La Croisade des Zouaves Pontificaux

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Abbé Zins
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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 37 (Novembre 1993)


3. ACTUALITÉ DOCTRINALE



LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX



II
LA RÉACTION CATHOLIQUE — FORMATION D'UNE ARMÉE PONTIFICALE




Le Piémont a jeté le masque. Victor-Emmanuel ne possède pas la piété de son père.

Avec Cavour et les "Italianissimes" il pense que la fin justifie les moyens quand il s'agit de "la" cause italienne.

Il n'y a pas, à proprement parler, conflit.

Le Pape n'a pas d'armée, surtout pas dans les provinces si dernièrement évacuées par les Autrichiens par la faute des armées de Napoléon III.

Cette absence de conflit alarme les consciences catholiques en dévoilant l'extrême faiblesse temporelle de la Papauté face à un voisin belliqueux.


1) Protestations de l'Episcopat Catholique :


L'attentat sacrilège du gouvernement sarde suscite une grande émotion et une vive réaction des Évêques de France (Alex de Saint Albin cite 46 Archevêques ou Évêques français), d'Espagne, d'Irlande, d'Allemagne, des Etats italiens et du reste de la Chrétienté.

Ces appels, ces protestations sont entendues.

Des défenseurs se lèvent pour aller au secours du Pape.


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Abbé Zins
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3. ACTUALITÉ DOCTRINALE



LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX




2)Généreux Elan des Coeurs vers une nouvelle Croisade :



En France, et dans les milieux catholiques les plus ardents, une politique de résistance est souhaitée.
Monseigneur Baunard (c) expose très clairement le rôle prépondérant que joua le Cardinal Pie :


« Dès l'année précédente, 1859, des prêtres ayant consulté Mgr. Pie sur le choix d'une offrande à présenter à Pie IX, il avait répondu : « Envoyez—lui plutôt des troupes et de l'argent ».

L'Evêque fit davantage : il prit dès lors, vis-à-vis de quelques-uns de ses collègues, l'initiative de ce qui devint l'Oeuvre du Denier de Saint-Pierre et de l'enrôlement d'une armée de volontaires au service du Pape.

Il pouvait paraître étrange qu'un Evêque, ministre de paix, provoquât un armement militaire pour l'Eglise ?

Dieu seul ne lui suffit-il pas ? N'a-t-elle pas ses armes spirituelles ?

Mgr. Pie y a pensé, et ses notes répondent :

« Oui, l'Eglise compte sur Dieu ; mais lorsque Dieu est venu le plus manifestement au secours de son peuple, encore est-il que son peuple était défendu par une élite de braves.

C'était un bataillon semblable qui sonnait de la trompette et qui brisait ses vases d'argile, en s'écriant : « GLADIUS DOMINI ET GEDEONIS : Le glaive de Dieu et de Gédéon !

Oui, que l'on fasse appel à la ferveur de la prière, à l'or de la charité, à la sagesse des conseils et de la diplomatie, même au glaive de l'anathème : GLADIUS DOMINI.

Mais aussi, que le Pontife-Roi défende au besoin sa Souveraineté temporelle par les armes temporelles des Rois ; qu'on ne dénie pas aux bons l'honneur de verser leur sang pour la cause du bien, tandis que les méchants le versent pour la cause du mal.

Le Dieu des Armées abdiquera-t-il ce nom parce qu'il s'agira de la défense de son Vicaire ?

La guerre ne sera-t-elle licite qu'au profit des causes vulgaires ou même criminelles ?

Pour le triomphe d'une cause sacrée, ce n'est pas trop que le glaive spirituel et le glaive temporel soient tirés de concert, et que chacun d'eux étincelle aux mains qui doivent le tenir : GLADIUS DOMINI ET GEDEONIS ! »



(c) Histoire du Cal. Pie, Ev. de Poitiers, par Mgr. Baunard 2e. Ed. 1886 p.71-76.
Cf. aussi P. de la Gorce op. cit. p. 365 et Ch. Catta Doctr. Cal. Pie p. 108s.

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3. ACTUALITÉ DOCTRINALE



LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX



Toutefois cet enrôlement était alors chose encore trop insolite pour être comprise et acceptée immédiatement : aussi les réponses des Evêques ne furent-elles guère, à cette époque, que des objections...

Voyant ces démarches encore infructeuses, Mgr. Pie se résigna à l'attente, mais non à l'inaction.

Il avait provoqué dans le Poitou et la Vendée la libéralité des familles catholiques et l'élan de la jeune noblesse.

Aussi, quand, à la fin de mars, le Général Lamoricière, encouragé par lui, alla prendre le commandement des troupes de Pie IX, on en revint au premier dessein de Mgr. Pie... l'élan était donné.

Plusieurs Evêques s'étaient maintenant prononcés pour l'action.

A Poitiers, Mgr.Pie « avait déjà, disait-il, reçu des rangs les plus divers de la société, des dons plus ou moins importants, selon les facultés de ceux qui les offraient. Le clergé, malgré son extrême détresse, avait donné, comme toujours, le signal et l'exemple de la générosité. Le Pape avait reçu ces dons avec reconnaissance ».


Le 20/6/1860, l'Evêque de Poitiers généralisa cet appel par une lettre aux prêtres de son diocèse...

Même encouragement à provoquer l'enrôlement des volontaires pontificaux :

« Plus cette noble détermination trouve de contradicteurs, plus la religion leur doit d'applaudissements...

Il serait ambitieux et prématuré peut-être de prononcer le mot de CROISADE.

Disons pourtant que l'expédition pour la délivrance de Rome n'a pas un but moins religieux que celle d'autrefois pour la délivrance de Jérusalem.

Jérusalem, c'est notre histoire ; Rome, c'est notre vie.»


Déjà, lui, l'homme de l'antiquité ecclésiastique, se demandait s'il n'y avait pas là, dans ce recrutement des volontaires de l'Eglise, le germe du rétablissement des anciens Ordres militaires.

Il y avait pensé ; il avait trouvé un nom pour cette milice du Pape :

on l'appellerait LA CHEVALERIE DE SAINT—PIERRE.


En attendant, c'était déjà de modernes Croisés qu'il bénissait en eux.

« Quant à nous, disait-il, fidèles aux traditions de nos devanciers, nous appelons chaque matin sur cette jeune armée toutes les bénédictions que l'Eglise implore par ses Pontifes, lorsqu'ils donnent la Croix à ceux qui partent pour le secours et la défense de la Foi Chrétienne.»

Le devoir de pourvoir à l'équipement de ces troupes, l'exhortation à souscrire à l'emprunt pontifical terminaient cette lettre.


Le Chanoine Catta est plus affirmatif encore :

« C'est Mgr. Pie qui eut l'idée, le premier, des Zouaves Pontificaux... projet dont Mgr. de Mérode devait avoir finalement l'initiative pratique.»

Le Saint-Père ne pouvant plus compter sur les gouvernements, et privé des riches revenus des Légations et des Romagnes, prend la résolution de soutenir ses finances avec les dons des fidèles, et de défendre son trône à l'aide de la jeunesse catholique.

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3. ACTUALITÉ DOCTRINALE



LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX




Du Denier de Saint Pierre....


« Les Evêques eurent à peine besoin de stimuler la générosité des fidèles.

En France, l'oeuvre du DENIER DE SAINT PIERRE ne put obtenir de se régulariser à titre d'association, mais le gouvernement n'osa pas interdire les quêtes dans les églises, et, quant aux souscriptions versées à domicile, elles échappaient à son contrôle.

En Belgique, bien que le libéralisme et la franc-maçonnerie fussent au pouvoir, on profita des libertés constitutionnelles pour établir l'oeuvre sous une forme analogue à celle de la PROPAGATION DE LA FOI ; au bout de trois mois, la Flandre comptait quatre cent mille associés.

En Italie le journal catholique l'Armonia recueillait périodiquement des sommes considérables, des cassettes remplies de joyaux et d'objets précieux.

L'Irlande et la Pologne, du sein de l'oppression et de la pauvreté, rivalisaient avec les pays les plus riches, avec l'Amérique et l'Allemagne, avec la Hollande et l'Angleterre.

On vit une quête, à Dublin, produire en un jour plus de deux cent mille francs, et tout cela affluait aux pieds du Saint—Père avec des milliers j'adresses dans toutes les langues, couvertes de millions de signatures.»


("Pie IX, sa vie son histoire, son siècle")



... Au Sacrifice de son Sang :


« On ne se bornait pas à offrir de l'or ; chaque paquebot amenait à Rome de nombreux volontaires français, belges, irlandais, espagnols, hollandais surtout.

La jeune noblesse française, préparée généralement par une éducation vraiment Chrétienne, trouvait l'occasion de se retremper dans le sacrifice et de s'arracher à la mollesse de la vie parisienne ; elle la saisit avec un empressement que redoubla chez plusieurs la joie de porter les armes sans être obligé de servir pour cela un Napoléon.»


("Pie IX, sa vie son histoire, son siècle")


F Z

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EDITORIAL



DEUX GRANDES ET FORTES PERSONNALITÉS POUR LA FORMATION D'UNE ARMÉE PONTIFICALE
(1)




La formation d'une armée internationale de volontaires pour protéger la Pape et l'Eglise est due à l'activité de deux hommes, Monseigneur Xavier de MERODE et le Général de La MORICIERE.


En les présentant tour à tour nous comprendrons mieux leur action auprès des volontaires qui accourent.





(1) Cet article s'insère dans la section II de l'étude sur les Zouaves Pontificaux, intitulée : La réaction catholique — Formation d'une armée pontificale.

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DEUX GRANDES ET FORTES PERSONNALITÉS POUR LA FORMATION D'UNE ARMÉE PONTIFICALE



Monseigneur Xavier de Mérode :


Monseigneur Xavier de MERODE est né à Bruxelles en 1820 d'une des plus illustres familles de Belgique.

Il fait ses études au collège de Juilly dirigé à cette époque par l'abbé de Salinis qui deviendra Archevêque d'Auch. (2)

Puis il suit les cours de l'Ecole Militaire de Bruxelles et reçoit son brevet d'officier en 1841.

Quelques temps plus tard il sert dans l'armée française d'Algérie où il se distingue par son courage.

Il est blessé et décoré (sur le champ de bataille) en Algérie, où il fait la connaissance des Généraux de Cavaignac et de La Moricière.

Il revient en 1846 en Belgique et quitte l'armée pour les ordres.

Fin 1847 il se rend à Rome. Ordonné diacre, il est mis en prison sous la révolution de 1848—1849.

Ordonné prêtre en septembre 1849 après la libération de la Ville, il est nommé "camérier secret participant" par Pie IX en 1860.



C'est lui qui incarne à Rome le parti de la résistance armée aux attaques des impies spoliateurs du Saint Siège. Voici le portrait qu'en fait Pierre de la Gorce (3) :

... « Il était de grande race et de grand coeur.

La Belgique était sa patrie mais beaucoup de liens de famille et d'amitié le rattachaient à la France...

A la Cour Pontificale, sa haute naissance eût suffi pour le mettre en relief. Il dut à d'autres causes un renom qui dépassa fort l'enceinte du Vatican et même de la ville.

Dans la Rome de Pie IX, nulle physionomie ne fut plus personnelle ni surtout plus en dehors que celle de ce robuste et libre Franco—Belge égaré parmi les Italiens....

De tous ses défauts le principal était l'excès même de la sincérité....

En lui le prêtre était pieux jusqu'au mysticisme et c'était merveille de le voir monter à l'autel avec une gravité recueillie qui touchait au ravissement.

Le saint sacrifice achevé, le soldat d'autrefois se retrouvait, batailleur et même un peu rude.

Rude il ne l'était d'ailleurs que vis—à—vis des puissants ; car vis—à—vis des humbles, des égarés, des souffrants, son coeur se fondait en tendresses....

M. de Mérode aimait le combat, même sans la victoire. M. de Mérode qui n'était pas seulement droit, mais la droiture même, aimait toutes les vérités et de préférence les plus difficiles à dire....

Passionné pour le bien et vaillant comme personne, il s'élançait en avant avec une superbe fierté de gentilhomme : mais ses desseins, ainsi qu'on le vit surtout plus tard,n'étaient pas toujours suffisamment mûris, par là il lui advint de donner prise aux attaques de ses adversaires et d'embarrasser parfois ses amis eux—mêmes....

Animé d'un amour sans bornes pour le Pape et pour l'Eglise, il se désespérait que la royauté temporelle pût sombrer....

Il trouvait un singulier plaisir, fait à la fois de zèle et d'esprit de contradiction, à déployer aux yeux des Romains ébahis toute l'activité familière à sa patrie.

Que si, malgré ses efforts, l'assaut de la Révolution était inévitable, l'ancien officier d'Afrique ne voulait point douter que le Pape ne trouvât des défenseurs capables de sauver son trône ou, du moins, d'honorer sa chute.».



C'est lui qui suggéra à Sa Sainteté Pie IX de donner aux volontaires qui accouraient à Rome, un chef de valeur le Général de La Moricière.



(2) Chantrel. Annales Ecclésiastiques. Cf. Sub Tuum Praesidium n° 37, p. 33s.

(3) Op. cit. p. 363s.

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DEUX GRANDES ET FORTES PERSONNALITÉS POUR LA FORMATION D'UNE ARMÉE PONTIFICALE



Le Général de La Moricière



Léon Christophe Louis JUCHAULT DE LA MORICIERE, né à Nantes le 5 février 1806, sort N° 2 de l'Ecole Polytechnique et N° 1 de l'Ecole d'Application du Génie.


Au service de la France... :


1. En Afrique :


Il fait sa première campagne en Algérie comme lieutenant du génie.

Il débarque à Sidi Ferruch et participe à la prise d'Alger.

C'est pendant cette campagne qu'il fait la connaissance de celui qu'il devait faire nommer en 1860 gouverneur civil d'Ancône, le Comte de Quatrebarbes.

Capitaine au 2e. Zouave, il donne à cette unité d'élite son uniforme légendaire.

Il est chef de bataillon en 1833.

Il commande la petite troupe qui vient secourir la colonne Trézel si sévèrement repoussée par Abd El Kader le 28 juin 1835 aux abords de la Macta.

Cette même année il devient lieutenant-colonel des Zouaves.

En 1837, il a l'honneur redoutable de commander le premier assaut à la brêche faite dans l'enceinte de Constantine par l'artillerie, lors de la deuxième attaque française contre cette ville.

Il s'élance une hache à la main en criant : "Zouaves en avant ! Vive le Roi !"

Au cours de l'assaut, il est brûlé au visage par l'explosion d'une poudrière.

La ville est emportée.

La veille du combat, le Général Vallée avait dit à La Moricière :

« Colonel, si demain à 10 heures nous ne sommes pas maîtres de la ville, à midi nous serons en retraite.»

« Mon Général, avait répondu La Moricière, demain à 10 heures nous serons maîtres de la ville ou morts.»

L'offre de capitulation fut faite à 10 heures !

Sa belle conduite lui vaut sa nomination au grade de colonel.

Il combat à Mouzala. Le 12 mai 1840 il monte avec ses Zouaves à l'assaut de Médéa.

La même année il devient Général et commande la division d'Oran. Il a 34 ans !

Il commande l'aile droite de l'armée française à la bataille d'Isly le 14 août 1844. (1)

Enfin, couronnement de ses innombrables coups de mains et de son activité inlassable, il reçoit, dans la soirée du 24 décembre 1847 la reddition d'Abd El Kader, non loin de l'endroit où, quelques mois plus tôt, ont été massacrés ces courageux combattants du 8e. bataillon de chasseurs d'Orléans qui rendirent immortel Ie nom de Sidi Brahim.

Ses exploits guerriers ne l'empêche pas de prôner une grande colonisation de l'Algérie avec de larges moyens.

Il apprend l'arabe pour mieux se rapprocher des Algériens et se trouve être l'initiateur des bureaux arabes chargés de représenter le pouvoir de la France auprès des tribus soumises.

Il est très près de ses soldats et met tout en oeuvre pour assurer leur bien être, par souci de les maintenir en bonne santé, pour une meilleure efficacité.

Sa sollicitude se manifestera aussi attentive dans les Etats Pontificaux.



(1) remportée par le Mal. Bugeaud sur les Marocains, où La Moricière se distingua.

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2. Pour défendre l'Ordre menacé à Paris en 1848 :


Il ne quitte l'Algérie après 18 ans de présence presque ininterrompue que pour aller rétablir l'ordre dans Paris insurgé en 1848.

Il paie de sa personne et manque d'être abattu le 24/2/1848, jour de la proclamation du gouvernement provisoire.

Le Comte de Quatrebarbes (1) rapporte ainsi l'affaire :

« Il avait été, au milieu de la rue, près du Palais Royal, entouré par une bande de forcenés.

« C'est un assassin du peuple criaient les plus furieux, il faut le fusiller et l'enterrer dans une cave.»

Déjà ils mettaient la main sur lui et cherchaient à l'entraîner il venait de recevoir deux coups de baïonnette.

« Lâches coquins, s'écrie-t-il tout à coup, si vous voulez fusiller le général de La Moricière, fusillez—le au moins à la clarté du soleil.

- Tu mens, hurle un des insurgés, tu n'es pas La Moricière.

- Est—ce qu'il n'y a pas ici un soldat d'Afrique ? Est—ce qu'il n'y a pas un zouave qui reconnaisse son colonel ? »

A cette voix retentissante et si connue, un homme, noirci par la poudre, écarte les baïonnettes.

« Mon général, le voici, on ne vous touchera pas !

Il fend les rangs des insurgés qui se mettent à crier : "Vive La Moricière !"

Son courage et son nom l'avaient sauvé.»
.


En juin 1848 il montre dans la rue sa valeur militaire.

« Un jour, dit le Comte de Quatrebarbes, ...ses soldats rangés à droite et à gauche des maisons refusaient d'avancer.

« Voyons mes amis, leur dit le général, je vais vous donner l'exemple ».

Il s'avance seul avec son aide de camp au milieu de la rue, puis se retournant à trente ou quarante pas, voyant que personne ne le suivait, il revient en disant :

« Vous voyez bien que ces pauvres diables ne savent pas tirer ; mais vous devez comprendre aussi que je ne puis pas prendre la barricade à moi tout seul.

Allons, un peu de confiance, et au pas de course ».

Les soldats hésitent de nouveau, et le général s'avance une seconde fois sans être suivi ; il vient une troisième fois, enlève par sa parole les plus poltrons : la barricade est emportée.»
(2)


L'ordre est rétabli. Le Général La Moricière travaille avec le Général de Cavaignac. (3)


Aux élections de décembre 1848 ce dernier est battu par le prince Napoléon qui présentait un programme plus ferme pour aller secourir le Pape en Italie.

Le Général de La Moricière se retire alors de la politique.



(1) Souvenirs d'Ancône.

(2) On lit dans l'Ecriture (I Mach.11,68—74) un exploit plus grand mais semblable de Jonathas Machabée, fort loué par S. Ambroise (L .I Officiorum, ch. 41): cf. p. 26.

(3) Cf. Sub Tuum Praesidium n° 37 p. 20.


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3. En exil :


Le Général fut arrêté dans la nuit du 2 décembre 1851, à l'occasion du coup d'état de Louis—Napoléon Bonaparte.

Emprisonné à Ham, il refuse de servir Napoléon III, même au prix d'un bâton de Maréchal.

Exilé en Belgique, il ne peut, en raison de tracasseries, revenir en France assez tôt pour assister à la mort de son fils. Ce deuil est la cause de la levée de sa proscription.

Il s'installe dans son château de Prouzel en Picardie.

L'exil lui a fait retrouver la pratique religieuse et l'a converti en un homme pieux et de solide doctrine.

De passage à Paris en 1859, il y rencontre M. de Corcelles, ancien ambassadeur de France à Rome, et le Général Mac Mahon.

Ce dernier, au cours de la rencontre, raconte la bataille de Magenta.

M. de Corcelles demande à La Moricière s'il ne souhaite pas reprendre du service.

Le Général répond :

« Où en reprendre ? Ayant eu le malheur de n'être pas seulement un soldat, mais un homme politique, je ne puis servir sous Napoléon III ; l'honneur me le défend.

– Que répondriez–vous à qui vous offrirait le commandement de l'armée de Pie IX ?

– Je répondrais que la cause de Pie IX me semble humainement fort compromise, mais c'est une des causes pour lesquelles je serais heureux de mourir.»


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4. En défendant le Père Commun des Chrétiens :


Averti de ces dispositions, Monseigneur de Mérode vient au château de Prouzel le 3 mars 1860 pour proposer au Général de venir organiser et commander l' armée pontificale. A

vec sa franchise coutumière il ne lui cache pas les périls.

Le Comte de Barral (1) écrit :

« Mgr. de Mérode fut avec lui d'une sincérité plus habile que toutes les ruses.

Loin de lui montrer le triomphe assuré d'une grande cause, le couronnement éclatant d'une carrière prématurément arrêtée, il ne céla à La Moricière aucun des déboires qui l'attendaient.

L'administration de la guerre, l'armement, l'artillerie, les munitions, l'armement des places, tout allait être à créer.

L'armée pontificale n'existait que sur ses rôles ; les régiments indigènes, fournis par les pires éléments d'une race abâtardie, offraient aux agents révolutionnaires un champ d'action déjà préparé.

Les Etrangers ? Bons soldats jusqu'à l'heure du péril, mais tout juste capables de perdre la tête dès le premier revers. (2)

Quant aux tirailleurs franco-belges, ils n'étaient encore qu'une poignée d'adolescents.

Ils possédaient la foi, le courage, l'esprit militaire, mais avant que l'on en pût former un corps suffisamment nombreux, discipliné, instruit, il s'écoulerait des mois et, d'ici là, quelles aggressions ne fallaient-ils pas redouter ?

Ce n'étaient donc pas de nouveaux lauriers que l'on offrait à un général déjà chargé de gloire, mais à un chrétien obéissant, les plus lourdes épreuves : la raillerie de ses pairs, sa réputation militaire diminuée, la reddition d'une épée jusqu'à présent victorieuse.»
...


Le Général accepte en connaissance de cause. Son sacrifice n'a que plus de valeur.


Il écrit le 19 mars 1860 à son ami d'Algérie et d'exil à Bruxelles, le Général Bedeau qui fut l'un des premiers commandants de la Légion Etrangère :

« Je n'ai vraiment d'espoir qu'en Dieu.

Car d'après ce que je sais, la force d'un homme ne peut suffire à l'oeuvre que je vais entreprendre.

Ce n'est pas de l'audace qui pourtant, je l'espère, ne me manquera pas au besoin, c'est du dévouement, dont j'attends la récompense là-haut bien plus assurément qu'ici-bas.

Adieu je pars dans un quart d'heure et je dis au revoir à des gens qui ne savent où je vais.»
.


Il arrive à Bruxelles le soir du 19 mars. Il va rendre visite au père Deschamps afin que soit constitué dans cette ville un comité de recrutement de volontaires pour défendre Rome et la Religion.


Il dit à ce religieux :

« Je pars demain pour Rome. Si je n'ai à combattre que la révolution, je suis certain de réussir.

Si le gouvernement d'Italie s'en mêle, je serai battu sans doute mais j'aurai fait rougir l'Europe.»
(Cité par M. de Mathuisieulx).


Il arrive à Rome le ler. avril dans la soirée. Il est reçu le 2 en audience par le Souverain Pontife. Il se jette à genoux.

Pie IX en le relevant lui dit : « Merci mon cher fils, de nous apporter votre vaillante épée.».

La Moricière tout ému dit : « Oh Saint Père, à vous tout entier ! ».


Dans ses "souvenirs d'Ancône", le Comte de Quatrebarbes cite ces phrases lucides du Général :


« Très Saint Père, Votre Sainteté m'a demandé ; ses désirs sont des ordres et je n'ai pas hésité un instant.

Elle peut disposer de mon sang et de ma vie ; mais je dois lui dire en même temps, que ma présence est ici un secours ou un danger : un secours si je n'ai qu'à maintenir la tranquillité dans ses Etats et les préserver des bandes révolutionnaires ; un danger si mon nom est un prétexte pour hâter l'invasion piémontaise.

Car il m'est impossible à moins d'un miracle, de triompher d'une armée de soldats aguerris et qui combattront à dix contre un.»
. (1)


(1) Les Zouaves Pontificaux.

(2) Appréciations fort sévères dont les faits démontreront malheureusement la justesse, exception faite de la vaillante Légion Irlandaise Saint Patrick et des troupes autrichiennes du Major Fuchman. En fait, ces diverses troupes n'avaient pu encore être amalgamées faute de temps !

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