Combien les âmes du purgatoire sont soulagées par l'oraison et le jeûne.
Le Seigneur exaucera vos prières, si vous persévérez dans la prière et le jeûne, (Judith, IV, 12.)
La charité doit porter tous les fidèles à soulager les âmes du purgatoire; mais l'obligation devient plus rigoureuse quand il s'agit de parents, d'amis, de bienfaiteurs et de personnes qui nous sont chères à quelque autre titre.
La reine Gude, épouse de Sanche roi de Léon, l'avait compris.
Ce grand roi venait de vaincre et de soumettre par la valeur de ses armes tous les rebelles de son royaume, et surtout Gonzalve leur chef; lorsque ce séditieux, voyant qu'il ne pouvait résister à la force, eut recours à une ruse odieuse: il vint se jeter aux pieds du roi, implora son pardon et l'obtint facilement. Admis dans les bonnes grâces de Sanche, le félon trama une noire trahison: un jour, il présenta au prince un fruit empoisonné. A peine celui-ci l'eut-il goûté, que se sentant mortellement atteint, il voulut être reporté tout de suite dans sa capitale; mais la violence du poison le fit expirer en route. Ce fut une grande désolation dans tout le royaume où Sanche était chéri pour sa bienfaisance. La douleur de Gude était inconcevable. Cette reine fit faire à son époux des funérailles qui étaient plus remarquables par la douleur et les larmes que par le luxe et la pompe; elles eurent néanmoins la magnificence due à la majesté royale.
On porta le corps dans le monastère de Castillo, situé sur les rives du fleuve Minio, et l'on célébra un grand nombre de messes. La reine ne voulut point s'éloigner de la tombe de son époux, et, ne prenant conseil que de son amour, elle déposa son diadème, et se dépouilla de la pourpre royale pour se revêtir de l'humble habit du cloître. Plusieurs dames de la cour l'imitèrent dans son généreux sacrifice.