Magnificat anima mea Dominum.

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Laetitia
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Elle dit ensuite : « Parce que Dieu a regardé l'humilité de sa Servante ». Quelques auteurs traduisent : « la bassesse de sa Servante », fondés que ce que la Verge était trop humble pour s'attribuer à elle-même la vertu d'humilité, et pour dire que cette vertu l'avait rendue digne d'être Mère de Dieu ; mais ils ne considèrent pas que Marie parlait comme d'elle-même et comme organe du Saint-Esprit, qui lui faisait dire des vérités auxquelles elle ne s'attendait pas, et que son admirable modestie lui cachait ; parlant comme d'elle-même, elle ne parlait que « de sa bassesse et de son néant », et le sens de ses paroles est qu'elle se réjouit en Dieu son Sauveur, parce qu'il a jeté un regard de faveur et de miséricorde sur son indignité, et que sans nul mérite de sa part il l'a élevée à une gloire inestimable ; mais parlant comme organe du Saint-Esprit, elle parle de son humilité prodigieuse, parce que le Saint-Esprit nous a voulu apprendre par sa bouche, sans qu'elle le prétendît, que c'est cette humilité qui l'a rendue agréable au Très-Haut, qui a attiré sur elle les regards de la très-saint Trinité, qui a consommé les dispositions qui lui étaient nécessaires pour être Mère de Dieu, et qui l'a rendue digne de porter sans son sein Celui qui est le plus grand et ne même temps le plus humble de tous les enfants des hommes.

Ainsi, pour remplir toute la signification de ces mots : Respexit humilitatem ancillæ suæ, il ne faut pas traduire : la bassesse de sa Servante ; mais : l'humilité de sa Servante : parce que ce mot d'humilité signifie l'une et l'autre, c'est-à-dire la bassesse et la vertu d'humilité. On pourra dire que le mot grec ταπεινωσις, dont se sert le saint Évangéliste, ne signifie que petitesse et abjection; mais cela n'est pas véritable, puisque, selon l'observation de saint Jérôme dans sa Lettre à Algasia, il y a d'autres endroits dans l’Écriture, comme en saint Matthieu, chap. II ; en l'Epître de saint Jacques, chap. III, et en la première de saint Pierre, chap. V, où il signifie aussi la vertu d'humilité : parce qu'en effet la bassesse reconnue et ressentie est une véritable humilité. On peut voir là-dessus le savant Benzonius, dans l'explication de ce verset.

« Toutes les générations m'appelleront bienheureuse ». C'est là la continuation du même verset où notre auguste Reine, renfermée dans un coin de la Judée et dans la petite maison de Zacharie, fait une prédiction dont nous voyons tous les jours la vérité. Elle dit que « parce que Dieu a regardé la bassesse et l'humilité de sa Servante, et l'a regardée d'un œil si favorable, qu'il l'a exaltée jusqu'à l'éminente dignité de Mère de Dieu, toutes les nations et tous les siècles la proclameront bienheureuse ».

C'est ce qui s'accomplit dans tous les lieux où l’Église est répandue : c'est ce qui s'est accompli depuis la naissance du Christianisme, et s'accomplira jusqu'à la consommation du monde car, en quel lieu ne chante-t-on pas avec allégresse : « Bienheureuses les entrailles de la Vierge Marie qui ont porté le Fils du Père éternel, et bienheureuses ses mamelles qui ont allaité Jésus-Christ Notre-Seigneur ? » Mais bien que les paroles de Notre-Dame ne soient qu'au temps futur, nous croyons néanmoins qu'elles se peuvent et se doivent même étendre à tous les temps. Car, si l’Église chrétienne et tout ce qu'il y a eu de fidèles dans le Nouveau Testament l'ont appelée bienheureuse : ce qui se fera encore jusqu'au jour du jugement et dans l'éternité ; il est constant que les Patriarches et les Prophètes de l'Ancien Testament, qui la voyaient en esprit, ont aussi applaudi à son bonheur.

C'est ce qui lui a mérité l'union de la fécondité avec la virginité car, si elle eût été Vierge et qu'elle n'eût pas été Mère, la synagogue, qui préférait les mères aux vierges et aux stériles, ne l'eût pas appelée singulièrement bienheureuse. Si, au contraire, elle eût été féconde et Mère et n'eût pas été Vierge, l’Église, qui estime beaucoup plus la virginité que la fécondité, n'eût pas préféré son bonheur à celui des vierges; mais unissant en elle les qualités de Mère et de Vierge, et les unissant si étroitement, que sa virginité honore sa fécondité, et que sa fécondité relève infiniment sa virginité, elle est l'objet de la vénération et des bénédictions de tous les âges, et il n'y en a point qui ne la publie bienheureuse et la plus heureuse de toutes les vierges, de toutes les mères et de toutes les femmes.
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Laetitia
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Elle s'explique ensuite davantage, et ajoute : « Parce que le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses ».

Expression merveilleuse, et où l'humilité de cette Reine des anges éclate encore admirablement : car elle ne dit pas que le Tout-Puissant a fait de grandes choses par elle, mais pour elle : fecit mihi. Cependant il est constant que c'est en elle et par elle que ces grandes choses ont été faites: car c'est par elle que le Verbe éternel a pris une chair humaine, qu'il a été conçu, et qu'il a été fait le Christ et le Sauveur des hommes. Ainsi, Marie ne peut ouvrir la bouche qu'elle ne donne des marques de sa modestie et de son humilité parfaite ; elle ne parle que pour louer Dieu.

Et bien qu'il semble impossible qu'elle loue Dieu sans rapporter les choses qui la rendent infiniment recommandable, elle le fait néanmoins d'une manière si industrieuse, qu'elle renvoie toute la gloire à Dieu, et qu'elle ne s'attribue que le bonheur d'avoir reçu les effets de sa libéralité et de sa miséricorde. Au reste, les termes dont elle se sert : « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses », ont une signification infinie, et nous montrent que ce que Dieu a fait pour Marie, en Marie et par Marie est si grand, si auguste et si ineffable, qu'il n'y a point de paroles qui le puissent représenter.

« Il a fait pour moi », dit-elle, « de grandes choses. Il m'a donné pour fils dans le temps celui qui est son Fils dans l'éternité il m'a fait concevoir dans mes entrailles Celui qu'il conçoit dans le sein de son entendement divin : il m'a fait Vierge et Mère tout ensemble, et m'a fait porter cette Lumière éternelle sans nulle brèche à ma pureté virginale ».

Le Saint-Esprit, dont elle est l'organe, lui fait encore exprimer par ces mots ce que son humilité profonde lui défend de nous rapporter. Il nous apprend que Dieu a réuni en elle tout ce que le ciel et la terre, la grâce et la nature, les anges et les hommes ont de rare et d'excellent ; qu'il lui a donné la foi des Patriarches, le zèle des Prophètes et les vertus de tous les justes qui seront dans le Nouveau Testament ; qu'elle surpasse les Trônes en beauté, les Chérubins en lumière et les Séraphins en ardeur ; que son innocence est parfaite, sa fidélité inviolable et sa charité consommée ; que, comme elle renferme le Saint des saints dans son chaste sein, elle est aussi revêtue de sa vie, de son esprit, de ses sentiments et de ses inclinations ; qu'elle participe éminemment à sa sainteté divine et humaine, et qu'elle est comme un autre lui-même ; qu'il n'y a point de réserve pour elle, et que tous les trésors de la grâce et de la gloire lui sont ouverts. Il nous découvre encore par ces termes que, comme les mères ont part à toutes les prérogatives de leurs enfants, Marie, enceinte du Verbe incarné, est élevée à trois sociétés avec lui : une société de grandeur, qui la doit faire reconnaître pour la Reine des cieux, la Dame et la Maîtresse des anges et la Souveraine de l'univers ; une société d'office, qui la fera appeler par les Pères et les Docteurs, « la Réparatrice du monde, la Rédemptrice du genre humain et la Réconciliatrice des pécheurs », en tant que c'est elle qui a fourni le corps et le sang par lesquels nous avons été rachetés ; une société d'influence, qui la fera coopérer jusqu'à la fin du monde à toutes les œuvres de grâce que Dieu opérera dans l'économie du salut.

Elle n'avait garde de nous vouloir rapporter ces grandes choses d'elle-même ; mais l'Esprit de Dieu, entre les mains duquel est la langue et la voix des Prophètes, les a toutes renfermées sous les deux mots qu'elle nous a dits ; de sorte que, par une conduite admirable de la divine Providence, Marie, en voulant louer Dieu sans se louer, noua donné occasion de reconnaître ce qu'il y a de plus grand de plus louable en elle.
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Laetitia
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Elle achève ce verset en disant : « Et son Nom est saint ». Elle parle du nom de Dieu comme Dieu, qu'il n'était permis à personne de prononcer, et du nom de Dieu fait homme, que l'ange Gabriel lui avait déjà apporté du ciel, et qui était le nom de Jésus ; et elle appelle l'un et l'autre Saint, parce qu'ils signifient la source de toute sainteté. Mais elle n'en parle que comme d'un seul nom, parce que celui de Dieu est renfermé dans celui du Sauveur et de Jésus, comme nous l'avons dit à la fête de la Circoncision. Au reste, nous ne doutons point qu'elle ne représente ici la sainteté de son Seigneur par un nouveau secret d'humilité, afin de détourner les yeux d’Élisabeth de dessus ses perfections par la considération de la sainteté divine, devant laquelle toutes les perfections des créatures ne sont qu'une faible lueur qui s'éclipse et disparaît entièrement.

Dans le reste de son cantique, elle s'étend d'une manière admirable et pleine de religion et de révérence sur les perfections de Dieu : principalement sur sa justice contre les riches, les superbes et les grands du monde qui abusent de leur puissance, et sur sa miséricorde envers les pauvres et les humbles qui marchent dans la crainte de l'offenser. Elle représente aussi qu'il n'y a plus lieu de se plaindre que les promesses de Dieu ne s'accomplissent point, puisqu'enfln cette Bonté souveraine s'est souvenue de sa miséricorde, et qu'il a regardé d'un œil favorable Israël, son serviteur, en l'associant à sa divinité, comme il l'avait promis aux saints Patriarches, et surtout à Abraham, le chef de la nation judaïque.

Voilà une faible expression des grands mystères renfermés dans le cantique que Marie prononça en présence de sainte Élisabeth, sa cousine.

Disons encore en abrégé que son humilité s'oppose aux louanges que cette sainte femme lui avait données avec tant de justice. Élisabeth l'avait glorifiée, et son âme ne glorifie que le Seigneur. Élisabeth s'était réjouie de sa visite et de son salut, et son esprit ne trouve de joie qu'en Dieu son Sauveur. Élisabeth l'avait complimentée sur sa nouvelle dignité de Mère de Dieu, et elle ne prend point d'autre qualité que celle de sa très-humble Servante. Élisabeth avait attribué à sa foi les miracles qui s'étaient accomplis et qui se devaient encore accomplir en elle, et elle se contente de dire que « le Seigneur a bien daigné jeter les yeux sur sa petitesse, et qu'il l'a traitée avec beaucoup de libéralité ».

Enfin, continuant encore dans le même style de son humilité, elle attribue à son bonheur, et non à ses mérites, les grandes choses que la puissance et la sagesse de Dieu avaient opérées en elle, et passe promptement aux louanges générales de ce Seigneur, qui est toute sa joie et tout l'objet de son amour. C'est ainsi que nous devons détourner adroitement les louanges qu'on nous donne, et au lieu de nous y occuper et d'y prendre plaisir, les renvoyer promptement à celui à qui tout l'honneur est légitimement dû.
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Laetitia
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Au reste, s'il est véritable que les deux mots que Marie proféra à la première rencontre de sa sainte cousine, furent si efficaces, qu'ils portèrent la sanctification et la lumière prophétique dans l'âme de saint Jean pour de là rejaillir sur l'esprit et sur le cœur de sa mère, que penserons-nous que furent les effets de ce beau cantique, composé de dix versets et prononcé par cette sainte Vierge dans les ardeurs d'un amour incomparable ? Car il ne faut point douter que le Saint-Esprit, qui en était le premier auteur et qui le mettait dans la bouche de notre chantre céleste, ne le fît aussi entendre au saint Précurseur et ne lui en expliquât le sens et tous les mystères.

Oh ! quelle connaissance ne lui donna-t-il pas sur le grand sacrement de la Rédemption des hommes ! Quels actes de foi, d'adoration, de remerciements et d'amour ne lui fit-il pas faire dans la considération des bontés du Tout-Puissant ! Quelle tendresse ne lui imprima-t-il pas pour cette auguste Mère qui était le sujet et l'organe de tant de miracles ! Enfin, quels nouveaux désirs ne lui inspira-t-il pas de s'employer au plus tôt à publier les grandeurs de son Fils, et à le glorifier partout, en disant aux Juifs qu'il n'était pas même digne de délier la courroie de ses souliers !

L’Évangile ne nous dit point ce Élisabeth répliqua à ce cantique, ni quelle fut la conclusion de l'entretien de ces illustres mères. Il se contente d'ajouter que Marie demeura environ trois mois en la maison de Zacharie, et qu'elle retourna ensuite à Nazareth. C'est à nous à penser quelles bénédictions une si longue demeure attira sur cette maison. Nous lisons dans le second Livre des Rois, que l'Arche d'alliance ayant été mise par David dans la maison d'Obédédom, où elle demeura trois mois, toutes sortes de bénédictions tombèrent sur ce bon personnage et sur tous ses biens : ce qui fit résoudre David à la transporter dans Jérusalem.

Or, Marie était incomparablement plus que l'Arche d'alliance, et elle portait dans son sein, non pas les tables de la loi, ni la verge de Moïse, ni un peu de la manne qui avait servi de nourriture aux enfants d'Israël dans le désert, comme cette Arche; mais elle portait le Seigneur de toutes choses, dont ces tables, cette verge et cette manne n'étaient que des figures très-imparfaites. Quelles furent donc les grâces spirituelles et temporelles que son séjour de trois mois procura à toute la maison de Zacharie, et quels progrès ne firent pas en ce temps, dans la vertu et la sainteté, les trois augustes personnes qui la composaient, nous voulons dire Zacharie, Élisabeth et saint Jean ? C'est ce que les âmes pieuses peuvent méditer, mais c'est ce que nous ne pouvons pas représenter par notre plume.
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Laetitia
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Il y a des auteurs qui croient que la sainte Vierge assista aux couches de sa cousine, et qu'elle ne revint chez elle qu'après l'accomplissement des merveilles qui arrivèrent à la naissance et à la circoncision du saint Précurseur. Mais, comme saint Luc rapporte son retour avant de décrire l'histoire de cette naissance « Marie », dit-il, « demeura trois mois avec Élisabeth, et retourna ensuite en sa maison et le temps des couches d’Élisabeth arriva, et elle mit au monde un fils », il est beaucoup plus probable qu'elle quitta cette sainte femme avant que les neuf mois de sa grossesse fussent achevés. Nicéphore Calixte dit qu'elle le fit, parce que c'était la coutume des vierges de se retirer en pareille circonstance. Siméon Métaphraste, dans son Sermon sur saint Jean, ajoute que ce fut pour éviter la multitude qui se devait trouver au temps de la nativité de cet enfant. Et l'abbé Rupert dit encore que ce fut de peur que sa grossesse ne parût aux autres avant que de paraître à saint Joseph. Ne prius ab illis deprehenderetur in utero habens quam ab ipso beato Joseph.

L'auteur des Homélies attribuées à Eusèbe d'Emèse, dit que Zacharie et Élisabeth versèrent beaucoup de larmes, à son départ, de se voir privés d'une compagnie si sainte et si avantageuse, et que saint Jean même, auquel le Saint-Esprit le révéla dans le sein de sa mère, en ressentit beaucoup de douleur : mais il n'y a jamais eu de joie en ce monde qui n'ait été précédée et suivie de quelque affliction et il semble que cette peine leur était nécessaire pour les disposer à cette grande joie, qui leur arriva bientôt après, lorsque le divin Précurseur parut au monde.

Au reste, ce mystère de la Visitation de Notre-Dame est si relevé et si plein de merveilles, qu'il méritait bien d'être honoré dans l’Église par une fête particulière. Celui qui a pensé le premier à l'établir a été saint Bonaventure, général de l'Ordre des Mineurs ; il en fit le décret par tout cet Ordre, en son Chapitre général, tenu à Pise, en l'année 1263. Depuis, le pape Urbain VI étendit cette fête à toute l’Église; sa Bulle est de l'année 1389, mais elle ne fut publiée que l'année suivante, par Boniface IX, son successeur. Le concile de Bâle l'a aussi ordonné (1441) et a marqué son jour au 2 juillet. Quelques auteurs en ont inféré que la sainte Verge ne partit de chez Zacharie que le lendemain de la circoncision de saint Jean, qui fut le 1er juillet ; mais ces sortes d'arguments sont incertains, et il s'y faut bien moins arrêter qu'à ce que le sens naturel du texte sacré semble exiger. Outre cette fête, qui se célèbre avec solennité dans l’Église, Dieu a voulu encore honorer le mystère de la Visitation par un Ordre sacré de religieuses, qui en porte le nom. C'est saint François de Sales qui en est l'instituteur, avec sainte Jeanne-Françoise Fremiot, auparavant baronne de Chantai, et puis première religieuse et première mère de cette illustre Congrégation. Le grand nombre et la splendeur des maisons qui la composent, et qui ont été établies en si peu de temps, et surtout la bonne odeur de Jésus-Christ et la sainteté qui y règnent partout, font assez voir que ce n'est pas un ouvrage des hommes, mais de Dieu, et qu'il a part aux grâces de la Visitation de Notre-Dame a été la source.

Pour le cantique Magnificat, que l'on appelle le Cantique de la sainte Vierge, on sait assez qu'on le chante tous les jours à Vêpres : ce qui est de très-haute antiquité, puisque le vénérable Bède, qui vivait au VIIIe siècle, en fait mention dans une Homélie des Quatre-Temps de l'Avent. Le savant Benzonius, qui en a donné un riche commentaire, croit qu'en sa langue originelle, qui était le syriaque, il était écrit en vers, comme les cantiques de Marie, sœur de Moïse ; de Jaël, femme d'Haber ; de Débora la prophétesse ; d'Anne, mère de Samuel de Judith et d'Esther, afin que la Mère de Dieu ne cédât en rien à ces illustres femmes de l'Ancien Testament. Il ajoute que sa prononciation seule est extrêmement redoutable au démon, et qu'on a vu souvent celui-ci à Lorette frémir de dépit à ces mots : « Il a regardé l'humilité de sa Servante » ; et à ces autres : « Il a renversé les puissants de leurs sièges, et il a relevé les humbles ». Enfin, il rapporte plusieurs miracles qui ont été faits par la force invincible des paroles qui le composent ; on les pourra voir dans ses ouvrages, livre Ier, chap. XXII.

Nous nous sommes servi, pour traiter ce sujet, de ce qu'en a écrit, après les saints Pères, Christophe de Castro, dans la Vie de la Vierge; Louis de Grenade, dans ses Méditations, et le P. Gibieuf, de l'Oratoire, dans sa seconde partie de la Vie et des Grandeurs de Notre-Dame. chap. II, III et IV, dont nous avons emprunté quelques pensées.
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