Les termes dont vous demandez explication impliquent des notions qui touchent à l’archéologie chrétienne ; à ce titre, certains de ceux-ci peuvent avoir subi des glissements sémantiques.
Abenader a écrit : ↑mer. 07 avr. 2021 22:30
1. Qu'est-ce que le
titre d'une église, une église
titulaire ?
Noële Maurice-Denis Boulet - Titres urbains et communautés (in La Maison-Dieu, n° 36, 1953, pp. 14-32) a écrit :
Nous ne saurons probablement jamais si saint Clet, sur l'ordre de saint Pierre lui-même, ordonna vingt-cinq prêtres, mais nous soupçonnerons ce chiffre fatidique d'être en rapport avec celui des titres que saint Evariste, un peu plus tard, distribua, paraît-il, aux prêtres, tandis qu'il ordonnait sept diacres pour l'assister lorsqu'il célébrait l'Eucharistie. […]
La restitution au pape Denys par l'empereur Gallien des lieux de culte et des cimetières, dans un rescrit de 260 dont Eusèbe lisait le texte latin, celle des loca ecclesiastica par Maxence à Miltiade dès 311, sont des faits historiques certains, répétés à un demi-siècle de distance. Rappelons-nous bien ces faits et leur date, de première importance pour l'histoire des titres. Ils prouvent qu'avant la persécution de Dèce (249-250), en plein milieu du III° siècle, la communauté chrétienne de Rome possédait certainement déjà des maisons d'église. […]
Le nom même titulus (titre de propriété immobilière, souvent inscrit sur la façade) remonte à la période très primitive où les maisons d'église étaient connues sous le nom de leur propriétaire, donc avant celle où elles devinrent propriété de l'Église. Or ce nom du propriétaire-fondateur distinguait encore la plupart de ces églises au synode de 499. Font exception, à cette époque, trois d'entre les derniers fondés des titres, le Titulus Apostolorum, le Titulus sancti Laurenti, et le Titulus sancti Matthei. Les vingt-six autres portent encore le « titre des fondateurs primitifs, dont la plupart avaient vécu au II° ou au III° siècle, et pas encore de noms de saints. Cent ans plus tard, sous saint Grégoire, en 595, trente-cinq prêtres romains signèrent les actes d'un autre synode nous y retrouvons la plupart des mêmes noms d'églises, mais précédés du qualificatif de « saint » ; par exemple, le Titulus Pudentis est devenu le Titulus sancti Pudentis. Quelques églises ont changé de nom ; le Titulus Pammachi ou Visantis de 499 (c'est sans doute le même) est devenu le Titulus sanctorum, Johannis et Pauli effet naturel du développement du culte des saints, de sa fixation dans les églises et de la naissance des légendes de fondation.
Cependant les archéologues ont identifié dans les titres de Clément, d'Anastasie, de Visans, « les murs de maisons à plusieurs étages, les unes du II°, les autres du III° siècle, qui subirent toutes, au cours du III° siècle, des remaniements profonds ; par la suppression de murs de refend, ou même par la reconstruction partielle des étages supérieurs, on semble avoir voulu alors aménager les grandes salles de réunion où le culte liturgique fut célébré jusqu'aux reconstructions du IV° et du V° siècle. Au titre d'Equitius (aujourd'hui. Saints-Sylvestre-et-Martin-aux-Monts), la salle qui servit aux réunions liturgiques, sans modification aucune, jusqu'au VI° siècle, existe encore, et son appareil permet de la dater du temps des Sévères ». Des remarques différentes, mais d'une portée analogue, pourraient être faites au sujet des titres de Chrysogone, de Sabine, de Pudens, de Crescentiana, etc. Impossible de nous placer ici au point de vue technique de l'archéologue. Disons seulement que, dans l'état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons préciser la date de ces vingt vieilles églises ; nous les faisons pourtant remonter, avec un maximum de probabilité, au moins à la première moitié du IIIe siècle, tandis que des considérations générales d'histoire ecclésiastique pourraient nous faire préférer, quant à un certain nombre d'entre elles, les dernières décades du second...
Sur ce nombre de vingt-cinq, voyez notamment Duchesne –
Le Liber Pontificalis (Tome 01, Paris, 1886, p. 165, note 5). Quant à Mgr J.P. Kirsch, dans son ouvrage intitulé
Die römischen Titelkirchen im Altertum (Paderborn, 1918) il entreprend l'étude des anciens
tituli romains suivants :
1 ; Titulus Anastasiæ ; 2. Titulus S. Sixti (=Crescentianæ ?) ; 3. Titulus Byzantis (Pammachii, SS. Iohannis et Pauli) ; 4. Titulus Æmilianæ (SS. IV Coronatorum) ; 5. Titulus Clementis ; 6. Titulus Equitii (S. Sylvestri) ; 7. Titulus Apostolorum (Eudoxiæ, S. Petri ad vincula) ; 8. Titulus Praxedis ; 9. Titulus S.Matthæi et titulus SS. Marcellini et Petri (=Nicomedis ?) ; 10. Titulus Eusebii ; 11. Titulus Pudentis (S. Pudentianæ) ; 12. Titulus Vestinæ (S. Vitalis) ; 13. Titulus Gaii (S. Suzannæ) ; 14. Titulus Cyriaci ; 15. Titulus Marcelli ; 16. Titulus Lucinæ (S. Laurentii in Lucina) ; 17. Titulus Damasii (S. Laurentii in Damaso) ; 18. Titulus Marci ; 19. Titulus de Fasciola (SS. Nerei et Achillei) ; 20. Titulus S. Balbinæ ; 21. Titulus Sabinæ ; 22. Titulus Priscæ ; 23. Titulus Iulii et Callisti ; 24. Titulus Chrysogoni ; 25. Titulus Cæciliæ
Enfin, se basant sur des données plus récentes, la
Revue des sciences ecclésiastiques nous propose cette explication :
Revue des sciences ecclésiastiques. Volume 8, 1863, p. 563 a écrit :
Le mot titulus signifie titre bénéficiaire, ou encore le titre donné à l'église dans sa consécration ou bénédiction, ou enfin le titre de la croix placé à la porte de l'église. 1° D'après l'ancien usage adopté à Rome, on donne le nom de titre ou église titulaire aux églises les plus insignes auxquelles étaient préposés des cardinaux-prêtres, suivant une bulle de Sixte V, du 13 mai 1587. « Religiosa sanctorum Pontificum... providentia institutum olim fuit... ut S. R. E. presbyteris, certæ « in Urbe Roma Ecclesiæ, tituli appellatæ, quasi quædam propriæ cujusque diœceses, etc. Quæ quidem sancta institutio... ita viget ut præter sex episcopos cardinales, qui certis cathedralibus ecclesiis Urbi finitimis præsunt, singulis presbyteris, et diaconis cardinalibus propriæ in Urbe ecclesiæ, tituli videlicet et diaconiæ cum suis clero et populo, ac quasi episcopali jurisdictione in spiritualibus et temporalibus regendæ et administrandæ committantur. » 2° Ces titres se divisaient en titres proprement dits, diaconies et oratoires. Les diaconies étaient des hôpitaux, et les oratoires des lieux sacrés où l'on ne faisait aucune fonction publique.