Saint Nicolas de Myre, patron de la Lorraine

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Laetitia
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Saint Nicolas de Myre, patron de la Lorraine

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Les Petits Bollandistes a écrit :
SAINT NICOLAS DE PATARE,

ARCHEVÊQUE DE MYRE, EN LYCIE, PATRON DES ÉCOLIERS.

324 — Pape : Saint Sylvestre. — Empereur d'Occident : Constantin le Grand.

                                                                                                                                                                                       Si pulsamur incommodis, Nicolaus ingeminatur.
                                                                                                                                                                                       Au moment du danger, invoquons avec confiance le grand saint Nicolas.

                                                                                                                                                                                       Saint Bernard, Sermons.

L'Eglise d'Orient n'a point eu d'évêque plus zélé pour la religion, ni plus éclatant en vertu, ni plus glorieux en miracles que cet illustre métropolitain de Lycie. Saint Jean Chrysostome en faisait tant d'estime et lui portait tant de respect, qu'il a inséré son nom dans sa liturgie, à la troisième oblation, et que, dans la messe du jeudi, après l'avoir appelé la Règle de la foi, l'exemple de la douceur et le maître de la continence, qui a été élevé par son humilité et enrichi par sa pauvreté, il le prie d'être l'ambassadeur du peuple auprès de Jésus-Christ, pour lui procurer le salut éternel. Saint Pierre Damien lui donne cet éloge, qu'il a été l'élu de Dieu dès le sein de sa mère, le nourrisson de la sainteté dès son enfance, la gloire des jeunes gens, l'honneur des vieillards, la splendeur des prêtres et la lumière des Pontifes. Il ajoute que tout l'univers est rempli de ses louanges, et que la mer, aussi bien que la terre, annonce de tous côtés ses prodiges. Le chancelier Gerson dit aussi des merveilles de lui dans un discours académique. Enfin, l'Eglise universelle ne fait point difficulté de dire, dans l'oraison de son office, que Dieu l'a ennobli par un nombre infini de miracles.

Il naquit à Patare(*), ville de Lycie, qui est une province de l'Asie-Mineure. Euphémius, homme riche, mais extrêmement pieux et charitable, fut son père, et Anne, sœur de Nicolas l'ancien, archevêque de Myre, fut sa mère. Il ne vint au monde que quelques années après leur mariage et lorsqu'ils n'espéraient plus avoir d'enfants. Leur charité pour les pauvres obtint ce que la nature leur refusait. Un messager céleste leur annonça cette heureuse nouvelle, et, en leur promettant un fils pour le soulagement de leur vieillesse, il les avertit de lui donner le nom de Nicolas, qui signifie victoire du peuple, et qui était aussi celui de son oncle. Lorsqu'à sa naissance on le mit dans le bassin, pour le laver, il se leva de lui-même sur ses pieds et se tint en cet état pendant deux heures, les mains jointes et les yeux élevés vers le ciel ; ce qui fait croire à Denis le Chartreux qu'il reçut alors l'usage de la raison, et à saint Michel l'Archimandrite, qu'il avait été sanctifié avant de naître. Il commença à jeûner dès le berceau; car, au lieu qu'il tétait ordinairement plusieurs fois le jour, le mercredi et le vendredi, qui étaient les jours d'abstinence et de jeûne dans l'Eglise orientale, en l'honneur de la Passion de Notre-Seigneur, il ne tétait jamais qu'une fois vers le soir.

Ces actions extraordinaires étaient des présages de la grande sainteté à laquelle il devait un jour arriver; mais l'archevêque de Myre, son oncle, en eut une révélation expresse ; car, étant allé à l'église pour remercier Dieu d'avoir donné à sa famille et à sa patrie un enfant de si grande espérance, il fut aussitôt ravi en esprit et il connut que cet enfant était un soleil dont toute la terre serait éclairée ; que Dieu verserait de très-grandes grâces dans son âme et qu'une infinité de miracles sortiraient de ses mains, ce qu'il déclara ensuite aux assistants. Le bon naturel de saint Nicolas fut très-bien secondé par l'excellente éducation qu'on lui donna. Son père, sa mère et ses maîtres prirent un soin particulier de le cultiver, tant par l'étude des sciences divines et humaines, que par la pratique de toutes les vertus ; et leur culture ne fut pas inutile, puisque, dès qu'il alla à l'école, il était déjà arrivé à un si haut degré de sainteté, qu'il fut jugé digne, dans le conseil de la très-sainte Trinité, de faire marcher droite une femme boiteuse.
(*) Patare, ville antique et port de Lycie en Asie Mineure, actuellement en Turquie.

(à suivre)
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La peste lui enleva ses parents dès sa plus tendre jeunesse, mais cette perte n'amena aucun dérèglement dans sa conduite ; au contraire, il en devint plus austère, plus retenu, plus adonné à l'oraison et plus assidu au service divin. Cependant Dieu lui ayant fait connaître qu'il le voulait dans l'état ecclésiastique et regardant ce passage de l’Écriture comme s'il n'était que pour lui : « Si vous voulez être parfait, allez, vendez tout ce que vous avez et donnez-en le prix aux pauvres », il commença à se défaire des grands biens que son père et sa mère lui avaient laissés. Ce fut en ce temps qu'il fît cette action de miséricorde si renommée par toute la terre et dont on publiera le mérite jusqu'à la fin des siècles : un jour, étant averti qu'un des plus nobles habitants de sa ville, qui n'avait pas le moyen de pourvoir ni même de nourrir trois filles nubiles que Dieu lui avait données, était dans le dessein de les prostituer, il résolut d'empêcher cet infâme commerce, en lui donnant du bien suffisamment pour les marier. Il voulut néanmoins le faire secrètement et sans être découvert, soit pour éviter la gloire d'une si grande action, soit pour épargner la honte du malheureux père. Ainsi, prenant la nuit une bourse remplie de pièces d'or, il l'alla jeter dans la chambre de cet homme, par une fenêtre qu'il trouva heureusement ouverte, et cette somme ayant servi à marier honnêtement l'aînée des filles, il en fit de même pour la seconde et ensuite pour la troisième. On ne peut croire l'étonnement du père, lorsqu'il vit la première et la seconde fois les soins que la divine Providence avait de sa famille mais il voulut savoir qui était son bienfaiteur ; il veilla pour le découvrir et, l'ayant reconnu lorsqu'il revint la troisième fois, il se jeta à ses pieds, avoua qu'il était extrêmement coupable de s'être défié de la Providence et d'avoir eu des pensées si criminelles contre l'honneur de ses propres filles ; il protesta qu'il en ferait pénitence et qu'il ne cesserait jamais de publier les louanges et les miséricordes de son Seigneur. Saint Nicolas le pria instamment de tenir son action secrète ; mais ses prières furent inutiles, toute la ville en fut informée et le bruit s'en répandit en peu de temps dans toute la province et même dans tout le monde.

L'archevêque de Myre, admirant de plus en plus la vertu et la sainteté de son neveu, l'ordonna prêtre et le fit supérieur d'un monastère appelé la Sainte-Sion, qu'il avait fait bâtir auprès de la ville métropolitaine, et, ayant remarqué avec combien de sagesse il s'acquittait de cette charge, il lui confia le soin de tout son diocèse pendant un voyage de piété qu'il fit en Terre sainte. Sa mort étant arrivée peu de temps après son retour, notre Saint pensa à se retirer dans les déserts, pour y vivre séparé du commerce du monde et dans un parfait oubli des choses d'ici-bas. Mais Dieu lui ôta cette pensée et lui fit connaître que sa volonté était qu'il fît seulement un voyage en Terre sainte, à l'exemple de son oncle qui avait achevé de s'y sanctifier.

Il prit congé de se religieux et s'embarqua pour suivre le mouvement du Saint-Esprit. Il prédit au pilote une énorme tempête que le démon devait exciter, et elle fut en effet si furieuse que tous les passagers croyaient indubitablement être perdus ; mais Nicolas pria pour eux, chassa le démon qui voulait les faire périr et rendit le calme à la mer. Il l'a fait encore plusieurs fois, tant durant sa vie qu'après sa mort, et c'est pour cela qu'ils l'invoquent singulièrement dans tous leurs voyages. Il ressuscita aussi dans le vaisseau un jeune garçon qui s'était tué en tombant du haut du mât. On dit qu'à Alexandrie il guérit un grand nombre de malades que les habitants lui présentèrent, sur les assurances que ceux de son vaisseau leur donnaient, que c'était un homme tout miraculeux et don la parole était toute-puissante. Se voyant en Égypte, il rendit une visite au grand saint Antoine, qui remplissait toute la province de l'odeur merveilleuse de ses vertus, et la vue de ces excellents solitaires, qui menaient auprès de ce saint abbé une vie plus angélique qu'humaine, l'eût arrêté dans le désert si Dieu ne lui avait fait connaître, avant son départ, qu'il le destinait à la conduite des âmes.
(à suivre)

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Il revint donc à Alexandrie et passa de là en Palestine et à Jérusalem, où il visita le mont Calvaire, le jardin des Oliviers et les autres lieux arrosés du sang de Jésus-Christ. Il y alla toujours nu-pieds, la tête découverte et quelquefois en se traînant à genoux par respect.

Il se renferma quelque temps dans une caverne où l'on dit que la sainte Vierge se cacha une nuit avec son divin Fils et saint Joseph, au commencement de la fuite en Égypte, et l'on y a bâti pour cela une petite église sous le nom de Saint-Nicolas. Il visita aussi la grotte de saint Jean-Baptiste, y fit sa prière et l'arrosa de larmes.

Notre-Seigneur lui ayant fait connaître en ce lieu qu'il devait retourner au plus tôt en son pays, il se rembarqua pour la Lycie. Son pilote voulut le tromper et le ramener à Alexandrie ; mais une violente tempête, dont il fut attaqué, lui ayant fait connaître sa faute, il en demanda pardon au Saint ; et, l'ayant obtenu avec le calme qu'il désirait, il le conduisit à un port voisin de Myre. L'arrivée de Saint Nicolas dans son monastère causa une grande joie à ses religieux. Leur ferveur se renouvela par ses instructions, et à son exemple leur donna un nouveau courage pour travailler à leur perfection ? Il fit en leur présence un insigne miracle : il multiplia tellement un morceau de pain, qu'il se trouva suffisant pour la nourriture de quatre-vingt-trois ouvriers qu'il faisait travailler au bâtiment d'une église. Méthodius assure qu'il a fait plusieurs fois ce même miracle.

Cependant Dieu, qui le voulait élever sur le chandelier de l’Église, pour répandre avec plus d'éclat les rayons de sa doctrine et de sa sainteté sur tous les fidèles, lui inspira de prendre une maison dans la ville de Myre. Et comme Jean, qui en était archevêque et avait succédé à Nicolas, oncle de notre Saint, mourut en ce temps-là, les évêques de la province s'assemblèrent pour élire un pasteur en sa place. Leurs sentiments sur ce choix furent d'abord partagés ; mais, ayant eu recours à la prière, le plus ancien de tous apprit, par révélation, que le Saint-Esprit avait élu un saint prêtre, qui viendrait le lendemain le premier à l'église, et que l'on appelait Nicolas. Notre bienheureux abbé fut cet homme désigné du ciel. Il vint de grand matin et avant tous les autres aux portes de la cathédrale, sans savoir ce qui s'y passait. Il y fut découvert par le prélat qui avait eu la révélation de l'attendre, et mené à l'heure même aux autres évêques. Tous l'agréèrent et bénirent la bonté de Dieu d'avoir préparé à son troupeau un pasteur de si grand mérite; enfin, du consentement du clergé et du peuple, il fut solennellement sacré archevêque de Myre. Après la messe pontificale, une femme lui présenta son enfant, qui était tombé dans le feu et y était mort. Il fit sur lui le signe de la croix, et, par la vertu de ce signe, il le ressuscita, en présence de toute l'assemblée, qui était composée d'un grand nombre de prélats, de clercs et de laïques. Il a montré encore, depuis, sa puissance sur les flammes, et c'est de là qu'est venue la dévotion particulière d'invoquer saint Nicolas dans les accidents de feu.
(à suivre)
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Ce grand homme, se voyant élevé à cette dignité, oublia, comme saint Paul, tout ce qu'il avait fait auparavant, et s'appliqua avec une ferveur toute nouvelle à la piété envers Dieu, au service des fidèles et à la mortification de son esprit et de ses sens. L'oraison et le chant des psaumes étaient ses emplois les plus agréables. Il assistait au service divin autant que les affaires de sa charge le lui permettaient. Comme il ne dormait presque point, il passait la plus grande partie de la nuit humilié et saisi d'une sainte frayeur aux pieds de la Majesté divine. Il prenait lui-même le soin de réveiller sa famille avant le jour, pour vaquer aux exercices spirituels.

Le feu de la charité brûlait tellement dans son cœur, qu'on voyait souvent son visage tout enflammé et tout éclatant de lumière, surtout lorsqu'il célébrait les saints Mystères. Sa sollicitude pastorale s'étendait généralement sur tous les besoins de son peuple. Il avait soin des pauvres, des malades, des prisonniers, des veuves et des orphelins. Lorsqu'il ne pouvait pas les visiter et les assister par lui-même, il les faisait visiter et assister par des personnes pieuses qu'il chargeait de ces soins. Sa principale application était de connaître les besoins spirituels de ses fidèles et d'y apporter des remèdes efficaces, et il se servait pour cela d'hommes savants et vertueux, entre autres de ces deux grandes lumières de l’Église grecque, Paul Rhodien et Théodore Ascalonite. Il prêchait souvent contre les vices, et il le faisait avec une éloquence divine qui le rendait victorieux de tous les cœurs. Il avait jeûné deux fois la semaine dès le commencement de sa vie, et, à l'entrée de sa jeunesse, il avait ajouté un troisième jeûne aux deux précédents, avec l'abstinence de chair et de vin mais, depuis qu'il fut évêque, il se fit une loi de jeûner tous les jours, de ne manger que le soir et de n'avoir ordinairement sur sa table qu'un seul mets. On y lisait toujours, durant le repas, l’Écriture sainte ou quelque autre livre spirituel. Ses habits étaient rudes et sans ornement, et son lit n'était qu'une natte, une planche ou la terre nue.

Cet homme incomparable eut de grands combats à soutenir contre les païens et les hérétiques. L'empereur Licinius, ayant renouvelé en Orient la persécution de Dioclétien et de Maximien, envoya des officiers à Myre pour y rétablir l'idolâtrie et forcer les chrétiens, par toutes sortes de supplices, de l'embrasser. Les uns furent mis à mort, les autres jetés dans des cachots, ceux-ci envoyés en exil et ceux-là dépouillés de tous leurs biens et réduits à la dernière misère. Saint Nicolas voyant ses fidèles entre les mains des loups, n'eut garde de s'enfuir ni de se cacher ; il demeura ferme au milieu de son bercail, afin de fortifier les faibles, de soutenir les chancelants et de relever ceux que la crainte aurait fait tomber. Ce courage fut cause que le président le fit arrêter et mettre en prison, et il n'aurait pas manqué de le faire mourir, s'il n'avait appréhendé un soulèvement du peuple et de mettre toute la ville en combustion ; il se contenta de le bannir en un lieu fort éloigné, où l'on dit qu'il fut enfermé et chargé de chaînes et qu'on lui déchirait tous les jours les membres à coups de fouet. C'est pour ce sujet que Nicéphore Calixte le met au rang de ces illustres confesseurs du concile de Nicée, qui portaient sur leurs corps les cicatrices des plaies qu'ils avaient reçues pour le soutien de la foi.

Il revint ensuite à son Église, lorsque, Constantin le Grand ayant vaincu Licinius et fait cesser par toute la terre la persécution des idolâtres, les chrétiens eurent une entière liberté de faire les exercices de leur religion. Son voyage ne fut pas sans fruit. Il prêcha de tous côtés Jésus-Christ, fit des miracles sans nombre en témoignage de sa divinité, et convertit une infinité de personnes à la vérité de l’Évangile. L'empereur Léon VI, dans une oraison qu'il a faite à sa louange, écrit qu'il n'a guère moins parcouru de terre pour étendre la lumière de la foi et dissiper les ténèbres de l'idolâtrie que l'apôtre saint Paul ; ce qu'il faut entendre du temps qui a précédé et qui a suivi le retour de son exil. Lorsqu'il fut rentré dans Myre, il travailla plus que jamais à exterminer le culte des faux dieux ; il fit abattre les idoles, démolir les temples, couper les arbres et ruiner les bocages qui leur étaient dédiés lui-même prit la cognée en main et coupa en sept coups un arbre d'une prodigieuse grandeur, où Diane était honorée par des superstitions honteuses et abominables. D'autre part, assisté des libéralités de Constantin, il répara les églises chrétiennes qui tombaient en ruines et en bâtit de nouvelles, comme celle de Saint-Dioscore, de Saint-Crescence et de Saint-Léon, martyr.

S'il témoigna tant de zèle contre les païens qui rendaient à des créatures l'honneur qui n'est dû qu'à la divinité, il n'en fit pas moins paraître contre les Ariens qui voulaient ôter cet honneur à Jésus-Christ. Lorsque Arius, leur chef, écrivit de tous côtés aux évêques de l’Église grecque pour les engager dans ses erreurs, Nicolas reconnut sa malice et s'y opposa de toutes ses forces, conjointement avec saint Alexandre, patriarche d'Alexandrie, et avec les autres prélats catholiques. Il fut un des trois cent dix-huit évêques qui condamnèrent cet impie au premier Concile général de l’Église, tenu à Nicée, en présence de Constantin le Grand.

Après le Concile, saint Nicolas en soutint les décisions avec une vigueur apostolique ; il empêcha les Ariens de répandre leur venin dans son diocèse, conserva inviolablement son troupeau dans la foi des premiers siècles, et ses miracles furent des preuves authentiques et perpétuelles de la consubstantialité du Verbe divin.
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Saint Bonaventure, dans le sermon qu'il fit sur cet admirable prélat, dit qu'il ressuscita à Myre deux jeunes écoliers de qualité qu'un hôtelier avare et cruel avait égorgés et serrés dans son saloir, afin de profiter de leur argent et de leur corps. D'autres disent qu'il en ressuscita trois sur le chemin de Nicée, qu'un méchant homme avait traités avec la même barbarie et dont il vendait la chair hachée comme de la viande commune. Ces deux prodiges, néanmoins, n'ont aucun témoignage dans l'antiquité ; nous n'avons que la tradition des peuples pour nous en assurer. Peut-être aussi ce n'a été qu'un seul miracle rapporté différemment par divers auteurs.

La province de Lycie et la ville de Myre étant affligées d'une très-grande disette de blé qui les réduisait à une extrême famine, ce bon pasteur, qui regardait tous les maux de son peuple comme les siens propres, connut par révélation qu'un riche marchand en avait plusieurs vaisseaux chargés dans un port de Sicile. Il lui apparut donc en songe et l'avertit de faire voile vers Myre, l'assurant que la nécessité y était excessive et qu'il y vendrait son grain tout ce qu'il voudrait, et, de peur qu'il ne crût que c'était une illusion, il lui mit dans la main trois pièces d'or pour denier à Dieu.
Le marchand, les trouvant sur lui à son réveil et voyant bien que personne n'était entré dans sa chambre, crut à cette vision. Aussi il s'embarqua, porta son blé au port de Myre, le vendit à très-haut prix et, en gagnant beaucoup, il soulagea extrêmement la ville. D'autres marchands, passant par le même port pour porter des blés à Constantinople, le Saint les pria d'en décharger une partie pour son peuple. Ils répondirent que cela leur était impossible, parce qu'ils devaient tout rendre à Constantinople exactement et par mesure. Mais il les assura que quelque quantité qu'ils lui laisseraient, ils trouveraient toujours leur compte où ils allaient. Sur cette assurance, ils vendirent une partie de leur blé à Myre. Et lorsqu'ils furent arrivés à Constantinople, ils trouvèrent sans aucune diminution toute la quantité qu'ils avaient chargée en l'embarquant. D'ailleurs, le Saint multiplia si prodigieusement les blés qu'il avait fait venir et achetés, que ce qui n'aurait suffi à son peuple que pour quelques jours, se trouva suffisant pour plus de deux années.

Il avait un don particulier pour délivrer les innocents de la main des juges qui les avaient condamnés et de la puissance des princes dont ils étaient près d'être opprimés. Tous ceux qui ont écrit son histoire racontent qu'étant un jour aux portes de Myre avec trois mestres de camp envoyés par l'empereur Constantin, il apprit qu'on allait faire mourir contre toute sorte de justice trois honorables habitants que le président Eustache, corrompu par argent, avait condamnés à mort. Il court aussitôt au lieu du supplice, et les ayant trouvés à genoux, les yeux bandés, les mains liées derrière le dos et prêts à recevoir le coup, il arrête le bourreau, lui ôte son épée, fait venir le juge, le reprend de l'iniquité de sa sentence et, se servant de l'autorité que lui donnait sa puissance épiscopale en vertu des ordres de l'empereur, il la casse entièrement et renvoie ces malheureux dans leurs maisons en pleine liberté.

Ces mestres de camp furent présents à toute cette action, admirèrent la force et la générosité du saint prélat et le comblèrent de louanges. Lorsqu'ils furent de retour à Constantinople, quoiqu'ils eussent très-bien servi l'empereur en Phrygie, ils ne laissèrent pas d'être accusés d'y avoir fait mal leur devoir et d'être entrés dans une conspiration contre l'Etat. Leur procès fut fait et, sur de faux témoignages, ils furent jugés criminels et condamnés à perdre la tête. Dans un danger si pressant, se souvenant de ce qu'ils avaient vu à Myre, et ne doutant point que saint Nicolas ne pût secourir les absents aussi bien que les présents, ils lui adressèrent leurs gémissements et leurs larmes, le priant de les assister au plus tôt dans le mauvais pas où ils étaient. Leur demande fut exaucée, car la veille de leur exécution, pendant qu'ils priaient la nuit, cet admirable évêque de Myre apparut en songe à Constantin et le menaça de grands châtiments s'il ne révoquait l'arrêt qu'il avait donné contre ces officiers innocents. Il apparut aussi à Ablave, son premier ministre, qui avait le plus appuyé leur condamnation, et lui fit de semblables menaces. Aussi, dès le matin, ce prince, les ayant fait revenir devant son tribunal, les renvoya absous. Il les chargea même de très-riches présents pour saint Nicolas, afin qu'ils lui témoignassent par là leur reconnaissance de ce qu'il les avait délivrés de la mort. Ces présents furent un livre des Évangiles écrit en lettres d'or, un encensoir d'or massif et enrichi de pierreries, deux chandeliers d'or et des gants brodés d'or pour la messe pontificale. Cette histoire a donné sujet à ceux qui sont faussement accusés d'avoir recours à la protection de saint Nicolas.

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Il y aurait beaucoup d'autres merveilles à rapporter, pour faire voir qu'il était entièrement dévoué au secours des affligés ; mais nous nous contenterons de décrire encore la suivante que nul des historiens n'a omise : des matelots qui étaient à deux doigts de périr par la violence d'une tempête, ayant imploré de tout leur cœur sa puissante intercession, il se trouva à l'heure même dans leur vaisseau et leur dit : « Me voici, je viens à votre aide ». Aussitôt il prend le gouvernail et se met à conduire le navire. Il commande à la mer et il en apaise les flots ; et, par ce moyen, il les mène jusqu'au port de Myre, où ils disparut. Dès qu'ils furent débarqués, ils allèrent à l'église pour le remercier d'une si grande faveur, et l'aperçurent au milieu de ses clercs. Ils se jetèrent à ses pieds, lui firent le récit de ce qui s'était passé et lui en témoignèrent leur reconnaissance. Le Saint, confus de cet honneur, leur dit : « Rendez à Dieu, mes enfants, la gloire de cette délivrance ; pour moi, je ne suis qu'un pécheur et un serviteur inutile. C'est lui seul qui fait de grandes merveilles ». Puis, les prenant en particulier, il leur fit connaître que ce péril leur était arrivé pour quelques péchés secrets dont ils devaient se corriger et faire pénitence.

Car, entre les dons que cet homme céleste avait reçus de Dieu, celui de connaître les choses éloignées, les pensées du cœur les plus cachées et ce qui ne devait arriver que dans la suite du temps, était un des plus ordinaires. D'ailleurs, il avait un regard si doux et si charmant, et son visage était couvert d'une lumière si pure et d'un air de sainteté, si admirable, que personne n'approchait de lui et n'avait l'honneur de sa conversation, qu'il n'en fût gagné à Dieu. Les hérétiques mêmes étaient touchés et souvent convertis par la vue de je ne sais quel éclat qui sortait de ses yeux.

Mais la terre ne méritait pas de posséder plus longtemps un si grand Saint. Dieu lui déclara enfin que le terme de son pèlerinage et le temps de sa récompense approchaient. Il reçut cette nouvelle avec joie, et, pour se rendre plus digne des bénédictions de son maître, après avoir dit adieu à son peuple dans une messe pontificale, il se retira dans le monastère de la Sainte-Sion dont il avait été fait abbé. Ce fut là qu'une petite fièvre l'ayant saisi, il se fit administrer les sacrements ; puis, au milieu des archanges, des anges et des saints patriarches qui se rendirent visibles dans sa chambre, selon le témoignage de saint Michel l'Archimandrite, abbé du même lieu, en disant ces paroles du psaume XXXe : « Je remets, Seigneur, mon esprit entre vos mains », il mourut plein d'années et de bonnes œuvres.
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