Comme au temps de Noé

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


2. LE GRAND MOYEN DE LA PRIÈRE


LE SACRIFICE D'ACTION DE GRÂCES DE NOÉ


Saint Ambroise a écrit :

159. "Le Seigneur "Dieu dit à Noé : Sors de l'Arche, toi, ton épouse, tes fils et les épouses de tes fils avec toi." (Gen. 8,15s.).

Pourtant, une fois l'eau retirée et la terre asséchée, Noé aurait pu sortir" (de lui-même) "de l'Arche.

Toutefois le juste ne s'arroge rien mais s'en remet entièrement à l'autorité divine (imperio divino).


160. D'autant plus qu'étant entré en raison d'un oracle céleste, il devait pour sortir attendre une décision céleste.

Car la retenue se rattache à la justice, tandis que l'impudence à l'iniquité qui usurpe ce qui est indu et ne révère point l'autorité (ou le Créateur : authorem)."


(Saint Ambroise, Liber de Noé et Arca)

Saint Jean Chrysostome a écrit :

161. "Après que le juste fut sorti de l'arche, selon l'ordre de Dieu, avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, ainsi que tous les animaux et les volatiles, et qu' il eut reçu de Dieu après sa sortie cette bénédiction qui le consolait si bien : "croissez et multipliez-vous", l'Ecriture, pour montrer sa reconnaissance, nous dit : "Noé dressa un autel au Seigneur et il prit de tous les quadrupèdes purs et de tous les volatiles purs, et il offrit un holocauste sur l'autel".


162. Observez avec soin, d'après les paroles présentes, comment le Créateur de toutes choses a mis dans notre nature une idée précise de la vertu.

D'où serait venue à ce juste, dites-moi, une pareille idée ? Il n'y avait là personne qu'il pût prendre pour exemple.

Mais de même que dans l'origine, Abel, le fils du premier homme, a offert avec dévotion un sacrifice sans être averti par d'autres que par lui-même ; de même aujourd'hui ce juste, par la rectitude de sa volonté et de son jugement, offrit au Seigneur, suivant ses forces et comme il croyait devoir le faire, un sacrifice d'action de grâce."

(Saint Jean Chrysostome, hom. 27 in Gen.)

Saint Ambroise a écrit :

163. " "Noé édifia un autel pour Dieu".

Quelle est la raison du fait que plus haut le Seigneur ait indiqué ce qui devait être opéré, et Noé accomplit tout, tandis que là il réalisa cela sans que ce lui soit indiqué, quoique requis ?

C'est que, assurément, il ne convenait pas que le Seigneur demande un retour pour la grâce accordée comme s'il en avait été avide, et le juste a compris que la véritable action de grâces ne se demandait pas mais s'offrait spontanément : c'est pourquoi il ne souffrit pas d'y apporter le moindre retard.

En effet, la vertu d'une âme reconnaissante exclut" (en la matière) "l'hésitation du doute.

Quant à celui qui attend que l'on exige de lui un retour pour la faveur octroyée, c'est un ingrat.


164. Qu'il soit dit en outre qu'il "édifia pour Dieu", et non pour le Seigneur, insinue, selon l'interprétation de ces noms, que cette action de grâces apparaissait non comme forcée par révérence envers un seigneur mais issue de la vertu complaisante et reconnaissante du juste envers Dieu."

(Saint Ambroise, L. de Noé et Arca)

Saint Jean Chrysostome a écrit :

165. "Voyez avec quelle sagesse il avait tout disposé ! Il n'avait pas d'édifice splendide, de temple, ni même de maison habitable ni rien de semblable : il savait, en effet, il savait que Dieu ne demande que les cœurs.


166. Il éleva un autel à la hâte, prit quelques animaux purs et quelques oiseaux purs et offrit son holocauste, montrant ainsi sa reconnaissance autant qu'il le pouvait: aussi le Dieu de Bonté couronna sa bonne volonté et lui montra de nouveau sa bienveillance ; car l’Écriture dit : "Et le Seigneur en sentit l'odeur agréable".

Voyez comme l'intention du sacrificateur change en parfum la fumée, l'odeur de graisse et toute la puanteur qui s'en exhalait.


167. Aussi Saint Paul disait : "Nous sommes la bonne odeur du Christ pour tous ceux qui sont sauvés et pour ceux qui Périssent : pour les uns c'est une odeur de mort qui fait mourir, pour les autres une odeur de vie qui fait vivre" (II Cor.2,15) ; c'est là cette "odeur agréable".


168. Ne vous choquez pas d'un mot vulgaire : ces expressions, mises à la portée de notre faiblesse, signifient seulement que Dieu accepta l'offrande du juste.

On peut voir par cela même que Dieu n'a besoin de rien et qu'il a permis les sacrifices pour exercer les hommes à la reconnaissance.

Aussi, ce qui Lui était offert était brûlé par le feu, afin que les hommes qui l'offraient comprissent que tout cela n'avait d'usage que pour eux...


169. "Le Seigneur en sentit l'odeur agréable". Il n'en dit pas autant des Juifs ingrats : pourquoi cela ?

Ecoutez le Prophète : "Le parfum M'est en abomination" (Is.1,13), pour montrer que ceux qui l'offrent ont une volonté perverse.


170. De même que la vertu du juste a changé en parfum la fumée et l'odeur de viande rôtie, de même leur méchanceté changeait les parfums en infection.

Aussi, efforçons-nous, je vous en conjure, d'apporter des intentions pures, c’est la source de tous les biens.


171. Le Bon Dieu n'a pas l’habitude de regarder nos actions elles-mêmes, il considère la pensée intérieure qui nous fait agir : d'après cela il blâme ou il approuve nos actions.

Ainsi, soit que nous priions, soit que nous jeûnions, soit que nous fassions l’aumône (car ce sont là nos sacrifices spirituels), soit que nous fassions toute autre oeuvre spirituelle, faisons-la toujours dans une bonne intention en sorte de recevoir une palme digne de nos efforts.

En effet, il est impossible que nos travaux ne soient pas récompensés s’ils sont dirigés suivant les règles de la vertu.


172. Il peut même se faire que, par l'extrême Bonté de Dieu, nous soyons récompensés pour la seule intention, quoique notre œuvre n'ait pas été accomplie ...


173. Puisque nous savons tout cela, affermissons partout et toujours notre intention dans le bien, afin que nos actions soient bien reçues.

Car si une bonne intention change en parfum la fumée et la mauvaise odeur, que ne peut-elle pas faire d'un culte spirituel, et quelles grâces du Ciel ne peut-elle pas attirer sur nous.

Voilà pourquoi le Seigneur dit : "Celui qui aura donné seulement un verre d'eau fraîche à quelqu'un parce qu'il est mon disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense " (Mt.10,42).

Qu'y a-t-il de moins précieux qu'un verre d’eau fraîche ? Mais l'intention qu'on y joint mérite une récompense ...


174. "Le Seigneur en sentit l'odeur agréable". Vous voyez ce qui est arrivé au juste dont l’action, à en juger par l'apparence, avait peu de valeur, mais qui en avait une très grande par la pureté de son intention."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 27 in Gen.)

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


2. LE GRAND MOYEN DE LA PRIÈRE


LE SACRIFICE D'ACTION DE GRÂCES DE NOÉ


Saint Jean Chrysostome a écrit :

175. "L'exemple de ce juste suffirait, si nous le voulions bien, pour instruire la nature humaine et l’engager à imiter cette vertu.

Car si Noé, seul au milieu de tant de mauvais et n'ayant pas un ami, est parvenu à ce comble de vertu, quelle sera notre excuse, à nous qui ne rencontrons pas les mêmes obstacles, et qui cependant sommes si négligents pour les bonnes œuvres ?


176. Il ne s’agit pas seulement de cette existence de six cents ans pendant laquelle il était forcé de vivre au milieu des mauvais qui le raillaient et l'insultaient ; cette année qu’il passa dans l’arche me paraît valoir tout le reste.

Ce juste y éprouvait une infinité d'afflictions et d'angoisses, par la privation d'air et le voisinage de tant d’animaux : au milieu de tout cela son esprit restait volonté inflexible, ainsi que sa foi envers Dieu, qui lui rendait tout facile et léger à supporter.


177. Il est vrai que, s'il faisait beaucoup lui-même, Dieu avait été prodigue envers lui.

Malgré les tourments qu'il supportait dans l'arche, du moins il évitait une terrible catastrophe et il échappait à la destruction universelle.

Aussi en échange de ces angoisses et de cette insupportable prison, il avait le repos et la sécurité, en même temps que la divine bénédiction : aussi montra-t-il sa reconnaissance, et vous le verrez toujours commencer par là.


178. Dans les premiers temps de sa vie, il a pratiqué toutes les vertus et fui tous les vices dont ceux qui vivaient alors étaient infectés, ce qui lui a épargné leur punition et l'a fait sauver lui seul pendant que tous les autres étaient submergés.

De même aussi, comme il a conservé la foi et qu 'il a supporté avec reconnaissance son séjour dans l'arche, il a reçu encore une nouvelle effusion de la grâce divine.

A peine sorti de l'arche et revenu à ses premières habitudes, il a obtenu la bénédiction, et montrant toujours la même reconnaissance il a rendu grâce à Dieu qui l'a encore honoré de plus grands bienfaits.


179. Car c'est ce que fait Dieu : ce que nous Lui offrons peut être sans importance ni valeur ; mais enfin, si nous l'offrons, il nous récompense libéralement.

Et pour nous faire voir toute la pauvreté humaine et toute la munificence de Dieu, écoutez bien ceci : si nous voulons faire une offrande à Dieu, que pouvons-nous faire de plus que de Lui offrir des paroles d'action de grâces ?

Ce qu'il fait pour nous, au contraire, nous le voyons par des œuvres. Or quelle différence entre les paroles et les œuvres !


180. Le Seigneur n'a pas besoin de nous et ne nous demande rien que des paroles :

Si même il exige cette reconnaissance verbale, ce n'est pas qu'il en ait besoin, mais c 'est pour que nous ne soyons point ingrats et que nous reconnaissions l'Auteur de tant de bienfaits.


181. Aussi S. Paul nous dit : "Soyez reconnaissants" (Col.3,15). C’est là surtout ce que Dieu nous demande.

Ainsi ne soyons point ingrats ; ne montrons point de paresse pour remercier Dieu, puisque nous recevons ses bienfaits : il nous en reviendra de nouveaux avantages.


182. Si nous sommes reconnaissants des bienfaits passés, nous en recevrons encore de plus grands, et de plus, nous donnerons des forces à notre confiance.

Seulement, je vous en conjure, méditons en nous-mêmes, chaque jour et à chaque heure, s'il est possible, non seulement les bienfaits que nous avons reçus du Créateur et que nous partageons avec toute la nature humaine, mais ceux que nous recevons chaque jour et en particulier.

Que parlé-je de bienfaits quotidiens et particuliers ?

Remercions encore Dieu de tous ceux qu'il nous accorde et que nous ne connaissons pas.


183. Quand il est inquiet pour notre salut, il nous secourt souvent à notre insu, souvent même il nous sauve des dangers et nous accorde encore d'autres grâces.

C'est une source de clémence qui répand sans cesse ses flots sur le genre humain.

Méditons à ce sujet et cherchons à remercier le Seigneur de ses bienfaits passés et à nous préparer à ceux de l'avenir, de manière à ne pas en paraître indignes : c’est alors que nous pourrons bien diriger notre existence et fuir le vice.

Car le souvenir des bienfaits est une excellente préparation à la vie vertueuse ; il nous empêche de tomber dans l'indifférence et dans l'oubli, et de tourner au mal.


184. Un esprit attentif et vigilant remercie toujours, dans les mauvais résultats comme dans les bons, et ne se laisse point abattre par les vicissitudes de la vie ; il s'en fortifie davantage, et il considère l'ineffable Providence de Dieu qui déploie, même dans nos adversités, assez de sagesse et de ressources, quoique nous ne puissions pas comprendre toute la profondeur de ses desseins, pour montrer qu'Il veille encore sur nous.


185. Aussi, soyons toujours disposés à Lui rendre sans cesse grâces de toutes choses, quoi qu'il arrive.

C'est pour cela qu'il a fait de nous des êtres raisonnables et différents des animaux ; c'est pour louer, célébrer, glorifier sans cesse le Seigneur créateur de toutes choses.

C'est pour cela que son Souffle a fait naître notre âme et qu'il nous a accordé la parole, afin d'apprécier ses bienfaits, de reconnaître sa Puissance et de montrer que nous ne sommes point ingrats en Le remerciant selon nos forces.

Car si les hommes, c.à.d. nos semblables, exigent de nous des remerciements pour le moindre bienfait, non pas qu’ils s’inquiètent de notre reconnaissance, mais pour en tirer gloire, combien ne devons-nous pas remercier Dieu qui ne veut que nous rendre service ?


186. Notre reconnaissance glorifie les hommes qui nous ont obligés ; celle que nous marquons à Dieu nous glorifie nous-mêmes.

En effet, quoiqu'il n'ait pas besoin de nos remerciements, il les désire, mais c'est pour en faire retomber sur nous tout l’avantage et nous rendre dignes d'une protection encore plus grande.


187. Sans doute nos louanges ne sont pas dignes de Lui comment cela se pourrait-il avec la faiblesse de la nature qui nous enchaîne ?

Mais pourquoi parler de la nature humaine ?

Pas même les intelligences incorporelles et invisibles, les Puissances et les Dominations, les Chérubins et les Séraphins ne pourraient célébrer dignement sa Gloire.


188. Nous n'en devons pas moins, selon nos forces, Lui exprimer notre reconnaissance et glorifier sans cesse notre Seigneur par les louanges que Lui adresse notre voix et la pureté de notre vie.

Car la meilleure glorification de Dieu consiste à Le faire célébrer par des milliers de langues.

Or tout homme vertueux engage tous ceux qui le voient à célébrer le Seigneur ; et cette glorification dont il est cause lui attire de la part de Dieu une grande et ineffable bénédiction.


189. En effet, peut-il y avoir rien de plus glorieux pour nous, non seulement de célébrer par nos propres voix la Gloire du Bon Dieu, mais d'engager tous nos semblables à Le glorifier avec nous ?

Pour cela, mes bien-aimés, rien ne vaut une conduite irréprochable.

Aussi le Seigneur dit : "Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est aux Cieux" (Mt. 5,16).

De même que la lumière dissipe les ténèbres, de même l'éclat de la vertu repousse le mal et écarte les ténèbres de l'erreur en excitant ceux devant qui elle brille à louer Dieu.

Aussi faisons nos efforts pour que nos œuvres aient cet éclat qui fait glorifier le Seigneur.


190. Si le Seigneur a parlé ainsi, ce n'est pas pour que nous fassions montre de nos actions ; loin de là !

C’est pour que nous veillions sur notre vie avec assez de soin, pour qu 'il nous approuve, pour ne donner à personne occasion de blasphémer, et que nos bonnes actions excitent tous ceux qui nous voient à glorifier le Dieu Tout-Puissant.


191. C'est alors en effet que nous attirerons sur nous toute sa Bienveillance, que nous pourrons éviter les châtiments et obtenir les biens ineffables par la grâce et la Bonté de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui ainsi qu'au Père et au Saint-Esprit, soient Gloire, Honneur et Puissance, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles."


(Saint Jean Chrysostome, hom. 26 in Gen.)

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


3. A C T U A L I T É D 0 C T R I N A L E


COMME AU TEMPS DE NOÉ



192. La description de l'état de l'humanité "au temps de Noé", faite par les Saints Docteurs commentant l'Ecriture, ne correspond que trop, dans ses grandes lignes et caractéristiques, à l'état du monde décadent que nous avons sous les yeux. Au fur et à mesure de leurs explications, chacun aura reconnu çà et là maints traits communs.

Il est bon toutefois d'en souligner brièvement les deux principaux points qui montrent la grande similitude de ces deux époques, le premier point essentiel étant dans les deux cas la cause du second.


Rapport essentiel de notre époque avec le temps de Noé :


193. Nous avons constaté que la marque essentielle de cet âge pré-diluvien a été "la coupure" ou "rupture" de cette période d'avec l'état précédent du monde.

Le rapport essentiel de notre époque avec le "temps de Noé" se trouve en une semblable "coupure".


194. - Les Saints Docteurs nous ont pareillement montré la nature exacte de cette "rupture" qui a eu lieu "au temps de Noé".

Elle consista dans le mélange des deux lignées demeurées jusque là rigoureusement séparées, à savoir de celle des descendants fidèles de Seth et Enos avec celle des descendants infidèles de Caïn.

Nous avons considéré ensuite les immoraux débordements causés par ce mélange, qui ont été à l'origine de la fin de tout un monde par le déluge.


195. Les Saints Docteurs ont également souligné la portée figurative et spirituelle de ces événements historiques :

la lignée des "fils de Dieu" est celle des membres de l’Église, celle des "filles des hommes" étant formée des membres des sociétés païennes ou infidèles, non moins que des sectes hérétiques ou schismatiques.


196. Les membres de ces deux lignées sont demeurés rigoureusement séparés en raison de la foi et des bonnes mœurs.

Tout en se laissant aller à de nombreux désordres, les infidèles, hérétiques et schismatiques ont gardé une certaine retenue, surtout dans leur comportement public, pour ne pas trop paraître dégénérés et dépravés vis-à-vis des Catholiques.

Ainsi a-t-on vu, par exemple, la république laïque et franc-maçonne, dont le but à long terme était de "faire des cœurs vicieux pour qu'il n'y ait plus de Catholiques", s’efforcer dans un premier temps d'élaborer des cours de morale et d'instruction civique pour faire pièce aux cours de Catéchisme.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


3. A C T U A L I T É D 0 C T R I N A L E


COMME AU TEMPS DE NOÉ



Historique de la rupture contemporaine d'avec l'état précédent du monde :


197. Quant à "la coupure" ou "rupture" des peuples de la Chrétienté d'avec l'Eglise Catholique en vue d'un retour au paganisme de l'Antiquité, elle a eu ses étapes successives dans la Renaissance, le Protestantisme, la Révolution et la Séparation de l'Etat d'avec l'Eglise. [ 1 ]

Dès lors, une société infidèle, pire apostate ou Caïnite, était renée au sein même des peuples dont les pères avaient unanimement adhéré au Christ-Sauveur.


198. Diminuée par la défection d'un si grand nombre de ses anciens membres, la lignée des "fils de Dieu" resta cependant assez forte et nombreuse pour pouvoir continuer à constituer une Société à l'existence publiquement organisée et indépendante.

Elle demeura comme par le passé soigneusement séparée quant à la foi et aux moeurs de la société toujours plus puissante et nombreuse des apostats, même si dès lors, comme Noé, Elle devait vivre au milieu de leurs désordres encore partiellement retenus.


199. D'où la ferme résistance et les belles réactions et reconquêtes des plus constants des fils de l'Eglise, puisque c'est dans le même temps, selon l'annonce du divin Maître, que l'Evangile a fini d'être prêché jusqu'aux extrémités de la terre :

"Cet Evangile du Royaume sera prêché dans toute la terre, en témoignage pour toutes les Nations : et alors viendra la consommation" (Mt. 24,14).


200. Néanmoins, à côté de cette fidèle constance, une partie toujours plus nombreuse et plus double de ceux qui se voulaient encore de ses fils rêva de La "réconcilier" (cf. prop. 80 du Syllabus) avec la société des apostats par le moyen du libéralisme, qui n'est autre qu'un maquillage doctrinal de la licence érigée en principe, en matière d'abord religieuse puis morale.

Ces derniers furent vigoureusement réprouvés par les fidèles Souverains Pontifes, qui flétrirent et condamnèrent solennellement cette trahison du libéralisme (Pie IX) et de ses succédanés : l'américanisme (Léon XIII), le modernisme (Saint Pie X), le pan-syncrétisme ou pseudo-oecuménisme (Pie XI), puis le progressisme (Pie XII).



[ 1 ] La Séparation de l'Etat d'avec l'Eglise ; autrement dit, selon l'expression très appropriée du Pape Léon XIII, l'apostasie légalisée de la société, de l'Etat.

La Séparation de l'Etat d'avec l'Eglise, sa rupture et coupure officialisée avec l'Unique vraie Religion ; et non pas, selon l'expression volontairement édulcorée des anti-Chrétiens qui l'ont réalisée, la faussement nommée "séparation de l'Eglise et de l'Etat", comme le répètent bêtement, sans la moindre réflexion sur la tromperie de cette façon de s'exprimer, quasi tous ceux qui en parlent, défenseurs de l'Eglise compris !

Ce sont les forces occultes occupant l'Etat, qui, par leurs représentants publics, ont décrété cette rupture du pacte des Francs avec le Christ-Seigneur et avec Son Eglise, et nullement l'Eglise qui en serait à l'origine ; Elle, qui a solennellement condamné cette rupture, tant à l'avance, par le Pape Léon XIII, notamment en sa Lettre E giunto, que lors de sa réalisation externe, par le Pape Saint Pie X, notamment en son Encyclique Vehementer.


Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


3. A C T U A L I T É D 0 C T R I N A L E


COMME AU TEMPS DE NOÉ



Nature et conséquence de cette rupture contemporaine :


201. Mais ces hypocrites fils de fidèles parvinrent, par leur inique duplicité, à circonvenir ceux auprès desquels ils se montraient extérieurement soumis et, par une terrible et surprenante permission punitive de Dieu, à s'emparer des postes-clés des structures ecclésiastiques.

202. Aussitôt, ils se hâtèrent de profiter de leur apparente autorité religieuse pour paraître comme institutionnalisé à travers un pseudo-concile ou conciliabule, comme "du milieu" (II Thes. 2,7) "de l’Église" - dit Saint Augustin (Cité Dieu 20,19 ; cf. Sub Tuum n° 23 p. 37) le "devoir" des "fils de Dieu" de se mêler et de coopérer avec "les filles des hommes", avec les sociétés hérétiques, schismatiques, apostates ou infidèles pour l'unification de l'Humanité :

non dans l'unité de l’Évangile, de la Vérité et de la Moralité, mais dans la diversité du libéralisme, de la "liberté" ou permissivité ; ce qui revient à dire de coopérer à la construction d'une nouvelle tour de Babel (cf. Gen. 11,1-9).

Le premier sommet mondial de ce nouveau Panthéon des fausses divinités a été la réunion de membres de toutes les fausses religions à Assise le 27/10/1986.


203. De ce "mystère d'iniquité" (II Thes. 2,7), de cette "abomination de la désolation dans le lieu saint" (Mt. 24,15), a découlé la généralisation quasi universelle du mélange et de l'union des anciens membres de la lignée des "fils de Dieu" avec ceux de la lignée Caïnite, avec "les filles des hommes".

Comme le mélange pré-diluvien, cette union pan-syncrétiste, préconisée sous le nom trompeur d’œcuménisme, a entraîné depuis lors une "rupture" de tous les barrages, de toutes les retenues des torrents des passions les plus dépravées, qui étalent à présent partout publiquement leurs plus lubriques débordements, maculant sans la moindre réserve et sans vergogne la plus tendre enfance comme la plus vieille et sordide décrépitude.


204. Or cette "coupure" ou "rupture" n'est rien moins que le nom révélé donné par l’Écriture au "mystère d'iniquité" expressément prophétisé par Saint Paul (cf. S.T.P. n° 23 et le livre sur l'Antéchrist), dont la forme latine est : "discessio", la forme grecque : "é Apostasia", la grande Apostasie !

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


3. A C T U A L I T É D 0 C T R I N A L E


COMME AU TEMPS DE NOÉ



Actualité de l'exemple de Noé


205. Aussi, "comme au temps de Noé", il importe que les ultimes membres de la lignée des "fils de Dieu", fussent-ils réduits à huit, totalement isolés comme Noé, ainsi que ceux qui pourraient s'y rattacher par eux de par la grâce de Dieu, s'appliquent non à paraître justes et dans le droit chemin devant les hommes, mais "devant Dieu" :

Saint Ambroise a écrit :

"C'est bellement que Dieu dit à Noé : "parce que je t'ai vu juste en cette génération-là".

Beaucoup paraissent justes devant les hommes, "peu", "devant Dieu" :

autrement aux hommes, autrement à Dieu ; aux hommes selon l'aspect de la vie, à Dieu selon la pureté de l'âme, la vérité de la vertu.

Les hommes éprouvent ce qui est à l'extérieur, Dieu regarde ce qui est à l'intérieur."


(Saint Ambroise, de Noé et Arca)


206. Comme Noé, il leur faut demeurer dans l'Arche :

Saint Ambroise a écrit :

"C'est de manière appropriée que le Seigneur dit au juste : "Entre toi" (dans l' Arche) , entre en toi-même, en ton esprit, dans le principe de ton âme ...

Si l'esprit est à l'abri, toute la maison est à l'abri, l'âme est à l'abri : si l'âme est saine, la chair est saine.

Car un esprit vigilant réfrène toutes les passions, gouverne les sens, maîtrise la parole ... là est le salut, là le gouvernail ; "dehors", le déluge ; "dehors", le péril.

Si tu demeures "à l'intérieur", tu seras à l'abri à l'extérieur : car là où l'esprit est maître de soi, là sont les bonnes pensées, là les bonnes oeuvres."


(Saint Ambroise, L. de Noé et Arca)



207. Quant à ceux qui sont tentés d'aller chercher "dehors ", chez des hérétiques et schismatiques, sacrements, ordinations ou sacres, qu'ils méditent attentivement les si fortes mais si objectivement justes et salutaires paroles de Saint Bède le Vénérable citées plus haut (p. 31, n° 147.).

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


3. A C T U A L I T É D 0 C T R I N A L E


COMME AU TEMPS DE NOÉ




Prophétie du divin Maître sur la période qui sera "Comme au temps de Noé" :



208. "Comme au temps de Noé". Telle est notre époque.

Telle est aussi l'époque que le divin Maître Lui-même a annoncé devoir être "comme au temps de Noé".

Quelle est cette époque ? Penchons-nous sur l’Évangile qui en traite.

Saint Bède a écrit :

209. " "Ainsi qu'il en est advenu aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il au jour du fils de l'homme."

Le Seigneur affirme le caractère subit du jour de son (second) Avènement par plusieurs exemples.

De fait, après l'avoir comparé à un éclair qui s'étend partout en un instant, il l'assimile "aux jours de Noé" et de Loth, quand la perdition des mortels est survenue à l'improviste."

(Saint Bède in Lc. 17,26)

Saint Thomas a écrit :

210. " "Comme il en a été au temps de Noé, ainsi en sera-t-il de l'Avènement du Fils de l'homme. En effet, de même que dans les jours précédant le déluge ils mangeaient et buvaient ..."

Ces paroles traitent de deux points : la non attente de l'Avènement futur, et sa cause.

Or la cause pour laquelle l'homme n'attendra pas" (ou plus) "l'Avènement futur est qu'il s'adonnera aux sollicitudes de la chair, parce qu 'il suivra ses passions :

"Vous faites bonne chair sur terre et vous nourrissez vos coeurs des objets de la luxure" (Jac. 5,5).

Aussi vaqueront-ils à des occupations lascives, qui sont de deux espèces, à savoir "aux festins et beuveries, aux coucheries et impudicités" (Rom. 13,13)."

(Saint Thomas in Mt. 24,38)


Saint Ambroise a écrit :
211. "C'est justement qu'il montre la cause du déluge, du feu de soufre et du jugement dans nos péchés :

"ils mangeaient, buvaient, prenaient femmes ... ".

Non que les noces soient condamnables, pas plus que les aliments : les premières assurent la succession, les autres sont des soutiens de la nature, autrement il faudrait sortir de ce monde, mais en toutes choses est requis la mesure, car "tout ce qui s'y ajoute vient du malin" (Mt. 5,37).

Qu'il y ait un consensus pour un temps afin de vaquer à la prière (I Cor. 7,5), qu'au milieu des sollicitudes du monde et de l'ivresse de l'intempérance règnent la sobriété de la religion et l'application à la chasteté."


(Saint Ambroise in Lc. 17,27)


Saint Bède a écrit :

212. "Contrairement au délire de Marcion et des Manichéens, ainsi qu' aux théories de Tatien, chef des Encratites, ici ne sont point condamnés les mariages ou les aliments, puisque les uns assurent à la nature (humaine) sa survie, les autres son soutien, mais comme dit l'Apôtre :

"Tout (cela) m'est permis, mais tout n'est point profitable." (I Cor. 6,12).

C'est donc l'usage immodéré des choses licites qui est répréhensible."


(Saint Bède in Lc. 17,27)

Saint Thomas a écrit :

"Ce n'est pas manger et boire qui est péché, mais y placer sa fin." (Saint Thomas in Mt. 24,38)


Saint Thomas a écrit :

213. "Il est dit ensuite : "Et ils ne cherchèrent point a savoir jusqu'au moment où vint le déluge, et il les emporta tous", à savoir ceux qui ne s 'étaient pas joints à Noé, qui était la figure du Christ.

"Ainsi sera l'Avènement du Fils de l'homme"... Aussi, de même que ceux qui se sont joints à Noé furent sauvés, de même lors de "I'Avènement du Fils de l'homme", ceux qui auront adhéré à son fils le Christ seront sauvés."


(Saint Thomas in Mt. 24,39)

Saint Bède a écrit :

214. " "Jusqu'au jour même où Noé entra dans l'Arche, et le déluge vint et les fit tous périr."

Noé construit l'Arche quand le Seigneur, réunissant comme des bois polis, édifie à partir d'hommes fidèles l’Eglise.

Il y entre une fois Celle-ci parfaitement parachevée, quand au jour du jugement il met en lumière par la vision de sa présence qu'il y habite éternellement.

Cependant, tandis que l’arche est bâtie les iniques s’adonnent à la luxure et quand il y rentre ils périssent, car ceux qui insultent les saints luttant ici-bas seront châtiés en la perdition éternelle quand ceux-ci seront couronnés là-haut."


(Saint Bède in Lc. 17,27)

Saint Jean Chrysostome a écrit :

215. "Le Christ-Jésus nous apprend ici que lorsque l'Antéchrist viendra, les pécheurs et tous ceux qui auront désespéré de leur salut, s'abandonneront à toutes sortes de plaisirs.

Tout le monde sera plongé dans le luxe, dans les festins et la bonne chère.

Et il cite un exemple qui a beaucoup de rapport au sujet.

"Comme au temps de Noé" la vue même de l'arche qu'on bâtissait ne pouvait persuader les hommes que le déluge arriverait et qu’ils ne cessaient pas de vivre toujours dans les délices comme si Dieu ne les avait pas menacés, de même quand l'Antéchrist viendra et qu'il traînera avec lui l'horreur et l'effroi par une infinité de maux dont sa venue sera accompagnée, les hommes néanmoins n'en auront aucune crainte.

Ils vivront dans une entière assurance, parce qu'ils seront possédés de leurs plaisirs comme d'une ivresse profonde qui leur ôtera tout le sentiment et toute l'appréhension de l’avenir."


(Saint Jean Chrysostome, hom.77 in Mt. 24,37s.)

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


3. A C T U A L I T É D 0 C T R I N A L E


COMME AU TEMPS DE NOÉ



Différence des comportements des fidèles et des infidèles en cette période :

Saint Jean Chrysostome a écrit :

216. "Le Seigneur témoigne par ces paroles que, quand il viendra, il surprendra les hommes dans leurs plaisirs, et qu'ils ne s'attendront point à Le voir.

Saint Paul dit la même chose : "Quand ils diront : Nous sommes en paix et en sûreté, ils seront surpris tout d'un coup par une ruine soudaine" (I Thes. 5,3).

Et pour montrer encore mieux combien cette ruine serait inespérée, l'Apôtre ajoute : "Comme une femme enceinte est surprise par les douleurs de l’enfantement".

Toutefois, comment peut-on allier ces deux choses si contraires, et comment Jésus-Christ dit-il : "Aussitôt après ces jours d'afflictions", puisque Saint Paul, au contraire, dit que ce seront des jours de divertissements et de réjouissance ?

Comment peut-on allier "la paix et la sûreté" avec les afflictions et les maux ?"

(Saint Jean Chrysostome, hom. 77 in Mt. 24,37s.)


Saint Thomas a écrit :

217. "La réponse est double :

1̊) Saint Jérôme dit qu' il est vrai qu'aux alentours du temps de l'Antéchrist les tribulations seront nombreuses, et cela pour la probation des élus ; puis la tranquillité reviendra, et les mauvais y vaqueront à la joie.

Aussi Saint Luc (21,26) parle de l'état de la tribulation, tandis que Saint Matthieu (24,37s.) du temps qui précédera immédiatement l'Avènement de Dieu."


(Saint Thomas in Mt. 24,38)


Saint Jérôme a écrit :

218. "On se demande comment concilier la précédente description" (de guerres, pestes, famines, tremblements de terre : Mt.24,6s.) "avec celle de ces indices de paix ?

Mais on peut estimer qu'après les guerres et les autres événements par lesquels le genre humain sera dévasté, il y aura une brève paix, prometteuse d'une tranquillité généralisée, afin d'éprouver la foi des fidèles - pour que, les maux passés, ils attendent la venue du Juge -."


(Saint Jérôme et - Saint Bède - in Mt. 24,38)


Saint Thomas a écrit :

219. "2̊) Autrement, du fait que les uns sont bons, les autres mauvais.

Aussi l'Eglise souffrira tribulation universellement, et les bons seront éprouvés par les mauvais.

D'où ce qui est dit plus haut : "Vous serez en haine à tous les hommes à cause de mon Nom" (Mt. 10,22).


C'est pourquoi ce seront les bons qui souffriront, tandis que ceux qui exerceront ces tribulations seront les mauvais.

Aussi, ce qui est dit ici : "mangeant et buvant" doit être entendu des mauvais, et ce qui est dit en S.Luc (21, 26) que les hommes sécheraient de frayeur, des bons.

Ou bien : Comme il arrive fréquemment que les bons soient corrigés par la tribulation, les mauvais non, dès lors les mauvais sécheront, les bons non."


(Saint Thomas in Mt. 24,28)


Saint Jean Chrysostome a écrit :

220. "Les insensés regarderont ces temps comme des temps de paix et de toutes sortes de biens. C’est pourquoi S. Paul ne dit pas : "Quand ils seront en paix et en sûreté", mais : "Quand ils diront : Nous sommes en paix et en sûreté", se servant à dessein de cette expression pour nous marquer leur insensibilité, qui sera semblable à celle des hommes qui vivaient "au temps de Noé", lesquels ne cessaient pas de passer leur vie dans les délices, quoique menacés de tant de maux.

Tandis que les justes n'auront rien de cette dureté si insensible et de cette étrange frénésie, puisqu'ils passeront alors toute leur vie dans la douleur et dans l'amertume...

221. Cependant, pourquoi le Christ-Jésus ne rapporte-t-il pas plutôt l'exemple des Sodomites que celui de Noé ?

C'est parce qu'il aimait mieux rapporter l'exemple d'un malheur général et universel, afin que les coeurs les plus endurcis et les plus incrédules en soient étonnés, et qu'ils jugent par le passé de ce qu'ils devaient craindre pour l'avenir.

Il marque aussi, en rapportant cet exemple, qu’il est l'Auteur de l'Ancien Testament et qu'il a fait tout ce qui y est écrit."

(Saint Jean Chysostome, hom. 77 in Mt.)

Saint Bède a écrit :

222. "Néanmoins, comme ils ont méprisé les jugements de Dieu en se donnant tout entier aux choses d'ici-bas, ils ont péri par l'eau ou par le feu."


(Saint Bède, in Lc.17,27s.)

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


3. A C T U A L I T É D 0 C T R I N A L E


COMME AU TEMPS DE NOÉ



Déluge d'eau et déluge de feu :


Saint Eusèbe a écrit :

223. "Toutefois, comme le Seigneur a usé de l'exemple du déluge, afin que l'on ne pense pas à un futur déluge par l'eau, il emploie le second exemple de Loth, enseignant le mode de la perdition des impies, que la colère de Dieu tombera sur les impies par un feu envoyé du ciel."


(Saint Eusèbe, cité par Saint Thomas in Lc. 17,28)

Saint Thomas a écrit :

224. "On lit" (dans l'Ecriture l'annonce de) "deux consommations.

La première par l'eau : "Et il n'a pas épargné le monde de l'origine, mais a gardé le huitième Noé annonciateur de la justice, envoyant le déluge au monde des impies" (II Petr. 2, 5).

C’est pourquoi. on dit très convenablement que la première consommation fut à imputer aux péchés de la chair.

D'où ce qui est dit : "Les fils de Dieu voyant que les filles des hommes étaient belles, prirent pour femmes parmi toutes celles qu 'ils choisirent".

Aussi, contre l'ardeur de cette concupiscence, la consommation dut être opérée par l'eau.

Tandis qu'à la fin du monde le péché sera que la Charité se refroidira (Mt. 24, 16), aussi le feu sera la peine qui conviendra."


(Saint Thomas in Mt. 24,37 ; cf. aussi id. in II Petr. 3,7)


Saint Bède a écrit :
225. " "Semblablement, comme cela eut lieu aux jours de Loth, ils mangeaient et buvaient, achetaient et vendaient, plantaient et édifiaient".

Le Seigneur, passant sous silence le plus grave et innommable crime des Sodomites, commémore seulement les délits qui pourraient être pensés légers ou inexistants, afin que l'on comprenne quelles peines seront portées en matières illicites si l'usage très immodéré des actes licites sans lesquels on ne peut mener cette vie ont été punis par le feu et le soufre.


226. "Au jour même où Loth partit de parmi les Sodomites, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel et les fit tous périr."

Jusqu'ici Loth demeure comme un étranger parmi les Sodomites, en d'autres termes le peuple des élus parmi les réprouvés, lui-même étant juste dans son comportement et connu comme tel, et, selon l'interprétation du nom de Loth, "déclinant" autant que faire se peut la vue de leurs actions déshonorantes.

Par contre, une fois Loth sorti, Sodome périra.

Parce qu'à la consommation du siècle les Anges s'élanceront et sépareront les mauvais d'au milieu des justes et les précipiteront dans la fournaise de feu... "dans l'étang de feu et de soufre où... ils seront torturés jour et nuit dans les siècles des siècles" (Apoc. 20,9s.).


227. "Il en sera ainsi, au jour en lequel le Fils de l'homme sera révélé".

C'est bellement qu'il est dit "sera révélé", car Celui qui entretemps voit tout sans paraître, jugera alors tout en apparaissant.

Mais il apparaîtra pour juger au temps où tous auront oublié au plus haut point ses jugements, et où il constatera qu'ils sont devenus esclaves de ce siècle."

"Pensez-vous que lorsque le Fils de l'homme viendra, il trouvera la foi sur terre ?" (Lc. 18, 8).

"Car bien que la fin du monde doive venir dans l'avenir en un temps déjà arrêté, c'est néanmoins tandis que la charité du grand nombre s'étant refroidie vers la fin, que l'iniquité du genre humain croîtra au point que le monde qu'il habite doive être détruit avec lui."


(Saint Bède in Lc. 17,28-30)

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4169
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Comme au temps de Noé

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 39 (Mai 1994)


3. A C T U A L I T É D 0 C T R I N A L E


COMME AU TEMPS DE NOÉ



Exemple du châtiment des anges déchus :


Saint Bède a écrit :

228. " "Car si Dieu n'a point épargné les anges qui ont péché" mais les a livrés aux peines de l'Enfer et leur réserve un accroissement de tourments au jour du Jugement ;

si perdant le monde originel par le déluge à cause des crimes, il a préservé le juste Noé ;

si punissant les actions abominables des Sodomites, il a tiré du milieu des injustes Loth qui pratiquait la justice ;

on constate assurément que "le Seigneur a su délivrer les hommes pieux de la tentation, et réserver au contraire les iniques pour être livrés aux supplices au jour du Jugement"."


(Saint Bède in II Petr. 2,4-9)


Saint Thomas a écrit :

229. "L'Apôtre (Saint Pierre) donne trois exemples : la chute des anges, le déluge abattu sur les hommes, la destruction de Sodome ...

On y aborde 1̊) la punition des coupables, 2̊) la délivrance des innocents, 3̊) le mérite et la raison de cette délivrance...

Il dit donc : "Si Dieu pour les anges", qui sont pourtant d'une nature supérieure, "du fait qu' ils ont péché" d’un péché d’orgueil, "ne les a point épargnés" mais sans hésiter a exercé sur eux sa vindicte dans l'Enfer, "en les faisant précipiter", tirer du ciel vers le bas, "en une fracassante chute jusqu'en Enfer"... et les a "livrés au Tartare", à l'Enfer, "pour être suppliciés"... "et les garde en réserve pour le jugement" dernier en sorte qu'ils soient plus gravement châtiés et tourmentés, dit S. Augustin... ;

si donc "il n'a pas épargné" la nature angélique, il n'épargnera pas non plus l’homme."


(Saint Thomas in II Petr. 2,4)




230. Les termes latins ici employés dans la Vulgate, expliquent Saint Bède et Saint Thomas, insinuent une comparaison avec les cordages d'un navire qui s'élèvent vers le haut en crissant quand le vent gonfle les voiles, puis retombent avec fracas quand le vent est brusquement coupé.

Ainsi en fut-il des mauvais anges s'élevant par la superbe en un bruyant murmure contre leur Créateur, puis étant brusquement (cf. Sub Tuum n° 28 p. 4-7) tombés avec fracas au plus profond des Enfers.


Répondre

Revenir à « Prophéties de la Sainte Écriture et Réalisations »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité