Comme au temps de Noé

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Abbé Zins
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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


1. L ’ ECH0 DE LA TRADITI0N


AU TEMPS DE NOÉ



Violence faite à la Miséricorde du Juste Seigneur :

"Saint Jean Chrysostome" a écrit :

52. " "Et le Seigneur se demanda pourquoi il avait fait l'homme sur terre".

Voyez quelle expression ordinaire et appropriée à notre faiblesse ! "Il se demandait" signifie : Il se repentit.

Ce n'est point que Dieu puisse se repentir non certes !

Mais l'Ecriture Sainte nous parle suivant les habitudes humaines, pour nous montrer combien étaient énormes les péchés qui avaient excité à ce point la colère du Dieu de clémence.


53. "Le Seigneur Dieu se demanda pourquoi il avait fait l'homme".

Ne l'ai-je donc créé que pour qu'il tombât dans un malheur pareil et qu'il fût lui-même l'auteur de sa perte ?

Est-ce pour cela que dès les premiers jours je l’ai honoré de tant de gloire, je l'ai environné de ma Providence dans l'intention de lui faire choisir la vertu et fuir sa destruction ?

Puisqu'il a abusé de ma Bonté, il vaut mieux couper court désormais à sa perversité.


54. "Le Seigneur Dieu réfléchit et dit : J'enlèverai de la surface de la terre l'homme que j'ai créé, et avec l'homme les troupeaux, les reptiles et les oiseaux du ciel, parce que je me suis demandé pourquoi je les avais créés."

J'ai fait, dit-il, tout ce qui dépendait de Moi.

J'ai amené l'homme du néant à l'existence ; je lui ai donné l'idée naturelle de ce qu'il lui faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire, je lui ai donné le libre arbitre, j'ai employé une patience ineffable ; après un délai bien long, après ma colère et mes menaces, j'ai encore accordé un autre sursis, désirant pouvoir révoquer mon arrêt s'il comprenait ses péchés.

Mais puisque tout cela ne sert à. rien, il faut accomplir mes menaces et les détruire entièrement : je ferai disparaître, comme un mauvais levain, cette race criminelle, pour qu'elle ne puisse enseigner le mal aux créations futures."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 22 in Gen.)



"Saint Thomas" a écrit :

55. "C'est là une manière humaine de parler.

C'est une manière figurée que l'on nomme anthropologique, quand les passions humaines sont attribuées à Dieu ...

"Et touché d'une douleur intérieure du Coeur, il dit : Je détruirai l'homme que j'ai créé ... "

Ce qui est dit ainsi, parce que, en nous, l'acte de détestation suit la passion de la douleur."


(Saint Thomas in Gen. 6,6s.)




56. Voici deux admirables versets exprimant de manière sublime un ineffable contraste en Dieu, qu'il est bon de faire remarquer et méditer à ceux qui tentent d'obnubiler la notion de la Justice Divine par celle de sa Miséricorde, qui cherchent à se rassurer à mauvais compte en écartant l'idée des supplices éternels de l'Enfer par ces quatre mots si souvent employés comme un impie rempart à leur conversion intérieure : Dieu est trop bon !

Or, c'est justement parce qu'il est infiniment Bon que Dieu ne peut supporter le mal, qu'il l'écarte absolument de Lui-même et le châtie beaucoup plus fortement que nul ne saurait châtier :

"Car la dilection est forte comme la mort, et l'émulation dure comme l'Enfer" (Cant. 8,6), ainsi que le déclare l'Epouse du Bien-Aimé.


57. C'est ce que montre magnifiquement ce passage : "Touché d'une douleur intérieure de Coeur", il s'agit bien là du Sacré-Coeur déplorant les péchés et l'endurcissement des pécheurs qui ne veulent point se corriger.

A quoi s'attendrait une mentalité moderne et libérale devant cette profonde douleur intérieure de Coeur, sinon à une rémission sans condition, à un pardon sans exigence de contrition et de ferme propos de ne plus recommencer ?

Or que dit le Sacré-Coeur devant cette impénitence opiniâtre ?

"Je détruirai l'homme que j'ai créé..." ! .... Je le condamnerai aux supplices éternels de l'Enfer !

Comme l'Apôtre Saint Pierre nous le rappellera plus loin, tant le déluge d'eau sur toute l'humanité pré-diluvienne que celui de feu sur Sodome et Gomorrhe nous démontrent qu'il ne s'agit point là de simple menace en l'air.

"Saint Jean Chrysostome" a écrit :

58. "Je détruirai l'homme... car je me repens de les avoir faits".

Voyez comme ce verbe est approprié à notre faiblesse.

Je ne voulais pas, dit Dieu, leur infliger une punition si terrible.

Ce sont eux-mêmes qui M'ont irrité à ce point par l'excès de leur iniquité."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 22)

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1. L ’ ECH0 DE LA TRADITI0N


AU TEMPS DE NOÉ



Vertu d'autant plus admirable de Noé au milieu d'une telle perversité universelle :


Saint Jean Chrysostome a écrit :

59. "Du reste, Dieu ne voulait pas détruire absolument le genre humain et anéantir radicalement notre espèce ; mais nous apprenons ici toute la laideur du péché et toute la beauté de la vertu ; nous voyons qu'un seul homme faisant la Volonté de Dieu vaut mieux que mille prévaricateurs.


60. "Noé trouva grâce devant le Seigneur Dieu"'.

Quoique toute cette foule se soit laissée aller à de tels désordres, ce juste a conservé l'étincelle de la vertu ; il a parlé à tous les hommes, il les a exhortés à quitter leurs vices dont il a évité la contagion.

Enfin, de même que ceux-ci avaient excité par leurs méfaits la colère du Dieu de clémence, celui-là, fidèle à la vertu, "trouva grâce devant le Seigneur Dieu".

Sans doute, "Dieu ne fait pas acception des personnes" (Act. 10,34).

Mais si dans une multitude pareille il trouve un seul homme qui a cherché à Lui plaire, il ne le néglige pas.

Au contraire, il l'honore d'une protection particulière et veille sur lui avec d'autant plus d'attention que, parmi tant d'autres qui sont entraînés au mal, il a suivi constamment la route de la vertu...


61. Réfléchissez, je vous prie, à l'extrême sagesse du juste qui, au milieu d'un pareil ensemble de crimes, eut la force d'éviter le mal et de ne mériter aucun blâme : comme s'il avait été d'une nature supérieure, son esprit eut tant d'énergie et une disposition si naturelle à la vertu, qu'il put se soustraire à ces funestes exemples et échapper à la ruine universelle."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 22 in Gen.)


62. " "Noé trouva grâce devant Dieu".

Voyez combien l'Ecriture est précise, et comme Elle ne contient pas une seule syllabe inutile !

Après nous avoir exposé l'énormité des fautes des hommes et la peine terrible réservée aux mauvais, Elle nous indique celui qui, dans une pareille foule, avait pu conserver la pureté de sa vertu.

En effet, la vertu par elle-même est toujours admirable, mais celui qui la pratique au milieu d'hommes qui la repoussent mérite encore plus d'admiration."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 23 in Gen.)

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AU TEMPS DE NOÉ



Raison profonde de l'inébranlable fidélité de Noé :

Saint Jean Chrysostome a écrit :


63. "Aussi l’Écriture Sainte nous fait admirer ce juste mêlé à ceux qui allaient éprouver la colère de Dieu, et Elle dit : "Noé trouva grâce devant le Seigneur Dieu".

Elle nous enseigne ainsi qu'il n'a pas eu d'autre but que d’être bien vu de cet Œil qui ne connaît ni le sommeil ni l'assoupissement, et qu'il ne s'est pas inquiété de la gloire humaine, de la honte et des moqueries.


64. Il est probable que lui, qui cultivait la vertu en opposition avec tout le monde, devait être un sujet de risées et de plaisanteries pour ceux qui faisaient le mal.

En effet, c'est encore leur habitude à l'égard de ceux qui recherchent la vertu au lieu de les imiter.


65. Nous voyons bien des hommes faibles qui, ne pouvant supporter ces vices et ces plaisanteries, préfèrent la gloire humaine à la gloire immortelle et seule véritable, et se laissent emporter et attirer par la malice des autres.


66. En effet, il faut une âme énergique et constante pour résister à ceux qui cherchent à l'entraîner, et ne rien faire dans le but de plaire aux hommes, pour tenir son regard fixé sur l'Œil vigilant d'où elle attend sa sentence en méprisant celle du monde, pour ne pas tenir compte des louanges ou des injures humaines, mais les regarder comme des ombres ou des rêves.

"Car il est une honte qui conduit au péché" (Eccli. 4,25).


67. Bien des gens auraient cédé à ces risées, ces sarcasmes, ces plaisanteries ; mais tel n'était pas le juste.

Car il résista non seulement à dix, à vingt, à cent hommes, mais à toute l'espèce humaine, à tous ces milliers de pécheurs.

Il est probable qu'on se moqua de lui, qu'on le bafoua, qu'on l'insulta, qu'on l'injuria de toutes les manières ; peut-être même l'aurait-on mis en pièces si l'on avait pu.

Telle est toujours la fureur du vice contre la vertu ; mais, loin qu'il lui porte aucun préjudice, il la fortifie par ses attaques.


68. En effet, telle est la force de la vertu, qu'elle triomphe de ses ennemis par ses souffrances, et qu'elle est plus victorieuse à mesure qu'on l'attaque davantage.

Cela se voit dans une foule de circonstances. Mais pour vous donner l'occasion de le reconnaître, car "donnez l'occasion au sage et il deviendra plus sage" (Prov. 9,9), il faudrait vous citer bien des exemples de l'Ancien et du Nouveau Testament ...


69. Comment donc s'explique ce triomphe ? ...

Noé ne cessait de contempler l'Œil qui ne dort pas ; là se fixait toujours le regard de sa pensée ; tout le reste l'occupait aussi peu que s'il n'eût pas existé.


70. On peut en être certain : celui qui est possédé de l'Amour divin au point de porter toujours ses désirs vers Dieu, finit par ne plus rien voir des choses visibles ; il songe continuellement à Celui qu 'il aime, la nuit et le jour, en se couchant comme en se levant.


71. Ne vous étonnez donc pas que le juste, tenant sa pensée uniquement dirigée vers Dieu, ne se soit pas inquiété de ceux qui voulaient le faire succomber.

Déployant tout son zèle et soutenu par la grâce d'en-haut, il leur était supérieur à tous."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 23 in Gen.)

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AU TEMPS DE NOÉ



Comparaison entre Noé et ses contemporains :

Saint Jean Chrysostome a écrit :

72. "C'est pour cela que le Christ, en nous enseignant de ne pas être avides des louanges humaines, finit par dire : "Malheur à vous, quand tous les hommes diront du bien de vous ! " (Lc. 6,26).

Observez que ce mot "malheur" indique ce que sera la peine réservée. Cette exclamation présage une calamité ...

Voyez la précision de ces paroles. Il ne dit pas seulement les hommes ; mais : "tous les hommes".

Il est impossible en effet que l'homme de bien, qui suit la route étroite et pénible, et obéit à tous les ordres du Christ, soit loué et admiré par tous les hommes.


73. Car le vice est bien puissant et bien hostile à la vertu.

Le Seigneur sait que celui qui ne s'écarte pas de la vertu et ne demande d'autre approbation que celle d'en-haut, ne peut-être approuvé et loué par tous les hommes, et voilà pourquoi il plaint ceux qui négligent la vertu pour la gloire des hommes ; car s'ils se réunissent tous pour vous louer, c'est la meilleure preuve que vous n'estimez pas assez la vertu ...


74. Comment donc ne serions-nous pas frappés d'admiration pour ce juste ?

Ce que le Christ nous a annoncé en paraissant parmi nous, lui, sans autre instruction que la loi naturelle, il l'a accompli d'une manière parfaite, et méprisant l'opinion des hommes, il n'a recherché la vertu sur terre que pour obtenir la grâce de Dieu, car "Noé trouva grâce devant le Seigneur Dieu"."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 23 in Gen.)


75. "Donc, pour nous faire comprendre de quelle manière, au milieu de ce délire, de cette rage universelle, ce juste resta seul, conservant d'une âme ferme la continence et les autres vertus jusqu'à ce qu'il fut parvenu à l'âge de cinq cents ans, l'Ecriture, après avoir dit : "Noé ayant cinq cents ans", ajoute : "engendra trois fils".


76. Voyez-vous, mon bien-aimé, la parfaite tempérance du juste ?

Ne nous contentons pas, ici, de passer outre sans nous arrêter ; mesurons la longueur du temps ; considérons la perversité qui s'était étendue sur toute l'espèce humaine, à cause de la mollesse des âmes ; considérons tout ce qu'il y a de vertu, de piété, à réprimer, pendant un si long temps, la rage de la concupiscence ; à se choisir une route si éloignée de celle que suivent les autres ; à s 'interdire, non seulement un commerce illicite, mais jusqu 'au commerce légitime et permis : "et il engendra", dit l'Ecriture, "trois fils, Sem, Cham et Japhet ; or la terre était corrompue devant Dieu, et remplie d'iniquité".


77. C'est, il me semble, par une disposition de Dieu, que ce juste n'eut de commerce avec son épouse qu'après un si long temps, et attendit si tard pour engendrer ses fils.

En effet, comme la grandeur de l'iniquité, de la perversité, rendait nécessaire la destruction générale de la terre, la Miséricorde de Dieu voulut conserver ce juste, pour servir de racine et de ferment, pour faire de lui, après la destruction des autres, l'origine et les prémices de l'avenir.

Pour cette raison, ce juste, âgé de 500 ans, quand il eut ses trois fils, se contenta de ce nombre, déclarant par là que ce qu'il avait fait, c'était pour servir les desseins de la divine Bonté en faveur du genre humain à venir...


78. Considérez le soin que prend l'Ecriture, qui ajoute aussitôt. : "or la terre était corrompue devant Dieu et' remplie d'iniquité".

Voyez-vous, dans la même nature, cette grande et inexprimable différence ; à propos du juste, l'Ecriture disait : "Noé fut un homme juste et parfait au milieu des hommes de son temps" ; tandis qu'au sujet de tous les autres, Elle dit : "or la terre était corrompue devant Dieu et remplie d'iniquité".

Ce mot "terre" désigne la multitude des hommes ; c'est parce que toutes leurs actions se rapportaient à la "terre" que l’Ecriture désigne, par ce mot "terre", et leurs bassesses, et l'excès de leur malignité.

De même qu'elle avait dit du premier homme, qui perdit par sa désobéissance la gloire dont il était revêtu, et qui fut assujetti pour son châtiment à la mort : "Tu es terre, et tu retourneras à la terre" (Gen. 3,19) ; de même ici, parce que les vices avaient grandi outre mesure, Elle dit : "or la terre était corrompue".


79. Elle ne se contente pas de dire : "or la terre était corrompue", mais Elle ajoute : "devant Dieu, et remplie d'iniquité".

En effet, cette expression : "était corrompue" est une hyperbole qui manifeste la malignité sous toutes ses formes.

On ne peut pas dire que ces hommes fussent coupables d'un ou, deux péchés seulement ; ils avaient commis toute espèce'd'iniquités, dépassant toute mesure.


80. Aussi le texte ajoute : "et la terre était remplie d'iniquité".

Ce n'était pas en passant, d'une manière commune qu'ils faisaient le mal ; ils commettaient toute espèce de péchés, en s'y appliquant avec ardeur.

Et voyez comme l'Ecriture ensuite ne daigne pas leur accorder le moindre souvenir ; Elle les désigne du nom de "terre", indiquant en même temps, par là, et la gravité des péchés, et l'indignation de Dieu.


81. "Or la terre était corrompue", dit le texte, "devant Dieu", c.à.d. qu'ils faisaient tout au rebours des préceptes de Dieu ; foulant aux pieds les Commandements de Dieu ; perdant, par leur lâcheté, ce maître intérieur que la nature a mis dans l'âme humaine...

"La terre", dit le texte, "était remplie d'iniquité".

Voyez-vous tout ce que le péché a de funeste, comme il fait que les hommes ne méritent plus d'être appelés de leur nom ?...

Voyez ... comme l'Ecriture se sert du mot "terre" pour désigner les hommes.

Puis, après avoir une fois, deux fois, trois fois prononcé le mot "terre", pour qu'on n'aille pas imaginer qu'il s'agit de la terre matérielle, le texte dit : "Car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre".

Ici encore, on ne daigne pas prononcer le mot homme le texte dit "chair" pour nous apprendre qu'il ne parle pas de la terre proprement dite, mais des hommes revêtus de chair, et tous appliqués, tout entiers, aux choses de la terre.

C'est l'habitude de l'Ecriture ... d'appeler les hommes qui ne voient que la chair, qui n'ont aucune pensée relevée, du nom de "chair" ; c'est ainsi que le bienheureux Paul dit : "Ceux qui vivent selon la chair ne peuvent plaire à Dieu" (Rom. 8,8)..


83. Donc, après que la divine Ecriture nous a montré, par ces paroles, la multitude des péchés, l'excès de la malice, la grandeur de l'indignation de Dieu ; après avoir, pour flétrir les désirs mauvais, à trois reprises, appelé du nom de "terre" les hommes qui vivaient alors, Elle les appelle encore du nom de "chair", en les dépouillant du nom que leur a donné la nature."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 24 in Gen.)

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AU TEMPS DE NOÉ



Motif du décret divin ayant décidé le déluge universel :

Saint Jean Chrysostome a écrit :


84. "Maintenant, par ce qui suit, l’Ecriture nous montre l'ineffable Miséricorde de Dieu, et la grandeur de sa Clémence. En effet, que dit-Elle ?

"Et le Seigneur dit à Noé". Voyez l'excès de Bonté ! Dieu s'entretient avec ce juste comme un ami avec son ami.

Il lui fait part du châtiment qu'il infligera à l'espèce humaine, et il dit :

"Le temps de tout homme est venu devant Moi ; ils ont rempli toute la terre d'iniquité, et je les exterminerai avec la terre".

Qu'est-ce à dire : "le temps de tout homme est venu devant Moi" ?

J'ai montré, dit-il, une grande patience, une grande tolérance, en n'infligeant pas le châtiment que je leur tiens en réserve.

Mais, puisque leur péché, excédant le nombre et la mesure, a fait venir le temps de l'expiation, il faut en finir avec eux, ruiner leur malignité, pour qu'elle ne s'étende pas plus loin...

C'est parce que je vois des ulcères incurables, que je veux arrêter la malignité qui déborde, afin que les pécheurs ne s exposent pas à de plus terribles châtiments ...

Je prévois l'avenir et, en les frappant d'une juste punition, je veux surtout affranchir la postérité du fléau qui les aura perdus ...


85. " "Le temps", dit-il, "de tout homme est venu devant Moi".

Voyez encore ici ; de même qu'il disait plus haut : "Chacun pense", ainsi il dit à présent : "de tout homme".

Tous conspirent ensemble, tous ont quitté ma cause pour passer à l'iniquité ; dans une si grande multitude on ne trouve pas un homme qui tienne compte de la vertu. . . le temps est venu de couper, d'empêcher l'ulcère d'aller plus loin... "est venu devant Moi" :

ils se sont abandonnés aux oeuvres que la loi condamne, comme s'il n'y avait personne pour les voir, pour leur demander compte de leurs crimes ; ils n'ont pas vu que rien ne M'est caché, à Moi qui leur ai donné la vie, et le corps et l'âme, et tant de biens en foule ; donc, "le temps de tout homme est venu devant Moi".


86. Ensuite, comme s'il voulait s'excuser devant l'homme juste, comme pour lui montrer que c'est l'excès des péchés qui seul a provoqué en Lui tant de colère, il dit : "Ils ont rempli toute la terre d'iniquité".

Ont-ils négligé de commettre, dit-il, quoi que ce soit qui appartienne au péché ?

La grandeur de leur malignité est visible ; c'est une mer qui déborde, toute la terre en est inondée.


87. Voilà pourquoi, dit-il, "je les détruis et la terre avec eux".

Ils ont été les premiers, par leurs actions contre la loi, à se détruire eux-mêmes :

voilà pourquoi j’amène l’universelle destruction ; j'opère la suppression qui les efface, eux et la terre, afin que la terre puisse montrer qu'elle est purifiée, qu'elle est purgée de tant de crimes."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 24 in Gen.)

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AU TEMPS DE NOÉ



Noé et les siens trouvèrent seuls grâce devant Dieu :


Saint Jean Chrysostome a écrit :


88. "Essayez maintenant de concevoir ce qui se passa dans l'âme de ce juste, quand il entendit ces paroles de la bouche du Seigneur. Sans doute il avait conscience de sa grande vertu.

Cependant, ce n'était pas sans douleur qu'il entendait de telles paroles.

L'affection, l'amour est le propre des justes ; pour le salut des autres ils consentent volontiers à tout souffrir.

Que dut donc éprouver cet homme admirable, quand sa pensée lui représentait la perte, la destruction de la création tout entière ; quand peut-être il soupçonnait, pour lui-même, quelque chose de lugubre ?

Car il n'était encore assuré de rien.


89. Donc, pour prévenir le trouble de ses pensées, pour lui donner quelque consolation dans l'affliction qui devait accompagner un si grand désastre, le Seigneur, après lui avoir dit combien était enracinée la malignité, combien il était urgent de pratiquer une incision profonde, d'extirper le mal :

une perte commune, dit-il, sera leur partage ; "mais toi, fais une arche" (Gen. 6,14).

Qu'est-ce à dire : "mais toi" ?

Comme tu n’as en rien partagé leur corruption, mais que tu as passé tous les jours de ta vie dans la vertu, je te commande de construire une arche...


90. Le premier homme, après tant de bienfaits, s'est laissé séduire, il a violé mon commandement ; l'enfant né de lui (Caïn) s'est à son tour précipité dans le même abîme de malice, il a subi un long châtiment avec la malédiction.

Or sa punition n'a pas corrigé ses descendants qui ont accumulé les crimes et m'ont forcé à réprouver leur génération.


91. Plus tard, quand j'ai trouvé Hénoch, qui avait fidèlement conservé l'image de la vertu, comme il M'était tout à fait cher, je l'ai enlevé vivant, montrant ainsi à tous ceux qui pratiquent la vertu quelle précieuse récompense ils obtiennent, et je voulais aussi que les autres hommes, jaloux de l'imiter, entrent dans la voie qu'il a suivie.


92. Maintenant, puisque tous les hommes qui se sont succédé depuis ont pratiqué le mal ; puisqu'au milieu d'une si grande multitude je n'ai trouvé que toi seul qui sois capable de réparer le péché du premier père, c'est avec toi que j'établirai mon alliance...


93. Enfin, pour que l'homme qui jusqu 'alors était resté juste ne s'afflige pas, en entendant ces paroles, à la pensée qu'il sera seul affranchi d'un si grand malheur, Dieu, pour ainsi dire, le consolant une seconde fois, lui dit :

"Tu entreras dans l'arche, toi et tes fils, et ta femme, et les femmes de tes fils".

Car bien qu 'ils fussent loin d’égaler la vertu de ce juste, cependant ils n'avaient pas pris part aux vices des autres hommes.


94. Il y a d'ailleurs deux causes pour lesquelles ils furent sauvés.

L'une, c'est que Dieu voulait honorer l'homme juste. C'est en effet l'habitude d'un Dieu plein de clémence d’accorder à ses serviteurs, par considération pour eux, que d'autres soient sauvés.

Cette, faveur a été accordée au bienheureux Paul (cf. Act. 17,22,24)...

Voyez-vous comment la vertu de cet homme leur a valu d'être sauvés ; disons mieux, ce n'est pas cette vertu seulement, mais de plus la Bonté du Seigneur : il en fut de même ici, et ce fut la première cause.


95. Mais il en est encore une autre : Dieu voulait laisser un ferment, une racine, pour le rétablissement de la race humaine.

Ce n'est pas qu'il fût impossible à Dieu de créer l'homme une seconde fois, de tirer une seconde fois, d'un seul homme, une multitude, mais c'est parce qu'il Lui parut bon d'agir comme il l'a fait, suivant en cela sa Bonté ordinaire.


96. "Et Noé", dit le texte, "accomplit tout ce que le Seigneur Dieu lui avait commandé, il l'accomplit ainsi."

Voyez maintenant, ici, le plus beau des éloges : "Noé accomplit tout ce que le Seigneur Dieu lui avait commandé".

Il n'accomplit pas telle chose, il ne négligea pas telle chose, mais "tout ce qui lui avait été commandé, il l'accomplit".

Et "il l'accomplit ainsi" qu'il lui avait été commandé.

Il n'omit rien, il accomplit tout, et il prouva, par ses oeuvres, que c'était avec raison que Dieu l'avait jugé digne de sa Bienveillance.

Quelles couronnes ne mérite pas le témoignage que la divine Ecriture décerne à ce juste ?

Quel homme pourrait être plus heureux que celui qui a accompli toutes les oeuvres que Dieu lui avait commandées, qui a montré tant d'obéissance à ses ordres ?


97. Et maintenant, voulez-vous savoir quelle parole le Créateur de toutes choses a daigné lui adresser ?

Ecoutez la suite : "Et le Seigneur dit à Noé : entre dans l'arche, toi et toute ta maison" (Gen. 7,7).

Puis, pour nous apprendre que ce n'est pas seulement par un effet de sa faveur qu’il conserve le juste, mais qu'il lui donne la récompense de ses travaux, les prix que sa vertu mérite, il lui dit :

Voilà pourquoi je te commande d'entrer, toi et toute ta maison .

"C'est que je t'ai vu juste et parfait, devant Moi, au milieu de cette génération".


98. Grand témoignage, et digne de confiance ; car que peut-il y avoir de plus glorieux que d'entendre le Créateur lui-même, Celui qui a donné l'être, décernant son suffrage au juste avec de telles paroles :

"parce que je t'ai vu juste et parfait, devant Moi".

Voilà la vraie vertu, la vertu qui se montre "devant Dieu", la vertu dont rend témoignage l'Oeil qu'on ne peut tromper.



99. Ensuite, le Dieu plein de bonté nous enseigne la mesure de la vertu qui était alors exigée d'un juste.

(En effet, il n'attend pas de tous la même mesure de vertu : la variété des temps amène la différence dans la vertu qu'il réclame.)

Dieu dit : "parce que je t'ai vu juste et parfait au milieu de cette génération", si dépravée, si corrompue, si ingrate.

"Je t'ai vu juste", c'est toi seul que j'ai agréé ; c'est toi que j'ai vu tenant compte de la vertu, toi seul a paru juste à mes yeux, "devant Moi" ; tous les autres périssent, et je t'ordonne d'entrer, avec toute ta maison, dans l'arche."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 24 in Gen.)


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AU TEMPS DE NOÉ



Comparaison des hommes du déluge impénitents avec les Ninivites pénitents :

Saint Jean Chrysostome a écrit :


100. "Donc, après que Dieu eut communiqué ses ordres, nettement exprimés, au sujet des oiseaux, des animaux purs et des animaux impurs, et des aliments, il dit à l'homme juste :

"Je n 'attendrai plus que sept jours, et, après cela, je ferai pleuvoir 40 jours et 40 nuits, et j'exterminerai de dessus la terre toutes les créatures que j'ai faites, depuis l'homme jusqu'aux bêtes de somme" (Gen. 7,4).


101. Attention ici, je vous en conjure ; voyez encore, dans ce que nous venons de vous dire, l'excellence de la Bonté divine.

Après une si longue patience, Dieu déclare qu'il attendra encore "sept jours".

Il veut, par la terreur, corriger les hommes, et les amener au repentir.


102. Ce qui prouve que c'est bien là sa pensée, qu'il ne veut pas faire pleuvoir sur les hommes ce déluge qu'il annonce, c'est ce qui est arrivé aux habitants de Ninive.


103. Voyez bien, comprenez la différence entre ceux de Ninive et les hommes d'autrefois.

C'est en vain que, pendant tant d'années, ces hommes entendirent répéter que les plus grands malheurs étaient à leurs portes ; ils ne renoncèrent pas à leurs iniquités.

C'est là, en effet, notre habitude ; nous devenons négligents quand on ajourne la punition ; mais quand les fléaux tombent sur nous, nous nous humilions alors, et nous montrons que nous sommes convertis.


104. C'est ce qui est arrivé aux gens de Ninive.

Quand ils entendirent ces paroles : "Encore trois jours et Ninive sera détruite" (Jonas 3,4), non seulement ils ne désespérèrent pas, mais ils se réveillèrent, et ils s'abstinrent de toute action mauvaise ... firent grande pénitence ... sans savoir s'ils échapperaient au châtiment ... mais cherchant, par ce moyen, à se concilier la Miséricorde du Dieu de Bonté ...


105. Avez-vous compris la sagesse de ses barbares ? Avez-vous compris que la brièveté du délai ne les a pas frappés d'engourdissement, ni jetés dans le désespoir ?


106. Voyez maintenant ces hommes du déluge. Après tant d'années d'attente, quand ils entendirent ces paroles : "plus que sept jours", et le déluge viendra, ils ne se sont pas convertis ; ils sont restés dans leur insensibilité stupide ...

Ces hommes là et ceux de Ninive avaient la même nature, mais non même volonté ; aussi leur sort ne fut-il pas le même.

Ceux de Ninive échappèrent au désastre. Dieu, dans sa Bonté, dans sa Clémence, agréa leur repentir.

Tandis que les autres furent engloutis, et périrent tous, de la destruction universelle.


107. "Je n'attendrai plus", dit-il, "que sept jours, et après cela je ferai pleuvoir sur la terre".

Ensuite, pour ajouter à la terreur, il dit : "pendant 40 jours et 40 nuits".

Qu'est-ce à dire ? Ne pouvait-il pas, s'il avait voulu, en un seul jour faire pleuvoir tout le déluge ?

Que dis-je, en un seul jour ? Un seul moment Lui suffisait.

Mais ce qu'il dit, c'est à dessein ; il veut inspirer la terreur et, en même temps, ménager à ces hommes l'occasion d'échapper au châtiment qui était déjà à leurs portes :

"et j'exterminerai de dessus la terre toutes les créatures que j’ai faites, depuis l'homme jusqu'aux animaux".


108. Voyez comment une fois, deux fois, il prédit la destruction, et cependant il s'abstient.

Tout ce qu'il faisait, c'était pour montrer que c'était avec raison qu'il leur affligeait un châtiment si terrible, c'était afin qu’aucun homme ne pût prétexter l’ignorance, afin que nous ne puissions pas dire :

S’il avait attendu au lendemain, peut-être se seraient-ils repentis, peut-être se seraient-ils abstenus de leurs actions mauvaises, peut-être seraient-ils retournés à la vertu ?...


109. En trois jours, les habitants de Ninive ont montré leur repentir, et Dieu leur a montré son Amour ; à plus forte raison aura-t-il des regards pour nous.

Nous n 'avons qu'à prouver la sincérité de notre repentir, qu'à rejeter la malignité, qu' à prendre résolument la route qui conduit à la vertu.

Car pour ces pécheurs, ceux de Ninive, voici le témoignage de la divine Ecriture :

"Dieu vit qu'ils s'étaient convertis, en quittant leur mauvaise voie " (Jonas 3,10)


110. Donc, s 'il nous voit, nous aussi, maintenant, nous retourner du côté de la vertu, nous écarter du vice, nous animer du zèle des bonnes oeuvres, il accueillera notre conversion, il nous affranchira du fardeau de nos fautes ; à nous, les dons de ses mains.

Car nous éprouvons moins le désir de nous délivrer du péché, de conquérir le salut, qu 'il ne désire, Lui, qu'il ne Lui tarde de nous gratifier du parfait affranchissement, de la réconciliation, du salut, de nous en assurer la jouissance.


111. Aussi, je vous en conjure, réveillons-nous demandons-nous, chacun à nous-mêmes, voyons, examinons quelle correction de nous-mêmes avons-nous opérée en ces jours ...

Pensons aux bonnes oeuvres, ne nous lassons jamais de sanctifier notre vie ; que celui qui voit prévaloir, contre ses bonnes intentions, la force des mauvaises habitudes, qui le contraint de persévérer dans le mal, que celui-là se fasse violence, soumette sa lâcheté à sa raison, ne souffre pas que le vice fasse de nouveaux progrès dans son âme ; qu'il s'arrête, qu'il rompe avec ses habitudes vicieuses ; plus de fougue pervertie ; plus de pensées déréglées ; qu'il médite sur le jour d'épouvante.


(Saint Jean Chrysostome, hom. 24 in Gen.)



112."Mais reprenons la suite de notre discours, pour vous faire voir l'excès du délire des uns, la laborieuse diligence, la sagesse des autres :

les Ninivites, resserrés dans l'étroit espace de trois jours, n'ont pas désespéré de leur salut, ils se sont hâtés de faire pénitence, de se laver de leurs fautes, de se rendre dignes de la Bonté du Seigneur.

Au contraire, ces hommes du déluge, à qui on ajoutait 120 ans pour se repentir, n'ont retiré de ce délai aucun avantage.

C'est pourquoi le Seigneur, devant l'excès de leur malignité, les voyant précipités de plus en plus dans les crimes, leur inflige un remède qui agit promptement ; il fait disparaître le ferment de perversité ; il en purge le monde.

De là ces paroles : "Noé avait six cents ans quand les eaux du déluge inondèrent la terre" (Gen. 7,10s.)."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 25 in Gen.)

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1. L ’ ECH0 DE LA TRADITI0N


AU TEMPS DE NOÉ




Manifestation de la Bonté divine jusqu'au déclenchement même du déluge :


Saint Jean Chrysostome a écrit :

113. "Déjà nous avons appris à quelle époque le Seigneur déclara son indignation et en prédit l'effet : "Noé avait cinq cents ans". Quand le déluge tomba, il "avait six cents ans".

Il y eut donc ainsi, entre la prédiction et le déluge, un intervalle de cent ans. Dans le cours d'un si grand nombre d'années, ils ne firent pas le moindre progrès vers le bien, malgré ce grand enseignement de la construction de l'arche par Noé.


114. Mais peut-être demandera-t-on pourquoi le Seigneur qui avait dit : "Le temps de l'homme ne sera plus que de 120 ans", le Seigneur qui avait promis que sa patience attendrait pendant ce nombre d'années, n'attend-il pas que les années promises soient entièrement accomplies pour opérer la destruction universelle ?

Je dis que cela même est la plus forte marque de sa Bonté.

Quand il vit que, "chaque jour", ils commettaient des fautes irréparables ; que, non seulement son inexprimable patience ne leur était d'aucune utilité, mais que les ulcères s'étendaient,alors il retrancha du temps pour les empêcher de s'exposer à des châtiments plus sévères.


115. Mais, m'objectera-t-on, quel châtiment peut être plus sévère que celui-ci ?

Il est, n'en doutez pas un châtiment plus sévère, plus terrible, le châtiment sans fin, le châtiment de l'âge à venir.


116. Nombre de pécheurs, pour avoir ici subi le châtiment, n'échappent pas cependant à l'autre ; seulement l'autre châtiment sera plus léger ; la rigueur des supplices endurés ici-bas, c'est autant de moins pour l'avenir."


(En outre, en écourtant la vie d'un pécheur qui multiplie chaque jour les péchés, Dieu diminue d'autant le nombre des péchés que ce pécheur aurait commis, et donc aussi la rigueur du châtiment qu'il aura à subir pour l'éternité.)

Saint Jean Chrysostome a écrit :

117. "Donc, pour préserver les hommes du déluge des supplices plus rigoureux auxquels les exposeraient les péchés qu'ils amoncelaient sur eux, le Dieu de Bonté, le Dieu de Clémence, voyant qu'ils étaient incapables de repentir, abrégea le temps pendant lequel il avait promis de patienter encore.


118. Car de même qu'à l'égard de ceux qui s'empressent d'obéir à ses avertissements il écoute sa naturelle Bonté, révoque ses décrets, agrée les repentirs, affranchit ceux qui se convertissent des supplices qui les menaçaient ; de même, quand il promet d'accorder quelques biens, par exemple un temps pour se repentir, s'il voit que ses promesses ont été faites à des pécheurs indignes, alors aussi il révoque ses promesses.


119. Voilà pourquoi il disait par la voix du Prophète :

"Quand j'aurai prononcé l'arrêt contre un peuple, ou contre un royaume, pour le perdre et pour le détruire jusqu'à la racine ; si cette nation fait pénitence, je Me repentirai aussi Moi-même du mal que j’avais résolu de lui faire".

Et ensuite :

"Quand je Me serai déclaré en faveur d'une nation, ou d'un royaume, pour l’établir et l’affermir, si ce royaume ou cette nation pèche, je Me repentirai Moi aussi du bien que j'avais résolu de lui faire" (Jer. 18,7-10).


120. Voyez-vous comme c'est de nous que Dieu reçoit les occasions aussi bien de la Miséricorde qu'il nous annonce que de la colère qu'il fait éclater ?


121. C'est pourquoi, au moment du déluge, il écourte le temps, parce que les hommes abusaient de la longueur du temps.

Aussi, S. Paul disait à ces stupides qui n'admettent pas le salut opéré par le repentir :

"Est-ce que vous méprisez les richesses de sa Bonté, de sa patience, de sa longanimité ?

Ignorez-vous que la Bonté de Dieu vous invite à la pénitence ?

Et cependant, par votre dureté, et par l'impénitence de votre coeur, vous vous amassez un trésor de colères, pour le jour de la colère et de la manifestation du juste Jugement de Dieu"
(Rom. 2,4,5).


122. Voyez-vous comment cet illustre docteur de l'univers nous enseigne que ceux qui abusent de la patience de Dieu à attendre notre repentir s'exposent à une peine plus grave, à de plus rigoureux châtiments ?

Et voilà pourquoi, dans le texte qui nous occupe, le Dieu de Bonté, comme s'il voulait s'excuser, se justifier, nous donner la raison qui l'a porté à faire pleuvoir le déluge, avant que le temps se fût écoulé, nous dit : "Noé avait six cents ans".


123. Ceux qui, dans l'intervalle de cent années, n'ont pas voulu se convertir, qu'auraient-ils gagné à vingt ans de plus, sinon qu'ils auraient ajouté d'autres péchés à leurs péchés ?

D'ailleurs Dieu, voulant montrer sa Miséricorde ineffable et l'excellence de sa Bonté, a donné "encore sept jours" avant le déluge, pour leur permettre, dans ce court intervalle, de montrer quelque apparence de repentir.


124. Considérez donc la Bonté du Seigneur, la diversité des moyens qu'il emploie pour la guérison.

Voyant que leurs blessures étaient incurables, il ne leur laisse qu'un très bref délai, parce qu'il veut, s'ils peuvent, dans un intervalle si court, revenir à résipiscence, révoquer l'arrêt de sa colère.


125. Car c'est son habitude, parce qu'il se soucie de notre salut, de prédire les châtiments qu'il infligera, et sa raison, c'est qu'il désire ne pas être contraint de les infliger.

Il prend soin de les annoncer d'avance, afin que cet avertissement nous inspire une terreur qui nous corrige, qui nous détourne de sa colère, qui nous permette de rendre ses décrets inutiles.

Rien, en effet, ne le réjouit plus que notre conversion et notre retour à la vertu.


126. Et voyez avec quelle adresse il s'efforce de les guérir de leur mal.

D'abord, il leur a accordé un temps considérable pour se convertir.

Ensuite, quand il a vu qu'ils étaient comme privés de sentiment que la longueur du temps ne leur servait à rien, qu'ils continuaient leurs vices au moment même que le déluge était, pour ainsi dire, à leurs portes, il renouvelle la prédiction.

Il ne dit pas "dans trois jours" comme pour les Ninivites, mais : "dans sept jours".


127. Et je n'hésite pas à le dire, parce que je connais combien est grande la Clémence de notre Dieu, si, même dans ces derniers sept jours, ils avaient vraiment voulu faire pénitence, certes, ils auraient échappé au déluge.


128. Voilà donc pourquoi, vu que les délais ajoutés à un temps si long ne pouvaient les arracher à leurs vices, Dieu a fait pleuvoir le déluge, l'an six cent de la vie de Noé.

"Noé", dit le texte, "avait six cents ans lorsque les eaux du déluge inondèrent la terre"."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 25 in Gen.)

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1. L ’ ECH0 DE LA TRADITI0N


AU TEMPS DE NOÉ




De la Lignée spirituelle des "fils de Dieu", huit âmes seulement sont restées fidèles et membres :

Saint Thomas a écrit :

129. "Le Christ, "venant en esprit" sur la terre, non encore en une chair assumée mais par mode d'inspiration.... "a prêché", non en personne mais par Noé ... " (Saint Thomas, in I Petr. 3,19)


Saint Bède a écrit :

130. "Car la patience même de Dieu était sa prédication, tandis que Noé, œuvrant avec constance à la fabrication de l'arche durant cent ans, montrait par l'exécution quotidienne de sa tâche ce qui allait en être du monde.

D’où ce que dit Saint Paul : "Ignores-tu que la patience de Dieu t'invite à la pénitence ?" (Rom. 2,4)."


(Saint Bède, in I Petr. 3,20)


Saint Thomas a écrit :

131. " "A prêché à ceux qui étaient dans la prison" de la chair, du péché, de l'erreur ou de cet exil (cf. Ps. 141, 8) ... Une autre version comporte : "à ceux qui étaient enfermés dans la chair", dans les désirs charnels...

Ceux "qui étaient incrédules", tandis qu'il prêchait la pénitence et les menaçait d'un déluge à venir.


132. "Autrefois", avant le déluge, "quand ils attendaient la patience de Dieu", pensant que Dieu les supporterait patiemment, ou quand Dieu les attendait, différant avec patience la vindicte, pour qu'ils fassent pénitence (Is. 30, 18), "aux jours de Noé", en lesquels ils mangeaient, buvaient, prenaient femmes, quand survint le déluge (cf. Gen. 6,ls. ; Lc. 17,26s.) ; "pendant que l'arche était construite" devant eux pour les amener à craindre, "en laquelle", en l'arche, "peu" de fidèles, qui avaient confiance en Dieu, "à savoir huit âmes". . . . Noé, sa femme, ses trois fils et leurs épouses, "furent sauvées par l’eau" élevant l'arche en hauteur...


133. Il faut noter que l'arche est la figure de l’Église formée de divers fidèles comme l'arche l'était de divers bois" ("en laquelle se trouvent des justes et des pécheurs comme en l'arche des animaux purs et impurs"- Corn. in I Petr. 3,20 -), "en laquelle "peu", en comparaison des damnés, sont "sauvés".


134. Car "étroite est la voie qui conduit au salut, et il en est peu qui la trouvent" (Mt. 7,14), moins encore qui y progressent, mais très peu y persévèrent et atteignent le but de la vie.


135. De plus, le fait qu'il soit dit que "huit âmes furent sauvées" donne à entendre que nul n'est sauvé sans avoir la foi en la résurrection qui est signifiée par le nombre huit (octonarium), parce que le Christ est ressuscité le 8e.jour."


136. ("au lendemain du 7e.jour du Sabbat"-S. Bède in I Petr. 3,20-), "et que la résurrection générale aura lieu au 8e. âge" (mystique : cf. p. 49s. , 233. s.)


137. "Ce salut est obtenu "par l'eau" baptismale, ou "par l'eau", par la tribulation (cf. Ps. 65,12) ...

138. Tout ce qui concerne l'arche peut être rapporté à l’Église, en tant que ce qui a eu lieu alors matériellement est à présent réalisé spirituellement.

Ainsi, comme l'arche fut fabriquée à partir de bois imputrescibles, de même l’Église à partir d'hommes incorruptibles.


139. Également, dans l'arche "peu furent sauvés, à savoir" seulement "huit âmes", pour préfigurer le petit nombre de ceux qui seront sauvés "Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus " (Mt. 22,14).


140. Il faut remarquer que le petit nombre des sauvés fut donc préfiguré au temps de la loi naturelle, quand "huit" seulement sur la totalité "furent sauvés" du déluge dans l'arche.


141. Il fut pareillement préfiguré au temps de la loi mosaïque quand, sur les environ six cent mille tirés d’Égypte par le désert (signifiant la pénitence), deux seulement, à savoir Josué fils de Nun et Caleb fils de Jéphoné, entrèrent dans la terre promise (Nbr. 14,36-38).


142. Il fut aussi figuré au temps des Prophètes quand les fils d’Israël furent conduits en captivité" (à Babylone) "et que "peu" demeurèrent en la terre promise.

"Et je laisserai un petit nombre d'entre eux échapper au glaive, à la famine et à la peste" (Ezéch. 12,16).

D'où ce qui est dit dans le Psaume (106,39) : "Ils sont devenus peu nombreux et ont été tourmentés (vexati) par l'oppression des mauvais et par la douleur".

Mais au temps de la grâce, il fut expressément représenté et annoncé (Mt. 22,14).


143. Les hommes furent sauvés par Noé dans l'arche, par le Christ dans l’Église. Le nom de Noé veut dire repos et signifie le Christ en lequel se trouve le repos des âmes. En outre, comme en dehors de l'arche nul ne fut sauvé, ainsi nul non plus en dehors de l’Église. Enfin, les eaux s’étant multipliées l’arche fut surélevée, de même l’Église s'élève par la tribulation."


(Saint Thomas, in I Petr. 3,20s. )


Saint Bède a écrit :

144. "L'Apôtre" (Saint Pierre) "déclare la forme du Baptême semblable à l'arche parmi les eaux du déluge.

Et cela est très vrai, puisque la fabrication même de l'arche à partir de bois polis signifie l'édification de l’Église qui s'opère par rassemblement d'âmes fidèles par les architectes du Verbe.

Quant au fait qu'au milieu de la perdition de toute la terre peu, à savoir huit âmes ont été sauvées au travers de l'eau", il signifie qu'en comparaison de la perdition des païens, des Juifs, des hérétiques et des faux fidèles, le nombre des élus est bien moindre.


145. C'est pourquoi il est parlé de la voie étroite qui conduit à la Vie que "peu" trouvent (Mt. 7,14) ; et il est également dit : "Ne craignez pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous accorder le Royaume" (Lc. 12,32)..


146. "Petit troupeau", dont il est justement dit ici à la suite : "non par une ablution qui dépose les souillures de la chair, mais par la mise à l'épreuve d'une bonne conscience en Dieu par la Résurrection du Christ-Jésus".

Où se trouve en effet "une bonne conscience" si ce n'est là où se trouve "une foi non fictive" '?

Car l'Apôtre Saint Paul enseigne que "la fin du précepte est la Charité issue d'un cœur pur, d'une bonne conscience et d'une foi non fictive" (I Tim.1,5).


147. Que l'eau du déluge n'ait point sauvé mais fait périr ceux qui étaient hors de l'arche préfigurait donc sans aucun doute que tout hérétique, bien qu'ayant le sacrement de Baptême, est immergé dans les Enfers par rien d'autre que ces eaux mêmes qui élèvent l'arche jusqu'au Ciel."


(Saint Bède le Vénérable, in I Petr. 3,21)

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1. L ’ ECH0 DE LA TRADITI0N


AU TEMPS DE NOÉ



Eloge de Noé par l'Apôtre Saint Paul :

Saint Bruno a écrit :

148. " "Noé, ayant reçu l'annonce de choses qui ne se voyaient pas encore", à savoir le déluge futur, "craignant" ce déluge en raison de la foi qu'il avait dans les paroles du Seigneur, "construisit l'Arche pour le salut de sa maison", c.à.d. en laquelle il allait sauver ses fils et leurs épouses.

"Foi par laquelle", puisque il crut selon la parole du Seigneur que le déluge allait arriver, il manifesta condamnable, "le monde".

Car du fait que Noé a cru et que les hommes ont estimé insensé qu'il fabriquât une arche en laquelle il allait sauver sa maison, en comparaison de sa foi, ils furent condamnés."


(Saint Bruno in Hb. 11,7)

Saint Thomas a écrit :
149. " L'Apôtre montre ce que fit Noé "par la foi", puis ce qui s'en est suivi.

Il rapporte 5 choses à son sujet :

1̊) Il a cru aux paroles de Dieu concernant le jugement futur qu'il ne voyait pas encore...

2̊) En raison de la foi, il fut saisi par la crainte.

La foi est en effet le commencement de la crainte ; la crainte de Dieu étant le commencement de sa dilection, en tant que le commencement porte à adhérer à Dieu (Eccli. 25,16).

Il est donc dit : "craignant" le déluge annoncé qu'il "ne voyait pas encore".

La foi se rapporte donc aux réalités invisibles."


(Saint Thomas in Hb. 11,7)


Cornelius a écrit :

150. "Voyez ici que "la foi" de Noé portait non seulement sur "la substance des choses à espérer" (Hb.11,1), mais aussi à redouter, à savoir en l'occurrence le déluge pour y échapper, il dut laborieusement fabriquer l'arche durant cent ans, tandis que tous se moquaient de lui."

(Cornelius a Lapide in Hb. 11,7)


"Mais alors, s'indignant de voir sa patience méprisée, Dieu a compensé le retard du supplice par sa gravité."

(Cornelius a Lapide in I Petr. 3,20)

Saint Thomas a écrit :

151. " 3̊) Il accomplit le commandement de Dieu en fabriquant l'arche ...

4̊) Il espéra de Dieu le salut... "de sa maison", c.à.d. de sa famille, car eux seuls furent sauvés (cf. I Petr. 3,20).

5̊) Par ce qu'il a fait en raison de la foi prédite, " il a condamné le monde", il a montré que les mondains étaient condamnables.


152. Quant à la révélation qu'il reçut d’avoir à construire l'arche, elle fut une "réponse" ("fide responso accepto") à son désir et à "la justice qui est par la foi".


153. L'Apôtre montre ensuite ce qu'il a obtenu "par la foi", comme en effet après la mort de quelqu'un un autre lui succède en son héritage, de même comme depuis le commencement du monde la justice n'avait point entièrement disparu dans le monde, puisque le monde durait encore mais que dans le déluge le monde a péri quasi tout entier, ainsi Noé est "lui-même l'héritier" en raison de sa foi, soit "de la justice qu'on atteint par la foi", soit en ayant été justifiés par la foi, "lui-même" tant que ses pères, a été "par la foi" l’imitateur "de la justice" paternelle."


(Saint Thomas in Hb. 11,7)


Saint Bruno a écrit :
154. "Et "lui-même", Noé, "a été constitué l'héritier de la justice qui est par la foi". "


(Saint Bruno in Hb. 11, 7)

Cornelius a écrit :

155. "Et ainsi, en Noé et sa famille, demeura "la justice" d'Adam, d'Hénoch, d'Abel et des autres anciens Patriarches que ceux-ci avaient pareillement acquis "par la foi". Noé fut donc en tout "l'héritier de la justice" et de la sainteté des Patriarches, tandis que tous les vices et les hommes vicieux furent submergés par le déluge.


156. En effet, bien que Noé ait été juste, il mérita, "par la foi" qui le fit se confier et obéir à Dieu durant la fabrication de l'arche, une augmentation de sa justice ou sainteté.

Il mérita en outre pour sa famille qui en elle seule demeurent comme par droit d’héritage et de succession la foi, le culte, la religion et l'amitié véritables envers Dieu, et que tout l'héritage comme d'un nouveau monde soit issu de lui, et surtout le Père du nouveau siècle qu'est le Christ (cf. Is. 9,6), sanctificateur du monde, qui avait été promis à Adam (Gen. 3,15).


157. De même donc que Noé s’est "par la foi" gardé en la crainte, l'espérance, la constance et le labeur en bâtissant l'arche pendant cent ans, ainsi vous ..."par la foi", tenez bon, afin que vous soyez fermes, constants et patients dans la persécution.


158. Car de même que ce que Noé a cru est arrivé, à savoir qu’il échapperait par l'arche au déluge dans lequel tous les autres seraient submergés, ainsi pour vous ... arrivera ce en quoi vous avez foi, à savoir que vous verrez absorbés par le déluge de feu de la géhenne les infidèles qui vous persécutent, tandis que vous, établis en la foi et l’Église comme dans l'Arche, vous en serez délivrés et vous surnagerez et parviendrez au port du Ciel et au salut éternel."


(Cornelius a Lapide in Hb. 11,7)

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