SAINT JEAN CHRYSOSTÔME
4...Et pourtant, l'homme riche n'a pas commis d'injustice envers Lazare, car il ne lui a pas pris ses biens.
Son péché n'était pas de lui donner une partie de la sienne. Or, si celui qui ne donne pas une partie de la sienne a celui qui n'a pas sympathisé comme accusateur, quel pardon celui qui prend ce qui n'est pas à lui, car ceux qui sont lésés par lui l'entoureront partout ? Il n'y aura pas besoin de témoins, d'accusateurs, de preuves ou d'indices. Les faits eux-mêmes, comme nous l'avons fait, apparaîtront sous nos yeux. "Voici," dit le Seigneur, "l'homme et ses oeuvres."
Et c'est ainsi que ne pas donner une partie de ce que l'on a est déjà une lignée de rapine. Ce que je vous dis vous rendra peut-être plus étranger, mais ne vous étonnez pas. Je vais plaider avec vous un témoignage des Écritures divines qui dit qu'il est rapacité, avidité et fraude non seulement d'enlever ce qui appartient aux autres, mais aussi de ne pas donner une partie des siens aux autres. De quel témoignage s'agit-il ? Dieu réprimande les Juifs par la bouche du prophète, et dit : "Le pays a produit ses fruits, et vous n'avez pas apporté la dîme, mais le butin des pauvres est dans vos maisons" (Mal 3:10). "Parce que tu n'as pas fait, dit-il, les offrandes habituelles, tu as enlevé les pauvres." Et c'est ce qui est dit pour montrer aux riches qu'ils ont ce qui appartient aux pauvres, même s'ils sont entrés dans l'héritage du père, même si l'argent leur vient d'où qu'il soit. Et dans une autre partie, il est dit aussi : "Ne décevez pas la vie des pauvres" (Eccli 4:1). Celui qui escroque, l'étranger escroque, car il est appelé escroquerie pour prendre et retenir l'étranger. Et par ce passage, on nous enseigne aussi que si nous cessons de faire l'aumône, nous serons punis tout comme les fraudeurs.
Ainsi donc, les choses ou les richesses, où que nous les ramassions, appartiennent au Seigneur, et si nous les distribuons parmi les nécessiteux, nous obtiendrons une grande abondance. Et si le Seigneur vous a accordé d'avoir plus que les autres, cela ne devait pas être dépensé en fornication et en ivrognerie, en fêtes, en habits de luxe et autres dissolutions, mais être distribué parmi les nécessiteux. Un collectionneur qui reçoit des fonds impériaux, s'il ne les distribue pas à ceux qui lui sont envoyés, mais les utilise pour ses propres vices, doit en rendre compte et sa fin est la mort. Ainsi, l'homme riche est un collecteur de l'argent à distribuer aux pauvres et il est chargé de le distribuer à ceux de ses compagnons de service qui sont dans le besoin. Alors, s'il emploie pour lui-même plus que le besoin ne l'exige, il devra rendre dans l'au-delà le récit le plus rigoureux, car ce qui est à lui n'est pas le sien, mais de ceux qui, comme lui, sont les seuls serviteurs du Seigneur.
(Homélie II, 4)