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gabrielle
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Message par gabrielle »

En égrenant le Chapelet


Prenant le chapelet qui s'use sous mes doigts,
Ce soir, j'ai récité l'Ave dix fois, vingt fois.
Ayant péché, j'étais d'une tristesse amère.
Mais, simplement, ainsi qu'un fils devant sa mère,
Mains jointes, à genoux, les yeux mouillés de pleurs,
J'ai répété : « Priez pour nous, pauvres pécheurs ! »
Et dans mon cœur déjà je sens la paix renaître.

Je crois, j'espère en Dieu, je sais qu'il est un maître
Miséricordieux, bon, clément, paternel.
Pourtant il est aussi, sur son trône éternel,
Mon juge, et quand je songe à ma vie, il me semble
Que je suis bien souillé, bien coupable, et je tremble.

Oui, mais la Bonne Vierge est là, qui me défend.

Souvenez-vous. Jadis, quand vous étiez enfant
Et, pour vous châtier de quelque grave faute,
Quand le père irrité se levait, la main haute,
Votre mère arrêtait le bras prêt à frapper.

Or, dans le saint récit qui ne peut nous tromper,
Jésus-Christ sur la croix, montrant Jean à Marie,
Lui dit : « Voilà ton fils ! » C'est pourquoi je la prie,
A l'heure de la mort, d'implorer mon pardon.
Car, quand Jésus lui fit ce mystérieux don,
Il lui léguait ainsi l'humanité chrétienne
Tout entière, et ta mère, ô Seigneur, est la mienne.

Ma mère, intercédez donc pour moi, s'il vous plaît.

Dans le creux de ma main, je vois mon chapelet,
Et, pour moi, ses grains noirs sont comme une semence
Qu'avec un grand espoir je jette au ciel immense.
Chaque Ave va bientôt, miracle merveilleux !
S'épanouir aux pieds de la Reine des Cieux
Et, suave parfum, ma prière fleurie
Montera doucement vers la Vierge Marie.

Août I9O4.
https://archive.org/stream/desversfrana ... 0/mode/2up
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Laetitia
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Gloire à l'Immaculée

                                                                                                                                                                                                             Le Très-Haut a sanctifié son tabernacle. (Ps. XLV, 5.)

Vierge, Mère de Dieu, pareille au météore
Éclairant le chaos du monde nébuleux,
Dès le commencement de l'éternelle aurore,
Vous brillez comme un astre au firmament des Cieux.

L'Auguste Trinité Vous bénit et honore.
Elle verse sur Vous son éclat radieux,
Sans cesse, avec amour, Dieu même Vous décore
De ses dons les plus purs et les plus gracieux.

Vierge, nouvelle Eve, ô Mère Immaculée,
Vous portez sur le front la Couronne Étoilée,
Et Jésus, votre Enfant sur la terre est béni.

Je suis votre enfant, ô Mère bien-aimée.
Répandez sur mon âme votre grâce embaumée,
Et que toujours mon cœur au Vôtre soit uni.


(poésies arrangées)
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Le Rosaire

                                                                                                                                                                                                             Je louerai assidûment votre Nom. (Eccl, LI, 15)

Réciter le Rosaire, au pied de la Madone,
C'est offrir chaque fois une belle couronne
A la Reine des cieux :
Les Roses des avé sont odoriférantes,
Ces symboliques fleurs sont encor plus riantes
Qu'un matin radieux.


Chanter trois fois cinquante avé dans le rosaire
Est pour un cœur sensible une douce prière :
C'est le chant de l'oiseau,
Qu'aux beaux jours du printemps il répète sans cesse,
Dans un joyeux bosquet que le zéphyr caresse,
Sur un frêle rameau.


Quel luth a des accords plus doux et plus suaves ?
Quel bois majestueux a des accents plus graves ?
C'est la voix du désert
Murmurant à la nuit sa grande symphonie ;
C'est l'hymne solennel ayant plus d'harmonie
Qu'un éclatant concert.


Écoutez ce refrain : "Vierge, je vous salue ! "
En le disant avec respect l'âme est émue,
Et bénit le Seigneur
De se voir confiée, en ce lieu de misère,
Aux bienveillantes mains de cette tendre Mère,
Qui veut notre bonheur.



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Message par Laetitia »

Je Vous salue ô Vierge auguste, douce, aimable,
Reine du ciel, trésor de grâce incomparable ;
Votre nom est béni !
Priez pour nous pécheurs, Vierge toute puissante,
Obtenez que la main de Dieu nous soit clémente,
Que le Bien infini,

A notre mort, se donne à nous en héritage,
Qu'ici-bas, nos cœurs aient la vertu pour partage,
Et que la pureté
Soit aussi de nos jours le plus bel apanage.
Votre nom, ô Marie, est loué d'âge en âge,
Et dans l'éternité.


Pour chanter vos bienfaits au ciel s'unit la terre :
Dans des transports d'amour, ils disent : " Gloire au Père,
Au Fils, au Saint-Esprit !
Béni soit le sein qui, comme en un Sanctuaire,
A renfermé Jésus, la divine Lumière,
Le Fils de Dieu, le Christ !"


La contemplation de sublimes mystères
Occupe notre esprit en disant nos rosaires :
D'abord, Jésus Enfant
Sous ses aimables traits, les phases de sa vie,
Le Calvaire, où des Juifs la haine est assouvie,
Puis, Jésus triomphant.


O mystères sacrés ! la sève évangélique,
Qui coule en vous, vous change en une fleur mystique
Étalant à mes yeux
L'éclat du lis des champs, de la rose empourprée
Et d'un bel épis mûr. Dans la source adorée
Du sang très précieux

De l'adorable Cœur, cette fleur, à merveille,
Comme au sein de la terre, au printemps, fait la treille,
Va puiser les vertus
Qui font que vers le ciel s'élève ma pensée :
Incomparable fleur, la grâce est ta rosée,
Qui te vient de Jésus.

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Message par Laetitia »


Les Mystères Joyeux


O Mystères joyeux, de vos lis parfumés
Les chagrins d'ici-bas se trouvent embaumés.
De l'aimable vertu j'admire le symbole
Dans vos riantes fleurs à la blanche corolle.
Vous faites contempler le plus beau des enfants,
Et le front le plus pur des fronts purs, souriants.

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Re: Poésie

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L'Annonciation

                                                                                                                                                                                                             Je Vous salue, ô pleine de grâce. (S. Luc, I, 28)

Allons à Nazareth. Tout est calme et tranquille ;
Dans un obscur ravin je contemple la ville
Semée au milieu des figuiers,
Des cyprès, des nopals à feuilles olivâtres.
Pas de palais ! Je n'y vois que des toits grisâtres,
Et bas, aux seuils hospitaliers.

Toujours, à Nazareth, règne un profond silence ;
On n'entend pas des flots la magique cadence,
De la foudre l'éclat affreux,
Le bruit du vent qui fait gémir la tourterelle,
Et qui cingle le flanc léger de la gazelle :
Ah ! Quel calme délicieux !

C'est dans cet humble lieu, que l'opulent déteste,
Qu'un ange aux ailes d'ambre, un jour se manifeste,
Avec plus de splendeur qu'un roi,
A celle qu'on nommait l'angélique Marie.
Cette modeste vierge était du ciel chérie,
Sans cesse elle gardait la loi.

La Vierge exulte et monte en extase ravie ;
Mais son âme bientôt de crainte est asservie.
Oiseau frappé du trait divin
Pourquoi trembler ainsi, Vous, la reine des anges,
Dont le cœur lumineux, pour chanter ses louanges,
Commence un cantique sans fin ?

C'est que l'ange Vous dit, en paroles de flammes :
« Salut, pleine de grâce, entre toutes les femmes,
Votre nom est à jamais béni ! »
Puis, il ajoute encore :  « Je vois en Vous la mère
Du Fils de Dieu. » — « Moi, mère ? Et de quelle manière ?
Tout homme est de mon toit banni ! »

« L'Esprit-Saint surviendra. Dans sa bonté profonde,
Couverte de son ombre, il Vous rendra féconde. »
« Je suis servante du Seigneur, »
Lui répondit la Vierge. O mystère sublime !
Le Verbe s'incarna. Quel ineffable abîme
D'anéantissement je vois en mon Sauveur !

Le Verbe s'est fait chair, Lui, la splendeur du Père,
La parole de Dieu, l'éternelle lumière,
Se voile sous un corps corruptible et mortel,
Et c'est bien cependant le Fils de l’Éternel ;
Dans les sommets des Cieux étincelle son trône,
De la gloire du Père est faite sa couronne,
C'est la lampe du ciel, c'est le divin flambeau,
Celui qui d'un seul mot fit le soleil si beau.


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Re: Poésie

Message par Laetitia »

A la suite de Jean, cet ange évangéliste,
J'escalade les cieux et rien ne nous résiste.
C'est dans un char de feu, s'élevant à l'envi,
Qu'on arriva jusqu'au trône d'Adonaï.
Volant comme l'éclair, à travers l'atmosphère,
Bientôt on ne vit plus le globe de la terre.
Balancé mollement sur les ondes d'éther,
Notre char s'avançait comme un vaisseau sur mer
S'avance au gré des vents.                                                                    

                                                            Passant près de la lune,
On atteignit Vénus, Mars, Saturne et Neptune,
Puis ensuite on entra dans un champ du soleil :
Une immense prairie et dont l'éclat vermeil
De rubis, de saphir, d’émeraude et d'agate,
Se mariant avec le beau rouge écarlate
D'un pourpre étincelant et le riant azur,
Se reflétait sous un dôme de cristal pur.
Quittant le roi du jour, qui n'est pas descriptible,
Et qui parut bientôt à peine perceptible,
On toucha les confins de l'espace éthéré,
Où les globes de feu font leur trajet pourpré.
Ici c'est l'infini, le regard est sans voiles,
Ce sont les régions des soleils, des étoiles,
Qui se meuvent sans cesse autour d'un axe d'or.

De la cime des cieux on est bien loin encor ;
Nous voici dans la plaine où l'on fixe les âges,
Où l'on règle le temps, vastes champs sans rivages,
Où les anges de Dieu décrètent toutes lois,
Où les orbes tracés par leurs magiques doigts,
Sont les chemins suivis par milliers de planètes
Et des corps vagabonds qu'on appelle comètes :
Ces astres flamboyants sont la base des cieux.

Les concerts entendus sont aussi merveilleux :
Les célestes esprits mêlent les symphonies
De leurs lyres de nacre aux douces harmonies
Des bruits mélodieux, que les mondes tournant
Autour de l'axe d'or, de flamme rutilant,
Font entendre en ces lieux.                                                        

                                                                 O voix mystérieuses
De ces sphynx d'océan, sirènes fabuleuses,
Dont la douceur des sons calme la voix des flots,
Vous n'êtes de ces chants que de faibles échos !
Ces ravissants concerts ont aussi leur langage ;
En tous temps, en tous lieux, ils rendent témoignage,
Racontent le passé, le présent, l'avenir,
Et bien souvent, la nuit, en entendant gémir
Sous une froide tombe, une oreille indiscrète
Se penchant pour saisir, demeura stupéfaite,
De surprendre une voix qui lui remémorait,
Au doux bruit de la brise, un énorme forfait.

Par delà cet espace est une autre vallée
D'une immense étendue et d'un linceul voilée :
C'est le champ de la gloire ou des pleurs : Josaphat !
On voit l'empreinte encor du pied de Jéhovah
Sur le haut pic d'un mont d'onyx. Le cheval pâle,
Portant la sombre mort qui de sa main étale
La faux tranchante, hélas ! Faisant moisson partout,
Et qui ne laissera pas un vivant debout,
Nous remplit de terreur. Là sont les sauterelles
A face d'homme, aux dents de lion, puis aux ailes
Bruyantes comme un lourd chariot de combat,
Qui roule sur le roc, se fracasse et s'abat.
Les sept anges y sont, versant la coupe pleine
De colère de Dieu. J'aperçus, dans la plaine,
La bête de couleur écarlate ; elle avait
Sur son dos une femme et sur son front partait
Le mot : Mystère ! Aussi se trouve là l'abîme
Du gouffre qui vomit le blasphème et le crime,
Et qui fume sans cesse. On aperçoit, debout,
L'ange du dernier jour, embouchant tout à coup
Sa trompette, et qui semble entonner l'effroyable
Cri : « Levez-vous, » ce cri terrible et redoutable,
Qui fera s'élancer tous les morts du tombeau.


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Message par Laetitia »

Notre superbe char s'éleva de nouveau.
Bientôt on ne vit plus la mystique vallée ;
Les dernières lueurs de la voûte étoilée
S'éteignaient tour à tour comme autant d'oripeaux,
Que l'on eût pris de loin pour de brillants flambeaux.
On arrive au séjour d'éternelle lumière
Que le trône de Dieu de ses soleils éclaire.
L'air doux qu'on y respire est le souffle divin,
Plus léger qu'au printemps les brises du matin.
Ce souffle, plus subtil que les subtiles ondes
De l'éther répandu dans l'espace des mondes,
Apporte sur son aile un amas de concerts
Plus suaves encor que l'hymne des déserts :
Ces murmures sont ceux des harpes éoliennes
Qu'effleurent les zéphyrs de leurs faibles haleines,
Dans les nuits du printemps, ou des sons veloutés
D'un cor d'argent, sonnant ses refrains enchantés,
Aux échos des bosquets, ou des forêts plaintives
Que balancent les vents, ou des jongleuses rives
Que caressent les flots.                                                                

                                                                Il faut monter encor,
Dit Jean, et l'aigle, alors, ouvrant ses ailes d'or,
Sur elles m'emporta. De nombreuses phalanges
De trônes, de Vertus, de Chérubins, d'Archanges
Et des cinq autres chœurs, sont autant de soleils
Semant des roses d'or sur leurs trajets vermeils ;
On s'élevait toujours. Éperdu dans l'espace,
Je me crus près de Dieu. Le rubis, la topaze,
L'émeraude, n'ont rien de la splendeur du ciel,
Mais là je ne vis encore l’Éternel.
Dans la cime des cieux, noyé dans la lumière,
Resplendissait un trône. O sublime mystère !
Est-ce la Trinité ? — Des nuages d'encens
Le voilaient. « Saint, saint, saint ! » étaient les doux accents
Que chantaient les élus ! Patriarches, prophètes,
Lévites, prêtres, rois, tous inclinaient leurs têtes
Avec respect.                                                                            

                                                         Assez ! Je me tais, ma raison
Se perd ! Jean me dit, c'est le seuil de la maison
De Dieu. Vois, c'est d'ici qu'est descendu le Verbe
Pour venir parmi nous.                                                              

                                                               Admire, homme superbe,
Ce prodige d'amour ! Qu'en a dit Lucifer ?
Regarde, c'est de là qu'il tombait en enfer.
De mes yeux effrayés je vis les noirs abîmes,
Où, sans pardon, hélas ! Sont punis tous les crimes.

Le grand pas de l'orgueil doit par l'humilité
Être de nouveau fait. A ce prix racheté
De l'éternelle mort, par Jésus-Christ fait homme,
L'humanité retrouve ainsi la vie. En somme,
Cette faute d'Adam fut pour nous un bonheur,
Puisqu'elle nous valut le plus sublime honneur.


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Re: Poésie

Message par Laetitia »

Trois sœurs : l'humilité, la foi, l'obéissance,
Dans l'incarnation, cette œuvre de clémence,
Devaient se tenir par la main ;
Et la virginité dans sa plus pure essence,
Pour faire épanouir la céleste semence,
Comme une fleur dans un jardin,

Devait avoir l'éclat d'une riante aurore,
De la blancheur du lis et du soleil qui dore
La voûte du beau ciel d'azur.

Marie, oui, Marie est cette vierge sans tache,
Exempte du péché, ce qui souille et qui tache,
Elle est le rayon le plus pur

De tout le genre humain, sorti des mains divines,
C'est pourquoi celui qui fut avant les collines,
Avant les globes nébuleux
Qui poursuivent leurs cours dans la voûte éthérée,
Avant Vénus, Pégase, Orion et l'Astrée,
Avant les anges et les cieux,

En Elle s'incarna. Je me tais ! Je m'égare
En raisonnant ainsi. Mon visage s'effare
Et peint mon admiration
Et mon étonnement. Une vierge est féconde
Par l'Esprit-Saint, et donne un Dieu fait homme au monde.
Tressaille de joie, ô Sion !

Car la terre a reçu la divine rosée,
La clémence de Dieu sur nous s'est abaissée,
La lumière va luire au sein des nations.

Vos dons sont précieux, ô Vierge, incomparables ;
Les merveilles de Dieu en vous sont ineffables.
Et, devant votre fruit, en adorations,
Mon âme se confond. Ah ! je n'ai qu'à me taire,
A m'abaisser devant un aussi grand mystère,
Et je répète avec l'archange Gabriel :
Salut ! amour ! honneur ! Vierge pleine de grâce !
N'osant parler tout haut, je le dis à voix basse,
En portant mes regards éblouis vers le ciel.

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Re: Poésie

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Marie visite Élisabeth

Marie partit en toute hâte pour le pays des Montagnes (S. LUC, I, 39.)                            



Aussitôt que Marie eut conçu le Sauveur,
Son cœur fut enflammé de la divine ardeur
Des brasiers de l'amour : ce fut comme l'aurore
D'un rayon de soleil qui parfume et colore
Une fleur de ses feux. Sortir de Nazareth
Pour aller en Juda voir sainte Élisabeth,
Est le vœu de la Vierge. A travers les collines,
En suivant les sentiers onduleux des ravines,
Elle arrive à Karem, petit village assis
Assez coquettement dans les vallons fleuris
De riants mamelons. Tels que des labyrinthes,
Les sentiers escarpés, bordés de térébinthes,
De myrtes, d'oliviers au feuillage luisant,
Offrent aux voyageurs un aspect séduisant.
La Vierge s'achemine en chantant un cantique ;
Tout ce qu'elle aperçoit porte un cachet antique;
Elle va, vole et court de hameaux en hameaux,
De partout elle entend le concert des oiseaux.
Sur sa route, à travers les buissons et la plaine,
Dans les antres nombreux des rocs d'un noir d'ébène,
Elle y voit scintiller les yeux éblouissants,
Comme autant de tisons, d'animaux malfaisants.

Sous un soleil brûlant, la Vierge suit, émue,
D'encombrants défilés sans en savoir l'issue,
Traverse des déserts de rochers calcinés,
Où de rares castels, parfois abandonnés,
Brillent à l'horizon, au sein des sycomores.
Des bosquets d'arbousiers aux murmures sonores
Frappant l'écho des monts, elle entend brusquement
D'un lion affamé l'affreux rugissement
En quête d'une proie. Avec calme, elle avance
Au milieu du danger, mettant sa confiance
Dans celui qu'elle porte en son sein virginal.
Le Rédempteur n'est plus dans le plan idéal,
C'est un fait accompli qu'ignore encor la terre,
Qu'elle seule connaît puisqu'elle en est la mère.


(à suivre)
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