LE MYSTÈRE DE MARIE

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Monique
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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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A plus forte raison, celle que nous nommons la Mère de la divine grâce n'est nullement l'auteur de cette vie. La nuance serait plus exacte si nous disions que Marie est Mère en la divine grâce. Dieu veut bien se faire aider par elle. Elle-même étant si débordante de vie divine, son rôle est de « servir la grâce dans les âmes (5) ». Instrument sublime, elle aussi, entre les mains de Dieu, et merveilleusement vivant! Si elle n'est point unie à la cause principale par le lien d'une personnalité divine, elle l'est du moins par celui d'une maternité divine, de sorte que le ministère de cette femme dans la grâce est à part de tout autre et aussi approchant que possible de celui de son Fils.

Nous aurons à déterminer plus tard la vraie nature de ce ministère. Pour l'instant, remarquons seulement que la grâce se trouve en Marie au plus haut degré, « à un maximum, dit saint Thomas, qui ne se rencontre qu'en elle et dans le Christ, et qui est tel qu'il suffirait à sauver tout ce qu'il y a au monde d'êtres humains ». Si la très sainte Vierge n'a pas été et ne pouvait pas être personnellement la source même de la grâce, c'est en elle cependant que cette source divine a pris naissance et sur elle qu'elle s'est déversée tout d'abord. La grâce de Jésus-Christ coule à plein en Marie, de sorte qu'avec elle, sans qu'elle soit la source, on est quand même à la source.

Ainsi parle saint Thomas, avec une espèce de raffinement. Et pour bien définir cette grâce de Jésus en Marie il précise: « Le Christ. en tant qu'homme possède toute la plénitude de grâce qu'il lui faut pour être le Fils de Dieu et; à ce titre, l'auteur même de la grâce... Mais la bienheureuse Vierge Marie obtient de son côté toute la plénitude de grâce qu'il lui faut pour être celle de qui le Christ reçoit sa nature humaine et qui est, à ce titre; la personne la plus proche de l'auteur de la grâce: c'est dire qu'il y a dans Marie assez de grâce divine pour qu'elle puisse capter et concevoir en elle celui qui est la source même de la grâce, et pour qu'elle puisse, en le mettant au monde, faire en quelque sorte dériver sur tous la grâce qui est en lui. »


5. P. de Condren.
1. « Ut quodammodo gratiam derivaret ad omnes .» Somme, III', quu 27, art.5.


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Monique
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Message par Monique »

Ainsi toute la grâce de Jésus-Christ passe par Marie et vient par elle de lui à nous. Pour décrire cette grande vérité il y a traditionnellement dans l'Église un mot qui fait image. Puisque nous ne formons tous qu'un seul corps mystique, on dit que la très sainte Vierge en est le cou comme Notre-Seigneur en est la tête. Toute la .vie et le mouvement viennent de la tête mais ne se communiquent aux membres qu'en passant par le cou (2). Évidemment une telle figure est conforme à l'analogie du corps mystique. Mais il ne faut pas abuser des figures lorsqu'il s'agit de faire comprendre des réalités d'un ordre aussi spirituel. Nous l'avons déjà observé plus haut, le Christ Jésus est la tête, d'où procède toute la vie qui est dans les membres, mais une tête pensante et aimante, et si vaste spirituellement qu'elle est présente à tout le corps, ou mieux, le contient en elle tout entier.

De même ici, Marie est bien, si l'on veut, le mystique organe par lequel doit passer toute la vie qui s'écoule du chef dans les membres, mais cet organe est lui-même animé d'une vie si puissante qu'il enveloppe en quelque sorte à la fois la tête et les membres. . Une autre figure, traditionnelle aussi et même biblique, exprime avec plus de profondeur et plus de justesse la maternité de grâce. Voici comment en use le P. de Montfort:
« Les prédestinés ont une grande confiance dans la bonté et la puissance de la' très sainte Vierge, leur bonne, Mère ... Ils se cachent et se perdent d'une manière admirable dans son sein maternel et virginal... pour y trouver pleinement Jésus, qui y réside comme dans son plus glorieux trône.
Oh! quel bonheur! Ne croyez pas, dit l'abbé Guerric, qu'il y ait plus de bonheur d'habiter dans le sein d'Abraham que dans le sein de Marie ... Les réprouvés, au contraire, mettant toute leur confiance en eux-mêmes ... et n'aimant, comme les mondains, que les choses visibles et extérieures, ne goûtent point les douceurs du sein de Marie ... Ils aiment misérablement leur faim au dehors, comme dit saint Grégoire, parce qu'ils ne veulent pas goûter la douceur qui est toute préparée au-dedans d'eux-mêmes et au-dedans de Jésus et de Marie (1). »

Nous nous attacherons de préférence à cette image qui nous ramène à ce qu'il y a de plus profond dans nos origines chrétiennes. Nous sommes là dans le christianisme le plus essentiel. Et bienheureux sont ceux qui savent dire la belle prière : « 0 Jésus vivant en Marie, viens et vis dans tes serviteurs ... (1.) » Car c'est comprendre que la très sainte Vierge est le milieu spirituel choisi par Dieu pour leur enfantement et leur croissance dans le Christ ! Il faut qu'à tous égards, comme nous en prie saint Paul, nous grandissions dans la vie de la grâce en Jésus qui est la tête et là plénitude du corps dont nous sommes membres, et aussi en Marie sous la maternelle influence de qui le corps entier réalise sa croissance pour sa complète édification (2).

2. On dit que le mot serait de saint Jean Damascène.
1. MONTFORT, Vraie dévotion, II, ch. I, art. 4.
1. Prière de M. Olier.
2. D'après Éphésiens, IV, 15-16


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Monique
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CHAPITREI V

OÙ IL EST EXPLIQUÉ QUE TOUT LE MYSTÈRE DE MARIE DÉRIVE DE LA DOUBLE GRANDEUR QU'ON VIENT DE DIRE ET SE PARTAGE EN DEUX PHASES PRINCIPALES, L'UNE TERRESTRE, L'AUTRE CÉLESTE

C'est donc en vertu de l'incomparable dignité dont elle est investie et aussi en vertu de la plénitude de vie qui est jointe à cette dignité, que la très sainte Vierge Marie entre en charge et se révèle capable d'exercer une maternité de grâce. Nous connaîtrons encore mieux cette admirable maternité et je pense qu'elle nous deviendra pour ainsi dire plus sensible, plus familière, plus saisissante, si, après l'avoir considérée dans ses origines profondes et dans ses insondables richesses, nous prenons soin de la contempler dans ses actes. Ces actes, du reste, tiennent de très près aux origines mêmes et au principe de la maternité divine et s'expliqueront toujours par la double grandeur que cette maternité suppose en Marie.

Ne perdons jamais de vue qu'un chrétien c'est encore le Christ, et que si tout chrétien est un enfant de Marie c'est pour la raison qu'il ne fait qu'un avec le Christ. Spirituellement nous ne sommes rien sans Jésus-Christ; mais on peut dire aussi que Jésus-Christ n'est pas complet sans ses membres, et ses membres c'est nous. Appelée donc à concevoir très parfaitement le Christ, Marie se trouvait chargée par là même de le concevoir en sa totalité, et il devenait comme inévitable et divinement providentiel qu'ayant enfanté la tête elle enfantât le corps tout entier.

Il y a là pour nous, quoique nous n'y pensions peut-être pas assez, le principe de nos attaches chrétiennes. Voici l'usage qu'un chrétien de notre temps sait faire de ce principe en des termes d'une foi émouvante et d'une bonhomie puissante. C'est un père qui confie hardiment à la très sainte Vierge ses propres enfants à lui, profondément persuadé qu'ils sont à elle beaucoup plus qu'à lui:
« Prenez-les. Je vous les donne. Faites-en ce que vous voudrez. J'en ai assez. » Celle qui a été la mère de Jésus-Christ peut bien aussi être la mère de ces deux petits garçons et de cette petite fille. » Qui sont les frères de Jésus-Christ. » Et pour qui Jésus-Christ est venu au monde. » Qu'est-ce que ça vous fait? Vous en avez tellement d'autres. » Qu'est-ce que ça vous fait, un de plus un de moins? » Vous avez eu le petit Jésus. Vous en avez eu tant d'autres. »

(Il voulait dire dans les siècles des siècles, tous les enfants des hommes, tous les frères de Jésus, les petits frères, et elle en aura tellement dans les siècles des siècles) (1).
1. CHARLES PÉGUY, Le porche du mystère de la deuxième vertu, p. 60.

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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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C'est pourquoi l'exercice de la maternité de grâce ne sera jamais autre chose que le développement de sa maternité divine. Le mystère même de l'Homme-Dieu se change en un salut pour nous: pareillement, le mystère de la Mère de Dieu. C'est en se donnant au monde que le Fils de Dieu nous sauve et nous rend la vie.

C'est aussi en s'appliquant à donner au monde ce Fils de Dieu devenu le sien que Marie nous donne la vie en Lui. Tout ce que le verbe incarné a fait et souffert dans le temps, comme ce qu'il fait dans son éternité, a pour but et pour effet de nous incorporer à Lui.

De même, tout ce que la mère du Verbe incarné a fait et souffert avec lui et pour lui dans le temps, comme ce qu'elle fait à présent avec lui et pour lui dans l'éternité, n'ambitionne autre chose que de nous enfanter en lui et de le faire vivre en nous.

Ainsi toute l'activité déployée par la très sainte Vierge pour nous enfanter se juxtapose à celle dépensée par son divin Fils pour nous sauver. Leurs deux existences suivent exactement la même courbe et s'enlacent étroitement l'une à l'autre, se compénètrent si intimement qu'il n'est plus possible de les séparer.

C'était une grande chose qu'une jeune vierge se vouât comme a fait Marie au service de l'Incarnation. On peut dire que tous les actes de sa maternité à notre égard découlent de ce parfait dévouement à la personne et à l'oeuvre de son Fils, et de la parfaite compréhension qu'elle en a.
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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

Message par Monique »

Pour elle le Christ est tout. Elle ne respire que lui, elle ne voit que lui, elle ne sert que lui. Mais elle conçoit que toute la réalité appartient à lui, elle comprend qu'il est tout en tous, c,est toute la chrétienté qu'elle sert en sa personne à lui.

Son adhérence au Verbe incarné sera une application à tout le corps mystique, de tous les actes de sa vie dans le temps et dans l'éternité.

A cet égard, sa capacité, ses moyens, ses actes ne feront jamais que grandir à mesure que grandira le Christ. Nous pouvons dire que nous deviendrons véritablement les fils de son âme et presque de sa chair. Réellement elle nous porte dans son cœur (1); elle nous chérit, nous le verront, tous et chacun dans les entrailles du Christ-Jésus (2).

Nous sommes, dit-elle mieux que l'Apôtre, son propre cœur et les entrailles mêmes (3) de sa vie. Tout ce qui se peut éprouver dans le Christ-Jésus, croyons bien qu'elle l'éprouve et le ressent au vif d'elle-même (4) et que ces par des actes pleinement conscient et dans un don complet de tout son être qu'elle assume l'embarras quotidien, le souci de toutes les églises (5) et de tout ceux qui sont membres de Jésus-Christ. La Mère est à la mesure du Fils.
1. Phil. I, 7.
2. Phil. I, 8.
3. Philém., 12.
4. Phil. II, 5.
5. II Cor., XI, 28.


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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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L'esprit humain, surtout s'il est peu ouvert aux choses de la foi, entre dans une sorte de stupeur, à l'idée qu'un rôle aussi universel, et si proche de
la Providence de Dieu même, ait pu et puisse encore tenir les limites d'une créature. Mais il faut se souvenir qui elle est et par suite de quelles prérogatives elle reçoit son rang et sa mission, avec la capacité nécessaire pour bien tenir ce rang et bien remplir cette mission.

Ce n'est pas en vain qu'elle est Mère de Dieu. Sa maternité divine la grandit immensément quant à son entité personnelle et lui confère surabondamment la vie de la grâce. Eh bien, ne l'oublions pas un instant, c'est de tant de grandeur unie à tant de grâce que dérivent tous les actes par lesquels Marie autrefois nous a mérité et peut aujourd'hui nous dispenser la vie dans le Christ.

Non, en vérité, le mystère de Marie n'est pas une fiction. Mais si nous en voulons bien saisir toute la réalité, nous en devrons bien distinguer tous les actes. Le mystère se partage en des mystères et se déroule en plusieurs actes. Et c'est toute cette suite qui nous montrera que Marie est très réellement notre mère en la divine grâce, puisque c'est cela qui révélera tout ce que nous lui avons coûté et comment nous recevons d'elle la vie même qu'elle a portée en soi, et parfois bien douloureusement, en s'identifiant avec son divin Fils.
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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

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Déjà l'on doit observer que ces mystères se distribuent en deux phases principales dont l'une succède à l'autre. La première est un fait qui s'est accompli jadis sur la terre; l'autre, un fait qui se poursuit constamment du haut du ciel. Les mystères de l'une sont différents des mystères de l'autre, et la très sainte Vierge ne s'y trouve ni dans de mêmes actes ni dans de mêmes états.

Pascal a dit de Jésus : « Il est par sa gloire tout ce qu'il y a de grand, étant Dieu, et il est par sa vie mortelle tout ce qu'il y a de chétif et d'abject (1). »
Un semblable contraste se voit dans la succession des mystères de Marie. Aux yeux de la raison, vu le champ étroit de nos courtes évidences et de nos petites expériences, ce contraste a même quelque chose de déconcertant.

Des deux périodes que nous discernons, nous serions tentés de trouver la première trop terrestre, la seconde trop céleste, et la simplicité de celle-là né nous déroute guère moins que la transcendance de celle-ci. Si la première n'a pas passé inaperçue en ce monde, si elle a marqué de quelques traces des points connus du temps et de l'espace, elle l'a fait d'une manière si discrète, si effacée, que notre esprit n'en est pas satisfait et se demande comment une si humble histoire a pu porter de si grandes choses. La seconde période, au contraire, est tellement d'un autre monde et suppose des actes d'une telle ampleur et d'une telle sublimité que nous avons peine à nous en faire une idée exacte.

Le mérite sur la terre, la toute-puissante intercession du haut du ciel, voilà ce qu'il nous faut pourtant méditer dans le mystère de Marie.
1. PASCAL, Pensées, 785.


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CHAPITREI VI

OÙ L'ON DIT COMMENT LE MYSTÈRE DE MARIE EST DANS TOUTE SA SUITE UN MYSTÈRE DE FOI ET PAR QUELS MOYENS ON PEUT S'EN FAIRE UNE IDÉE VRAIE


Le mystère de Marie ne se révèle à nous qu'à la lumière de la foi. Plusieurs des faits qui le composent, même de ceux qui appartiennent à l'existence terrestre de la Vierge, nous échapperaient entièrement sans la foi.

Ainsi, il est évident que l'insigne et singulière faveur de l'Immaculée-Conception ne pouvait s'inscrire d'une manière sensible dans la trame d'aucune histoire: à moins d'une révélation spéciale, sainte Anne elle-même devait ignorer quelle merveilleuse enfant elle venait de concevoir. A l'autre extrémité de la vie, une faveur pareillement insigne et singulière a mis fin à la présence de Marie sur cette terre sans laisser dans nos annales, à ce qu'il semble, de traces bien tangibles; et cependant quel événement, en soi et pour nous, que l'Assomption! On dirait que Dieu même s'est montré jaloux d'enfermer en un secret divin le commencement et la fin du cours de la vie que notre Mère a menée parmi nous.

Une semblable remarque s'étendra du reste à toute la suite des mystères de cette vie. Dans toute l'histoire extérieure des origines chrétiennes il n'est fait à la Mère de Jésus qu'une place très discrète. Et lors même que les récits de la sainte Écriture ou les traditions de la sainte Église entrent dans plus de détails et mettent Marie plus en évidence, il y a toujours un aspect plus profond, « l'intérieur des mystères (1) », qui n'est accessible qu'à une foi bien éclairée et inspirée d'en-haut. C'est pourquoi il est difficile d'écrire une Vie de la très sainte Vierge: au contraire, on dirait qu'il convient « de tenir caché le secret du roi (2) ».
1, Comme on disait au XVIIe siècle,
2. Tobie, XII, 7.


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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

Message par Monique »

Je n'ignore pas que plusieurs pages de l'Évangile, toutes celles de saint Luc qui concernent l'Évangile de l'Enfance, veulent être ramenées en définitive à des communications de Marie. Elle seule a connu et vécu dans leur fond le plus intime tous ces premiers actes de notre salut. Elle pouvait donc les raconter. Et saint Luc semble bien la désigner comme sa source. Il paraît dire que lui-même ou ceux qu'il a interrogés ont eu le bonheur d'entendre la très sainte Mère de Dieu (3). Marie aurait donc ainsi livré au public ses souvenirs d'enfance et de jeunesse. Mais avec quel tact elle l'a fait, et avec quel sentiment du mystère divin dont elle est investie!

En vérité elle ne s'est livrée qu'à ses enfants. Et ne leur faut-il pas toute la foi pour deviner, par exemple, ce que l'ange a voulu dire en la saluant (pleine de grâce ) ou tout ce qu'elle-même a voulu signifier en répondant« qu'elle ne connaît pas d'homme » (1) ? Si la destinée de notre Mère nous, apparaît « si cachée en Dieu (2) », à certains égards plus cachée même que ne l'est celle de Jésus, comment pourrions-nous nous en plaindre. C'est la preuve que cette divine Vierge appartient dans l'économie du salut à un ordre tout à fait à part, intime et transcendant tout ensemble, où elle va se trouver associée par sa prodigieuse maternité à la paternité de Dieu sur le Christ et sur nous.

C'est donc la lumière de la foi qui nous aide à pénétrer le secret de ces mystères et nous en fait apercevoir le sens et le lien. Le croyant ne s'étonne, au fond, ni de la simplicité d'autrefois ni de la sublimité d’aujourd’hui. Bien plus, il devine que cette simplicité dans le temps préparait et contenait en germe la sublimité éternelle, et il se dit que les attitudes célestes demeurent toutes conformes à la belle simplicité de jadis.

3. Cf. P. LAGRANGE, dans son Évangile selon saint Luc.
1. Luc, I, 28, 34.
2. Col., III, 3.


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Re: LE MYSTÈRE DE MARIE

Message par Monique »

Pour saisir dans un véritable « esprit d'intelligence et de révélation ... la grandeur éminente de la puissance... que Dieu a déployée dans le cas du Christ (3) » et dans celui de Vierge Marie, le chrétien a toutes les pièces authentiques du Nouveau Testament. Guidé, par les articles de sa foi, attaché aux définitions et aux traditions de la sainte Église, il se fait une prodigieuse idée de la très sainte Vierge, notamment en ce qui concerne les actes de la maternité de grâce.

Mais il faut savoir que cette théologie grandiose ne repose pas sur rien et n'est pas une fantaisie du sentiment religieux. Pour tout ce qui regarde là phase terrestre, elle s'appuie sur les données mêmes de l'Évangile. C'est l'Évangile avant l'Église qui nous force à appeler Marie Mère de Dieu, et à ne pas séparer des actes de Jésus les actes de la femme sans laquelle il ne serait pas.

C'est l'Évangile, qui nous donne ainsi à penser que la destinée de Marie si liée sur la terre à celle de son grand Fils se poursuit dans l'au-delà. Aussi, nous ne faisons nulle difficulté de penser qu'elle a été « faite esprit vivifiant », nouvelle Ève à côté du nouvel Adam (2). Ni l'Assomption, ni le Couronnement de gloire, ni la Médiation universelle, ne nous surprennent outre mesure.

Je ne dis pas que nous nous représentons parfaitement notre Mère dans ses mystères glorieux, les choses de cette vie n'étant que « l'ombre des réalités célestes (3) ». Mais j'ose dire, enhardi par tout le christianisme et fondé sur ce que j'appellerais volontiers son audacieux positivisme, que même cette phase céleste de l'incommensurable maternité ne nous, est ni tout à fait inaccessible ni totalement inintelligible. Pour la décrire et l'exposer dans la vérité de ses principaux actes, nous ne craignons pas d'appliquer à Marie actuellement, proportions gardées, ce que les écrivains inspirés ont dit du Christ glorieux dans des documents comme l'Épître aux Hébreux ou l'Apocalypse. Nous faisons ce rapprochement de gloire avec tous les ménagements ,voulus par la foi elle-même, mais nous y trouvons une base solide à nos élévations.
3. Éph., 1,17. 19-20.
I. Hëbr., IV, 14.
2. 1 Cor., XV, 45.
3. Hëbr, VIII, 5.


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