliser votre piété; j’ai posé les principes sans entrer dans aucun détails ; ils me paraissent inutiles. Vos fermes réflexions y suppléeront aisément et vos conversations, si jamais la Providence le permet, auront de nouveaux désirs.

Je dois ajouter, mes enfants que vous ne devez pas vous affliger du spectacle étonnant dont nous sommes témoins. La foi ne s’allie point à ces terreurs ; le nombre des élus est toujours fort petit.

Craignez seulement que Dieu ne vous reproche votre peu de foi et de n’avoir pu veiller un heure avec lui. Je vous avouerai cependant que l’humanité peut s’affliger, mais, en vous faisant cet aveu, je dirai que la foi doit se réjouir.

Dieu fait bien toutes choses : portez ce jugement, mes enfants, il est le seul qui soit digne de vous. Les fidèles eux-mêmes le portaient lorsque le Sauveur faisait des guérisons miraculeuses. Ce qu’il fait à présent est bien plus grand : dans sa vie mortelle, il guérissait les corps ; actuellement, il guérit les âmes et complète par la tribulation le petit nombre des élus.

Quels que soient les dessein de Dieu sur nous, adorons la profondeur de ses jugements et mettons en lui toute notre confiance.
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gabrielle
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Message par gabrielle »

S’il veut nous délivrer, le moment est proche. Tous s’élèvent contre nous : nos amis nous oppriment, nos parents nous traitent en étrangers ! Les fidèles qui participent aux saints mystères avec nous sont détournés par le seul regard. On craint de dire non seulement que comme nous on est fidèle à sa patrie, soumis à ses lois, mais fidèles à Dieu ; on craint de dire que l’on nous chérit, et même qu’on nous connaît.

Si nous sommes sans secours du côté des hommes, nous voilà du côté de Dieu, qui selon le prophète-roi, délivrera le pauvre du puissant et le faible qui n’avait aucun secours. L’univers est l’ouvrage de Dieu ; il le régit, et tout ce qui arrive est dans les desseins de sa Providence.

Quand nous croyons que la désertion va être générale, nous oublions qu’il suffit d’un peu de foi pour rendre la foi à la famille de Jésus-Christ, comme un peu de levain fait fermenter toute la pâte.

Ces évènements extraordinaires, où la multitude lève la hache pour saper l’ouvrage de Dieu, servent merveilleusement à manifester sa toute –puissance.

Dans tous les siècles, on verra ce que vit le peuple de Dieu quand le Seigneur voulut, par Gédéon, manifester sa toute-puissance contre les Madianites. Il lui fit renvoyer presque son armée. Trois cents hommes seulement furent conservés, et encore sans armes, afin que la victoire fut visiblement reconnue venir de Dieu.

Ce petit nombre des soldats de Gédéon est la figure du petit nombre des élus vivant dans ce siècle.

Vous avez vu, mes enfants, avec l’étonnement le plus douloureux, que la multitude de ceux qui étaient appelés (puisque toute la France était chrétienne), le plus grand nombre, comme dans l’armée de Gédéon, est demeuré faible, timide, craignant de perdre leur intérêt temporel : Dieu les renvoie. Dieu ne veut se servir dans sa justice que de ceux qui se donnent entièrement à lui.

Ne nous étonnons donc pas du grand nombre de ceux qui le quittent ; la vérité triomphe, quelque petit que soit le nombre de ceux qui l’aiment et lui restent attachés.

Pour moi, je ne forme qu’un vœu : c’est le désir de saint Paul. Comme enfant de l’Église ; comme soldat de Jésus-Christ, je souhaite de mourir sous ses étendards.

Si vous avez les ouvrages de saint Cyprien, lisez-les, mes chers enfants, s’est surtout aux premiers siècles de l’Église qu’il faut remonter pour trouver des exemples dignes de nous servir de modèles.

C’est dans les livres saints et dans ceux des premiers défenseurs de la foi qu’il faut se former une idée précise de l’objet du martyre et de la confession du nom de Jésus-Christ : c’est la vérité de la justice, ce sont les objets augustes, éternels, immuables de la foi qu’il faut confesser.

C’est l’Évangile, car les instructions humaines quelles qu’elles soient sont variables et temporelles ; mais l’Évangile et la loi de Dieu tiennent à l’éternité.

C’est en méditant cette distinction que vous verrez clairement ce qui est à Dieu et ce qui est à César, car, à l’exemple de Jésus-Christ, vous devez rendre avec respect, à l’un et à l’autre, ce que vous leur devez.
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Toutes les églises et tous les siècles sont d’accord : il ne peut y avoir rien de si saint et de si glorieux que de confesser le nom de Jésus-Christ.

Mais rappelez-vous, mes enfants, pour le confesser d’une manière digne de la couronne que nous désirons, c’est dans le temps où l’on souffre davantage qu’il faut faire paraître une plus grande sainteté.

On ne trouve rien de si beau que ces paroles de saint Cyprien lorsqu’il loue toutes les vertus chrétiennes dans les confesseurs de Jésus-Christ :

« Vous avez toujours observé, leur dit-il, le commandement du Seigneur avec une vigueur digne de votre fermeté ; vous avez conservé la simplicité, l’innocence, la charité, la concorde, la modestie et l’humilité ; vous vous êtes acquittés de votre ministère avec beaucoup de soin et d’exactitude ; vous avez fait paraître de la vigilance pour aider ceux qui avaient besoin de secours ; de la compassion pour les pauvres ; de la constance pour défendre la vertu ; du courage pour maintenir la sévérité de la discipline, et afin qu’il ne manquât rien à ces grands exemples de vertu que vous avez donnés, voilà que, par une confession et des souffrances généreuses, vous animez hautement vos frères au martyre et leur en tracez le chemin.»


J’espère, mes chers enfants, quoique Dieu ne vous appelle pas au martyre, ni à aucune confession douloureuse de son nom, pouvoir un jour vous parler comme il parlait aux confesseurs Célerin et Aurèle, et louer en vous plus votre humilité que votre constance, et vous glorifier plus de la sainteté de vos mœurs que de vos peines et de vos plaies…

En attendant cet heureux moment, profitez de mes conseils et soutenez-vous vous-même par mon exemple. Dieu veille sur nous. Notre espérance est fondée ; elle nous montre ou la persécution qui finit ou la persécution qui nous couronne. Dans l’alternative de l’une ou de l’autre, je vois l’accomplissement de notre destinée.

Que la volonté de Dieu soit faite, puisque que quelque manière qu’il nous délivre, ses miséricordes éternelles se répandent sur nous.

Je finis, mes chers enfants, en vous embrassant et en priant Dieu pour vous ; priez-le pour moi et recevez ma bénédiction paternelle, comme le gage de ma tendresse envers vous, de ma foi et de ma résignation sincère à n’avoir pas d’autre volonté que celle de Dieu.

Demaris.
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Lettre de Monseigneur de Marboeuf


Monseigneur de Marboeuf, archevêque légitime de Lyon, écrivait du fond de l’exil, aux fidèles de son diocèse, au sujet de la privation des secours religieux :
« Basse-Saxe, 6 décembre 1796. »

« Si le malheur des temps vous prive d’assister au saint-sacrifice de la messe et participer aussi souvent que vous le désirez aux saints mystères, ne craignez point et ne vous découragez point pour cela ; vous n’y perdrez rien.

Dieu verra avec complaisance que, malgré ces privations, vous conservez dans votre cœur la confiance et la fidélité que vous lui devez ;

il entendra vos prières domestiques et les vœux que vous formerez pour le rétablissement de son culte ;

il en sera touché et, en attendant les moments marqués par sa sagesse pour faire luire sur nous des jours plus sereins, lui-même vous tiendra lieu de pasteur, de guide, de soutien ;

il répandra dans vos âmes une mesure abondante de grâces, de force, de constance pour vous mettre en état de résister à toutes les tentations de l’ennemi, et, dans le temps de la plus grande disette des secours extérieurs de la religion, il vous fera recueillir intérieurement des trésors de bénédiction.

Demeurez donc sans inquiétude dans la bergerie d’un si bon maître ; invoquez-le avec confiance dans toutes vos nécessités et soyez certains que la nourriture spirituelle dont vous pouvez avoir besoin, en telle situation que vous vous trouviez, ne vous manquera jamais.

Vous la recevrez immédiatement de la main de Dieu, lorsque le malheur des temps vous privera de l’usage des moyens qu’il a établis pour être les canaux de sa grâce.»

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