(*) Patare, ville antique et port de Lycie en Asie Mineure, actuellement en Turquie.Les Petits Bollandistes a écrit :
SAINT NICOLAS DE PATARE,
ARCHEVÊQUE DE MYRE, EN LYCIE, PATRON DES ÉCOLIERS.
324 — Pape : Saint Sylvestre. — Empereur d'Occident : Constantin le Grand.
Si pulsamur incommodis, Nicolaus ingeminatur.
Au moment du danger, invoquons avec confiance le grand saint Nicolas.
Saint Bernard, Sermons.
L'Eglise d'Orient n'a point eu d'évêque plus zélé pour la religion, ni plus éclatant en vertu, ni plus glorieux en miracles que cet illustre métropolitain de Lycie. Saint Jean Chrysostome en faisait tant d'estime et lui portait tant de respect, qu'il a inséré son nom dans sa liturgie, à la troisième oblation, et que, dans la messe du jeudi, après l'avoir appelé la Règle de la foi, l'exemple de la douceur et le maître de la continence, qui a été élevé par son humilité et enrichi par sa pauvreté, il le prie d'être l'ambassadeur du peuple auprès de Jésus-Christ, pour lui procurer le salut éternel. Saint Pierre Damien lui donne cet éloge, qu'il a été l'élu de Dieu dès le sein de sa mère, le nourrisson de la sainteté dès son enfance, la gloire des jeunes gens, l'honneur des vieillards, la splendeur des prêtres et la lumière des Pontifes. Il ajoute que tout l'univers est rempli de ses louanges, et que la mer, aussi bien que la terre, annonce de tous côtés ses prodiges. Le chancelier Gerson dit aussi des merveilles de lui dans un discours académique. Enfin, l'Eglise universelle ne fait point difficulté de dire, dans l'oraison de son office, que Dieu l'a ennobli par un nombre infini de miracles.
Il naquit à Patare(*), ville de Lycie, qui est une province de l'Asie-Mineure. Euphémius, homme riche, mais extrêmement pieux et charitable, fut son père, et Anne, sœur de Nicolas l'ancien, archevêque de Myre, fut sa mère. Il ne vint au monde que quelques années après leur mariage et lorsqu'ils n'espéraient plus avoir d'enfants. Leur charité pour les pauvres obtint ce que la nature leur refusait. Un messager céleste leur annonça cette heureuse nouvelle, et, en leur promettant un fils pour le soulagement de leur vieillesse, il les avertit de lui donner le nom de Nicolas, qui signifie victoire du peuple, et qui était aussi celui de son oncle. Lorsqu'à sa naissance on le mit dans le bassin, pour le laver, il se leva de lui-même sur ses pieds et se tint en cet état pendant deux heures, les mains jointes et les yeux élevés vers le ciel ; ce qui fait croire à Denis le Chartreux qu'il reçut alors l'usage de la raison, et à saint Michel l'Archimandrite, qu'il avait été sanctifié avant de naître. Il commença à jeûner dès le berceau; car, au lieu qu'il tétait ordinairement plusieurs fois le jour, le mercredi et le vendredi, qui étaient les jours d'abstinence et de jeûne dans l'Eglise orientale, en l'honneur de la Passion de Notre-Seigneur, il ne tétait jamais qu'une fois vers le soir.
Ces actions extraordinaires étaient des présages de la grande sainteté à laquelle il devait un jour arriver; mais l'archevêque de Myre, son oncle, en eut une révélation expresse ; car, étant allé à l'église pour remercier Dieu d'avoir donné à sa famille et à sa patrie un enfant de si grande espérance, il fut aussitôt ravi en esprit et il connut que cet enfant était un soleil dont toute la terre serait éclairée ; que Dieu verserait de très-grandes grâces dans son âme et qu'une infinité de miracles sortiraient de ses mains, ce qu'il déclara ensuite aux assistants. Le bon naturel de saint Nicolas fut très-bien secondé par l'excellente éducation qu'on lui donna. Son père, sa mère et ses maîtres prirent un soin particulier de le cultiver, tant par l'étude des sciences divines et humaines, que par la pratique de toutes les vertus ; et leur culture ne fut pas inutile, puisque, dès qu'il alla à l'école, il était déjà arrivé à un si haut degré de sainteté, qu'il fut jugé digne, dans le conseil de la très-sainte Trinité, de faire marcher droite une femme boiteuse.
(à suivre)