Défense des Papes et de la Papauté par S. Robert Bellarmin

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Abbé Zins
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Saint Robert Bellarmin [i]De Romano Pontifice[/i] a écrit :
Saint Robert Bellarmin De Romano Pontifice

Livre IV Du Pouvoir Spirituel du Souverain Pontife


Chapitre III : Démonstration de la première assertion sur le jugement infaillible du Souverain Pontife.



Soit donc la 1e assertion : Le Souverain Pontife quand il enseigne toute l’Eglise dans ce qui se rapporte à la Foi ne peut errer en aucun cas. Elle s’oppose aux 1e et 2e opinions, et expose la 4e.

Elle se démontre, 1° par cette promesse faite par le Seigneur en Saint Luc (22) : Simon, Simon (cela est en effet exprimé ainsi en la version grecque) voici que Satan désire ardemment vous cribler comme du froment ; mais Moi j’ai prié pour toi en sorte que ta foi ne défaille point, et toi, quand tu seras converti, confirme tes frères.

Passage qui est habituellement exposé de trois manières.

1°) Par les Parisiens [ceux de l’Université de Théologie de Paris], que le Seigneur a prié ici pour l’Eglise universelle, ou pour Pierre, en tant qu’il figurait toute l’Eglise, afin que la Foi de l’Eglise Catholique ne défaille jamais. Exposition qui, si on la comprenait comme tenant que la prière a été faite de façon directe pour la tête de l’Eglise et par voie de conséquence pour tout le corps représenté par la tête, serait vraie. Mais eux ne l’entendent point ainsi. Ils veulent que la prière ait été faite pour la seule Eglise.

En ce sens, cette exposition est fausse :

1° Parce que le Seigneur a désigné seulement une personne, disant deux fois : Simon, Simon, ce à quoi s’ajoute l’emploie du pronom à la seconde personne : pour toi, ta foi, tes frères. A quoi bon cela, sinon pour donner à entendre une chose demandée par le Christ spécialement pour Pierre.

2° Parce que le Seigneur a commencé à parler au pluriel : Satan désire ardemment vous cribler, puis Il change tout à coup le mode d’expression et dit : mais Moi j’ai prié pour toi ; pourquoi n’a-t-Il point dit : pour vous, comme Il avait commencé ? Assurément, s’Il parlait de toute l’Eglise, Il aurait dit plus correctement : j’ai prié pour vous.

3° Le Seigneur prie pour celui auquel Il dit : et toi, quand tu seras converti, or il est certain que cela ne peut point convenir à toute l’Eglise, à moins que nous disions que toute l’Eglise devrait être un temps pervertie, en sorte qu’ensuite elle se convertisse à nouveau.

4° Il prie pour celui auquel Il dit : confirme tes frères ; or l’Eglise n’a point de frères qu’Elle devrait ou pourrait confirmer. Qui en effet, je le demande, pourraient être tenus pour des frères de l’Eglise universelle ? (1) Tous les fidèles ne sont-ils pas ses enfants ? (Col. 735s)

(1) Visiblement, le Saint Docteur ne lui connaît point de pseudos “frères séparés” ; cela ne lui venant même pas à l’esprit ! Il a fallu l’intrus P 6 pour inventer pareil concept inepte !
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Abbé Zins
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Chapitre III : Démonstration de la première assertion sur le jugement infaillible du Souverain Pontife.



2°) Une autre façon d’exposer est celle de quelques-uns vivant en ce temps, qui expliquent qu’en ce passage le Seigneur prie pour la persévérance jusqu’à la fin du seul Pierre dans la grâce de Dieu.

Mais s’y oppose :

1° Que le Seigneur a prié peu avant pour la persévérance de tous les Apôtres et même pour celle de tous les élus : Père Saint, conservez en votre Nom ceux que vous m’avez donnés. (Jn. 17). Il n’y avait donc point de raison qu’Il prie à nouveau pour la persévérance de Pierre.

2° Car il ne fait point de doute que le Seigneur a demandé ici quelque chose de spécial pour Pierre, comme le rend manifeste la désignation d’une certaine personne, tandis que la persévérance dans la grâce est un don commun à tous les élus.

3° Parce qu’il est certain que le Seigneur prie au moins de façon médiate aussi pour les autres Apôtres. En effet, tel est le motif pour lequel Il a commencé par énoncer la cause de la prière : Satan désire ardemment vous cribler, et a ensuite ajouté comme conséquence : confirme tes frères. Le Seigneur n’a donc point prié pour la seule persévérance de Pierre, mais pour qu’un autre don soit communiqué à Pierre pour l’utilité des autres.

4° Le don demandé en ce passage pour Pierre, se rapporte aussi à ses Successeurs. Car le Christ a prié pour Pierre en vue de l’utilité de l’Eglise. Or l’Eglise a toujours besoin d’être confirmée par quelqu’un dont la foi ne puisse défaillir. En effet le Diable n’a point cherché à cribler seulement ceux qui étaient fidèles alors, mais tous ceux qui le sont, or le don de persévérance (personnelle) ne se rapporte point à tous les Successeurs de Pierre. En outre, le Seigneur n’a pas dit : j’ai prié pour que ne défaille point ta charité, mais : ta foi ; et, par la réalité elle-même, nous avons que Pierre a défailli en la charité et la grâce quand il a nié le Seigneur, tandis que nous ne savons point que sa foi ait jamais failli.
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Abbé Zins
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Chapitre III : Démonstration de la première assertion sur le jugement infaillible du Souverain Pontife.



C’est donc la 3e explication qui est juste, à savoir que le Seigneur a demandé pour Pierre deux privilèges.

1° Que lui-même ne puisse jamais perdre la vraie Foi, quelque soit la force avec laquelle le Diable le tente, ce qui est quelque chose de plus que le don de persévérance : en effet, est dit persévérer jusqu’à la fin celui qui, même s’il chute parfois, se relève cependant et se trouve être fidèle à la fin ; tandis que le Seigneur a demandé pour Pierre qu’il ne puisse jamais chuter, pour ce qui se rapporte à la Foi.

2° L’autre privilège est que lui-même, en tant que Pontife, ne puisse jamais enseigner quelque chose contraire à la Foi, soit que jamais en son Siège ne se trouve quelqu’un qui enseignerait quelque chose de contraire à la vraie Foi.

De ces privilèges, le premier n’est peut être point passé aux suivants (ad posteros), mais le second est sans aucun doute demeuré aux suivants, à savoir ses Successeurs (ad posteros, sive Successores). (Col. 736)
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Abbé Zins
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Chapitre III : Démonstration de la première assertion sur le jugement infaillible du Souverain Pontife.



Au sujet du premier privilège, nous avons des témoignages expresses des anciens.

Saint Augustin (L. De correptione et gratia, ch. 8) : Quand Il a demandé que sa foi ne défaille pas, Il a demandé qu’il ait dans la Foi la volonté la plus libre, la plus forte, la plus invincible, la plus persévérante.

Saint Jean Chrysostome (hom. 83 in Mt.) : Il n’a point dit, tu ne nieras pas, mais que ta foi ne défaille point. C’est en effet par sa sollicitude et faveur qu’il est arrivé que la foi de Pierre n’ait pas tout à fait défailli. Saint Théophile (in Lc. 22) : Bien que tu seras secoué un bref instant, tu garderas au fond de toi la semence de la foi, même si tu perds des feuilles sous le souffle te pénétrant, la racine survivra, et ta foi ne disparaîtra pas. Où il explique par une élégante comparaison, que Pierre en niant le Christ a perdu la confession de la Foi qui se fait par la bouche, les feuilles signifiant les paroles, pourtant il n’a point perdu la Foi par laquelle le coeur croit en vue de la justice (Rom. 10,10). Prosper (L. Sur l’appel des Nations, dernier ch.) l’expose de la même manière.

Même si ces Pères ne rappellent point l’autre privilège ils ne le nient point pour autant ni n’auraient pu le faire à moins d’avoir voulu contredire plusieurs autres Pères. (Col. 737)
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Abbé Zins
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Chapitre III : Démonstration de la première assertion sur le jugement infaillible du Souverain Pontife.



Pour l’autre privilège nous avons donc d’abord le témoignage de sept antiques et saints Pontifes.

Le Pape et Martyr (Saint) Lucius I (Ep. 1 aux Ev. des Gaules et d’Espagne) : L’Eglise Apostolique Romaine est la mère de toutes les Eglises, dont il est prouvé qu’elle ne s’est jamais écarté de la chaîne de la Tradition Apostolique, ni succombé en la perversité des nouveautés hérétiques, selon la promesse du Seigneur Lui-même, déclarant : J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point (Lc. 22,32).

(Saint) Félix I (Ep. Ad Benignum), parlant de l’Eglise Romaine, dit que comme Elle a reçu au commencement la norme de la Foi Chrétienne de ceux qui l’ont fondée, des princes des Apôtres du Christ, Elle demeure sans tache en conformité avec ceci, J’ai prié pour toi..

(Saint) Léon I (Serm. 3 Anniv. Elect.) déclare : Un secours spécial est accordé à Pierre par le Seigneur, et Il a prié tout particulièrement pour lui en sorte de rendre plus sûre la stabilité des autres dans le futur, par le fait que l’esprit du Prince ne soit point surmonté. En Pierre donc la force de tous est fortifiée, et le secours est ainsi agencé par la grâce divine, en sorte que la fermeté accordée par le Christ à Pierre, soit conférée aux autres Apôtres par Pierre.
Passage en lequel (le Pape Saint) Léon reconnaît comme sien ces deux privilèges ; le premier, quand il dit : par le fait que l’esprit du Prince ne soit point surmonté ; le second quand il ajoute : en sorte que la fermeté accordée par le Christ à Pierre, soit conférée aux autres Apôtres par Pierre. Car il ne confère la fermeté aux autres nullement autrement qu’en exposant la vraie Foi.

Le Pape (Saint) Agathon (Ep. à l’Emp. Constantin, lue en la Sess. 4 du VIe Concile, et approuvée par tous en la 8e Sess.) : Telle est la véritable règle de la Foi que, tant dans les prospérités que dans les adversités a tenu avec vivacité l’Eglise Apostolique du Christ, dont il est prouvé que par la grâce de Dieu elle ne s’est jamais écarté de la chaîne de la Tradition Apostolique, ni succombé en la perversité des nouveautés hérétiques, parce qu’il a été déclaré à Pierre : Simon, Simon, voici que Satan etc.., et : J’ai prié pour toi ; et, qu’en cela, le Seigneur ait promis que la Foi de Pierre ne défaillirait point, et lui a demandé de confirmer ses frères, ce que les Pontifes Apostoliques, les prédécesseurs de ma petitesse, ont toujours fait avec confiance, est reconnu par tous.

(Le Pape Saint) Nicolas I (Ep. à l’Emp. Michel) : Les privilèges de ce Siège sont perpétuels, divinement plantés et enracinés, ils peuvent être maltraités mais non transférés, tiraillés mais non arrachés. Ce qu’ils ont été avant votre commandement, ils le demeurent, grâce à Dieu, jusqu’ici intacts, et le demeureront après vous, et tant que le nom Chrétien sera prêché, ils ne cesseront de subsister.
Et plus loin, montrant d’où vient que ceci soit prêché de manière si absolue, il déclare : En effet, parmi d’autres, voici un témoignage par lequel ces privilèges nous ont été principalement conférés : Et toi, revenu, s’est-il entendu dire par le Seigneur, confirme tes frères.

(Le Pape Saint) Léon IX (Ep. à Pierre d’Antioche) : Assurément, il est le seul pour lequel le Seigneur et Sauveur assure avoir prié pour que sa foi ne défaille point, disant : J’ai prié pour toi, etc. Ce que cette vénérable et efficace prière a obtenu jusqu’ici, que la foi de Pierre ne défaille point, conduit à croire qu’elle ne défaillira point sur son Trône.

(Le Pape) Innocent III (Ep. à l’Ev. d’Arles, et ch. Majores, du Bapt. et de ses effets) : Que les causes majeures de l’Eglise, surtout contenant des articles de foi, soient à référer au Siège de Pierre, est compris par qui sait que le Seigneur a prié afin que sa foi ne défaille point.

Il apparaît que l’on doit tout à fait croire ces Pontifes, tant en raison de leur sainteté que parce qu’il ne fait aucun doute que l’autorité de leur Siège doit être principalement connue par eux-mêmes.
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Abbé Zins
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Chapitre III : Démonstration de la première assertion sur le jugement infaillible du Souverain Pontife.



Outre ces Pontifes, il ne manque pas d’autres auteurs qui exposent cela de la même manière.

(S.) Théphylact (in Lc. 21) enseigne ouvertement que ce privilège a été donné à Pierre parce qu’il allait être le prince et la tête des autres, et pour cela-même a été accordé à ceux qui lui succèdent dans le principat : Parce que je te constitue, dit-il, prince des disciples, confirme les autres. Cela convient pour toi, qui sera derrière moi pierre et fondement.

(S.) Pierre Chrysologue, en sa lettre à Euthychès publiée dans le premier tome sur les Conciles, avant le Concile de Calcédoine : Nous t’exhortons, dit-il, honorable frère, à prendre avec obéissance en considération ce qui est écrit par le Pape de la Ville de Rome, parce que le bienheureux Pierre, qui vit et préside en son propre Siège, donne à ceux qui cherchent la vérité de la foi. Bien que cet auteur ne cite pas ici le passage de l’Evangile : J’ai prié pour toi.., il l’a assurément à l’esprit quand il affirme avec une telle assurance que le Siège de Rome donne à tous ceux qui cherchent la vérité de la foi.

(S.) Bernard, en sa lettre 90 à (au Pape) Innocent, écrit : Il importe d’en référer à votre autorité apostolique (vestrum Apostolatum) surtout dans les périls et les obstacles s’opposant au règne de Dieu qui se rapportent à la foi. Car j’estime que c’est surtout là où la foi ne peut sentir de défaillance que peuvent être surmontés les dangers contre la foi. A quel autre siège a-t-il été dit en effet : J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille point ?
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On objecte à l’encontre de cette exposition. 1° Que l’Eglise Romaine (locale) n’existait pas quand le Christ a promis à Pierre que sa foi ne défaillirait pas, et que le Seigneur n’a fait aucune mention du Siège de Rome. Comment peut-on dès lors en déduire que le Seigneur ait promis quelque chose au Siège de Rome ? quand Il a dit : J’ai prié pour toi. 2° Car si ce qu’Il a dit à Pierre : J’ai prié pour toi se rapportait aussi à ses Successeurs, alors ce qui suit : Quand tu seras converti s’y rapportait de même à ses Successeurs, et dès lors tous les Successeurs de Pierre devraient un moment renier le Christ et se convertir ensuite.

Je réponds au 1° que le Christ est dit avoir demandé pour le Siège Romain, parce que qu’Il a imploré pour Pierre et ses Successeurs, dont le Siège allait être établi à Rome. Pour le 2°, je dis 1° qu’il n’est point absurde que nous rapportions le conversus non à la pénitence de Pierre mais aux tentations des autres, en sorte que le sens ne soit point : Toi, une fois converti par la pénitence, confirme tes frères, mais : Toi, dont la foi ne peut défaillir, quand tu verras d’autres hésitant et vacillant, tourné vers eux, confirme-les ; car ce n’est point alors mais après qu’Il a prédit à Pierre sa chute : il paraît absurde qu’Il ait pu prédire la conversion avant l’aversion, le relèvement avant la chute.

Je dis 2° que si l’on rattache conversus à la négation, cela ne conviendrait point nécessairement aux Successeurs de Pierre de revenir d’un péché de reniement, tandis qu’il leur revient nécessairement de confirmer les frères. Car se convertir d’un péché ne convient aux hommes qu’en tant qu’ils sont des personnes privées, et cela relève donc d’un don personnel, tandis que confirmer les frères revient à un homme en tant qu’il est tête et chef des autres, ce qui se transmet aux successeurs.
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Chapitre III : Démonstration de la première assertion sur le jugement infaillible du Souverain Pontife.



On prouve la même conclusion 2° par cette promesse faite à Pierre (Mt. 16,18) : Sur cette pierre j’édifierai mon Eglise, et les portes de l’Enfer ne prévaudront point contre elle. En effet, comme nous l’avons montré plus haut (L. 1 ch. 10), Pierre est dit selon le sens littéral la pierre et le fondement de l’Eglise, en tant que Chef Souverain (Summus Rector) de l’Eglise, et par conséquent, chacun de ses Successeurs est la pierre et le fondement de l’Eglise.

De là découle un double argument.

1° D’abord, en raison du nom de pierre. Car pourquoi le Pontife est-il dit une pierre, un roc, si ce n’est en raison de la solidité et de la constance ? Assurément, s’il est une pierre, il n’est point brisé, ni ballotté à tout vent de doctrine, en d’autres termes, il n’errera point dans la foi au moins en tant que pierre, à savoir, en tant qu’il est le Pontife.

2° Ensuite, en tant que fondement soutenant l’édifice, qui ne peut d’aucune manière être renversé. En effet, si l’édifice est tel qu’il ne puisse être renversé, assurément son fondement ne peut point non plus être renversé. Car il est impensable que le fondement puisse être détruit sans que la maison ne tombe. Et même, c’est à plus forte raison que le fondement ne peut être détruit, si la maison ne peut s’effondrer. Car ce n’est point le fondement qui reçoit sa fermeté de la maison, mais la demeure qui la reçoit du fondement, et c’est de cette façon que l’ont exposé tous les Pères, et ils ont déduit de là que Pierre, et en conséquence les autres Pontifes, ne peuvent errer.

Origène, dit sur ce passage : Il est manifeste, même si cela n’est pas exprimé, que ni contre Pierre, ni contre l’Eglise, les portes de l’Enfer ne pourront prévaloir, car si elles prévalaient contre la pierre en laquelle l’Eglise est fondée, elles prévaudraient aussi contre l’Eglise.

(S. J.) Chrysostome dit sur ce passage que Dieu seul a pu faire que l’Eglise, fondée sur un homme sans noblesse et simple pêcheur, ne soit point tombée, devant les assauts de tant de tempêtes.

(S.) Cyrille, cité par S. Thomas en sa Catena sur ce passage, dit : Selon cette promesse l’Eglise Apostolique de Pierre demeure immaculée de toute séduction et tromperie hérétique..

Théodoret, en sa lettre au Prêtre Romain René, écrit : Ce Saint Siège tient le gouvernail pour régir les Eglises (particulières, les Evêchés) de toute la terre, en tant qu’il demeure pour les autres comme pour soi exempt de la flétrissure de l’hérésie. On voit Théodoret ainsi argumenter en faveur du Siège où doit se trouver la direction de toute l’Eglise, qui ne peut défaillir dans la foi ; or nous voyons que seul le Siège Romain est, et a été, exempt de toute dépravation hérétique ; il est donc manifeste que là se trouve ce Siège auquel a été donné la direction des Eglises.

(S.) Jérôme, en sa lettre à (au Pape) Damase sur le terme hypostase, après avoir écrit : son Eglise édifiée sur cette pierre, ajoute : Je vous prie de m’indiquer par l’autorité de vos lettres s’il faut taire ou proclamer trois hypostases ; je ne craindrai pas de parler de trois hypostases si vous le commandez. Lieu en lequel qu’il suivra avec sûreté la sentence du Pontife, parce qu’il sait que l’Eglise est fondée sur lui, et qu’il ne peut se faire que le fondement de l’Eglise tombe.

Saint Augustin, en son Psaume contre le parti de Donat, s’exprime ainsi : Dénombrez les Prêtres ou les Pontifes en leur ordre par rapport au Siège de Pierre, voyez qui y succédera, telle est la pierre que ne vainquent point les portes orgueilleuses de l’Enfer.

(Le Pape S.) Gélase, en sa lettre à l’Empereur Anastase, écrit : C’est ce dont se garde le Siège Apostolique, en sorte que, puisque la glorieuse confession de l’Apôtre en est la racine sans tache, aucune chenille de dépravation, aucune autre contagion ne le macule. Car si (ce que Dieu écarte, et ce que nous tenons avec confiance ne point pouvoir se faire) il arrivait une chose de la sorte, d’où nous viendrait l’assurance de résister à l’erreur ? Lieu en lequel Gélase enseigne que le Siège Apostolique ne peut errer, car puisque sa prédication et confession est la racine (de celle) du monde (entier), si elle-même errait, le monde entier errerait.

(Le Pape) Saint Grégoire, en sa lettre 32 à (l’Empereur) Maurice démontre qu’il ne peut se faire que l’Evêque de Constantinople soit l’Evêque universel, et par conséquent, la tête de toute l’Eglise, puisque de multiples Evêques de Constantinople furent publiquement hérétiques, et qui plus est hérésiarques, comme Macédonius et Nestorius. Il semble en effet suivre que toute l’Eglise chute si chute celui qui est l’(Evêque) universel. Le même, au L. 6 ch. 37 à Euloge, écrit : Qui ne sait pas que la Sainte Eglise est affermie par la solidité du Prince des Apôtres ? auquel il a été dit : Sur cette pierre j’édifierai mon Eglise ; et aussi : Et toi une fois retourné, confirme tes frères. Lieu où (S.) Grégoire enseigne ouvertement que la fermeté de l’Eglise dépend de la fermeté de Pierre, et par conséquent, que Pierre peut encore moins errer que l’Eglise.
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3° On le prouve par ce passage du dernier chapitre de l’Evangile selon Saint Jean : Pais mes brebis. Il a en effet été montré plus haut (L I ch. 14 à 16) que par ces paroles le Pontife a été institué pasteur et docteur de toute l’Eglise. De là découle cet argument. Le Pontife étant pasteur et docteur de toute l’Eglise, il s’ensuit que s’il errait, toute l’Eglise errerait.

Ils répondront : L’Eglise doit l’écouter s’il enseigne droitement, autrement il faut davantage écouter Dieu que les hommes.

Contre cela, qui jugera alors si le Pontife enseigne droitement ou non ? Car il ne revient pas à tous de juger si le pasteur s’égare, en outre, surtout dans les choses vraiment douteuses, les brebis Chrétiennes n’ont point d’autre juge ou docteur plus élevé auquel elles puissent recourir. En effet, comme nous l’avons montré plus haut (L 2 ch. 13 et 14) de toute l’Eglise on peut en appeler au Pontife, mais à son encontre on ne le peut : par conséquent, toute l’Eglise errerait nécessairement si le Pontife errait.

Ils répondront à nouveau, qu’il serait possible de recourir à un Concile général. Contre cela, outre que nous montrons en notre traité sur les Conciles que le Pape est au-dessus du Concile, on constate que des Conciles généraux ont souvent erré quand il leur a manqué le suffrage du Souverain Pontife, comme il résulte du 2e d’Ephèse, de celui de Rimini, et d’autres.

Ils répondront que l’on pourrait recourir à un Concile général en lequel se trouverait aussi le Pontife, car le Concile avec le Pape serait supérieur au Pape seul.

Mais contre cela, 1° c’est au seul Pierre que le Seigneur a dit : J’ai prié pour toi, et : Pais mes brebis ; il ne l’a point dit à Pierre et au Concile. 2° De même, c’est seulement Pierre qu’il a appelé pierre et fondement, non Pierre avec le Concile. D’où il apparaît que toute la fermeté des Conciles légitimes vient du Pontife, et non pas en partie du Pontife, en partie du Concile. 3° Ensuite, souvent on ne peut réunir un Concile général, comme cela n’a point été possible durant les 300 premières années à cause des persécutions des païens, et cet état de l’Eglise pouvait sans doute durer jusqu’à la fin du monde ; par conséquent, il doit y avoir dans l’Eglise même sans Concile général un Juge qui ne puisse errer. 4° Enfin, qu’adviendrait-il si en un tel Concile les Pères ne s’accordaient point avec celui qui les préside, en d’autres termes, le Concile avec le Souverain Pontife présent et présidant ? Il n’y aurait plus du tout de remède ? Assurément, quelqu’un devrait être le Juge ? En un tel cas, ce ne serait point le Concile le Juge, puisque les Conciles quand ils sont séparés du Pontife, peuvent errer, et errent de fait, comme nous l’avons dit du 2e d’Ephèse et d’autres.

Reste donc que le Pape soit le Juge, et par conséquent qu’il ne puisse errer.
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4° Cela se prouve par l’Ancien Testament, qui fut la figure du nouveau. Le Seigneur commande (en Ex. 28) que soit placée dans le rational du Souverain Pontife la doctrine, et la vérité. En Hébreux, urim ve thummum. Or il faut observer qu’il n’y a point unanimité, ni parmi les Hébreux, ni parmi les Chrétiens, en quoi consistent ces deux mots.

R. Sal. Veut qu’il s’agisse du Nom de Dieu Adonaï inscrit sur le rational, dont le resplendissement faisait connaître au Prêtre la réponse divine quand il était interrogé par quelqu’un. Arias Montanus enseigne qu’en son apparat se trouvaient deux pierres très brillantes, produites immédiatement par Dieu et données à Moïse ; (Flavius) Joseph, (Antiq. L 3 ch 12) qu’il s’agissait des douze pierres mêmes en lesquelles étaient inscrits les noms des douze fils d’Israël que Dieu avait ordonné de placer dans le rational, et en ce passage il ajoute de multiples fables.

Est plus probable ce qu’écrit le D. (S.) Augustin (Q. 118 in Ex.) que ces mots eux-mêmes étaient inscrits sur un tissu doré au milieu du rational qui pendait devant la poitrine du (Grand-)Prêtre. Ne s’y oppose point ce que disent les Juifs et les Judaïsants, qu’urim ne signifie point doctrine mais splendeur, de la racine or, et thummum ne signifie point vérité mais perfection, de la racine thaminain.

Car il faut croire davantage (S.) Jérôme qui traduit doctrine et vérité, et les Septante interprètes qui traduisent semblablement δηλωσιμ ή αλϰθειαμ, que tous les Rabbins. Et de là il faut dire urim vient de la racine iarah qui signifie instruit, et thummum de la racine aman qui signifie il a cru.

La raison pour laquelle était inscrit sur la poitrine du Grand-Prêtre doctrine et vérité est expliquée en Deutéronome 17,8s où le Seigneur a commandé à ceux qui doutaient sur l’intelligence de la loi divine qu’ils montent vers le Souverain Prêtre et cherchent auprès de lui la solution, et il ajoute : qui (lui et les autres Prêtres) jugeront pour toi la vérité du jugement.

Le Seigneur a donc promis tant par une signe que par une parole qu’en la poitrine du Souverain Prêtre se trouvera la doctrine, et la vérité, et par conséquent que celui-ci n’errera point quand il enseignera le peuple.

Si cela convenait au Sacerdoce Aaronite, assurément bien davantage au Sacerdoce Chrétien. Ce pour quoi le B. Pierre de Ravenne, cité un peu plus haut, a exhorté Eutychès, à prendre avec obéissance en considération ce qui est écrit par le Pape de la Ville de Rome, parce que le bienheureux Pierre, qui vit et préside en son propre Siège, donne à ceux qui cherchent la vérité de la foi.
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