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Petites questions liturgiques

Publié : mer. 07 avr. 2021 22:30
par Abenader
1. Qu'est-ce que le titre d'une église, une église titulaire ?

2. Qu'est-ce qu'une station, une église stationnale ?

3. Qu'est-ce qu'une collecte ? Une prière de la messe, ou quelque chose de plus ?

4. Pourquoi dans les anciens temps faisait-on la collecte dans une église, et la station dans une autre ? Et quand cela est-il tombé en désuétude ?

5. Station vient-il de stare, i. e. se tenir debout ? Si oui, quid ?

Grand merci pour vos réponses.

Re: Petites questions liturgiques

Publié : jeu. 08 avr. 2021 22:07
par Abbé Zins
Abenader a écrit : mer. 07 avr. 2021 22:30 1. Qu'est-ce que le titre d'une église, une église titulaire ?

2. Qu'est-ce qu'une station, une église stationnale ?

3. Qu'est-ce qu'une collecte ? Une prière de la messe, ou quelque chose de plus ?

4. Pourquoi dans les anciens temps faisait-on la collecte dans une église, et la station dans une autre ? Et quand cela est-il tombé en désuétude ?

5. Station vient-il de stare, i. e. se tenir debout ? Si oui, quid ?

Grand merci pour vos réponses.

A Rome, une église titulaire est celle à laquelle est attachée un titre cardinalice. A l'origine, le collège des Cardinaux était celui des Curés des diverses paroisses romaines.

A Rome, une église stationnale est celle où était célébrée par le Pape telle Messe de Carême. Ces diverses stations sont ordinairement indiquées dans les missels pour chaque jour de Carême ayant son propre au temporal.

La collecte est la prière de la Messe faite au nom de la collectivité et à ses intentions communes.

Pour le 4., quelle est votre source, svp ?

5. Station, signifie ici le lieu où l'on se tient, et plus précisément où se tenait la messe papale. Par ailleurs, on priait autrefois debout dans les églises, tout particulièrement le Dimanche ou Jour du Seigneur et de Sa Résurrection, sauf aux moments d'adoration où l'on se mettait à genoux.

Voilà sommairement, et de mémoire.

Re: Petites questions liturgiques

Publié : sam. 10 avr. 2021 23:28
par Si vis pacem
 
Les termes dont vous demandez explication impliquent des notions qui touchent à l’archéologie chrétienne ; à ce titre, certains de ceux-ci peuvent avoir subi des glissements sémantiques.
Abenader a écrit : mer. 07 avr. 2021 22:30
1. Qu'est-ce que le titre d'une église, une église titulaire ?
 
Noële Maurice-Denis Boulet - Titres urbains et communautés (in La Maison-Dieu, n° 36, 1953, pp. 14-32) a écrit :
Nous ne saurons probablement jamais si saint Clet, sur l'ordre de saint Pierre lui-même, ordonna vingt-cinq prêtres, mais nous soupçonnerons ce chiffre fatidique d'être en rapport avec celui des titres que saint Evariste, un peu plus tard, distribua, paraît-il, aux prêtres, tandis qu'il ordonnait sept diacres pour l'assister lorsqu'il célébrait l'Eucharistie. […]

La restitution au pape Denys par l'empereur Gallien des lieux de culte et des cimetières, dans un rescrit de 260 dont Eusèbe lisait le texte latin, celle des loca ecclesiastica par Maxence à Miltiade dès 311, sont des faits historiques certains, répétés à un demi-siècle de distance. Rappelons-nous bien ces faits et leur date, de première importance pour l'histoire des titres. Ils prouvent qu'avant la persécution de Dèce (249-250), en plein milieu du III° siècle, la communauté chrétienne de Rome possédait certainement déjà des maisons d'église. […]

Le nom même titulus (titre de propriété immobilière, souvent inscrit sur la façade) remonte à la période très primitive où les maisons d'église étaient connues sous le nom de leur propriétaire, donc avant celle où elles devinrent propriété de l'Église. Or ce nom du propriétaire-fondateur distinguait encore la plupart de ces églises au synode de 499. Font exception, à cette époque, trois d'entre les derniers fondés des titres, le Titulus Apostolorum, le Titulus sancti Laurenti, et le Titulus sancti Matthei. Les vingt-six autres portent encore le « titre des fondateurs primitifs, dont la plupart avaient vécu au II° ou au III° siècle, et pas encore de noms de saints. Cent ans plus tard, sous saint Grégoire, en 595, trente-cinq prêtres romains signèrent les actes d'un autre synode nous y retrouvons la plupart des mêmes noms d'églises, mais précédés du qualificatif de « saint » ; par exemple, le Titulus Pudentis est devenu le Titulus sancti Pudentis. Quelques églises ont changé de nom ; le Titulus Pammachi ou Visantis de 499 (c'est sans doute le même) est devenu le Titulus sanctorum, Johannis et Pauli effet naturel du développement du culte des saints, de sa fixation dans les églises et de la naissance des légendes de fondation.

Cependant les archéologues ont identifié dans les titres de Clément, d'Anastasie, de Visans, « les murs de maisons à plusieurs étages, les unes du II°, les autres du III° siècle, qui subirent toutes, au cours du III° siècle, des remaniements profonds ; par la suppression de murs de refend, ou même par la reconstruction partielle des étages supérieurs, on semble avoir voulu alors aménager les grandes salles de réunion où le culte liturgique fut célébré jusqu'aux reconstructions du IV° et du V° siècle. Au titre d'Equitius (aujourd'hui. Saints-Sylvestre-et-Martin-aux-Monts), la salle qui servit aux réunions liturgiques, sans modification aucune, jusqu'au VI° siècle, existe encore, et son appareil permet de la dater du temps des Sévères ». Des remarques différentes, mais d'une portée analogue, pourraient être faites au sujet des titres de Chrysogone, de Sabine, de Pudens, de Crescentiana, etc. Impossible de nous placer ici au point de vue technique de l'archéologue. Disons seulement que, dans l'état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons préciser la date de ces vingt vieilles églises ; nous les faisons pourtant remonter, avec un maximum de probabilité, au moins à la première moitié du IIIe siècle, tandis que des considérations générales d'histoire ecclésiastique pourraient nous faire préférer, quant à un certain nombre d'entre elles, les dernières décades du second...
 
Sur ce nombre de vingt-cinq, voyez notamment Duchesne – Le Liber Pontificalis (Tome 01, Paris, 1886, p. 165, note 5). Quant à Mgr J.P. Kirsch, dans son ouvrage intitulé Die römischen Titelkirchen im Altertum (Paderborn, 1918) il entreprend l'étude des anciens tituli romains suivants :

1 ; Titulus Anastasiæ ; 2. Titulus S. Sixti (=Crescentianæ ?) ; 3. Titulus Byzantis (Pammachii, SS. Iohannis et Pauli) ; 4. Titulus Æmilianæ (SS. IV Coronatorum) ; 5. Titulus Clementis ; 6. Titulus Equitii (S. Sylvestri) ; 7. Titulus Apostolorum (Eudoxiæ, S. Petri ad vincula) ; 8. Titulus Praxedis ; 9. Titulus S.Matthæi et titulus SS. Marcellini et Petri (=Nicomedis ?) ; 10. Titulus Eusebii ; 11. Titulus Pudentis (S. Pudentianæ) ; 12. Titulus Vestinæ (S. Vitalis) ; 13. Titulus Gaii (S. Suzannæ) ; 14. Titulus Cyriaci ; 15. Titulus Marcelli ; 16. Titulus Lucinæ (S. Laurentii in Lucina) ; 17. Titulus Damasii (S. Laurentii in Damaso) ; 18. Titulus Marci ; 19. Titulus de Fasciola (SS. Nerei et Achillei) ; 20. Titulus S. Balbinæ ; 21. Titulus Sabinæ ; 22. Titulus Priscæ ; 23. Titulus Iulii et Callisti ; 24. Titulus Chrysogoni ; 25. Titulus Cæciliæ

Enfin, se basant sur des données plus récentes, la Revue des sciences ecclésiastiques nous propose cette explication :
Revue des sciences ecclésiastiques. Volume 8, 1863, p. 563 a écrit :
Le mot titulus signifie titre bénéficiaire, ou encore le titre donné à l'église dans sa consécration ou bénédiction, ou enfin le titre de la croix placé à la porte de l'église. 1° D'après l'ancien usage adopté à Rome, on donne le nom de titre ou église titulaire aux églises les plus insignes auxquelles étaient préposés des cardinaux-prêtres, suivant une bulle de Sixte V, du 13 mai 1587. « Religiosa sanctorum Pontificum... providentia institutum olim fuit... ut S. R. E. presbyteris, certæ « in Urbe Roma Ecclesiæ, tituli appellatæ, quasi quædam propriæ cujusque diœceses, etc. Quæ quidem sancta institutio... ita viget ut præter sex episcopos cardinales, qui certis cathedralibus ecclesiis Urbi finitimis præsunt, singulis presbyteris, et diaconis cardinalibus propriæ in Urbe ecclesiæ, tituli videlicet et diaconiæ cum suis clero et populo, ac quasi episcopali jurisdictione in spiritualibus et temporalibus regendæ et administrandæ committantur. » 2° Ces titres se divisaient en titres proprement dits, diaconies et oratoires. Les diaconies étaient des hôpitaux, et les oratoires des lieux sacrés où l'on ne faisait aucune fonction publique.
 
 

Re: Petites questions liturgiques

Publié : dim. 11 avr. 2021 22:51
par Si vis pacem
 
Abenader a écrit : mer. 07 avr. 2021 22:30
2. Qu'est-ce qu'une station, une église stationnale ?
 
 
Mgr Louis Duchesne – Le Liber Pontificalis. Paris, 1886, tome I, p. 246, note 9 a écrit :
Je n'ai pas à étudier ici l'origine et l'acception primitive du mot station dans la langue de l’Église. Depuis le cinquième siècle au moins, comme le prouve ce passage du L. P., il désignait à Rome des réunions liturgiques solennelles et communes. Tandis que les jours et même les dimanches ordinaires chacun pouvait assister au service religieux célébré dans l'église de sa paroisse (titulus), les jours de station tout le monde était convoqué à une même assemblée, tenue sous la présidence du pape, qui officiait en personne.
 
Mgr V. Saxer - L'utilisation par la liturgie de l'espace urbain et suburbain : l'exemple de Rome dans l'Antiquité et le Haut Moyen Âge, pp. 938, ss. a écrit :
Dans le cadre de la double liturgie papale et des titres apparaît la liturgie ambulante des stations : circuire per stationes. Elle est ambulante en ce sens que, jour après jour, elle va d'une église stationnale à l'autre. Sans doute serait-il plus exact de dire que c'est la liturgie papale qui est itinérante, l'église stationnale devenant pour un jour le siège de la liturgie papale, les autres, non-stationnales, célébrant la leur, qui est presbytérale, sous la forme accoutumée. […] Les stations des dimanches, des grandes fêtes, des martyrs comportaient une veillée nocturne, se terminaient à l'aube par la messe et requéraient en principe la présence du pape. A cette liturgie stationnale, papale et eucharistique, Chavasse (Le sacramentaire gélasien, Tournai, 1958) oppose, encore au V° siècle, des stations non-eucharistiques, elles aussi en présence du seigneur apostolique. Il y range les mercredis et vendredis des Trois-Temps (Pentecôte, 7e et 10e mois), ainsi que toutes les féries de Carême.
 
 
Acception plus récente :
Barbier de Montault – Les stations et dimanches de carême à Rome. Rome, 1865, p. 7 a écrit :
On désigne sous le nom d'église stationnale celle où a lieu la station.

Or l'on nomme station la visite que les fidèles doivent faire à une église déterminée, au jour fixé par la rubrique du missel, pour vénérer les corps saints qui y sont conservés et les reliques que l'on y expose et aussi pour gagner les indulgences spéciales attachées par les Souverains Pontifes à cet acte pieux.
 
 

Re: Petites questions liturgiques

Publié : lun. 12 avr. 2021 17:51
par Abenader
Grand merci à vous deux.

Re: Petites questions liturgiques

Publié : lun. 12 avr. 2021 21:56
par Si vis pacem
 
Abenader a écrit : mer. 07 avr. 2021 22:30
3. Qu'est-ce qu'une collecte ? Une prière de la messe, ou quelque chose de plus ?

4. Pourquoi dans les anciens temps faisait-on la collecte dans une église, et la station dans une autre ? Et quand cela est-il tombé en désuétude ?
 
 
Mgr V. Saxer - L'utilisation par la liturgie de l'espace urbain et suburbain : l'exemple de Rome dans l'Antiquité et le Haut Moyen Âge, pp. 952, ss. a écrit :
De la station il faut distinguer la collecte, car s'il n'y a pas de collecte sans station, il peut y avoir des stations sans collectes. Cette distinction a eu tendance à s'effacer avec le temps, par suite de quoi certains liturgistes les ont confondues. Mais à tort. La collecte est le rendez-vous donné à la communauté dans une première église. De là tout le monde part en procession vers l'église stationnale où se célèbre la messe. De plus, le mot collecte peut avoir deux sens liturgiques, à savoir ceux de synaxe et de prière, lesquels à leur tour ne sont pas toujours distingués. Bien plus, le deuxième est habituellement privilégié, le premier escamoté. Il me paraît donc d'autant plus nécessaire de documenter le mot au sens de réunion liturgique.

Une remarque d’ordre philologique intéressant l'histoire du mot collecta ; celui-ci conserve encore clairement son sens de lieu de rendez-vous pour le départ de la procession vers le lieu de la station, lorsque les deux toponymes accompagnent les deux termes : ainsi collecta ad S. Hadrianum et statio ad S. Mariam, le 2 février ; ou collecta ad S. Anastasiam et statio ad S. Savinam, le jour des Cendres. En d'autres cas, ou bien la collecte reste toujours désignée par son toponyme, mais le lieu de la station a disparu : ainsi le 1er novembre, collecta ad S. Cosmam et Damianum ; ou bien la station est toujours expressément donnée, mais la collecte n'est plus localisée : ainsi fait le Sacramentaire de Gellone pour les Quatre-Temps de Carême, stacio ad S. Mariam ad Praesepe. En mettant les choses au mieux, l’oratio ad collectam sans toponyme, n'est plus que l'oraison d'ouverture d'une messe quelconque, sans qu'une procession en plein air ait mené les fidèles au préalable à l'église stationnale.
 
 

De nos jours (ainsi que l'a rappelé l'abbé) :
Courtier – Manuel de la Messe ou explication des prières et des Cérémonies du Saint-Sacrifice. Paris, 1864, p. 161 a écrit :
Le mot collecte signifie assemblée, et cette prière de la messe est ainsi appelée parce qu'elle est faite sur les fidèles réunis, pour les fidèles réunis, et spécialement au nom des fidèles réunis. C'est en ce même sens que la messe est appelée par les anciens Pères collecte ou synaxe, comme si l’Église nous indiquait par ce seul mot son désir de voir ses enfants toujours réunis dans le culte public, et l'heureux effet de son sacrifice qui est offert pour tous les chrétiens, même dans les messes les plus privées. La collecte est l'assemblage, le recueil, le précis, le sommaire de toutes les demandes particulières, qui s'épurent, pour ainsi dire, dans ce foyer, et se prêtent mutuellement toute la force de l'union ; aussi le prêtre qui officie est-il nommé dans certains auteurs : celui qui fait le sommaire de la prière.
 
 

Re: Petites questions liturgiques

Publié : mer. 14 avr. 2021 23:29
par Si vis pacem
 
Abenader a écrit : mer. 07 avr. 2021 22:30
5. Station vient-il de stare, i. e. se tenir debout ? Si oui, quid ?
 
 
Mgr Barbier de Montault - Les croix stationnales de la basilique de Latran à Rome (in Revue de l'art chrétien, 1889, pp. 15-41 a écrit :
Le mot station, dans la langue liturgique, a jusqu'à neuf acceptions différentes, comme on peut s'en convaincre par l'érudit Glossaire de Du Cange. Je n'en retiens que quatre, qui vont directement à mon sujet.

Il signifie d'abord le jeûne, particulièrement celui des vigiles solennelles et du carême. C'est dans ce sens qu'en parlent Isidore de Séville dans ses Institutions : « Jejunium et statio dicitur » et le Pasteur d'Hermas : « Respondi quoniam, Domine, stationem habeo. Quid est, inquit, statio ? Et dixi : Jejunium. » La définition de Du Cange est donc rigoureusement exacte : « Statio dicitur jejunium a scriptoribus ecclesiasticis. »

En temps de jeûne, les fidèles s'assemblaient pour prier plus que d'habitude. Cette réunion pieuse se nommait station. Du Cange ajoute donc, comme second sens : « Statio veteribus dictus cætus sive conventus fidelium in ecclesia. »

Groupés, les fidèles allaient aussi en procession ou, pour employer le terme consacré par l'usage, aux litanies, qui sont des supplications publiques. De là le troisième sens, qui se constate dans la vie d'un évêque de Liège : « Stationes instituit seu processiones, quæ ab universo communiter clero civitatis ad majorem ecclesiam fiunt. »

Enfin, le dernier sens est celui d'église où s'arrête la procession. Du Cange est encore très précis sur ce point : « Stationes præterea dicuntur ecclesiæ, oratoria seu quævis loca, ubi processiones ecclesiasticæ moram faciunt, in quibus orationes fiunt aut decantantur antiphonæ vel denique sacrum missa ministerium peragitur, ex quo processiones ipsas stationes passim dictas observare est. »
 
 
Christine Mohrmann - Statio (in Vigiliae Christianae, 1953, pp. 221–245) a écrit :
Dans le latin des chrétiens, statio revêt deux sens techniques qui — à première vue — semblent assez divers : d'une part le mot désigne, dès les temps les plus anciens, le “jeûne de la station” ; d'autre part il est employé, probablement depuis le début du cinquième siècle, dans la langue de la liturgie de Rome, pour désigner les réunions eucharistiques solennelles célébrées par le pape avec le clergé et le peuple dans une des églises de Rome.

Du point de vue historique et philologique, statio pose des problèmes pour lesquels on n'a pas encore trouvé de solution définitive. Comment expliquer l’origine des sens spéciaux adoptés par le mot dans les cercles chrétiens ? Quelles sont les relations entre les deux sens techniques dont je viens de parler ? En général, on peut dire que deux explications se font concurrence : l’une veut trouver, avec Tertullien, l’origine de statio “jeûne stational” dans la langue militaire où statio signifiait “poste, garde” (Svennung, Casel, Sainio, Bonsirven). L’autre prend comme point de départ un sens “assemblée, assemblée liturgique, synaxe” (Kirsch, Teeuwen). L’usage de la langue liturgique de Rome serait issu, d’une manière ou d’une autre, du sens ancien de statio “jeûne stational”. (1)

Ces explications présentent des nuances diverses suivant les auteurs. Tout en remontant au sens ancien de “garde, poste”, Sainio pense par exemple à une antithèse de statio, “garde de la journée” et vigiliæ “garde de la nuit” ; le P. Bonsirven pense à une relation avec les “stations” juives. M. Teeuwen veut partir de statio au sens de “synaxe” avec lequel se serait combiné, secondairement, un sens de “jeûne”, et il voit dans l’usage liturgique de Rome une continuation du sens primaire. Mgr Kirsch met en relation statio “jeûne stational” et les “stations” de Rome, mais on ne voit pas très bien comment il la comprend.

A côté de ces deux explications principales, que les différents auteurs exposent différemment, d’autres ont été exposées, mais qui n’ont guère trouvé d’adhésion. Parmi celles-ci on pourrait signaler l’hypothèse de M. Schümmer qui pense à un sens local de statio, “lieu de la prière”, ou la suggestion de M. Thörnell, ingénieuse mais peu probable, que statio aurait été au début “l’arrêt des occupations journalières”. Dans les publications les plus récentes, comme celle de Dom Dekkers sur la liturgie chez Tertullien, dans le commentaire de M. Diercks du De oratione de Tertullien et dans celui de M. Waszink sur le De anima, on se résigne à un non liquet.

Malgré les publications nombreuses, parues ces dernières années sur le problème des origines de l’usage chrétien de statio, on doit conclure que la question reste ouverte ...



(1) - Je cite ici les publications les plus importantes qui traitent des origines de statio : C. Callewaert, De wekelijksche vastengaden in de vroegste tijden der Kerk, Tijdschrift voor Liturgie 5, 1924, p. 1ss. & p. 267 ss. ; G. P. Kirsch, Origine e carattere delle stazioni liturgiche di Roma, Atti Della Pontificia Accademia Romana Di Archeologia, Ser. III, Rendiconti. - Vol. III, 1924/5, p. 123 ss. ; St. W. J Teeuwen, Sprachlicher Bedeutungswandel bei Tertullian, Paderborn, 1926, p. 101 ss. ; G. Thörnell, Gnomon 3, 1927, p. 48 ss. ; J. Svennung, Statio = Fasten, Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft 31, 1932, p.294 ss. ; J. Schümmer, Die altchristliche Fastenpraxis, Liturgiewissenschaftliche Quellen und Forschungen 27, Münster i. W., 1933, p. 140 ss. ; J. Bonsirven, Notre statio liturgique est-elle empruntée au culte juif ?, Recherches de Science religieuse 15, 1925, p 258 ss. ; e. Köstermann, Statio principis, Philologus 87, 1932, p. 358 ss. & 430 ss. ; Odo Casel, Jahrbuch für Liturgiewissenschaft 13, 1935, p. 305 s. ; W. Havers, Über Sinnesstreckung, Glotta 25, 1936, p. 103 ss. ; Matti A. Sainio, Semasiologische Untersuchungen über die Entstehung der altchristlichen Latinität, Helsinki, 1940, p. 86 ss. ; G.F. Diercks, Tertullianus De Oratione, Bussum, 1947, p. 176 s. & 191 ss. ; E. Dekkers, Tertullianus en de Geschiedenis der liturgie, Brussel-Antwerpen, 1947, p. 130 ss. ; J. H. Waszink, Tertullianus De anima, Amsterdam, 1947, p. 513 s.
 
 

Re: Petites questions liturgiques

Publié : jeu. 15 avr. 2021 16:45
par Abenader
Voilà qui clôt exhaustivement cette (première) série de questions.

Merci beaucoup cher SvP.

Re: Petites questions liturgiques

Publié : sam. 19 juin 2021 14:03
par Abenader
6. Pourquoi le prêtre, lors de l'homélie, parfois porte la chasuble, parfois la quitte (idem pour le manipule), parfois porte la barrette ecclésiastique, parfois non, parfois porte l'étole pendante, parfois croisée ?

Re: Petites questions liturgiques

Publié : lun. 21 juin 2021 0:06
par Si vis pacem
 
Abenader a écrit : sam. 19 juin 2021 14:03 
6. Pourquoi le prêtre, lors de l'homélie, parfois porte la chasuble, parfois la quitte (idem pour le manipule), parfois porte la barrette ecclésiastique, parfois non, parfois porte l'étole pendante, parfois croisée ?
 
 
Difficile, au moins pour ma part, de répondre avec clarté sur le sujet ... il semble que la façon de faire soit dépendante du temps et du lieu.

Le site cérémoniaire.net quant à lui, nous précise dans la reprise de l'ouvrage de Mgr Martinucci :
Martinucci Les cérémonies de la Messe solennelle selon l’usage traditionnel du rit romain (note de l'éditeur) a écrit :
[81] ... En certaines églises, lorsque le célébrant prêche, la coutume veut qu’il dépose préalablement la chasuble et le manipule à la banquette, ou bien qu’il retire simplement le manipule, qu’il laisse sur le missel : ces pratiques sont inconnues des livres liturgiques et ne sont prescrites par aucune règle.


Ce qui explique peut-être votre interrogation et la diversité des explications données comme nous pouvons le voir ci après, en prenant comme exemple la messe solennelle ordinaire (auteurs français du XX°).

1° - Pour le R.P. Haegy (Manuel de Liturgie et Cérémonial selon le Rit Romain de 1902) :
Le Vavasseur & Haegy - Manuel de Liturgie et Cérémonial selon le Rit Romain (1902) - Tome 01, p. 457 (n° 58) a écrit : 
Si le Célébrant prêche lui-même, il dépose à la banquette le manipule et la chasuble et est conduit à la chaire par le Cérémoniaire. S'il prêchait à l’autel, il le ferait au côté de l’évangile et pourrait garder les ornements ...
 
 
2° - Pour le même ouvrage revu en 1935 par le R.P. Stercky :
Le Vavasseur, Haegy & Stercky - Manuel de Liturgie et Cérémonial selon le Rit Romain (1935) - Tome 01, p. 633 (n° 655) a écrit : 
a) Si c’est le célébrant qui prêche, il dépose à la banquette le manipule et la chasuble, et il est conduit à la chaire par le Cérémoniaire.
b) S’il prêche à l’autel, il le fait au côté de l’évangile et peut garder la chasuble , mais non le manipule ; il peut s’asseoir sur un tabouret.
 
 
3° - Quant à l'abbé Hébert dans ses Leçons de liturgie à l'usage des séminaires (édition de 1952), il nous explique que :
Hébert - Leçons de liturgie à l'usage des séminaires (1952) a écrit : 
[52] Si le célébrant prêche lui-même et qu'il veuille monter en chaire, il peut déposer à la banquette la chasuble et le manipule. Il doit les garder si, comme il est préférable, il prêche de l'autel (côté de l'évangile) ou même de la balustrade.