Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Laetitia
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

Message par Laetitia »

Louis Le Crom a écrit :Au bas de la ville, sur l'une des piles du Pont-Joubert, s'élevait un petit oratoire dédié à la Sainte Vierge, sous le vocable de Reine des Anges.
Bâti vers le milieu du XIIIe siècle, en souvenir du miracle des Clefs, il fut détruit par les inondations du Clain. Reconstruit par la municipalité vers la fin du XVIe siècle, il fut dans la suite saccagé par les Huguenots. Il n'était plus que ruines lorsque Montfort prêcha la mission du faubourg.
Le grand dévot se fit un devoir de restaurer ce modeste sanctuaire : de la sorte Marie veillerait et au cœur et à l'entrée de Montbernage : au cœur Elle trônerait comme une Reine ; ici elle serait debout comme une passante, l'Enfant-Jésus dans les bras.
Le saint fit graver sur le frontispice ce gracieux quatrain :
      • « Si l'amour de Marie
        Dans ton cœur est gravé,
        En passant ne t'oublie
        De lui dire un Ave. »
Cette statue est toujours vénérée à Poitiers ; l'oratoire ne se dresse plus sur le pont, mais il a été reconstruit avec les mêmes pierres, sur la rive gauche du Clain, à quelque distance au-dessus du Pont-Joubert.
                                            Image
Montbernage, « Sanctuaire de Marie Reine des Coeurs », la chapelle du Pont-Joubert. a écrit :Du XIII°au XV° siècle on plaça sur la tour du pont une statue de la Vierge protectrice de la ville en souvenir du miracle des clefs.(*)
Le 1° Août 1569, les protestants dressèrent sur les dunes neuf pièces de canon et bombardèrent furieusement le pont et les tours du pont Joubert pendant trois jours, jusqu'à ce quelles furent démolies.
C'est en souvenir de cette victoire (contre les assaillants [qui finirent par lever le siège le 7 septembre face à la défense organisée par le Duc de Guise]) que les gens du quartier avaient fait bâtir une petite chapelle hémisphérique en l'honneur de la Vierge qui les avait protégés. On y venait le 15 Août en procession, et les âmes pieuses y déposaient des cierges. C'était la fête du quartier.
En 1705 le P.Grignion de Monfort, lors de sa grande mission préchée à Montbernage., fit agrandir cette chapelle qui se voyait encore en 1900 et fut supprimée lors de la réfection du pont et reportée Boulevard du Pont-Joubert au N° 30.
Elle fut à nouveau démolie , depuis la statue se trouve actuellement au dessus de la porte de la sacristie de l'église Sainte Radegonde.
                                                                  Image

(*) à suivre : le miracle des clefs à Poitiers.
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Laetitia
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Message par Laetitia »

Le miracle des clefs à Poitiers

Jean Bouchet, chroniqueur poitevin du 16ème siècle, raconte, d’après un récit de 1463, qu’en 1202, le maire de Poitiers avait un secrétaire “fort avaricieux” qui convint de livrer la ville aux Anglais pour la somme de 1000 livres, la veille de Pâques à minuit.

Le maire s’étant couché après avoir mis derrière son chevet de lit les clefs de la ville, selon son habitude, le déloyal serviteur, voyant que son maître dormait, voulut lui dérober les clefs de la porte de la Tranchée (...) mais ne put les trouver.
Il réveilla son maître et lui dit que les portiers de la Tranchée demandaient les clefs (...) mais le maire ne put les trouver (...)et après les avoir demandées et cherchées partout, se douta de la trahison (…) Il s’en alla tout effrayé recommander la ville à Dieu et à la bonne Vierge Marie en son église Notre-Dame-la-Grande ; et quand il fut devant la statue de Notre-Dame, il vit entre ses bras les clefs qu’il cherchait, ce dont il rendit grâce à Dieu.

Cette nuit-là, les ennemis s’entretuèrent sous les remparts. Les prisonniers dirent qu’ils avaient vu sur les portes une reine (Marie) et avec elle une religieuse (Radegonde) et un évêque (Hilaire) accompagnés d’une multitude de gens armés.

                                                                                                                        Image
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                                                                                                Image
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Laetitia
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Louis Le Crom a écrit :Les paroisses de Sainte-Radegonde, de la Résurrection, de Saint-Simplicien, de Sainte-Catherine reçurent tour à tour les bienfaits d'une mission. Le succès en était « prodigieux » : M. de Montfort était en vénération.
« Les peuples le suivaient en foule et étaient tellement pénétrés de ses discours qu'ils fondaient en larmes, éclataient en soupirs et en sanglots, criant à haute voix : « Miséricorde » ! Il s'était tellement rendu le maître de leurs cœurs, qu'ils eussent été prêts à le suivre jusqu'à l'autre bout du monde, s'il avait voulu les y conduire, et à prendre son parti dans toutes sortes d'occasions. »
Le saint prêcha encore, rapporte Grandet, une mission dans l'église des Pénitentes, et une autre dans celle des Calvairiennes.

La Congrégation de Notre-Dame du Calvaire, fondée par le P. Joseph du Tremblay, « l'Eminence grise », se trouvait rattachée, par sa première supérieure, la princesse Antoinette d'Orléans, à la Communauté de Fontevrault. Le Père de Montfort aimait l'austérité de leurs constitutions et leur dévotion mariale... La mission dura trois semaines ; et là encore on s'y rendait en foule.

« Monsieur Grignion prêchait, catéchisait et confessait tous les jours, depuis le matin jusqu'au soir, et faisait même les conférences spirituelles avec tant d'esprit et de science qu'il charmait tout son auditoire, et on ne le regardait plus dans la ville comme un homme commun, mais un saint. Il s'employa surtout à faire des réconciliations dans les familles, et à retirer des mains des libertins des livres déshonnêtes et des tableaux représentants des choses obscènes. »

Vers la fin de la mission, l'homme de Dieu voulut imiter le geste de saint Paul à Ephèse, qui fit brûler publiquement tous les livres de magie que les nouveaux convertis lui apportèrent. Sur les cendres mêmes on planterait la croix. L'idée prit corps ; bientôt quantité de livres et de tableaux affluèrent pour le bûcher dressé devant l'église. Malheureusement, « certains particuliers animés d'un zèle moins prudent et moins considéré, voulant enchérir sur l'idée du pieux et sage missionnaire et la rendre plus frappante, pensèrent qu'ils seraient à propos de brûler non seulement ces œuvres d'iniquité, mais aussi une figure du démon même, qui en était l'auteur. Ils s'avisèrent donc, sans en rien dire à Monsieur de Montfort, de former comme une figure du diable avec de vaines parures et des ornements les plus mondains ».

Le saint prêchait à l'église, absolument étranger à cette représentation grotesque, que des facétieux chargèrent même de boudins et de saucisses en guise de pendants d'oreilles. « Aussitôt... le peuple se mit à dire qu'on allait brûler le démon ».

Deux personnes profitèrent de cet émoi pour assouvir leurs petites passions. Un prêtre, dit le P. de Clorivière, « qui avait assisté M. de Montfort dans sa mission, mais à qui sa réputation faisait ombrage », et une femme « superbe et orgueilleuse » qui s'était vu refuser une croix de mission, allèrent faire un récit tendancieux à M. de Villeroi, vicaire général, que l'on savait hostile au Père de Montfort. L'évêque, Mgr de la Poype, était malheureusement absent de Poitiers.
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Laetitia
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Louis Le Crom a écrit :Le grand vicaire jugea l'occasion favorable pour infliger à l'abbé Grignion une correction qui modérerait son zèle. Le temps d'atteler, et il arriva à l'église du Calvaire, comme le prédicateur terminait son sermon. Fougueusement, M. de Villeroi lui imposa silence, et devant une assemblée considérable « il lui fit une verte réprimande, où rien de ce qui peut humilier et faire honte ne fut épargner ».

Le saint prêtre s'était mis à genoux. L'algarade terminée, après le départ du vicaire général, « sans paraître plus ému qu'à l'ordinaire », il dit simplement :

« Mes frères, nous nous disposions à planter la croix à la porte de l'église. Dieu ne l'a pas voulu, nos supérieurs s'y opposent. Plantons-la au milieu de nos cœurs : elle sera mieux placée à cet endroit que partout ailleurs. » Et il commença la récitation du chapelet.

Cependant, il n'était pas sans inquiétude pour les intérêts des âmes. M. de Villeroi avait interdit l'autodafé du monceau de livres : la lie du peuple et les écoliers se crurent autorisés à les emporter. Ils culbutèrent la « figure du diable », au milieu des rires et des huées ; le poison, hélas ! allait continuer son œuvre : le travail du missionnaire semblait compromis.

Par ailleurs, n'avait-on pas à craindre désormais de la défiance parmi les fidèles ? Les conversions résisteraient-elles à semblable choc ? M. de Montfort « passa la nuit...au pied du saint autel, dans l'agitation violente où était son esprit, par l'irrésolution de ce qu'il devait faire dans une pareille conjoncture. Son zèle pour le salut du peuple, qui venait de faire la mission et qui devait, le lendemain, faire la communion générale, le pressait de rester pour soutenir une si bonne œuvre ; la désapprobation publique, qu'il venait de recevoir et d'essuyer en pleine église, lui persuadait que sa présence désormais scandaliserait ce même peuple, etc. Ce peuple revenu à l'église le lendemain avec le jour leva tous ses doutes ».

La communion générale fut nombreuse et fervente. M. de Grignion se devait d'éclairer son auditoire : il le fit en termes touchants que rapporte Grandet : « Je vous fais excuse, mes chers Frères, du scandale que je vous donnai hier, sans doute par ma faute, quoiqu'on ait mal informé nos supérieurs. J'ai un regret sensible de ce que tant de mauvais livres et sales tableaux ont été répandus dans le public. Hélas ! Que ne m'a-t-on plutôt ôté la vie, car ces instruments de péché vont causer un infinité de scandales dans le monde. Si je pouvais les racheter par l'effusion de mon sang, je le répandrais de tout mon cœur jusqu'à la dernière goutte, pour effacer ces livres et peintures. » Le missionnaire chanta la grand'messe, en prenant pour diacre son auxiliaire qui l'avait dénoncé la veille à M. de Villeroi : c'est ainsi que savent se venger les saints.

Mais Dieu ne manque jamais de secourir ses bons serviteurs.

Un vicaire général, M. de Révol, déjà nommé à l'évêché d'Oloron (petite-ville des Basses-Pyrénées), monta en chaire ; ayant été récemment l'associé de M. Grignion dans son labeur apostolique, il releva délicatement les mérites du saint prêtre qui s'était tant dévoué pour les âmes. C'était une réparation d'honneur, et le digne ecclésiastique la voulait publique et solennelle.

Il désira même ajouter un geste de bienveillance personnelle. La communauté du Calvaire offrait au Père de Montfort et à ses collaborateurs le dîner de clôture. M. de Révol n'ayant pu y prendre part, retenu pour affaire « chez Monsieur l'Intendant », daigna paraître quelques instants au milieu des convives afin de témoigner à M. Grignion toute son estime. Les nuages étaient dissipés entre le missionnaire et l'évêché. Cependant, M. de Villeroi ne devait pas oublier la fausse position où l'avait fourvoyé sa tapageuse intervention ...
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Gilbert Chevalier
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

Message par Gilbert Chevalier »

Vous pouvez trouver tous les Cantiques du Père de Montfort que j'ai enregistrés en intégralité ici :
a) Premier Intégral : https://www.youtube.com/playlist?list=P ... UEPzAV3Hg2
b) Deuxième Intégral : https://www.youtube.com/playlist?list=P ... PEpE_ALc8M
c) Troisième Intégral : https://www.youtube.com/playlist?list=P ... cGJXVtkeNb
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Laetitia
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

Message par Laetitia »

 Les Petits Bollandistes, tome XV a écrit :
A la mission de l'église du Calvaire succéda, en 1706, celle de Saint-Saturnin, paroisse du faubourg de Poitiers elle fut surtout remarquable par la réparation que fit à la majesté divine le zélé missionnaire, pour tous les désordres commis dans un lieu infâme de ce quartier, et connu sous le nom de la Gorrelerie. Après y avoir passé plusieurs nuits en prière et dans des pratiques de mortifications, il y conduisit la procession générale de la clôture. Ce fut alors qu'il prédit qu'un jour ce lieu serait une maison de prière, et qu'il serait desservi par des religieuses. L'événement justifia plus tard cette prédiction. De pauvres infirmes, qu'il avait recueillis et placés dans ce lieu, fournirent l'occasion d'y construire, dans la suite, l'hôpital des Incurables, qui fut confié, en 1758, aux Filles de la Sagesse.
Des désagréments, suite de la mission du Calvaire, vinrent arrêter le serviteur de Dieu au milieu de ses travaux apostoliques; il crut devoir céder pour un temps à l'orage, et profita du loisir dont il jouissait pour entreprendre le voyage de Rome.

Clément XI occupait le siège de saint Pierre, lorsque le Père de Montfort arriva dans la capitale du monde chrétien. Présenté au souverain Pontife, il s'offrit à lui pour travailler au salut des âmes dans quelque partie du monde qu'il voudrait l'envoyer. La France était alors agitée par les troubles que les Jansénistes y causaient; elle avait donc besoin de bons missionnaires qui préservassent les peuples du venin de la doctrine des novateurs. Clément XI le sentait mieux que tout autre, lui qui avait porté à l'erreur un coup mortel par la bulle Unigenitus. Aussi voulut-il que le missionnaire travaillât dans sa patrie sous la dépendance des évêques, et qu'il s'appliquât surtout à bien enseigner la doctrine chrétienne aux enfants et au peuple, à faire fleurir l'esprit du christianisme par le renouvellement des promesses du baptême. Après lui avoir fait ainsi connaître ses intentions, le souverain Pontife lui accorda la faculté d'attacher des indulgences à divers objets de piété qu'il bénirait.
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Heureux désormais d'avoir connu la volonté de Dieu par l'organe du vicaire de Jésus-Christ, le Père de Montfort revint à Poitiers mais l'évêque étant prévenu contre lui, il ne put rester dans ce diocèse il fit alors un pèlerinage à la célèbre chapelle de Notre-Dame des Ardilliers, à Saumur, puis au mont Saint-Michel, et se rendit ensuite à Rennes, dans sa famille.

En partant de Rennes, le saint prêtre dirigea ses pas vers Montfort-la-Cane, lieu de sa naissance. Il s'y présenta comme un pauvre inconnu, et ne put d'abord trouver un logement. Son séjour à Montfort ne fut pas long. L'ardeur que le serviteur de Dieu avait pour le salut des âmes le pressait de travailler à l'œuvre des missions, qu'il regardait avec raison comme un des moyens les plus propres à opérer la conversion des peuples. C'est ce motif qui le conduisit à Dinan (diocèse de Saint-Brieuc), ville assez considérable de l'ancien diocèse de Saint-Malo, et où se trouvait alors une troupe de missionnaires. Il se joignit à eux et se chargea du catéchisme, fonction pour laquelle il avait un attrait particulier, à cause de la recommandation que lui avait faite à ce sujet le Saint-Père. Sa compassion pour les pauvres ne fut pas vaine dans cette ville. Il engagea des personnes vertueuses à prendre soin d'eux, et donna ainsi commencement à la maison de charité de Dinan, qui, soutenue et affermie par les libéralités de M. de La Garoye, a été depuis confiée aux Filles de la Sagesse.

Après Dinan, Saint-Suliac, gros bourg sur la rivière de Rance, fut le théâtre de son zèle. Il y parut, comme partout ailleurs, animé de l'esprit apostolique dans la mission qu'il y donna, et dans celle qu'il entreprit ensuite à Becherel. Ce fut à cette époque que M. Leuduger, célèbre scolaslique de la cathédrale de Saint-Brieuc, qui lui-même, à la tête d'une troupe de missionnaires, évangélisait ce diocèse et les lieux circonvoisins, invita le Père de Montfort à venir partager ses travaux. Ils annoncèrent ensemble la parole de Dieu dans les paroisses de Baulon, du Verger, de la Chèze, Médréac et Plumieux, ainsi que dans les villes de Saint-Brieuc et de Moncontour. La mission de la Chèze offre des particularités si édifiantes, qu'il est bon de les rapporter ici.

Ce lieu, qui était un des principaux de l'ancien duché de Rohan, et qui avait un château assez fort, est situé dans le diocèse de Saint-Brieuc. Le Père de Montfort y donna la mission vers le commencement de l'année 1707. Le zèle dont il était dévoré pour la maison de Dieu ne lui permit pas de voir sans une vive douleur l'état déplorable dans lequel se trouvait une ancienne chapelle située à l'entrée de la bourgade, et dédiée à la sainte Vierge, sous le titre de Notre-Dame de Pitié. Cette chapelle, que saint Vincent Ferrier avait vue lui-même dans cet état lorsqu'il prêchait en Bretagne, n'avait plus de toit, et était tout hérissée de ronces et d'épines. Le saint prêtre entreprit de la rétablir et il en vint à bout. Par ses soins elle fut convenablement réparée. Il y fit construire un autel derrière le tabernacle duquel il éleva une grande croix, et au pied de laquelle il mit une belle image de la sainte Vierge, tenant le corps inanimé de son divin Fils sur ses genoux. Il entoura l'autel d'une balustrade sur laquelle il plaça les statues das Saints qui ont assisté à la Passion de Jésus-Christ. Ce fut à la fin de la mission de Plumieux, paroisse voisine, qu'ayant conduit le peuple en procession à une distance assez éloignée, il en rapporta cette image de la sainte Vierge, qui fut l'objet constant de la vénération des fidèles du pays.

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Les sœurs de la Croix de Saint-Brieuc désirèrent que le Père de Mont-fort vînt leur prêcher une des retraites qu'elles donnaient dans leur maison aux séculières à des époques fixes chaque année. Il se rendit à leurs vœux, et partit de la Chèze pour Saint-Brieuc avec le frère Mathurin. Lorsqu'il fut arrivé dans cette ville, il envoya son compagnon demander à la porte de la communauté un morceau de pain pour lui-même et pour un pauvre prêtre. La portière refusa frère Mathnrin, en lui disant qu'elle ne pouvait rien lui donner, parce qu'elles étaient pauvres. Le serviteur de Dieu y alla à son tour, suppliant la portière de lui donner à manger pour l'amour de Jésus-Christ il eut beau insister, la sœur fut inexorable. Pendant ce débat, le prêtre qui l'avait invité étant survenu, dit à cette sœur d'ouvrir au Père de Montfort. On juge aisément de l'étonnement de celle-ci, qui ne pouvait croire que c'était lui qu'elle refusait. Entré dans la communauté, qui n'était pas cloîtrée, il y trouva une collation copieuse ; loin de chercher à satisfaire d'abord son besoin, il parla aux sœurs avec force sur le refus que l'une d'elles avait fait de donner un morceau de pain pour l'amour de Jésus-Christ, et le soin qu'elles mettaient à préparer un repas pour un misérable pécheur. Cette réprimande, reçue avec humilité par les sœurs, qui ignoraient peut-être elles-mêmes le fait de la portière, adoucit le Père de Montfort, et les exemples de vertu dont il fut témoin dans cette maison lui firent concevoir bientôt pour ces bonnes filles l'estime quelles méritaient à juste titre. Cette réprimande, reçue avec humilité par les sœurs, qui ignoraient peut-être elles-mêmes le fait de la portière, adoucit le Père de Montfort, et les exemples de vertu dont il fut témoin dans cette maison lui firent concevoir bientôt pour ces bonnes filles l'estime quelles méritaient à juste titre.

La ville de Saint-Brieuc eut, pendant trois mois, le précieux avantage de posséder le saint missionnaire. Il s'y montra tel qu'il avait paru partout, ne respirant que la gloire de Dieu, le salut des âmes et le soulagement des pauvres. Souvent plus indigent lui-même que ceux auxquels il donnait l'aumône, il en nourrissait néanmoins deux cents par jour, au moyen de quêtes qu'il faisait en leur faveur. Cette sollicitude ne l'empêchait nullement de vaquer à toutes les fonctions du saint ministère. Ses sermons étaient si touchants, que toutes les fois qu'il montait en chaire il arrachait des larmes à ses auditeurs, et opérait des changements merveilleux. Deux demoiselles de la ville, qui manifestaient un grand éloignement pour l'état religieux, furent tellement frappées de ses discours, qu'elles renoncèrent au monde l'une et l'autre, et se consacrèrent à Dieu dans le monastère des Ursulines de Saint-Brieuc.

Tandis que le Père de Montfort édifiait ainsi la ville épiscopale, une mission fut indiquée à Moncontour, petite ville du même diocèse. Cette mission devint pour lui l'occasion d'une humiliation publique. Elle était dirigée par M. Leuduger, dont nous avons déjà parlé. Mécontent d'un quête que le serviteur de Dieu avait faite pour les défunts, il ne voulut plus travailler avec lui et l'engagea à se retirer. Celui-ci se rendit à cette invitation et partit pour Montfort-la-Cane. Sa piété et son éloignement pour le jansénisme lui firent des ennemis d'hommes qui ne s'étaient pas préservés des erreurs du temps, et qui le dénoncèrent à l'évêque de Saint-Malo, prélat d'une doctrine assez suspecte. Cet évêque mit tant d'entraves à son zèle, que le Père de Montfort, se voyant désormais dans l'impossibilité de faire presque aucun bien dans son pays natal, crut devoir en sortir et chercher ailleurs des âmes à sauver. Il quitta donc le diocèse de Saint-Malo, vers la fin de l'année 1707, après avoir annoncé les malheurs qui devaient fondre sur la ville dont il s'éloignait, et se rendit à Nantes, où il se joignit au Père Joubert, jésuite, qui donnait une mission à une des paroisses de la ville, celle de Saint-Similien. La force avec laquelle il tonnait contre le vice irrita une troupe de jeunes libertins. Ils se jetèrent sur lui un soir et avaient dessein de l'assommer; mais le peuple s'étant aperçu des mauvais traitements qu'ils allaient faire au saint prêtre, on accourut pour le défendre, et l'on était disposé à corriger rudement les jeunes gens, si celui-ci ne s'était pas écrié: « Mes chers enfants, laissez-les aller ; ils sont plus à plaindre que vous et moi ».
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Plusieurs missions suivirent celle de Saint-Similien, et partout l'homme apostolique obtint le plus heureux succès.Des conversions éclatantes furent le fruit de ses prédications. Les paroisses de la Chevrollière, de Vertou, de Saint-Fiacre, de Cambon et de Crossac eurent le précieux avantage d'être évangélisés par lui. Il se livra quelquefois à ces travaux, quoiqu'il fût accablé de douleurs. Il semblait que son zèle les lui fît oublier.

Sans se rebuter par les obstacles qui se présentaient, il commença la mission de Pontchâteau, qui devait être suivie pour lui de si grandes humiliations ; il y obtint un succès complet, et les habitants lui parurent si bien disposés, qu'il résolut d'ériger près de cette ville un calvaire sur un plan qu'il avait précédemment conçu pour Montfort-la-Cane. Ayant donc un jour conduit le peuple pendant la durée des exercices jusqu'à une lande peu éloignée, il marqua lui-même la place que devait occuper ce calvaire dont il avait déjà entretenu ses auditeurs. L'espace n'avait pas moins de quatre cents pieds de circuit, et le travail, soit pour remuer les terres, soit pour élever la montagne au sommet de laquelle la croix devait être plantée, était immense ; mais l'ardeur de la population pour concourir au succès de cette pieuse entreprise n'était pas moins grande ; tout le monde y travaillait ; et les dames elles-mêmes mettaient la main à l'ouvrage. Les travaux durèrent pendant plus d'une année, durant laquelle le saint prêtre donna la mission en plusieurs paroisses, entre autres à Saint-Donatien, paroisse d'un faubourg de Nantes, et à Bouguenais. Dans les intervalles qu'il avait de libre, il venait sur les lieux visiter les travaux et encourager le peuple qui s'en occupait. Trois grandes croix avec les figures de Notre-Seigneur, du bon et du mauvais larron furent érigées. Les statues de la sainte Vierge, de saint Jean et de sainte Madeleine étaient au pied de la croix de Jésus-Christ; diverses chapelles, destinées aux stations de la Passion, avaient été construites ainsi qu'un saint sépulcre. Le Père de Montfort jouissait de la consolation de voir son projet accompli. Il avait obtenu de l'évêque de Nantes la permission nécessaire pour bénir le calvaire, et il avait fixé cette cérémonie au 14 septembre, fête de l'Exaltation de la Sainte-Croix, lorsque la veille du jour indiqué, au moment même où les fidèles affluaient déjà de toutes parts, un ecclésiastique arriva de Nantes et défendit de la part de l'évêque de faire cette bénédiction. On conçoit aisément quelle fut, en apprenant cette nouvelle, la consternation de la multitude qui y était assemblée. Le serviteur de Dieu conserva seul sa tranquillité, tant il était maître des mouvements de son cœur. Il partit aussitôt pour Nantes, afin d'obtenir la révocation de la défense qui lui avait été faite ; mais ce fut en vain, et il se vit obligé de revenir à Pontchâteau sans avoir rien obtenu. Bien plus, ayant commencé quelques jours après une mission à Saint-Molf, il reçut un interdit de la part de l'évêque de Nantes, dans le diocèse duquel il travaillait. Des envieux, jaloux des efforts et des succès du saint prêtre, l'avaient desservi auprès du premier pasteur du diocèse de Nantes. On ne se borna pas à son égard à ce genre de persécution le calvaire offusquait certaines gens qui avaient fait tous leurs efforts pour arrêter cette pieuse entreprise. On écrivit à ce sujet au maréchal de Château-Renault, alors commandant en Bretagne, une lettre pleine de faussetés, dans laquelle on représentait le missionnaire comme un ambitieux qui traînait à sa suite des milliers de personnes et qui voulait faire de ce calvaire une forteresse, dont par la suite des ennemis pourraient s'emparer, et où ils auraient le moyen de se retrancher. Trompé par ces assertions mensongères, le maréchal obtint un ordre du roi pour faire détruire le calvaire, et Louis XIV n'était pas un monarque qui souffrit qu'on négligeât d'exécuter ses volontés.

Autant le Père de Montfort éprouva de peine dans cette circonstance, autant sa patience fut admirable. A la première nouvelle qu'il eut de cet ordre, qui lui procurait une humiliation publique, il se contenta de dire : « Dieu soit béni; je n'ai point cherché ma gloire, mais uniquement celle de Dieu j'espère en recevoir la même récompense que si j'avais réussi ».

Le ciel ne permit pas que les efforts de son serviteur pour faire honorer la croix restassent pour toujours inutiles. Les statues et les autres figures furent conservées avec soin par le saint prêtre, qui les fit transporter à Nantes et les déposa dans une chapelle. Un demi-siècle plus tard, M. de La Muzan-chère, évêque de cette ville, les rendit, avec la permission du gouvernement, à leur destination primitive ; le calvaire fut rétabli, et c'est encore aujourd'hui un lieu de dévotion très-fréquenté (1).

(1) En 1747, à la suite d'une autre mission donnée à Pontchâteau par les missionnaires de Saint-Laurent, enfants du Père de Montfort, le Calvaire fut rétabli en subsista jusqu'en 1793, époque à laquelle les troupes républicaines le détruisirent et brûlèrent toutes les statues qui s'y trouvaient. Ce lieu, qui était devenu célèbre, resta ainsi désolé jusqu'en l'année 1820, époque à laquelle M. Gouray, curé de Pontchâteau, entreprit de le rétablir, et y réussit. La croix fut bénite le 22 novembre 1821 ; depuis cette époque, de nombreux pèlerins visitent ce monument de la piété et du zèle du Père de Montfort ; mais le plus célèbre pèlerinage qui s'y fit eut lieu le 24 septembre 1873 ; on y comptait environ 70 000 personnes accourues de toutes parts pour implorer la miséricorde de Dieu en faveur de l’Église opprimée et de la France.
(à suite)
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Laetitia
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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La Scala Santa du calvaire de Pontchâteau :

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Le calvaire :

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