Défense des Papes et de la Papauté par S. Robert Bellarmin

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Abbé Zins
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Livre IV Du Pouvoir Spirituel du Souverain Pontife


Chapitre III : Démonstration de la première assertion sur le jugement infaillible du Souverain Pontife.



5̊ Cela se prouve par l’expérience, et cela doublement.

Car on constate d’abord que tous les Sièges Patriarcaux ont défailli dans la foi, au point que des hérétiques et des professant et enseignant l’hérésie y ont siégé, excepté le Siège de Rome.

Dans le Siège de Constantinople ont siégé les hérésiarques Macedonius, Nestorius, Sergius. A Alexandrie les Ariens Georges et Lucius, les Monothélistes Dioscorus, Eutychès, Cyrrhus et autres. A Antioche, l’hérésiarque Paul de Samosate, Pierre de Gnaphe, Eutychien, et le Monothéliste Macarius. A Jérusalem, l’Origéniste Jean, et avant lui les Ariens Irenaus et Hilainus ont siégé.

Rien de tel ne peut être montré de l’Eglise Romaine, ce par quoi il apparaît que c’est vraiment pour elle que le Seigneur a prié afin que sa foi ne défaille point. Aussi Ruffinus, en l’exposé du Symbole, déclare : Dans l’Eglise de la Ville de Rome pas la moindre hérésie n’a eu de commencement, et rien n’est plus antique que sa coutume.

Une autre expérience est que le Pontife Romain a condamné de multiples hérésies sans Concile général, comme celles des Pélagiens, des Priscilliens, de Jovinius, de Vigilance et de nombreuses autres, qui par le fait même ont été tenues pour de véritables hérésies par toute l’Eglise du Christ, et qu’Elle a eu en horreur ces hérésies condamnées par le Pontife Romain.

C’est donc le signe que toute l’Eglise avait le sentiment que le Pontife Romain ne pouvait errer en ce genre de matières. Voyez Prosper (d’Aquitaine) à la fin de son livre contre le Collator, et le Diacre Pierre en son livre de l’Incarnation et de la grâce du Christ, (adressé) à Fulgence.
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Abbé Zins
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Ch. IV. De l’Eglise locale (ou particulière) de Rome



Seconde proposition : Non seulement le Pontife Romain ne peut pas errer dans la foi, mais l’Eglise locale (ou particulière) de Rome non plus.

Il importe d’observer en ce lieu, que c’est en un autre sens que l’on doit entendre la fermeté de l’Eglise Romaine dans la foi, et celle du Pontife ; en effet, le Pontife ne peut point errer par une erreur de jugement (errore judiciali), c.à.d. quand il juge et définit une question de foi, tandis que l’Eglise Romaine (locale), à savoir le Clergé et le peuple de Rome, ne peut errer d’une erreur personnelle (errore personali), en sorte qu’absolument tous errent, et qu’il n’y ait pas du tout de fidèles dans l’Eglise Romaine et d’adhérents au Pontife. Car si, toutefois, chacun pris à part peut errer, il ne peut pourtant pas se faire que tous errent ensemble et que toute l’Eglise Romaine devienne apostate.
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Abbé Zins
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Ch. IV. De l’Eglise locale (ou particulière) de Rome



Il faut observer en outre que l’Eglise Romaine ne puisse errer dans le sens expliqué, peut encore être entendu doublement.

D’abord, qu’elle ne peut errer, le Siège Apostolique persistant (demeurant) à Rome, mais pas si le Siège (en) est enlevé. (ut non possit errare persistente Romae Apostolica Sede, secus autem si Sedes auferetur.)
Ensuite, que simplement elle ne puisse errer ou défaillir, parce que le Siège Apostolique ne peut nullement être transféré ailleurs qu’à Rome.

Et assurément le premier sens clarifie le second qui est très vrai et aussi assuré que le premier au sujet du Pontife. En effet, les auteurs cités, les Papes Martyrs comme Lucius et Félix, les Papes Confesseurs Agathon et Nicolas, ainsi que Cyrille et Rufin, affirment que non seulement le Pontife mais aussi l’Eglise Romaine ne peut errer.
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Abbé Zins
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Ch. IV. De l’Eglise locale (ou particulière) de Rome



En outre, S. Cyprien (L 1 Ep. 2) écrit : Qu’ils n’hésitent pas à naviguer vers la Chaire de Pierre, et l’Eglise principale, et se rappellent qu’ils sont des Romains auprès desquels la perfidie ne peut avoir accès.

S. Jérôme (L 3 Apol. Contre Rufin) écrit : Je sais que la foi Romaine louée par la voix Apostolique ne reçoit point ces sortes d’artifices : même si un Ange annonçait autre chose que ce qui a été une fois prêché, munie de l’autorité de Paul elle ne peut changer.

S. Grégoire de Naziance (3e chant de sa vie) écrit : Rome depuis les temps antiques a une foi droite et la retient toujours, comme il convient à la Ville (la Capitale) qui préside au monde entier de recevoir de Dieu une foi toujours intègre.

J’ajoute encore les témoignages de deux Pontifes qui, s’ils sont méprisés par les hérétiques, seront reçus avec honneur par les Catholiques. L’un est du pape Martin V qui, dans la Bulle qu’il a éditée pour approuver le Concile de Constance, range parmi les hérétiques ceux qui ont un autre sentiment sur les Sacrements et les articles de foi que celui de l’Eglise Romaine.
L’autre est du Pape Sixte IV qui, d’abord par le Synode Complutelem, ensuite également par lui-même, a condamné les articles d’un certain Pierre d’Osma, l’un de ces articles que l’Eglise de la Ville de Rome peut errer.

Et bien qu’il apparaît que cela doit être entendu principalement en raison du Pontife, toutefois puisque l’Eglise Romaine n’est point constituée seulement du Pontife mais du Pontife et du peuple, aussi quand les Pères ou les Pontifes déclarent que l’Eglise Romaine ne peut errer, ils veulent dire qu’il y aura toujours dans l’Eglise Romaine un Evêque enseignant Catholiquement, et un peuple croyant Catholiquement.
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Toutefois le second sens, selon lequel l’Eglise Romaine ne peut défaillir, est certes une sentence pieuse et très probable, non cependant tellement certaine que la contraire puisse être hérétique, ou manifestement erronée, comme l’enseigne avec justesse Jean Driedo (L 3 ch 3 p. 3 du dogme eccl et de l’Ecriture).

Qu’il ne soit point entièrement de foi que le Siège Apostolique ne puisse être séparé de l’Eglise Romaine est rendu patent parce que ni dans l’Ecriture, ni dans la Tradition il n’est exprimé que le Siège Apostolique est tellement fixé à Rome qu’il ne puisse en être enlevé.

Et tous les témoignages des Pontifes et des Pères qui disent que l’Eglise Romaine ne peut errer peuvent être expliquée de l’Eglise Romaine en tant que le Siège Apostolique y demeure, mais non simplement et de manière absolue. (Et omnia testimonia Pontificum, et Patrum, qui dicunt, Romanam Ecclesiam non posse errare, possent exponi de Romana Ecclesia, donec in ea Apostolica Sedes permanet, non autem absolute et simpliciter.)
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Que cela soit néanmoins une sentence pieuse et très probable que la Chaire de Rome ne puisse être séparée de Rome, avec comme conséquence que l’Eglise Romaine ne puisse absolument pas errer, ni défaillir, se prouve d’abord du fait que le Siège Apostolique demeure à Rome depuis si longtemps, nonobstant d’innombrables persécutions et occasions d’en être transféré.

Car 1° l’occasion la plus pressante que le Siège soit transféré de Rome en un autre lieu a été au temps des Empereurs païens. Ceux-ci ont en effet très mal pris que le Siège Apostolique soit à Rome, et c’est pourquoi dès qu’ils apprenaient qu’un nouveau Pontife avait été établi, soit ils le tuaient, soit ils le déportaient en exil.

D’où le fait que (S.) Cyprien louant la constance du Pape (S.) Corneille, s’exprime ainsi (L 4 Ep 2) : Quelle vertu dans l’acceptation même de son Episcopat ? Quelle force d’âme, quelle fermeté dans la foi ? Siéger avec intrépidité à Rome en la Chaire Sacerdotale en un temps où le tyran hostile aux Prêtres de Dieu, menace avec de multiples tourments nommables et inommables, et apprend avec moins d’aigreur qu’un chef ambitieux se lève contre lui plutôt qu’un Prêtre de Dieu est établi à Rome.

Ensuite, la 2e occasion de transférer le Siège fut au temps des Goths : car d’abord au temps d’Innocent I Alaric prit Rome, la pilla, l’incendia, comme le rapporte (S.) Jérôme en sa Lettre à Principia sur le décès de Marcelle.

Ensuite, au temps de Léon I, Genséric prit à nouveau Rome, la pilla, comme l’écrit Blondus (L 2), qu’à ce moment Rome demeura sans le moindre habitant à l’entour.

De nouveau au temps du Pape Vigile, Totila dévasta Rome en grande partie abandonnée, et incendia presque toutes les maisons et la désola au point que nul homme ni femme n’y resta, comme l’écrit le même Blondus (L 6).

Enfin, toute le temps des Lombards les Pontifes Romains furent dans les plus grandes misères, comme cela résulte de multiples lettres du B. Grégoire.

Pourtant, pas une fois les Pontifes Romains ne songèrent à déplacer l’Episcopat Romain.
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La 3e occasion de transférer le Siège fut au temps de S. Bernard, en raison de la persécution par les citoyens de Rome eux-mêmes. Les citoyens Romains maltraitèrent durant de multiples années leurs Pontifes au point qu’ils forcèrent très souvent les Pontifes à s’exiler de la ville, comme cela découle tant de documents historiques que de la lettre 242 de S. Bernard au peuple Romain, et 243 à l’Empereur Conrad.

La 4e occasion fut quand les Pontifes Romains demeurèrent durant 70 ans en France. En effet, quand ils décidèrent de s’éloigner eux-mêmes de Rome avec toute la curie, pourquoi, je le demande, n’ont-ils point transféré le Siège ? Pourquoi n’ont-ils point changé l’Episcopat de Rome en celui d’Avignon ?

Ainsi donc, tandis qu’il y eut tant d’occasions de transférer le Siège, toutefois il demeura à Rome plus de 1.500 [et encore jusqu’au dernier Pontife légitime en 1958 ; en encore aujourd’hui, en droit, malgré l’occupation présente par une série d’antipapes intrus.], il est donc grandement probable qu’il ne puisse d’aucune manière être transféré.
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Cela peut 2° être prouvé du fait que Dieu Lui-même ordonna de fixer à Rome le Siège Apostolique de Pierre. Or ce que Dieu a ordonné ne peut être changé par les hommes.

Que Dieu l’ait commandé, est attesté par le B. Pape Martyr Marcel en sa lettre aux habitants d’Antioche, en laquelle il dit que Pierre, sur le commandement du Seigneur, transféra son Siège d’Antioche à Rome.

En témoigne aussi le B. Ambroise dans le discours se rapportant aux basiliques à remettre, où il rapporte que le Christ a tout à fait voulu que Pierre demeure à Rome. Et, par conséquent, tandis que celui-ci fuyait, il lui dit : Je vais à Rome pour y être crucifié. [Episode du Quo vadis Domine ?] Ce qui est un signe manifeste que Dieu voulait par la mort de Pierre à Rome y fixer son Siège.

Ce qui résulte aussi du sermon (I de nat. Ap. Petr. et P.) de Saint Léon : Tu portes le trophée de la Croix du Christ dans la citadelle des Romains, où marchent devant toi par préordonnance divine tant l’honneur du pouvoir que la gloire de la passion.

Quelqu’un dira que cet argument semble plutôt prouver comme étant de foi que le Siège ne peut être transféré de Rome : car il est de foi que les préceptes divins ne peuvent être changés par les hommes ; si donc Dieu a ordonné de constituer à Rome le Siège, il semble qu’il soit de foi qu’il ne puisse être transféré ailleurs.

Je réponds que cela ne s’ensuit point, car les Pontifes Marcel et Léon n’ont point défini ce point comme étant de foi, mais l’ont rapporté comme une histoire. Or les récits des Pontifes ne sont point de foi, mais seulement leurs décrets.

Ensuite, ce qu’ils ont déclaré, que c’est par ordre du Seigneur que Pierre a transféré son Siège en la Ville, peut être entendu de deux manières. 1° Que le Seigneur apparaissant ouvertement à Pierre le lui ait commandé, et alors il serait vrai de dire que c’est par précepte divin que le Siège de Pierre a été constitué à Rome. 2° Que le Christ ne lui ait point ouvertement commandé cela, mais soit dit le lui avoir ordonné en tant que Pierre la fit sous l’inspiration divine, comme tous les décrets et préceptes de l’Eglise peuvent être dits divins tout en pouvant être modifiés.
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S’y ajoute que même s’il était établi que le Christ est (explicitement) commandé à Pierre d’établir le Siège à Rome, il ne s’ensuivrait pas forcément qu’il lui ait commandé de le faire d’une manière immuable. Puis donc qu’il n’est point établi de quelle façon le Christ à demander à Pierre d’établir le Siège à Rome, cela n’est donc point de foi, ni un précepte divin et immuable que le Siège soit établi à Rome. Cependant, comme nous l’avons dit, cela est très probable et à croire pieusement.

A cela ne s’oppose point qu’au temps de l’Antéchrist il semble que Rome doive être désolée et brûlée, comme cela se déduit du ch. 17 de l’Apocalypse. Car cela n’aura lieu qu’à la fin du monde, et par conséquent même en ce cas le Souverain Pontife serait et serait nommé le Pontife Romain, même sans habiter à Rome, comme cela est arrivé au temps du Roi des Goths Totila, comme nous l’avons dit [et pendant tous les exils temporaires, même longs comme celui d’Avignon, des Papes au cours de l’histoire.] En outre, (S.) Augustin et de nombreux autres ne pensent pas qu’en ce passage de l’Apocalypse il faille entendre de Rome la ville incendiée, mais de la multitude des impies, qui est la cité du Diable.
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Notons en passant, qu’on retrouve exposé le même enseignement, au sujet de l’indéfectibilité de l’Eglise locale de Rome avec un Pape légitime à sa tête, par le Docteur Commun :
Saint Thomas a écrit :
« Quant à la quatrième qualité, il faut savoir que l’Eglise est affermie. Or une demeure est dite affermie, d’abord si elle a de solides fondements. Mais le fondement principal de l’Eglise est le Christ : « Nul ne peut poser d’autre fondement que celui qui a été établi, qui est le Christ-Jésus.» (I Cor. 3,11).

Le second fondement sont les Apôtres et leur doctrine , c’est pourquoi Elle est ferme : « La Cité avait douze fondements sur lesquels sont inscrits les noms des douze Apôtres.» (Apoc. 21,14). De là vient que l’Eglise est dite Apostolique. De là aussi que, pour signifier la fermeté de cette Eglise, le Bienheureux Pierre en est dit le sommet, la tête, la clé de voûte (vertex).

Ensuite, la solidité d’une maison apparaît si elle ne peut pas être détruite par démolition (conquassata destrui). Or l’Eglise n’a jamais pu être détruite, ni par les persécuteurs ; qui plus est, Elle a d’autant plus grandi durant les persécutions, et tant ceux qui la persécutaient que ceux qu’Elle poursuivait ont défailli : « Celui qui tombera sur cette pierre, se brisera ; mais celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera .» (Mt. 21,44) ; ni par les erreurs ; qui plus est, plus les erreurs se sont multipliées, plus la vérité a été manifestée : « hommes corrompus en esprit, réprouvés en ce qui regarde la foi, mais ils n’ont pu aller plus loin » (II Tim. 3,8) ; ni par les tentations des Démons, car l’Eglise est une tour en laquelle se réfugie quiconque combat contre le Diable : « le Nom du Seigneur est une tour très forte » (Prov. 18,10).

C’est pourquoi le Diable s’évertue principalement à sa destruction, mais il ne prévaut point, car le Seigneur a déclaré : « et les portes de l’Enfer ne prévaudront point contre Elle » (Mt. 16,18), comme pour dire : ils combattront contre toi, mais ils n’auront point le dessus.

De là vient que seule l’Eglise de Pierre (en laquelle est contenue toute l’Italie, quand les disciples furent envoyés prêcher) fut toujours ferme dans la foi : et lorsque dans les autres parties (du monde) soit il n’y a nulle foi, soit mêlée avec de multiples erreurs, néanmoins l’Eglise de Pierre est vigoureuse et pure de toute erreur. Ce qui n’est point étonnant, puisque le Seigneur a dit à Pierre : « J’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille point.» (Lc. 22,32).»

(Saint Thomas, Com. In Credo, art. 9 vers la fin)
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