Les merveilles divines dans les àmes du purgatoire

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Monique
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Les merveilles divines dans les àmes du purgatoire

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LES MERVEILLES DIVINES
DANS LES ÂMES
DU PURGATOIRE


Par
Le P. Grégoire Rossignoli.
de la Compagnie de Jésus.
traduit par l'Abbé V. POSTEL, 1860





NOTICE du P. Grégoire Rossignoli
Ce livre a ému bien des cœurs, nous en avons la Certitude. Non, nous n'oublierons jamais les sentiments que nous avons éprouvés à le lecture de ce livre introuvable en France, mais que la Providence nous envoyait de Venise, et mettait pour ainsi dire dans nos mains. Comment ne pas croire à la mission de le traduire, et de le propager? Nous avons donc fait une traduction aussi littérale que possible, ci bien exacte. Que Dieu la bénisse, et que ce livre aille réclamer des prières pour les âmes du purgatoire ! Déjà de consolants effets nous ont été signalés, et entre tous, nous en citerons deux seulement.

Un missionnaire nous écrit de la Léproserie de l'île Bourbon. « Nos lépreux se réunissent pour lire en commun les merveilles divines dans les âmes du purgatoire. Ce livre fait autant de bien aux bons lépreux qu'il nous en fait à nous-mêmes.....Une cinquantaine d'entre-eux ont déjà fait l'acte de charité. Je vous remercie avec effusion d'avoir choisi un si bon livre................»

Deux enfants qui avaient entendu lire les merveilles, ajoutaient à leur prière du matin et du soir, un Pater et un Ave en faveur des âmes du purgatoire. Ce n'était pas assez pour eux; ils auraient voulu faire dire au moins une messe. Mais comment se procurer l'argent? Un jour qu'ils se promenaient, ils aperçurent dans un champ une brebis morte, et depuis assez de jours. Sans mot dire, nos deux enfants se comprennent, ils tirent leur couteau de leur poche et se bâtent d'écorcher l'animal. Des passants se récrient sur la mauvaise odeur; mais les enfants continuent et arrachent la peau qu'ils vendent 2 fr. 50. « Voilà, disent-ils au curé du village, deux messes pour les Âmes du purgatoire. » Heureux et triomphants, ils se disaient entre eux:
« Nous n'avons plus rien à craindre.............les âmes du purgatoire veilleront sur nous. »

Un dernier mot. Les âmes pieuses qui liront ce livre, sauront tout ce qu'elles doivent faire pour le soulagement et la délivrance des âmes du purgatoire, et elles trouveront dans les recueils des indulgences, toutes les pratiques de piété et les prières auxquelles sont attachés les trésors de la Miséricorde divine. Nous nous bornerons donc à leur recommander l'Acte de charité qu'elles trouveront à la fin de ce volume. Cet acte est approuvé par les Évêques de Toulouse, Moulin, Carcassonne, etc. Nous donnons le même, mais approuvé par Son Éminence, le Cardinal-Archevêque de Bordeaux.

A suivre...
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INTRODUCTION.
La charité bien comprise demande qu'on porte un prompt secours aux âmes du purgatoire.
Ordinavit in me charitatem: Dieu m'a placé sous l'étendard de la charité. ( Cant. 3,4.)

Il n'entre pas dans ma pensée de traiter, en quelques lignes, des perfections de la charité envers les âmes du purgatoire, je me contenterai d'en indiquer quelques-unes.

La charité la plus parfaite est celle qui s'applique à soulager les plus grandes misères, et l'obligation de secourir les nécessiteux est d'autant plus rigoureuse que leur détresse est extrême. Or, quelle plus douloureuse nécessité que celle des âmes plongées dans un océan de douleurs, vouées aux souffrances les plus atroces, aux supplices les plus intolérables? Les commentateurs appliquent au purgatoire ces paroles du prophète Malachie: « Le Messie sera comme un homme qui s'assied pour faire fondre et pour épurer l'argent; il purifiera les enfants de Lévi, et il les rendra nets comme l'or qui a passé par le feu . »

De même que le chimiste distille de diverses substances les sucs les plus purs pour en composer un seul extrait, de même Dieu, dans le laboratoire de sa miséricordieuse Justice compose comme la quintessence de tous les maux qu'on peut souffrir ici-bas, tels que les supplices violents, les tourments des martyrs, les angoisses du cœur et les maladies naturelles. Le prophète Isaïe semble y faire allusion par ces paroles: « Le Seigneur purifiera les souillures de la fille de Sion dans l'ardeur du feu. »
A suivre...
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Ne pourrait-on pas dire, en quelque sorte, que cette charité est aussi grande que le bien qu'elle assure? Les âmes du purgatoire l'apprécient bien mieux que nous, elles qui comprennent ce que c'est que de contempler Dieu sans voile, Dieu, le premier principe et la dernière fin ! Elles pénètrent la signification de ces mots: s'unir à Dieu, à cet aimable objet qu'elles aiment d'un ardent autour, et vers lequel se portent tous leurs désirs. Cet amour, qui ne peut se satisfaire, les tourmente beaucoup plus que le feu qui les consume.

Tertullien explique admirablement cette vérité par l'exemple de Job, image sensible de l'âme dans le purgatoire, ainsi que l'Eglise le fait entendre elle-même en appliquant ses leçons à l'office des morts. Tout le corps de ce saint homme, modèle de patience, était couvert d'ulcères qui le tourmentaient de la tête aux pieds, et, parmi toutes ces douleurs il en était une plus intolérable qui lui arrachait des plaintes amères, c'était que ses y eux n'apercevaient plus le bien suprême: « Mon œil est plongé dans l'amertume; oh ! pourquoi me cachez-vous votre visage? » Comme s'il disait: Ne pas vous voir, ô mon Dieu ! c'est la douleur des douleurs ! « On plaint l'oeil qui est tout entier dans les tourments, » dit encore Tertullien. Ainsi, l'âme du purgatoire n'a point de souffrance qui l'éprouve autant que la privation de la vue de Dieu, les autres peines ne lui semblent rien en comparaison de celle-là. Or, que fait la charité à l'égard des âmes? elle hâte le terme de l'épreuve et les met en possession de ce souverain bien, vers lequel elles aspirent avec toute la violence de leur ardent amour.
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Travailler à leur délivrance, est non seulement un acte de charité envers le prochain, mais encore un acte direct d'amour de Dieu, car il tarde à cette tendresse infinie de recevoir ces âmes bien-aimées dans son sein, et de leur communiquer sa béatitude et sa gloire: « Mes délices sont d'être avec les enfants des hommes, » dit-il, au livre des proverbes, comme si la compagnie de ses créatures pouvait ajouter quelque chose à sa félicité, et qu'il ne fût parfaitement heureux qu'en les faisant participer à ces biens infinis dont il est la source.

Ces âmes sont ses chères filles et les épouses bien-aimées du Sauveur, rachetées au prix de son sang. Considérez quel bonheur éprouverait un roi, si un ami fidèle lui ramenait un fils bien-aimé retenu longtemps captif chez un peuple barbare. Quel accueil ne ferait pas un époux au médecin qui lui rendrait son épouse bien-aimée guérie d'une longue et cruelle maladie? Ah! Dieu chérit bien autrement ces âmes saintes; c'est avec une joie sans mesure qu'il les introduit dans sa gloire. Et quelle ne sera pas sa reconnaissance pour les bienfaiteurs de ces âmes, pour ceux qui les délivrent et les font entrer, selon l'expression de saint Pierre, dans la parfaite liberté des enfants de Dieu, et qui les amènent du fond des ténèbres à son admirable lumière.

En outre, en délivrant ces âmes, nous envoyons au ciel de parfaites adoratrices de la divine Majesté. Nous, dans les ténèbres et dans les misères de cette vie, nous ne pouvons ni connaître ni aimer convenablement cette divine Bonté; c'est au sortir de la prison du corps, en se trouvant face à face avec Dieu, que l'âme obtient une connaissance "parfaite de la Beauté divine, et se répand en actes séraphiques de charité plus élevés que ceux de Marie-Madeleine dont le Seigneur a dit qu'elle avait tant aimé, plus ardents que ceux de saint Pierre assurant par trois fois qu'il aime Jésus, et le prenant lui-même pour témoin de la vérité de son amour: « Vous savez, Seigneur, que je vous aime. »

Qu'ils doivent être touchants les premiers actes de reconnaissance des âmes délivrées, quand, pour la première fois, elles se trouvent en présence de la Miséricorde céleste ! quelle adoration profonde des éternelles perfections! avec quelle ardeur elles doivent redire cette hymne de l'Apocalypse : « Bénédiction, honneur, gloire, actions de grâces à notre Dieu dans les siècles des siècles ! »

Or, nous participons à ces actes parfaits d'amour, de gratitude et de louange envers la divine Majesté, toutes les fois que nos suffrages introduisent une âme dans la céleste Patrie.
Enfin, pour conclusion, je citerai, selon le récit de Denis-le-Chartreux, les paroles que le Sauveur adressa à sainte Gertrude dans une révélation: « Toutes les fois que vous délivrez une âme, cela m'est aussi agréable que si vous me rachetiez moi-même de la captivité, »

Donc, lorsque vous aurez délivré une âme, vous aurez fait au divin Sauveur autant de bien que si vous l'aviez racheté lui-même de la servitude. Oh ! de quelles ineffables faveurs Dieu récompensera votre charité au jour de la Rémunération!
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I MERVEILLE


Excellence des suffrages en faveur des défunts.
Gardez-vous d'empêcher la miséricorde envers les morts. ( Eccli, VII, 37. )


Une grave controverse s'éleva entre deux célèbres religieux de l'ordre des frères-prêcheurs, Bertrand et Benoit. Il s'agissait de savoir ce qui est le plus agréable à Dieu et le plus profitable pour nous-mêmes: d'offrir nos bonnes œuvres pour le soulagement des défunts, ou de les consacrer à la conversion des pécheurs.

Bertrand, grand avocat des pécheurs pour lesquels il offrait souvent le saint sacrifice et faisait de continuelles oraisons jointes à des œuvres de pénitence, s'efforçait de faire prévaloir leur cause. Les pécheurs, disait-il, n'ayant pas la grâce de Dieu, sont dans un état de perdition éternelle; ils sont constamment exposés aux embûches des mauvais esprits qui cherchent à leur faire perdre le ciel et à les entraîner dans les tourments de l'enfer. Celui qui ne connaît pas le prix des âmes, ne s'étudie pas à les gagner à Dieu.

Le Verbe divin en descendant sur la terre, et se dévouant à la mort la plus douloureuse, nous apprend le cas que nous devons en faire. Il n'est point d'oeuvre plus sublime et qui ressemble plus à celle de Dieu, que de coopérer au salut des pécheurs. Saint Denis assure que ce qu'il y a de plus divin dont les choses divines, c'est de travailler à les sauver, afin qu'ils échappent aux mains de l'ennemi commun et puissent arriver jusque dans le sein de leur bienfaisant Créateur. Laisser périr une âme qui a coûté au Sauveur son sang et sa vie, c'est laisser perdre le prix de la Rédemption.
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Quant aux âmes du purgatoire, disait ce bon religieux, elles sont hors de péril, assurées de leur salut éternel; il est vrai qu'elles sont plongées dans un abîme de douleurs, mais elles sont au port de la grâce; si elles gémissent prisonnières, pour des dettes précédemment contractées, c'est avec la certitude de les voir acquittées bientôt et de rentrer dans la liberté des enfants du Dieu si bon dont elles sont les amies.

« Ah! dans quel état différent sont les pauvres pécheurs! ils sont les ennemis de Dieu, malheur le plus redoutable et le plus digne de compassion, parmi tous ceux qui peuvent fondre sur l'homme. »

Benoit, qui était le protecteur des âmes du purgatoire pour lesquelles il offrait toutes ses bonnes œuvres, répondait: « Les pécheurs ne sont liés que par des chaînes volontaires et ils s'y plaisent, puisqu'ils peuvent les briser quand ils veulent; tandis que les morts sont enchaînés pieds et mains, contre leur gré, dans les tourments les plus affreux; il ne leur reste de libre, pour ainsi dire, que la langue pour réclamer le secours des vivants à qui ils disent, comme Job affligé: « Pitié, pitié pour moi, vous du moins, mes amis, car la main du Seigneur m'a frappé ! »

Dites-moi, si vous aviez devant vous deux mendiants: l'un plein de vigueur et de santé, capable de gagner sa vie, mais aimant mieux la paresse et la mendicité; l'autre, infirme, privé de l'usage de ses membres, incapable de pourvoir à ses besoins, vous demandant avec larmes la charité, lequel vous semblerait plus digne de compassion? lequel mériterait le plus de secours, surtout si celui qui est infirme, se trouvait en proie aux plus cruelles souffrances?

C'est précisément notre cas. Ces âmes sont dans un cruel martyre et il leur est impossible de s'en délivrer et même de l'alléger; il est vrai qu'elles ont mérité cette peine par leurs fautes passées, mais actuellement elles les ont pleurées et détestées, et en éprouvent une entière contrition; elles sont dans la grâce du Seigneur, elles lui sont agréables et sont redevenues ses filles bien-aimées, tandis que les pécheurs sont devant Dieu comme des ennemis et des rebelles. Si donc, la charité bien comprise veut que nous nous conformions à la très-sage bonté de Dieu, il est évident que nous devons nous appliquer de préférence, à soulager ceux qu'il aime le plus.
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Bertrand, toutefois, ne se rendit pas à ces raisons. Une apparition miraculeuse devint nécessaire pour le convaincre.

La nuit suivante, comme il se rendait au chœur pour chanter l'office, tout-à-coup apparaît devant lui une Âme du purgatoire, sous la forme d'un spectre horrible, accablé sous un poids énorme; le fantôme, en gémissant, s'approche du religieux et le charge de cet épouvantable fardeau. Oh! alors, comme dit Isaïe, le tourment lui donna l'intelligence; il comprit qu'il ne s'occupait pas assez des Âmes souffrantes; aussi, dès le matin , la compassion dans le cœur, et les larmes aux yeux, il célébra le saint sacrifice en leur faveur, et continua cette pratique toute sa vie.

Le grand docteur saint Thomas d'Aquin s'est prononcé en faveur des Âmes du purgatoire dans les paroles suivantes, tirées de sa Somme théologique: « Les suffrages pour les morts sont plus agréables à Dieu que les suffrages pour les vivants, parce que les premiers se trouvent dans un plus pressant besoin, ne pouvant se secourir eux-mêmes comme ceux qui vivent encore. »

J'ajoute cependant que plusieurs saints docteurs, conciliant les deux opinions, enseignent qu'il faut offrir les bonnes œuvres pour les Âmes du purgatoire, afin que celles-ci prient et intercèdent pour la conversion des pécheurs.
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II MERVEILLE.


Ne pas soulager les défunts par les aumônes, c'est se priver soi-même des suffrages.
Ne soyez pas pusillanime en votre cœur et ne négligez point de faire l'aumône. ( Eccli, VII, 9.



Le Docteur angélique, saint Thomas d'Aquin, préfère au jeûne et à la prière, le mérite de l'aumône, quand il s'agit d'expier les fautes passées. « L'aumône, dit-il, possède plus complètement la vertu de la satisfaction que la prière, et la prière, plus complètement que le jeûne. » C'est pourquoi, de grands docteurs et de grands saints ont principalement choisi l'aumône comme moyen de secourir les défunts. En voici un exemple dans la vie du pieux Raban-Maur, premier abbé de Fulde, puis archevêque de Mayence.

L'abbé Trithème raconte que Raban avait ordonné aux économes de son monastère de distribuer constamment aux pauvres les plus abondantes aumônes. Cependant le procureur de l'abbaye, appelé Edelard, trop soucieux des biens de la terre et peu préoccupé des pauvres, retenait souvent la part qui leur était destinée. Le saint abbé avait de plus, avec l'assentiment de tous, décrété que chaque fois qu'un des religieux, passerait à l'autre vie, sa portion serait pendant trente jours distribuée aux pauvres, afin que l'âme du défunt fût soulagée par cette aumône. L'avare procureur omettait souvent cette distribution, ou bien la remettait au-delà du trentième jour, malgré la tradition anciennement observée par saint Grégoire-le-Grand, qui désigne ce temps comme le plus propice à secourir les morts.

Il arriva, l'an 830, qu'une sorte de contagion fit mourir un grand nombre de moines, et même un abbé du monastère. Raban-Maur, plein de zèle et de charité pour les âmes de ses religieux, fit venir le procureur et lui recommanda la pieuse pratique. « Ayez grand soin, lui dit-il, que nos constitutions soient fidèlement observées, et qu'on donne aux pauvres, pendant trente jours, les portions destinées aux frères que nous venons de perdre. Si vous y manquiez, vous seriez très-coupable devant Dieu, et croyez qu'il vous en punirait sévèrement. » Le procureur promit une obéissance parfaite, mais, hélas! combien l'avarice est dangereuse !

Edelard, qui était avare par instinct, qui avait le coeur étroit et la main serrée, désobéit à son supérieur. Il fut dur envers les pauvres, et resta sans pitié pour les âmes de ses frères. Dans la crainte excessive que les vivants ne vinssent à manquer du nécessaire, il priva les défunts des suffrages, et les indigents de l'aumône.

La Justice divine, comme on va le voir, ne laissa pas impunie une si téméraire cupidité.

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C'était après une journée de fatigue; il était tard, et les religieux s'étaient déjà retirés dans leurs cellules; Edelard, une lanterne à la main, traversait la salle du chapitre. Qu'aperçoit-il ? une assemblée de religieux assis comme pour tenir conseil. A cette vue il se trouble, ne comprenant pas le sujet d'une telle réunion au milieu de la nuit. Revenu un peu à lui-même, il regarde plus attentivement et reconnaît le supérieur et les moines défunts. Alors, Edelard est saisi de terreur; un froid glacial court dans ses veines et le laisse immobile comme une statue. Mais ce n'était encore que le prélude de ce qui lui était réservé.

L'abbé et quelques-uns des morts se lèvent, viennent droit à lui, arrachent ses vêtements, et le frappent à coups de fouet avec tant de violence qu'il reste demi-mort. En même temps, ils lui adressent cette terrible menace: « Reçois, malheureux ! reçois le châtiment de ton avarice! dans trois jours tu en éprouveras un plus terrible encore lorsque tu seras descendu avec nous dans le tombeau; alors le suffrage qui était réservé a ton âme sera appliqué aux religieux qui en ont été privés par toi »

Après cette scène épouvantable les morts disparaissent laissant l'économe infidèle tout brisé couvert de plaies sanglantes. Il fut trouvé dans cet état par les religieux qui se rendaient aux matines après minuit. Touchés de compassion ils le portèrent à l'infirmerie, s'empressèrent de lui prodiguer tous les soins que réclamait son triste état. Mais lui, d'une voix gémissante, leur dit : « Vite, par pitié, appelez le Père; j'ai plus besoin de remèdes pour mon âme que pour mon corps qui ne guérira plus. » En présence de l'abbé et de tout le monastère, il raconta le terrible événement qu'attestaient ses sanglantes blessures. Et comme il savait que dans trois jours, il devait paraître devant le tribunal du souverain Juge, il demanda les derniers sacrements qu'on lui administra sans délai. Il les reçut avec tous les signes d'un vif repentir et d'une grande dévotion, puis il commença à baisser jusqu'au moment où il expira, précisément le troisième jour, pendant que le supérieur l'exhortait à se confier dans la divine Miséricorde, et que ses frères suppliaient Dieu de lui accorder une heureuse mort.
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Re: Les merveilles divines dans les àmes du purgatoire

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Dès qu'il eut expiré, Raban fit chanter la messe de Requiem, et l'on commença à observer la règle en distribuant aux pauvres, pendant trente jours consécutifs, la portion de la nourriture d'Edelard.

La distribution était terminée, mais la peine durait toujours, car le défunt pâle et défiguré apparut à Raban qui, frappé de cette vision, le conjura au nom de Dieu de lui faire connaître son état. « Ah! répondit le trépassé, les saintes prières des religieux m'ont bien procuré du soulagement, mais je suis encore plongé dans des tourments cruels, et je ne puis obtenir ma grâce entière avant la délivrance de mes frères que mon avarice et ma négligence ont retenus dans le purgatoire. Ce qu'on a donné aux pauvres, en mon nom, a été profitable aux autres et non pas à moi, selon le décret de la divine Justice. Je vous supplie donc, bon Père, vous qui me voulez tant de bien, de faire redoubler les aumônes, et j'espère que Dieu, dans sa miséricorde infinie, nous délivrera tous, mes frères d'abord, et moi ensuite.»

Raban-Maur promit au défunt ce qu'il désirait, et tout fut fidèlement exécuté. Un mois après, Edelard lui apparut de nouveau, vêtu de blanc, environné de lumière et le visage rayonnant de joie et de sérénité. Il rendit au monastère les plus affectueuses actions de grâces pour la charité dont on avait usé envers lui, et il assura qu'au ciel, où il s'envolait, il ne cesserait de demander pour ses frères les bénédictions divines.

Oh! que de sages instructions on peut tirer de cette histoire!
La première, c'est que les âmes du purgatoire, quoiqu'elles ne puissent rien pour elles-mêmes, obtiennent quelquefois la permission de châtier ceux qui les privent des secours qui leur sont dus.

La deuxième, c'est que par un juste jugement, Dieu prive parfois une âme, pour une faute spéciale, de l'application des suffrages; mais surtout les Âmes qui, pendant la vie, n'ont pas rempli leurs devoirs envers les défunts.

La troisième, c'est que nous devons exciter en nous un zèle ardent pour les Âmes souffrantes, à l'exemple de celui dont fut embrasée la pieuse congrégation de Fulde. Cette charité était si grande, rapporte le même historien, que chaque religieux se privait même d'une partie de ses aliments pour en faire la distribution aux pauvres, en faveur des âmes du purgatoire.
(V. Trithemius, Vita Rab.-Mauri, I, II.)
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