Notion catholique du Martyre (DTC)

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Abbé Zins
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MARTYRE.

Après la conversion de Constantin.

— 1. Empire des Perses. — La conversion des empereurs ne mit pas fin à la persécution, elle ne fit que la déplacer. Les Perses persécutèrent les chrétiens comme suspects de connivence avec les empereurs chrétiens. Les persécutions furent engagées par Sapor II de 340 à 399, par .Jazgerd Ier en 420, par Bahral V en 421 et 422, par Jazgerd II de 446 à 450. Sozomène, H. E., XI, 1., affirme que, sous Sapor II, il y eut 16 000 martyrs dont les noms furent conservés. Cf. J. Labourt, Le christianisme dans l'Empire perse sous la dynastie sassanide, Paris, 1904. Là encore le juge offrait à l'accusé de l'acquitter pourvu qu'il consentit à renoncer à sa religion ; la torture était employée pour arracher par la souffrance le désaveu de la foi ! La barbarie orientale inventa des supplices plus cruels que ceux infligés par les persécutions romaines.

2. Martyrs faits par les donatistes. — Ce schisme qui éclata dès que la paix eut été rendue à l'Église et qui divisa l'Afrique romaine, remplit de violences le IVe siècle et une partie du Ve. P. Monceaux, Hist. litt. de l'Afrique chrétienne, t. IV, Le donatisme, Paris, 1912, qualifie les donatistes de « diables déchaînés ». Les donatistes honoraient comme martyrs ceux des leurs qui avaient succombé dans des rixes engagées contre les catholiques, ou même ceux qui avaient été punis par les magistrats pour des crimes de droit commun. Ils cherchaient dans le suicide à s'assimiler aux martyrs. On en vit se précipiter du haut des rochers, ou se noyer, ou se brûler vifs, parfois en compagnie de leurs évêques, ou forcer des passants à les tuer, persuadés qu'ils iraient ainsi droit au ciel, comme s'ils avaient confessé la foi devant les bourreaux.

S. Optat, De schism. donat., III, IV, et saint Augustin nous affirment que ces fanatiques firent de nombreux martyrs, évêques, prêtres, fidèles. Les circoncellions coupaient les bras et les jambes, arrachaient la langue, crevaient les yeux ou aveuglaient en versant sur les yeux de la chaux mêlée de vinaigre. Voir dans Monceaux le commentaire de l'épitaphe composée par saint Augustin pour Nabor, le diacre martyr. T. IV, p. 475.
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Abbé Zins
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MARTYRE.

3. Les ariens.

— Les empereurs ariens persécutèrent les catholiques fidèles à la foi de Nicée ; saint Athanase, exilé par Constance, raconte le martyre de Paul de Constantinople, De fuga, III, avec ses deux secrétaires, Martyrius et Marcien, Sozomène, H. E., IV, 3 ; Valens recommença dix ans plus tard : 80 prêtres furent embarqués sur un navire auquel on mit le feu en pleine mer. Théodoret, II. E., IV, 21.

— Dans l'Afrique vandale, il y eut des persécutions déchaînées par les ariens depuis la conquête par Genséric 429, jusqu'à la reprise sous Justinien, 535. Nous en avons le récit dans l'historia persecutionis Africanae provinciae de Victor de Vite.

Pendant 37 ans, Genséric persécute dans un but partiellement politique pour asseoir sa domination ; aussi proscrit-il l'aristocratie et l'épiscopat à cause de leur attachement pour Rome. Par contre, il donne sa confiance au clergé arien qui persécuta les catholiques tout en évitant de leur procurer l'auréole du martyre.

Pendant sept ans, Hunéric persécuta avec plus de violence. Il exclut les catholiques de toutes les fonctions palatines ou administratives, il condamne à l'exil 4.966 prêtres, diacres et fidèles. Ceux qui résistent reçoivent 550 coups de verge ou sont brûlés vifs. Après une conférence contradictoire organisée entre évêques catholiques et ariens qui tourne au succès des premiers, on essaye de diviser le bloc des 466 évêques catholiques en les invitant à signer un serment politique habilement formulé : les uns signent, les autres refusent. Alors les premiers sont condamnés à l'exil pour avoir prêté serment malgré l'Évangile qui semble l'interdire, les autres sont condamnés aux travaux forcés en Corse parce qu'ils se sont montrés peu loyalistes envers l'héritier présomptif. Victor de Vite, IV, 5.
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Abbé Zins
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MARTYRE.

La fureur s'exerce aussi contre les simples fidèles. Dionysia est dépouillée de ses vêtements, placée sur un lieu élevé et fouettée en public. Pendant que des ruisseaux de sang coulent sur tout son corps, elle s'écrie : « Tourmentez tous mes membres, mais respectez ma pudeur. » Par son courage, elle donna à presque tous ses coreligionnaires la force de résister comme elle. Ibid., v, 1.

Les ariens essayaient de rebaptiser de force ; ainsi firent-ils pour l'évêque Habetdeum, mais « cette eau menteuse ne put submerger sa volonté ». Il répondit à celui qui le proclamait arien malgré lui : « Il n'y a de crime que si la volonté a consenti ! Or, ferme dans ma foi, j'ai par mes cris confessé et défendu ce que je crois et ce que j'ai toujours cru. Après que tu m'as chargé de chaînes et que tu as verrouillé la porte de ma bouche, je me suis retiré dans mon cœur comme dans un prétoire, et là j'ai dicté aux anges les actes de la violence qui m'était faite, et je les ai fait lire à Celui qui est mon souverain.» Ibid., V,12.

Les ariens s'efforçaient de faire apostasier les enfants. Si quelques mères trop faibles conjuraient leurs enfants d'accepter le second baptême, d'autres les exhortaient à rester fidèles au baptême qui les avait faits catholiques. C'est à ce dernier parti que tous se décidèrent, les enfants se montrant, pour une fois, plus courageux que leurs mères. Ibid., II,9. Les catholiques, restés à Tipasa en Maurétanie, ayant refusé d'apostasier, on leur coupa la main droite et la langue : Victor de Vite, V,6, affirme qu'ils continuèrent A parler et son témoignage est confirmé par le comte Marcellin, Chron., a. 484 ; Procope, De bello Vand , I,VIII Victor de Thune, Chron., a. 479, et Grégoire le Grand, Dialog., III,XXXII.
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Abbé Zins
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MARTYRE.

3. Réforme. — 1. La tolérance, et les protestants. — C'est une erreur assez répandue que la Réforme aurait suscité l'idée de tolérance ! L'histoire montre au contraire que cette idée est née plus tard par réaction contre le paroxysme d'intolérance occasionnée par la Réforme.

Témoins du triste spectacle donné par ces chrétiens qui s'entretuent et de l'impuissance de la violence a résoudre les différends religieux, les hommes du XVIIe siècle et surtout du XVIIIe cherchent une nouvelle formule : les uns glissent vers l'indifférentisme et la tolérance qu'il inspire, les autres s'élèvent à la tolérance pratique et raisonnée. Ainsi par des voies différentes, presque tous aboutissent à des résultats équivalents.

Avant d'arriver à ce résultat, il faut constater qu'un bon nombre de partisans des idées nouvelles répandues par la Réforme furent décapités, pendus ou brûlés par sentence des parlements en France, de l'Inquisition en Espagne et en Italie, des tribunaux de Philippe II dans les Pays-Bas. De même les anabaptistes sont brûlés ou noyés par les villes protestantes de Suisse ou les princes luthériens d'Allemagne.

Henri VIII, croyant avoir trouvé dans l'anglicanisme un juste milieu entre le papisme et le protestantisme, se montrera aussi sévère contre les anabaptistes et les luthériens que contre les catholiques fidèles à l'autorité de Rome. A son tour, sa fille, Marie, exécutera les anglicans avec une ardeur implacable.
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MARTYRE.

Hume, The History of England from the invasion of Julius César to the Revolution in 1688, Londres, 1762, vante la fermeté inflexible qui leur fit braver les dangers, les tourments et la mort même. Bossuet parle au contraire de l'entêtement de parti et, dans son Cinquième avertissement aux protestants sur les lettres de M. Jurieu, fait remarquer combien ce courage forcené ressemble peu à la constance véritable, toujours réglée, toujours douce et soumise aux ordres publics, telle qu'a été celle des martyrs.

Mais ceci peut sembler de la polémique. Aujourd'hui, le théologien peut juger les protestants morts pour leur convictions religieuses avec moins de sévérité et reconnaître que ceux qui moururent avec courage et sincérité, purent avoir le mérite du martyre; néanmoins ils n'en auront point à nos yeux l'auréole, car l'Église reste fidèle à la sentence traditionnelle formulée par saint Augustin : Causa, non poena, martyrem foecit. Comme l'enseignait à la Sorbonne le futur cardinal Perraud : « Il était incontestable qu'ils avaient souffert, souffert avec une invincible constance, souffert des supplices semblables à ceux que le paganisme expirant avait fait souffrir aux disciples du Crucifié. il y avait là un élément de séduction bien propre à troubler les consciences les plus généreuses. » Le protestantisme sous Charles 1X, dans Revue des cours littéraires, 1870.

— Nous pouvons appliquer les mêmes principes aux prêtres assermentés qui mourront victimes de la Révolution française, expiant leurs erreurs passées par le refus héroïque d'apostasie.
Si donc le théologien refuse, à bon droit, le titre de martyr à ces hérétiques morts avec intrépidité pour leurs convictions religieuses, ce n'est pas qu'il mette en doute leur courage et leur sincérité, ce n'est pas qu'il méconnaisse l'influence profonde produite par leur mort sur ceux dont ils affermissaient ainsi les convictions erronées. Il y a des points d'histoire qui, par leur certitude, échappent à toutes les discussions théoriques.
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MARTYRE.

2. Victimes des protestants. — Ces victimes furent beaucoup plus nombreuses que les [exécutés] de la Réforme.
Bossuet, Cinquième avertissement, dit fort justement : Ceux qui nous vantent leur patience et leurs martyrs sont en effet les agresseurs, et de la manière la plus sanguinaire.» Il nous suffit de rappeler sommairement les principes des réformateurs. Le doux Théodore de Bèze affirmait avec vigueur : « Libertas conscientiarum diabolicum dogma.» Luther, Propos de table,III, 175, disait : « Avec les hérétiques on ne doit pas discuter : il faut les condamner sans les entendre, et, pendant qu'ils périssent par le feu, les fidèles devraient poursuivre le mal jusque dans sa source, en baignant leurs mains dans le sang des évêques catholiques et du pape, qui est le diable déguisé.» Et Mélanchthon, Opera, édit. Bretschneider, t.IX, p. 177 : « Il est très sévèrement commandé par l'Écriture aux magistrats politiques de détruire en tous lieux, à main armée, les statues qui sont l'objet de pèlerinages et d'invocations, et de punir par des supplices corporels les inguérissables qui conservent avec obstination le culte des idoles.» Calvin, Lettres, édit. Bonnet, t. n. p. 267, recommande de « réprimer par le glaive les gens obstinés aux superstitions de l'Antéchrist.»

Ce sont ces principes que l'on vit appliquer contre les catholiques par les pseudo-réformateurs (1) partout où ceux-ci arrivèrent au pouvoir. C'est ce que nous allons montrer brièvement.

(1) Qui dit pseudo-réformateurs, dit pseudo-réforme. Il est déplorable de voir communément admis les titres usurpés que se sont donnés les hérétiques et schismatiques comme les hérético-schismatiques orientaux ou pseudo-"Orthodoxes". Le titre convenant au protestantisme étant soit la Révolte, soit la Déforme. Profitons de cette note pour signaler qu'il convient de faire la part des choses dans les exposés de cet article, cité ici tel quel, ainsi que parmi les auteurs qui s'y trouvent mentionnés.
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MARTYRE.

a) Luthéranisme. — La Réforme s'opéra par les profanations, le sac des églises, la destruction des monastères, le bris des images, la confiscation des biens ecclésiastiques, l'exil imposé aux prêtres et laïques fidèles au catholicisme. Néanmoins il y eut peu de sang versé ; des catholiques furent mis à mort à la suite d'émeutes populaires, d'attentats individuels, non de sentences judiciaires. La raison vient surtout de ce que, dans les contrées allemandes, il n'y eut guère de résistance à la Réforme, dès qu'elle fut proclamée par les princes.

Par contre il y en eut en Suède, où Gustave Wasa recourut à l'astuce et à la violence ; en Danemark, où tous les évêques furent incarcérés ; en Norvège, où les évêques durent s'enfuir pour éviter un sort semblable ; en Islande, où un évêque fut mis à mort.
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MARTYRE.

b) Calvinisme.

— a. Pays-Bas. — Les Gueux commirent des profanations et des atrocités sans précédent. A la prise de Brielle (1572), les 184 prêtres qui refusèrent d'apostasier furent mis à mort. Trois mois après, les 19 martyrs de Gorcum furent pendus. Leur admirable mort a été racontée par Estius ; ils furent canonisés en 1867.


— b. France. — Bien avant le crime politique de la Saint-Barthélemy, des massacres prémédités de catholiques s'accomplirent dans toutes les provinces, Normandie, Orléanais, Maine, Dauphiné, Languedoc, Provence.

Les huguenots, aidés du baron des Adrets, s'emparèrent de Lyon en l'an 1562, mirent les églises à sac et chassèrent prêtres et moines. Le cardinal de Lorraine pourra dire au concile de Trente : « Trois mille religieux français ont subi le martyre pour n'avoir pas voulu trahir le Siège apostolique. » On peut en voir le détail dans le Theatrum crudelitatis hæreticorum. Anvers, 1587. Voir, p. 42, plus de 120 personnes martyrisées, en moins de 2 ans, dans le seul diocèse d'Angoulême. Citons les jésuites Salez et Saultemouche que Pie XI vient de béatifier. J. Blanc, Les martyrs d'Aubenas, Valence, 1906. Les camisards immolèrent un grand nombre de catholiques dans les Cévennes. Jeanne d'Albret décréta, en 1571, dans son royaume du Béarn l'abolition du culte catholique. Bossuet déclare : « Une infinité de prêtres, de religieux, de catholiques de tous états ont été massacrés dans le Béarn par les ordres de la reine Jeanne, sans autre crime que celui de leur religion ou de leur ordre » Cinquième avertissement. Le culte catholique n'y fut rétabli qu'un an après l'édit de Nantes.


c. Suisse. — La Réforme de Zwingle et de Calvin s'imposa par la violence. Le plus illustre martyr est le capucin Fidèle de Sigmaringen assassiné en 1622 et canonisé en 1746. Un des paradoxes les plus curieux, ne s'expliquant que par une foncière ignorance de l'histoire, est de nous voir reprocher certaines victimes du fanatisme de Calvin lorsque sa fureur aveugle s'étendit même sur les adversaires du dogme catholique.

d. -Hongrie. — Luthériens et calvinistes se disputaient la prépondérance ; les catholiques furent persécutés par les deux partis. Tous les chanoines de Grosswarden furent massacrés en 1566, pour avoir refusé de se marier et d'embrasser le nouvel évangile. En 1619, Rakoczy, lieutenant du calviniste Dethlen Gabor, envahit la ville de Kaschau et fit mourir, après les pires supplices, le chanoine Crizin et les jésuites Grodecz et Pougracz. Ces trois martyrs ont été béatifiés en 1905.
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MARTYRE.

c) Anglicanisme. — La persécution commence en 1535 sous Henri VIII ; puis loi de 1547 sous Édouard VI ; bill de 1558, de 1563, de 1571, de 1584, de 1593 sous Elisabeth, variant les peines et les délits, pour aboutir toujours finalement à la peine capitale. Jacques II essaya de réagir, mais indocile aux conseils de modération du pape Innocent XI, il provoqua la révolution de 1688. Guillaume III et Marie remirent en vigueur les lois persécutrices et y ajoutèrent celles de 1700. La reine Anne fit voter la loi de 1704 contre les catholiques d'Irlande.
Cependant le mouvement d'opinion qui se propage au XVIIIe siècle apporte une certaine tolérance dont bénéficient les catholiques. En 1778, sous Georges III, l'édit de 1700 fut rapporté. En 1829, l'émancipation des catholiques sera obtenue. Enfin Georges V aura la mérite de supprimer ce que contenait de blasphématoire le serment prononcé par le roi au jour de son couronnement.

Les cruautés exercées contre les catholiques furent vraiment barbares : régime des prisons horribles, raffinement de supplices : aiguilles enfoncées sous les ongles des mains et des pieds (P. Bryant) ; Jean Ogilvie privé de sommeil pendant neuf jours et neuf nuits ; pour l'empêcher de dormir, on le pique avec des stylets et des aiguilles.

La peine capitale appliquée aux catholiques est celle des crimes de haute trahison ; sauf les grands personnages, comme le cardinal Fisher, Thomas Morus, Margaret Pole, qui furent décapités, les autres sont pendus, mais la corde est coupée avant la mort, on ouvre le ventre de la victime, on lui découpe les entrailles lentement de manière à prolonger l'agonie (Chartreux de 1555). Les martyrs anglais meurent avec courage, bien plus avec humour, avec joie ; aussi leur héroïsme produisit des conversions.

Le cardinal Allen fonda en 1558 le collège anglais de Douai, qui donna 160 ecclésiastiques immolés pour leur foi, sans compter ceux qui moururent en prison ou qui furent punis par l'exil. Le séminaire anglais de Rome, fondé. en 1575, mérita le nom glorieux de Seminarium martyrum.
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MARTYRE.

4° Islam. — L'on a parfois exagéré l'intolérance systématique de l'Islam et l'on a oublié que Mahomet avait établi comme règle d'accorder la liberté du culte, moyennant le paiement d'un impôt, à ceux qui possédaient un Livre reconnu par lui comme saint, c'est-à-dire aux juifs et aux chrétiens. Il est également vrai que les lourds impôts exigés des sujets non musulmans décidèrent certains califes, plus politiques que religieux, à s'opposer pour des raisons fiscales aux conversions de chrétiens.

Mais il n'en reste pas moins que le fanatisme l'emporta souvent sur l'intérêt. La population berbère fut contrainte quatorze fois, par la violence des armes, d'embrasser le mahométisme, quatorze fois, elle revint à sa religion ; enfin plus de trente mille familles chrétiennes furent déportées dans le désert, et les autres n'échappèrent à l'extermination qu'en se retirant dans les montagnes.

Toute tentative d'un chrétien pour attirer un musulman à sa foi était punie de mort. La même peine atteignait tout musulman qui s'était fait chrétien, et cela jusqu'en 1855, date à laquelle la peine de mort fut remplacée par le bannissement.

Signalons les martyrs du IXe siècle au sud de l'Espagne. Plus tard, dans le nord de l'Afrique, plus de 200 franciscains sont martyrisés dans la seule année 1261, et peu de temps après 190 dominicains.

Après la prise de Saint-Jean-d'Acre par les musulmans en 1291, frères mineurs et prêcheurs restent vaillamment en Palestine, beaucoup cueillent la palme du martyre. Le célèbre Raymond Lulle est lapidé en 1315. Au XIIIe siècle cinq franciscains furent décapités au Maroc ; en 1342 sept autres sont mis à mort dans le Turkestan. Antoine Neyrot, dominicain, pris par les pirates et conduit à Tunis, a le malheur d'apostasier, épouse une musulmane, traduit le Coran en italien. Touché par une grâce efficace, il se convertit, se soumet à une pénitence rigoureuse, retourne renier solennellement la foi musulmane et expie sa faute par une dure flagellation suivie de la lapidation. Saint André de Chio est décapité en 1465.

En cette partie, il faut signaler les multiples razzias et les immenses enlèvements de masses par les hordes musulmanes, par lesquels des populations entières furent emportées comme esclaves, vendues sur des marchés, enfermées dans de sordides harems, avec jeunes garçons abusés, ou transformés en janissaires pour lutter contre les peuples dont ils étaient issus.. etc..
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