Famille de Saint Basile

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gabrielle
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Re: Famille de Saint Basile

Message par gabrielle »

Grégoire parle de cette ville avec enthousiasme. On y voyait alors les maîtres les plus distingués, entre autres l'orateur Anatolius, que Constance fit préfet du prétoire; le célèbre Diophante, inventeur de l'algèbre, et Prohérésius, professeur d'éloquence. L'empereur Constant l'avait appelé dans les Gaules. En repassant par Rome, Prohérésius s'y fit tellement admirer, que le sénat lui érigea une statue avec cette inscription : « Rome, la reine de l'univers, au roi de l'éloquence ».

Ce qui mit le comble au bonheur de Grégoire, ce fut l'arrivée de son ami saint Basile. Ils se connaissaient déjà ; mais alors leur amitié devint intime. Ils demeurèrent ensemble, eurent une table commune, ne fréquentaient de leurs compagnons que les plus chastes et les plus paisibles. Deux rues seulement leur étaient connues dans la ville : celle qui conduisait à l'église et aux docteurs qui y enseignaient la foi ; l'autre, qui conduisait aux écoles publiques et aux maîtres qui enseignaient les sciences humaines. Ils laissaient aux autres les rues par lesquelles on allait au théâtre, aux spectacles et aux divertissements profanes. Leur sanctification faisait leur grande affaire ; leur unique ambition était d'être de vrais chrétiens. C'était en cela qu'ils faisaient consister toute leur gloire. Leur vie était fort austère; ils ne prenaient sur l'argent que leur envoyait leur famille, que ce qui était nécessaire pour fournir aux plus indispensables besoins de la nature ; le reste était distribué aux pauvres. L'envie ne troublait point la tranquillité de leur âme : ce qui arrivait d'heureux à l'un, causait la joie et le bonheur de l'autre. Ils s'excitaient mutuellement à faire de bonnes œuvres ; et, par une sainte émulation, ils s'efforçaient de l'emporter l'un sur l'autre dans la pra-tique du jeûne, de la prière et des différents exercices de piété.

Les premiers pour la piété, ils n'en furent pas moins les premiers pour les sciences et les lettres. Tant de sciences et de vertus excitèrent l'admiration à tel point, que partout où l'on parlait d'Athènes et de ses maîtres habiles, on parlait du merveilleux couple d'amis, Basile et Grégoire, Grégoire et Basile.

A tant de connaissances précieuses, ils enjoignaient une bien nécessaire, la connaissance des hommes.
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gabrielle
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Re: Famille de Saint Basile

Message par gabrielle »

Julien, qui fut depuis empereur, vint à Athènes en 355. Saint Basile et saint Grégoire l'y connurent, parce qu'ils étudièrent quelque temps avec lui l'Ecriture et les belles-lettres. Quelque déguisé qu'il fut, les personnes clairvoyantes démêlaient à travers son extérieur le dérèglement de son esprit. Saint Grégoire présagea dès lors que l'empire nourrissait un monstre dans son sein ; et ce présage, il le fondait sur je ne sais quoi d'extraordinaire qu'on remarquait en ce prince. En effet, Julien avait la démarche peu assurée, des épaules qui se haussaient et se baissaient tour à tour, la tête toujours en mouvement, des yeux égarés et inquiets. Il parlait et riait avec excès. Sa langue, quoique rapide, ne pouvait pas toujours suivre ses pensées ; son discours était quelquefois entrecoupé, et sa voix hésitante ; souvent il faisait des questions et des réponses hors de propos ou qui manquaient de justesse .

Enfin, arriva un moment pénible. Après trente années consacrées aux études, Basile et Grégoire allaient quitter Athènes et se quitter l'un l'autre. Toute la ville s'en émut. Professeurs et élèves entourent les deux amis et les conjurent de rester.
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gabrielle
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Re: Famille de Saint Basile

Message par gabrielle »

Basile développe si éloquemment les motifs qu'il avait de retourner dans sa patrie, que, malgré soi, on le laisse partir ; mais on retient Grégoire et on le force d'accepter une chaire d'éloquence. Ce ne fut pas pour longtemps, car peu après il se déroba sans bruit pour aller rejoindre son ami en Cappadoce. Il arrivait à pied à Constantinople, dans le même temps que son frère, le médecin, y débarquait d'Alexandrie. Césaire avait dès lors une telle réputation, que les magistrats de Constantinople, pour le retenir dans cette ville, lui offrirent un traitement avantageux, une alliance distinguée et la dignité de sénateur. A leur demande, l'empereur Constance lui donna des lettres de citoyen et le nomma son premier médecin. Cependant Grégoire sut persuader à son frère de revenir avec lui dans leur pays natal, et de lui consacrer les prémices de son art.
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gabrielle
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Re: Famille de Saint Basile

Message par gabrielle »

Telles étaient les études et les mœurs de ce que nous appelons les Pères de l'Eglise;

Mais, pour revenir à Grégoire, plusieurs personnes avaient voulu l'engager à se fixer à Constantinople. Vous pourrez, lui disait-on, suivre le barreau ou enseigner la rhétorique ; vous aurez par là occasion de faire briller vos talents, et de vous avancer promptement dans le monde. Ces discours ne furent point capables d'éblouir le Saint ; il répondit qu'il portait ses vues plus loin, et que son dessein était de ne vivre que pour Dieu.

La première chose qu'il fit en arrivant à Nazianze, fut de recevoir le baptême des mains de son père, il se dévoua pour lors entièrement au service de Dieu. « J'ai donné », dit-il , « tout ce que j'ai à celui de qui je l'ai reçu, et je l'ai pris lui seul pour mon partage. Je lui ai consacré mes biens, ma gloire, ma santé, ma langue et mes talents. Tout le fruit que j'ai retiré de ces avantages a été le bonheur de les mépriser pour l'amour de Jésus-Christ ». Mort au monde et à tous ses charmes, il n'avait plus d'ardeur que pour les choses de Dieu. Du pain, du sel et de l'eau faisaient sa nourriture. Ses habits étaient grossiers, et la terre nue lui servait de lit. Il s'occupait le jour à des travaux pénibles, et passait une grande partie de la nuit à prier ou à contempler les perfections divines. L'éloquence profane qu'il avait étudiée si longtemps, lui parut, ainsi que les richesses, un objet digne de mépris. Il n'eut plus de commerce avec ses livres classiques ni avec ceux qui traitaient de l'art oratoire ; il les abandonna, comme il le dit lui-même , aux vers et aux teignes. Les honneurs n'étaient à ses yeux que de vains songes dont l'illusion séduit les hommes ; il craignait les précipices que l'ambition creuse sous les pieds de ses esclaves. On ne voyait rien en lui qui annonçât de l'attachement à la terre ; il était pour ainsi dire hors du monde, et il n'avait de conversation qu'avec le ciel. Cela ne l'empêcha cependant pas de se charger pour quelque temps du gouvernement de la maison de son père et de l'administration de ses affaires.
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gabrielle
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Re: Famille de Saint Basile

Message par gabrielle »

Sa patience fut éprouvée par de cruelles maladies. Le dérangement de sa santé venait de ses austérités et des larmes qu'il versait avec tant d'abondance et de continuité, qu'elles l'empêchaient quelquefois de dormir. Il se réjouissait dans ses infirmités, qui lui fournissaient l'occasion de pratiquer la mortification et le renoncement à lui-même. Il déplorait avec amertume les ris immodérés de sa jeunesse qui avaient eu leur principe dans un caractère extrêmement gai. A force de combats, il vint à bout de réprimer jusqu'aux mouvements indélibérés de la colère, et de se rendre tellement maître de lui-même, qu'il n'avait plus que de l'indifférence pour toutes les choses qui lui étaient auparavant les plus chères. Ses aumônes le rendaient toujours le plus indigent des hommes ; ses biens étaient à tous ceux qui se trouvaient dans le besoin, comme un port est à tous ceux qui sont sur mer. Personne n'aima jamais plus que lui la retraite et le silence. Il gémissait sur les dérèglements qu'entraîne la démangeaison de parler, et sur cette manie pitoyable qu'ont certaines gens de vouloir s'ériger en maîtres du genre humain.
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gabrielle
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Re: Famille de Saint Basile

Message par gabrielle »

Depuis longtemps Grégoire désirait rompre tout commerce avec les hommes, afin de vaquer plus librement au service de Dieu. Ce fut pour satisfaire à ce désir, qu'en 358, il alla rejoindre saint Basile qui vivait dans la solitude, près de la rivière d'Iris, dans la province du Pont. Les veilles, les jeûnes et la prière faisaient les délices de ces deux grands hommes; ils y joignaient le travail des mains, le chant des psaumes et l'étude de l'Écriture sainte. Ils suivaient pour l'explication des divins oracles, non leurs propres lumières ni leur esprit particulier, mais la doctrine des anciens Pères et des Docteurs de l'Eglise .

Grégoire ne resta dans la solitude qu'autant de temps qu'il lui en fallut pour connaître les douceurs que l'on y goûte. Son père, âgé de plus de quatre-vingts ans, le rappela, afin qu'il l'assistât dans le gouvernement de son diocèse. Pour en tirer plus de secours, il l'ordonna prêtre de force, et lorsqu'il s'y attendait le moins. Il en usa de la sorte parce qu'il connaissait les sentiments de son fils à l'égard du sacerdoce, et la difficulté qu'il aurait de le faire consentir à recevoir l'imposition des mains. On met communément cette ordination au jour de Noël de l'année 361.

Le Saint se plaignit hautement de la violence qu'on lui avait faite. Il était inconsolable de son ordination ; il prit la fuite, et alla trouver son ami Basile pour déposer dans son sein la douleur dont il était accablé. Plusieurs personnes improuvèrent sa manière d'agir. On disait que sa fuite venait d'orgueil, d'opiniâtreté ou de quelqu'autre motif semblable. Bientôt Grégoire se condamna lui-même. Le châtiment de Jonas, puni pour avoir désobéi aux ordres de Dieu, lui inspira d'autres sentiments. Il revint à Nazianze, d'où il était absent depuis dix semaines, et y prêcha son premier sermon le jour de Pâques.
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gabrielle
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Re: Famille de Saint Basile

Message par gabrielle »

Ce discours fut bientôt suivi d'un second qui porte le titre d'Apologie, parce que le Saint y justifie sa fuite. La matière qui en fait le sujet est très-importante. Grégoire y traite de la dignité et des dangers du sacerdoce, des devoirs des prêtres, de la sainteté requise pour approcher de l'autel et pour paraître devant un Dieu qui est la pureté même ; de la difficulté de gouverner les consciences, et d'appliquer les remèdes convenables aux différentes maladies des âmes : de la science nécessaire aux ministres sacrés, afin qu'ils puissent éclaircir les doutes des fidèles et réfuter les erreurs. De tout ce détail, il conclut qu'il a eu raison de trembler à la vue du fardeau dont on voulait le charger, et qu'il a dû au moins se préparer quelque temps au sacerdoce par la prière, la pénitence et la méditation. Il est vrai, ajoute-t-il, que la crainte du compte terrible que Dieu demandera de la conduite des âmes m'a fait quelque temps refuser le travail ; mais, comme un autre Jonas, je suis revenu pour accomplir les devoirs de l'état auquel j'ai été appelé. J'espère que l'obéissance me soutiendra au milieu des dangers et qu'elle m'obtiendra de Dieu les grâces dont j'ai besoin.

Dans le discours dont nous venons de parler, saint Grégoire loue l'église de Nazianze pour l'union de ses membres et leur attachement à la vraie foi. Malheureusement cette unanimité fut troublée sur la fin du règne de Julien . L'évêque de Nazianze signa un écrit dressé par les partisans secrets de l'arianisme, et conçu en termes équivoques et captieux. Il s'y était prêté par complaisance pour quelques personnes qu'il espérait faire rentrer dans le sein de l'Eglise : mais cette démarche imprudente scandalisa ses diocésains ; les plus zélés, surtout les moines, refusèrent de communiquer avec lui. Son fils, prévoyant les suites funestes de cette division, mit tout en œuvre pour l'étouffer dès sa naissance, et il sut si bien manier les esprits, qu'il réconcilia parfaitement le troupeau avec le pasteur. Dans cet accommodement, il joignait la fermeté à la douceur, en sorte qu'il n'accorda rien à l'erreur de ceux qui avaient séduit son père, et qui, en lui arrachant une souscription, avaient fait douter de la pureté de sa foi. Il prononça un beau discours à l'occasion du rétablissement de la paix dans l'église de Nazianze.
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