LE MYSTÈRE DE MARIE

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Monique
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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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Le Fils bien-aimé du Père, en qualité de Verbe préexistant puis incarné, « est lui-même la tête de ce grand corps, c'est-à-dire de cette Église: il est le principe (1) » de tout l'être qui y existe et de toute la vie qui y circule, parce que c'est lui qui a inauguré « ce nouvel être dans l'univers (2) » et mérité cette nouvelle grâce, et qui constamment dispense l'un et l'autre.

D'autre part, ce grand corps d'êtres humains et de membres pensants n'est jamais si distinct du Chef qui l'anime qu'il puisse en être, le moins du monde, distant et séparé; il faut entendre que le Verbe incarné est , « une tête au-dessus de tout », immédiatement présente et agissante en chacun de ses membres, et que l'immense chrétienté n'est que le prolongement du Christ, son çorps autrement dit, sa plénitude enfin, qui lui permet de s'achever, de remplir sa mesure « à lui qui à tous égards remplit tout (3) ».

Tout cela est si vrai, la liaison est si forte, l'adhérence si complète que, quelle que soit la multitude des membres, le corps cependant reste unique. « Nous formons un seul corps dans le Christ et nous sommes membres les uns des autres (4) ».
I. Col., I, I5-I8.
2. Ce mot profond est du cardinal de Bérulle.
3, Éph., I, 22-23.
4. l Cor., XII, I2-27. Rom., XII, S.


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Monique
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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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Qu'on se persuade fortement que dans toute cette révélation les comparaisons et figures dont, l'Apôtre est bien obligé de se servir - dans le cas, celles du corps humain et de son unité organique - ne sont pas au-delà mais en-deçà: de la réalité: Elles rejoignent, du reste, celles que Notre-Seigneur lui-même a daigné employer: Je suis la vigne véritable, dit-il; vous, les sarments. Notez bien, Jésus dit: ''Je suis la vigne, toute la vigne; vous, les sarments, des sarments dans la vigne.'' C'est comme s'il disait: Vous êtes les nouvelles pousses par lesquelles je m'étends; c'est en vous que je prends toute ma croissance et porte tous mes fruits; vous n'êtes rien sans moi, mais sans vous je ne serais pas tout ce que je puis être. Et poussant en effet la parabole jusqu'à l'allégorie Jésus précise: ''Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, mon Père, le vigneron, l'ôte ... Demeurez en moi et moi en vous. Car, comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s'il ne demeure dans la vigne; ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en moi. Au contraire, celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit, parce que hors de moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, le voilà jeté dehors comme le bois de vigne, desséché, bon à rien, qu'à être brûlé (1).''

Il n'est guère possible de décrire avec plus de force cette espèce de ''circumincession '', qui existe, au dire même de Jésus, entre lui et les siens, entre sa sainte humanité et tout ce grand corps de l'humanité dont saint Paul dit que c'est le corps même du Christ. Circumincession est le mot qu'ont inventé les théologiens pour dire que les Trois Personnes qui sont en Dieu vivent absolument l'une en l'autre. Or voici que jésus dit expressément: ''Je vis et vous-mêmes vivrez. Vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous (1). '' Ainsi entre le Christ et nous existe une liaison à laquelle il n'y a que les liaisons divines qui soient comparables, et dont vraiment nulle autre liaison humaine ne peut approcher.
1. Jean, XV, 1-6.
1. Jean, XIV, 19-20.

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Monique
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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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Aussi, lorsque laissant tomber toutes les expressions figurées, Jésus nous appelle « ses petits enfants »; lorsqu'il assure qu'il ne « nous laisse pas orphelins (2) » mais nous couve d'une immense tendresse « comme des poussins sous les ailes (3) » ; lorsqu'il déclare, « jetant un regard et étendant la main sur ses disciples assis en cercle autour de lui: Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c'est lui qui est mon frère, et ma soeur, et ma mère! (4); lorsqu'il proclame que nous sommes pour lui non seulement « des serviteurs, mais des amis... des frères (5) » ; enfin lorsque dans tous ces merveilleux discours après la Cène, rapportés par saint Jean, il fait ressortir si clairement que « nous ne sommes qu'un ensemble et avec lui », à perpétuité, « comme moi-même, ô Père, tu es en moi et moi en toi (6) », il ne nous est plus possible de douter que nous ne soyons, mystiquement, spirituellement, pour tout ce qui tient à l'ordre de la grâce, identifiés à Notre-Seigneur Jésus-Christ.

« Le chrétien, dit M. Olier, c'est proprement Jésus-Christ habitant en l'homme (1). » - « Il est le corps dont on est membre, pense Pascal. Tout, est un, l'un est en l'autre, comme les trois Personnes (2). » Cette incorporation au Christ nous amène au coeur même de notre sujet. Elle nous fait toucher au vif la secrète conjoncture par laquelle la maternité divine de Marie, sa maternité envers Jésus, se transforme tout naturellement en une maternité de grâce, en sa maternité envers des chrétiens qui ne sont autre chose que la totalité du Christ même.
2. Jean, XIII, 33; XIV, 18.
3. Matth., XXIII, 37.
4. Matth., XII, 49-50. Marc, III, 34-35.
5. Jean, XV, 15 ; XX, 17.
6. Jean, XVII, 20-23.
I. M, OLIER, Journle chrétienne, p. 26.
2, PASCAL, Pensées, 483,


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Monique
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Les vrais théologiens de la Vierge ont parfaitement marqué cette suite des choses. Voici deux beaux témoignages, auxquels beaucoup d'autres pourraient être ajoutés. Saint Jean. Eudes écrit ceci: « Dès l'instant que la Bienheureuse Vierge a donné son consentement à l'Incarnation du Fils de Dieu en elle, elle a contribué au salut de tous les élus. Depuis cet heureux moment, elle les a toujours portés dans ses entrailles comme une très bonne mère, c'est-à-dire dans le plus intime de son coeur. Ce qui est très véritable, car le Fils de Dieu étant le chef de tous les élus, ils ne sont qu'un avec lui, comme les membres ne sont qu'un avec leur chef. A raison de quoi, comme elle a toujours porté et portera éternellement cet adorable chef dans son coeur maternel, elle y a toujours porté et y portera éternellement tous ses véritables membres. »

Et le Père de Montfort s'exprime ainsi: « Si Jésus-Christ, le chef des hommes, est né en elle, les prédestinés, qui sont les membres de ce chef, doivent aussi naître en elle par une suite nécessaire. Une même mère ne met pas au monde la tête ou le chef sans les membres, ni les membres sans la tête; autrement ce serait un monstre de nature; de même, dans l'ordre de la grâce, le chef et les membres naissent d'une même mère; et si un membre du corps mystique de Jésus-Christ, c'est-à-dire un prédestiné, naissait d'une autre mère que Marie qui a produit le chef, ce ne serait pas un prédestiné, ni un membre de Jésus-Christ, mais un monstre dans l'ordre de la grâce.

De plus, Jésus-Christ étant à présent autant que jamais le fruit de Marie, comme le ciel et la terre le lui répètent mille et mille fois tous les jours: « Et Jésus le fruit de vos entrailles est béni », il est certain que Jésus-Christ est en particulier, pour chaque homme qui le possède, aussi véritablement le fruit de l'oeuvre de Marie, que pour tout le monde en général, en sorte que, si quelque fidèle a Jésus-Christ formé dans son coeur, il peut dire hardiment: « Grand merci à Marie, ce que je possède est son effet et son fruit, et sans elle je ne l'aurais pas »; et on peut lui appliquer, plus véritablement que saint Paul ne se les applique, ces paroles: « J'enfante tous les jours les enfants de Dieu, jusqu'à ce que Jésus-Christ mon Fils soit formé en eux dans la plénitude de son âge ». Sa mission est de produire Jésus-Christ le chef des élus et Jésus-Christ dans les élus (1). »
1. MONTFORT. Vraie dévotion, I, ch. Ier, art. 2.

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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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Telle est, à n'en pas douter, l'origine même du rôle maternel que la très sainte Vierge remplit envers vous. C'est dans la vivante réalité du corps mystique du Christ que la maternité divine s'étend ainsi jusqu'à nous, en une réelle et vivante maternité de grâce. Autrement dit, dans le Christ, Marie n'est pas seulement la mère du Fils de Dieu fait homme, elle est aussi la mère de tous ceux qui font corps avec lui et sont divinisés en lui.

On verra mieux, plus loin, par la considération des différents actes de ces deux maternités, à quel point elles sont inséparables, et comment elles ne font que se développer, pour ainsi dire, l'une en l'autre, l'une pour l'autre. On saisira d'une manière plus sensible que les deux maternités de la Vierge sont toujours en proportion et en harmonie parfaite. A bien regarder certains traits des saints Évangiles, on dirait même que la maternité divine n'est pleinement révélée à Marie que sous les aspects de sa maternité envers nous. Comme si cette mère admirable ne pouvait grandir dans la connaissance et dans l'amour de son Fils qu'à la condition de nous comprendre et de nous aimer en lui !

Il faut, d'ailleurs, remarquer dès le principe, afin de bien situer toutes choses, que notre divine Mère, qui ne peut faire autrement que de concevoir et de mettre au monde tout le Christ, est elle-même toute comprise, enfermée et sauvée dans le Christ. On ne peut pas ne pas avoir ici, à la mémoire le mot splendide par lequel Dante, à la fin de sa Divine Comédie, commence sa prière à la Vierge, au moment de s'abîmer dans la vision de Dieu: « Vierge mère, fille de ton fils, humble et haute plus qu'aucune autre créature (1)";» Marie n'est la mère de tous les chrétiens que parce qu'elle est elle-même la première et la plus parfaite chrétienne. Elle nous en voudrait certainement de ne pas nous souvenir, au moment où nous allons devoir mesurer son « immense dignité (2) », que si « le Puissant a fait pour elle de grandes choses »; c'est parce qu'elle était toute petite créature et qu'il a daigné, comme elle dit, « regarder la bassesse de sa servante (3) »
1. DANTE, Divine Comédie, chant 33.
2. L. BLOY, Celle qui pleure, XIII.
3. Luc, I, 48-49.


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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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« La petite Marie, comme s'exprime gentiment le Père de Montfort, l'enfant de Joachim et d'Anne, étant en effet moindre qu'un atome, ou plutôt rien du tout devant la. Majesté du Très- Haut, puisqu'il est seul Celui qui est et, par conséquent, toujours indépendant et, se suffisant à lui-même », il faut, reconnaître que « ce grand Seigneur n'a point eu ni n'a point encore absolument besoin d'elle pour l'accomplissement de ses volontés et pour la manifestation de sa gloire (1) ».

Non seulement Marie n'est rien devant Dieu, que ce qu'il veut bien qu'elle soit; mais, étant fille d’Ève, elle avait, comme nous tous, besoin d'être sauvée. Nous savons avec quelle magnificence elle l'a été. Rachetée et sanctifiée jusque dans sa Conception par un privilège si singulier qu'il lui suffit de l'invoquer pour se nommer et pour se définir (2).

Mais, comme ce privilège est à coup sûr le chef-d’œuvre de la Rédemption, la Bienheureuse Vierge est dans toute la force du terme fille de son fils.

Car c'est, en vérité, le Verbe de Dieu en personne qui, préexistant à son incarnation, a eu l'avantage insigne et le pouvoir inouï de se choisir sa mère. Et c'est par les mérites et par la grâce de cette future incarnation qu'il l'a façonnée à son gré, pour notre bien non moins que pour le sien.
1. MONTFORT, Vraie dévotion, I, ch. Ier., art. I.
2. Comme elle a fait à Lourdes quand, pour attester son identité,
elle a dit tout simplement: « Je suis l'Immaculée Conception »

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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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CHAPITRE II
OÙ IL EST RAPPELÉ QUE LA MÈRE DE DIEU DOIT NÉCESSAIREMENT PARTICIPER DE LA DOUBLE GRANDEUR DE L'HOMME-DIEU, À SAVOIR:
LA GRANDEUR DANS L'ÊTRE, OU GRÂCE D'UNION HYPOSTATIQUE, ET LA GRANDEUR DANS LA VIE, OU GRÂCE CAPITALE DE SAINTETÉ.
« Mère du Christ » et « Mère de la divine grâce » sont deux vocables qui se suivent et doivent être fondus l'un dans l'autre (1). Ce n'est même pas assez de dire, comme nous l'avons fait jusqu'à présent, que la maternité de grâce a son origine et sa source dans les profondeurs mystiques et spirituelles de la maternité divine. Il faut dire plus. La toute petite israélite choisie et formée pour enfanter le Christ a reçu très efficacement de cette première maternité les hautes prérogatives et qualités suréminentes qui lui sont nécessaires pour enfanter tous les chrétiens dans le Christ. En son ordre de grandeur elle est magnifique, l'humble Vierge Marie.

Nous la savons et la définissons véritablement Mère de Dieu et dans un tel rapport avec le Fils de Dieu fait homme qu'elle appartient à l'ordre même de l'Incarnation. L'adorer serait une idolâtrie à laquelle aucun fidèle ne songe, mais ne pas lui vouer un culte tout à fait à part serait méconnaître ce qu'elle est réellement (1). Or cette grandeur, ce n'est pas notre dévotion qui la crée, ce sont les faits qui nous l'imposent.

Tout l'Évangile la suppose lorsqu'il la suppose lorsqu'il joint si expressément « l'Enfant et sa mère )2)» ou qu'il désigne si formellement « la mère de Jésus (3) ».

L'Ange qui fut l'annonciateur dû mystère aussi bien que l'Apôtre qui en est le prédicateur, en proclament à l'envi la splendeur: « Ton enfant sera vraiment le Fils de Dieu », dit l'Ange (4). « Dieu nous a envoyé son Fils, et c'est d'une femme qu'il est né » , dit l'Apôtre (5).
1. Litanies de la très sainte Vierge.
I. S. THOMAS, Somme, II" II', qu. 103, art. 4, sol.2; III', qu. 25, art. 5.
2. Luc, Matthieu dans tout l'Évangile de l'enfance.
3. Marc, III, 31. Jean., II, 1; XIX,25.
4. Luc, I, 35.
5. Gal., IV, 4.
6. Somme, III', qu, 35, art. 4.


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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

Message par Monique »

Il est impossible d'échapper à la logique des faits contenus dans ce mystère. d'incarnation. La Vierge-Mère enfante dans la plénitude des temps le même Fils que Dieu le Père engendre de toute éternité. L'être qu'elle met au monde est. le Fils de Dieu en personne. C'est pourquoi la maternité de cette femme est vraiment divine.

Aussi toute l'Église catholique sait qu'elle a grandement raison de répéter sempiternellement: « Sainte Marie, Mère de Dieu »
De cette maternité divine dérivent deux sortes de grandeurs, qu'il nous faut examiner dans le rapport qu'elles ont avec la maternité de grâce. Puisque ce sont, elles qui ont permis à la Bienheureuse Vierge d'enfanter dignement le Christ, ce sont elles qui lui donneront aussi la ressource de nous enfanter spirituellement dans le Christ. Du reste, les deux grandeurs ne sont rien moins que le portrait du Fils dans sa Mère : « Si vous voulez comprendre la Mère, dit le P. de Montfort, comprenez-le Fils (1) .» L'humanité de Jésus explique en effet la maternité de laquelle elle a reçu le jour. Il est bien séant que cette femme « de laquelle est né ce Jésus qui a nom le Christ (2) emprunte quelque chose de la double grandeur de ce Christ même.

Il faut bien convenir que nous sommes aujourd'hui très déshabitués de distinguer dans la sainte humanité du Sauveur ces deux grandeurs que la théologie du moyen-âge a placées dans une si belle lumière (3) et dont s'est enchantée la spiritualité française du temps passé (4) . Nous ne savons plus assez reconnaître en Notre-Seigneur ces deux prérogatives qui l'élèvent et le déifient, celle de son union hypostatique et celle de sa grâce sanctifiante. La première assure à Jésus-Christ sa dignité dans l'être; et la seconde, la spiritualité incomparable de sa vie. Par la première de ces prérogatives le Christ est véritablement l'Homme-Dieu; par la seconde il participe à la vie même de Dieu.
I. Vraie dëvotion, introduction.
2., Mathieu, I, 16.
3. Somme, III, qu 2, art. 10; qu 6, art. 6; qu 7, art. I et 13.
4. BÉRULLE et CHARDON excellemment.


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Monique
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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

Message par Monique »

L'union hypostatique opère, en une seule Personne laquelle est proprement divine, ce merveilleux composé de deux natures aussi éloignées pourtant l'une de l'autre que la divine et l'humaine. Elle les attache si absolument l'une à l'autre en ce composé, que Dieu y est incarné et humanisé tandis que l'Homme y est vraiment divinisé. Elle constitue dès lors un nouvel être et comme un autre univers dans l'univers (1). Elle offre à Dieu même une nouvelle façon d'être présent au monde, par cette présence singulière qu'il, a dans son Christ (2). A nous elle procure l'unique et sûr moyen de notre réconciliation avec Dieu, puisque c'est Dieu en personne qui dans le Christ se réconcilie le monde (3). Saint Paul dit bien que tout ce qui est dans ce Christ est une nouvelle créature (4).

Grâce à cette union hypostatique, Jésus est substantiellement prêtre, comme il est essentiellement le religieux, le saint de Dieu. Il n'a besoin d'aucune ordination: l'espèce d'onction absolue qu'il reçoit de sa première prérogative dépose en lui la plénitude et la source même du sacerdoce ; elle le fait prêtre selon l'ordre le plus élevé et pour l'éternité. Il est le médiateur-né entre Dieu et les hommes, et à vrai dire il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais d'autres prêtres que lui, car ceux d'avant ne faisaient que le préfigurer et ceux d'après ne sauraient que le continuer. Il n'a besoin non plus d'aucune profession pour être fixé dans son état: en lui l'humanité est reliée et consacrée à la divinité par un lien plus solide que ne serait le plus solennel des voeux. Jésus est foncièrement possédé de Dieu, il est à la merci de Dieu, le serviteur par excellence et l'instrument conjoint de toutes les oeuvres divines.

Fils de Dieu fait homme, il est l'image même du Père, le rayonnement de sa gloire et l'effigie de sa substance (1). « Oui, dit saint Jean, le Verbe s'est bien fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, celle même qu'un tel Fils unique tient d'un tel Père (2) ». Mais cet état d'union hypostatique appelle un état proportionné de grâce sanctifiante. On voit par quelle conséquence et pour quelles raisons la première prérogative exige ainsi la seconde (3). Dénué comme il est de toute personnalité humaine et si entièrement livré au Verbe de Dieu, Jésus serait comme anéanti sous l'éclat de sa Personnalité divine s'il n'avait toute la grâce voulue pour comprendre et aimer ce Dieu qui le possède et pour vivre en parfaite union avec lui. Il est nécessaire que l'Homme-Dieu reçoive en son âme et conscience un écoulement de la vie même de Dieu. Il faut même que l'état de grâce chez lui soit à son comble. En d'autres termes, il faut qu'il ait dès la première heure la vision de Dieu et qu'il soit en pleine possession de Dieu, et il faut qu'il ait cette vie divine de manière à la pouvoir communiquer à tout son monde.
1. BÉRULLE. Voir son Discours sur les Grandeurs de Jésus.
2. Somme, Ie, qu 7, art. 3 ad 4. IlIe, quo 2, art. 10 ad 2; qu 7, art. I.
3. II Cor., V, 19. Col., I, 19.
4. II Cor., V, J7.
1. Hébreux, I, 3. Col., I, 15.
2. Jean, 1. 14.
3. Somme, IIIe, qu 7, art, I, 9. 13.

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Monique
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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

Message par Monique »

On peut dire que sans cette grâce capitale Jésus-Christ ne se saisirait pas lui-même. Sa propre personne, ce Moi qui le meut, lui serait un étrange mystère. Et de plus, situé comme il est par son être même entre Dieu et nous, il ne saurait que faire de lui, ni du côté de cette divinité, ni du côté de cette humanité auxquelles il se sent également lié et entre lesquelles il est comme partagé.

Voilà pourquoi saint Jean ajoute, faisant allusion à cet état de grâce dans le Christ et à cette communication de vie divine: « Ce Verbe fait chair... nous l'avons vu plein de grâce et de vérité, si bien que de sa plénitude nous avons tous reçu, grâce après grâce, à ce point que la grâce et la vérité se trouvent effectivement créées et répandues par ce Verbe incarné », comme l'univers s'est fait par lui et demeure en lui Verbe éternelle (1).

Retenons donc ces deux grandeurs du Christ. La grâce d'union hypostatique, c'est la plénitude de la divinité habitant en lui corporellement. La grâce habituelle ou sanctifiante, c'est encore la divinité se communiquant à lui mais spirituellement et pour se déverser par lui sur tout le corps dont il est la tête (2). Voilà de quoi est constituée la transcendance du Fils de Dieu fait homme, voilà sur quoi reposent sa propre élévation en Dieu et la grande capacité qu'il a de nous y contenir tous.
1. Jean, I, 14, 16-17, 1-4. Même idée ap. Hébreux, I, 2-3. Col., I, 15-18.
2. Col., I, 19-20; Il, 9-10.


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