Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

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Message par InHocSignoVinces »

Sœur Marie-Louise avait dans sa cellule une petite statue de sainte Philomène faite sur le modèle de son
saint corps, tel qu'il est à Mugnano. Plus d'une fois, toute la communauté avait remarqué avec admiration,
sur le visage de cette statue, des altérations qui leur paraissaient tenir du prodige. Ceci leur avait inspiré à
toutes le désir pieux de l'exposer dans leur église, et de la fêter avec toute la solennité possible. Cette fête eut
lieu, et, depuis, la statue miraculeuse resta sur l'autel.



Sœur Marie-Louise, les jours de communion et aux heures de l'adoration, allait devant elle faire ses actions de grâces et réclamer la protection de sa bienaimée Sainte. Un jour qu'elle éprouvait en son cœur le plus ardent désir de connaître l'époque précise de son martyre, afin que ses dévoués serviteurs pussent l'honorer avec plus de zèle, ses yeux se ferment, malgré tous ses efforts pour les rouvrir. Alors une voix pleine de douceur, qui lui paraissait venir de l'endroit où était la statue, lui parle ainsi :

« Ma chère Sœur, c'est le 10 du mois d'août que je mourus pour vivre, et que j'entrai triomphante dans le Ciel, où mon divin Époux me mit en possession de ces biens éternels, incompréhensibles à l'intelligence humaine. Aussi fut-ce pour cette raison que son admirable sagesse disposa tellement les circonstances de ma translation à Mugnano, que, malgré les plans arrêtés du prêtre qui avait obtenu mes dépouilles mortelles, j'arrivai dans cette ville, non le 5 de ce mois, comme il l'avait fixé, mais le 10; ni pour être placée à petit bruit dans l'oratoire de sa maison, comme il le voulait aussi, mais dans l'église où l'on me vénère, et au milieu des cris de la joie universelle, accompagnés de tant de circonstances merveilleuses, qui firent du jour de mon martyre un jour de véritable triomphe. »

Comme ces paroles portaient avec elles des preuves
de la vérité qui les avait dictées, elles renouvelèrent,
dans le cœur de sœur Marie-Louise, la crainte où elle
avait déjà été de se voir dans l'illusion. Dans cet état pénible,
elle redouble avec plus de ferveur ses prières,
et elle supplie avec plus d'instance que jamais
à son directeur de la désabuser.



Le moyen était facile, et soulager cette belle âme
était une œuvre bien bonne. On écrit donc à don François.
On lui recommande le secret. On le supplie d'être
assez bienveillant pour répondre clairement sur les
circonstances qui caractérisent la révélation, qui
avaient trait aux résolutions qu'il avait prises lui-même.



Celui-ci les trouve parfaitement d'accord avec la
vérité. Sa réponse non-seulement console la religieuse
afligée, mais elle anime encore ses directeurs à procurer,
pour la gloire de Dieu et de sainte Philomène,
un moyen qu'elle-même semblait leur indiquer, afin
de connaître mieux les détails de sa vie et de son
martyre.



Les directeurs ordonnèrent donc à la sœur Marie-
Louise de faire à cette fin, en vertu de l'obéissance,
les instances les plus vives auprès de la Sainte. Et
puisque, comme le déclare la Bible sacrée, l'obéissance
racontera ses victoires (Prov., xxxi), une fois que la sœur
était en oraison dans sa cellule pour obtenir le
faveur tant désirée, ses yeux se ferment encore de nouveau,
et elle entend la même voix qui lui dicte la
vie et surtout les circonstances du martyre de sainte Philomène.



A SUIVRE...
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InHocSignoVinces
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Message par InHocSignoVinces »

Après qu'elle eut raconté tout ce qu'elle avait appris
dans cette communication si sublime à ses supérieurs,
ils lui ordonnèrent d'écrire de sa propre main l'histoire du
martyre de sainte Philomène. Sœur Marie-Louise se soumit
volontiers, pour l'amour de Notre-Seigneur et pour la vénération
qu'elle porlait à la Sainte. Elle écrivit donc et publia ce que sainte
Philomène lui avait révélé.
Son livre contribua à la sanctification
d'une infinité de chrétiens de l'un et de l'autre sexe. Une multitude
de pécheurs se convertirent à sa lecture. Il fut traduit dans presque
toutes les langues de l'Europe.
Marie-Louise, quelques jours après
qu'elle eut livré cette
Vie de sainte Philomène à la publicité,
n'en reçut par la poste que trente-six traductions en langues étrangères,
comme nous l'a raconté un digne ami, qui est docteur en théologie,
et qui a eu un entretien à ce sujet avec cette sainte sœur, à Naples.
Cet ouvrage a été mis à contribution dans celui de don François de
Lucia, qui se répandit merveilleusement dans toutes les contrées.
C'est la substance de ce délicieux travail de sœur Marie-Louise qui
est à la têle de la
Thaumaturge du XIXe siècle, ouvrage
si bien connu en France.



Là on y entend la vierge-martyre sainte Philomène
raconter elle-même son triomphe sur les ennemis de
la religion, et le genre de tourments et de mort qu'elle
subit pour demeurer fidèle à Jésus-Christ, son époux.
Comme nous avons reproduit entièrement celle troisième
révélation à la suite de notre
Vie nouvelle du Curé d'Ars in-8,
d'après les propres expressions de la Sainte, nous allons la donner ici,
pour ne pas faire double emploi, d'une façon plus historique,
et par suite plus dramatique.



A SUIVRE...
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Message par InHocSignoVinces »

CHAPITRE VI

Naissance et enfance de sainte Philomène.



Sainte Philomène vint au monde vers la fin du
IIIe siècle. Son père, dont on ignore le nom, était un
prince qui gouvernait un État dans la Grèce, sous le bon
plaisir et la haute tutelle de Rome. Sa mère, dont le nom
est aussi inconnu, était de sang royal. La naissance merveilleuse
de la Sainte fit présager à ses parents, dont elle fut comme la
récompense de leur foi et le fruit de leurs prières, qu'elle était,
dans les desseins de la divine Providence, destinée à tenir dans
l'Église un rang plus brillant et plus distingué que
celui qu'elle occupait dans le monde.
Voici comment
elle arriva : Ses parents encore païens, c'est-à-dire
livrés au culte des idoles, se trouvant, depuis plusieurs
années passées dans l'hymen, sans enfants, offraient
sans presque d'interruption des sacrifices à leurs fausses
divinités pour en avoir.



Un médecin de Rome, nommé Publius, zélé chrétien,
vivait dans le palais du prince. Voyant l'affliction de
ses maîtres, et touché de leur aveuglement, il fut sans
doute inspiré par l'Esprit-Saint, à leur parler des mystères
et des beautés du Christianisme. Il alla même,
une fois qu'il pensait avoir conquis leurs sympathies
pour la religion du Christ, jusqu'à leur promettre une
postérité s'ils consentaient à renoncer à leurs erreurs
et à recevoir le saint Baptême pour suivre les croyances
et la morale de l'Évangile.



La grâce du Sauveur accompagna les paroles de
Publius. Elle éclaira l'intelligence et triompha de
l'obstination des parents de la Sainte. Ils se firent
instruire à fond de la religion chrétienne et se firent baptiser.
Quelque temps après, ils eurent le bonheur si impatiemment
attendu et qui était le couronnement de leur confiance,
de leur piété et de leurs prières ; ils eurent une fille.



La naissance de cette enfant les combla d'une joie
difficile à décrire. Pour en témoigner leur vive et
sensible reconnaissance à l'Éternel, ils lui donnèrent
le nom latin
Lumena. Par là ils faisaient
allusion à la lumière de la foi dont cette fille si désirée
avait, pour ainsi dire, été le fruit. Au jour de son baptême,
ils amplifièrent sur le nom. Car Publius, qui fut le parrain
de celle dont il avait, pour ainsi parler, obtenu la naissance,
lui imposa, de concert avec ses parents, le nom
de
Filumena, composé des mots Filia luminis,
c'est-à-dire, Fille de la lumière, et qui devrait se traduire en
français par Filoméne
(1).


A SUIVRE...


1) Je sais que le nom béni de notre Sainte s'écrit le plus ordinairement,
d'après une étymologie grecque, piXouMeva, Philomène.
Encore, si l'on s'en tient à cette étymologie, on devrait écrire
ainsi : Philoumène. Mais, que l'on remarque bien que le nom de
sainte Filomène, qui lui fut imposé à sa naissance et à son baptême, est latin :
que Filia luminis ne signifie autre chose, selon
l'étymologie, que Fille de la lumière. Or qui jamais s'est permis
d'écrire en français, le premier mot de ce nom latin composé, avec Ph, Phille ?
Cette expression dans notre langue serait tout au plus
insignifiante.

Nous avons dit que le doux nom de notre Sainte s'écrit le plus souvent avec Ph.,
car cet usage n'est pas adopté universellement en France. Plusieurs ecclésiastiques
distingués par leurs talents, comme par leurs vertus, écrivent Filomène, et non Philomène.
Ainsi, écrit M. l'abbé Dufay, curé de Sempigny (Oise), dans une lettre qu'il nous a adressée;
ainsi encore, M. l'abbé Ferrand, curé de Thivet (Haute-Marne), me prie dans une lettre
d'observer que le nom béni de sa bonne sainte s'écrit Filomène, parce qu'il ne
vient point du grec, mais du latin.

En Italie, en Suisse, en Savoie, on a suivi la version que nous défendons,
et le nom de la sainte Martyre s'écrit par un F. Nous-même, après
bien des hésitations, après avoir consulté des hommes
érudits, nous nous étions décidé à écrire ainsi ce nom béni.
D'abord, nous avions écrit avec une F, ensuite nous avons modifié
et remplacé l'F par Ph, puis, convaincu par mille raisons qui
se pressaient en foule, nous avons adopté l'F. De ces motifs,
présentons-en deux seulement. C'est la sainte elle-même qui, dans la dernière
révélation de son martyre à sœur Marie-Louise, s'exprime ainsi :
« Au moment où je naquis, on me nomma Lumena,
par allusion sans doute à la lumière de la foi, dont j'avais, si je peux parler
ainsi, été le fruit. Lorsqu'on me donna le baptême, on m'appela
Fil-omène ou Fille de la lumière (Filia luminis), puisque ce jour-là
je naissais à la foi. » Un autre motif: Publius, qui imposa ce nom
béni à la sainte sur les fonts baptismaux, était de Rome; or il put
n'être pas étranger au nom de celle qu'on devait à sa vive foi. Du
reste, l'autorité seule des paroles de sainte Filomène suffit bien pour
nous fixer à ce sujet. Et, tant que l'on ne nous aura pas prouvé d'une
manière invincible que le nom de notre Sainte est grec, nous persisterons
à soutenir qu'il doit être écrit avec un F. Cependant, comme chez nous
l'usage a prévalu d'écrire le nom de notre sainte : Philomène, et qu'il serait
difficile de réagir contre cet usage, comme l'observe M. l'abbé Robert
(Dévotion à sainte Philomène), nous conservons dans notre ouvrage l'orthographe reçue,
quoiqu'elle suit évidemment irrégulière, jusqu'à ce que des hommes supérieurs lui fassent
subir une modification qui alors serait adoptée du plus grand nombre.

Pour que nous écrivions le nom de la Sainte, selon l'usage qui est irrégulier,
il n'y a que le motif ici allégué, et suivi par M. l'abbé Fromentin qui pourrait
nous y entraîner. Certes, la raison de ce digne auteur n'est pas sans valeur;
et, toutefois, nous croyons qu'il est temps plus que jamais de s'opposer,
par une innovation si on le veut, à cet acte d'irrégularité. Voici ce que dit
en note, à la page 12, M. l'abbé Fromentin :

« Nous conservons cette traduction (Philomène), parce qu'elle
est universellement adoptée. Depuis 1830, grand nombre de jeunes
filles ont reçu au baptême (nous pouvons ajouter et combien de
religieux, de religieuses, à leur profession, ont aussi reçu) le nom
de Philomène ; il serait difficile de réagir contre cet usage.
Régulièrement on devrait écrire Filomène, ou mieux encore Filumène.
Avant les révélations de la Sainte, on avait cru que cette inscription,
grossièrement faite, pouvait venir du grec. Au lieu de Filia luminis,
Fille de la lumière, on avait lu piXouMeva, aimée; d'où la traduction
de Philomène, conservée jusqu'à aujourd'hui. »

Nous convenons que cette observation de l'auteur est très-juste,
tant de jeunes gens ont aujourd'hui pour nom Philomène. Mais qui
empêcherait ceux qui imposeraient de nouveau le nom de la Sainte
aux enfants de le faire écrire avec un F ?
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Re: Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

Message par InHocSignoVinces »

Quant aux actions de sainte Philomène dans sa première enfance, elles nous sont inconnues. La Sainte
n'en a rien dit. Nous devons supposer que déjà elle pratiquait toutes les vertus qui conviennent aux enfants
chrétiens avec la perfection la plus grande et la plus parfaite.
La prière, la lecture des Livres saints, l'amour
de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le jeûne, la mortification, l'aumône, et surtout la modestie, brillaient en elle de l'éclat le plus vif et édifiaient tous ceux qui en étaient les heureux témoins.



Les faveurs spéciales qu'elle reçut plus tard de la très-sainte Vierge Marie nous donnent à comprendre que sainte Philomène avait une tendre dévotion, un filial amour pour cette Reine des Anges. Nous disons de même de sa dévotion aux saints Anges, dont elle sut, dans un corps fragile et périssable, imiter pourtant la sublime pureté et l'incomparable fidélité au Seigneur son Dieu. Certes, les bontés extrêmes de ces princes du Paradis pour elle ne nous laissent aucun doute de l'attention avec laquelle la jeune Vierge les honorait et les priait.


Elle obéissait avec bonheur à ses parents, elle leur obéissait promptement, avec joie et pour l'amour de
Jésus-Christ, qui s'est fait pour nous obéissant jusqu'à la mort de la Croix. De là naissait pour elle cette
tendresse qui leur était si vive, que toujours ils voulaient l'avoir près d'eux.
Enfin, figurons-nous l'enfant le plus
craignant Dieu, le plus accompli en toutes choses, quant au moral et au physique, et pensons que telle fut sainte Philomène dans sa première enfance.
C'est pour cela qu'elle plut si bien à Notre-Seigneur Jésus-Christ et à sa sainte Mère, qu'ils se la consacrèrent en lui inspirant le vœu de perpétuelle virginité.


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Re: Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

Message par InHocSignoVinces »

CHAPITRE VII

Sainte Philomène consacre à Dieu sa virginité.



C'est en croissant toujours plus dans la grâce et la piété, à mesure qu'elle avançait dans la carrière de la vie, que sainte Philomène arriva à sa onzième année. Inspirée alors par l'Esprit-Saint, auquel elle était si bien unie par la foi, par l'espérance et surtout par la divine charité, elle fit, sous les auspices de la très-sainte Vierge Marie, le vœu de virginité perpétuelle. Elle prit à témoin de cette grande et importante actton son bon ange gardien, le confident de toutes ses pensées, de tous ses désirs, de ses joies comme de ses peines. Et ce pur Esprit qui la chérissait si tendrement, à raison de sa virginale chasteté, lui servit de guide, de directeur, de protecteur et de secours dans les occasions délicates qui sans cela eussent été préjudiciables à son innocence.


Une fois consacrée au Seigneur par le vœu de virginité, Philomène dit plus que jamais un éternel adieu au monde. Elle fit avec lui un complet divorce pour s'unir tout entièrement et de la manière la plus intime à Jésus-Christ, son époux. Elle savait, la Vierge chaste, que la virginité est une riche perle, qu'heureux est celui qui la possède; qu'elle est une rose odoriférante, un lis brillant de blancheur, la fleur et le fruit. Et c'est parce qu'elle estimait cette si belle vertu qu'elle prit tous les moyens que lui offrait la religion chrétienne pour la conserver intacte. Comme la Vierge immaculée, sa sainte et auguste patronne, qui fut troublée à la vue de l'Ange qui venait de la part du ciel lui annoncer que Dieu l'avait choisie pour être sa mère, ainsi Philomène redoutait la vue des hommes et leurs paroles. Elle savait, l'humble Vierge, que la virginité est toujours timide au milieu du monde dont l'air corrompu est trop souvent mortel pour elle. C'est pourquoi elle fuyait les regards, elle mettait un voile sur son visage, s'appliquait à la prière du cœur comme étant l'arme la plus forte et la mieux trempée pour parer les coups de l'ennemi de l'âme, les traits des scandales, les soupçons et les mauvaises langues.


Telle était la modestie de sainte Philomène, dans ses vêtements, ses démarches et tous ses mouvements, que ceux qui la rencontraient, voyaient en elle la vive ressemblance de Dieu, la véritable épouse de Jésus-Christ. Ils s'inclinaient devant elle par respect, remplis qu'ils étaient d'admiration pour sa sainteté. Ses parents eux-mêmes avaient pour leur fille bien-aimée une grande vénération et une admirable tendresse.


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Message par InHocSignoVinces »

Sainte Philomène, à l'âge de treize ans, était connue
au loin par la réputation de sa vertu et de sa beauté.
C'est pourquoi des princes, très-élevés et qui professaient
le Christianisme, la recherchèrent pour épouse.

Elle les refusa tous, donnant pour motif à ses parents
que, puisqu'elle appartenait tout entière à Jésus-Christ,
elle ne pouvait plus disposer d'elle-même. Ses parents
sans doute étaient satisfaits d'avoir une fille si sage et
si vertueuse, ils la considéraient comme leur plus riche
couronne.
Mais, d'une autre part, ils eussent voulu
qu'elle unît ensemble la virginité au mariage et qu'elle
leur laissât une postérité. Selon eux, ces deux professions
n'étaient pas incompatibles. Ils avaient raison en un sens,
plusieurs ont vécu chastes et vierges dans le mariage.

Toutefois Philomène ne pensait point ainsi : " J'ai consacré
mon cœur à Jésus-Christ, disait la chaste Vierge,
et je n'aurai jamais d'autre époux que lui. »



Certes! la Sainte, en parlant et en agissant de la sorte, faisait un acte de haute sagesse.
Une jeune fille qui veut s'établir, si elle est prudente, observe saint Liguori, choisit,
parmi ses prétendants, celui qui lui paraît le plus digne de la posséder et le plus capable
de la rendre heureuse en ce monde.
Or Philomène, par son vœu de virginité, avait épousé
Jésus-Christ lui-même; donc, ce n'était pas seulement convenance, c'était devoir pour elle
de refuser tout autre parti.
Ajoutons que le divin époux Jésus étant de tous le plus doux
et le plus aimable, de tous le seul qui puisse faire l'éternel bonheur aussi de ses chastes épouses,
Philomène était sage et prudente de refuser la main de qui que ce pût être.



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Message par InHocSignoVinces »

Du reste, elle n'est point la seule vierge qui ait suivi cette voie.
Sainte Agnès refusa le fils du préfet de Rome qu'on lui offrait en mariage ;
sainte Domitille le comte Aurélien, qui, quoique païen, consentait à lui
laisser professer la religion chrétienne: « Dites-moi, répondait la Sainte à ceux
qui la sollicitaient, si l'on donnait à choisir à une jeune personne, entre un roi
et un paysan, lequel préférerait-elle ?
Si je me mariais à Aurélien, il me faudrait
renoncer aux noces du Roi des cieux, ne serait-ce pas une grande folie à moi ?

Allez dire à Aurélien qu'il n'espère jamais m'obtenir. »

Ces sentiments ne sont-ils pas conformes à ceux de sainte Philomène ? Nous pourrions
citer mille autres exemples de vierges qui rejetèrent l'alliance de puissants monarques
pour épouser Jésus-Christ :
la bienheureuse Jeanne, infante de Portugal, refusa la main
de Louis XI, roi de France; une bienheureuse Agnès refusa Ferdinand II, empereur;
Elisabeth, fille du roi de Hongrie, refusa Henri, archiduc d'Autriche; que ces
quelques traits suffisent pour justifier aux yeux des rationalistes la conduite de sainte Philomène.



Quant aux prétentions des parents de sainte Philomène à la postérité qu'ils attendaient d'elle, le bien d'avoir quelques descendants aurait-il valu la gloire et l'avantage ineffables d'avoir eu pour fille une sainte, une vierge et martyre, qui règne aujourd'hui avec l'Époux divin dans l'éternel empire du ciel ? Mais nous avons vu que ce mariage de là Sainte avec Jésus-Christ, loin d'être stérile, fut spirituellement fécond. Car la famille qui naquit de ce mariage divin, j'entends les œuvres de piété et de dévotion, les vertus, est toute spirituelle, et c'est cette famille qui élève au plus grand honneur les parents de la vierge Philomène. Ici les belles paroles de saint Bernard à sa sœur trouvent une juste application. «Vous, ma chère sœur en Jésus-Christ, ne dites pas : Je suis un bois aride, un arbre sans fruit. Car si vous aimez Jésus-Christ, votre époux, et que vous le craigniez, comme vous le devez, vous avez sept enfants. Le premier enfant, c'est la modestie; le second, la patience; le troisième, la sobriété; le quatrième, la tempérance ; le cinquième, la charité ; le sixième, l'humilité; le septième, la chasteté. Ainsi, par la grâce du Saint-Esprit, vous enfantez sans douleur, d'un sein incorruptible, sept enfants à Jésus-Christ, afin d'accomplir en vous ces paroles de l'Écriture : Celle qui était stérile a eu sept fils. » (De modo bene vivendi, c. XII.)


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Re: Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

Message par InHocSignoVinces »

Les ennemis de la virginité, qui par là même en
détestent le vœu, le blâment en sainte Philomène,
à cause du jeune âge où elle le fit, comme bientôt va
l'observer son père. Ils trouvent qu'il était un motif
légitime de dispense pour sa piété, dans la paix qu'elle
pouvait procurer à ses parents. Prémunissons les fidèles à cet égard.



On est libre de ne pas faire de vœux, et quand le cœur
les inspire, il faut de la prudence avant de les faire.

Tout âge où la raison est assez mûre pour un tel acte,
où la volonté est assez éclairée, suffit pour le rendre
valide.
Et il n'en est pas de preuve plus solide que la
très-sainte Vierge Immaculée Marie, qui, dès son enfance,
se voua au Seigneur pour toujours.



Une telle promesse oblige à jamais, et, si le cœur se sent la force de l'accomplir,
il n'est pas naturel d'en solliciter la dispense.
Il nous sera donné de voir comment
et avec quelle ardeur les parents de sainte Philomène, pour se soustraire aux
tracasseries de Dioclétien,
sollicitèrent leur sainte fille de renoncer à son vœu
et de consentir à épouser ce prince.
Mais aussi nous admirerons la fermeté de
la Sainte, qui n'avait d'attrait que pour Dieu seul, et qui périt victime de
son amour pour lui.



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CHAPITRE VIII

Voyage à Rome. La main de Philomène sollicitée par Dioclétien.



D'après le récit de la Sainte à sœur Marie-Louise, il paraît qu'un différend s'était élevé entre son père, au
sujet de ses États, et l'empereur Dioclétien ; que celui-ci, certain de vaincre sa puissance, lui aurait déclaré
la guerre. C'est alors que ce père et son épouse la princesse, qui chérissaient tant leur fille unique, partirent
pour Rome et l'emmenèrent avec eux. Philomène avançait vers sa quatorzième année.



On peut se faire une idée de ce qu'il dut leur en coûter de peines, d'inquiétudes, de soucis pour entreprendre un voyage
de si long cours, dans un temps si peu favorable.
C'était l'époque, selon l'expression d'un Prophète, où les rois et les princes
de la terre, ligués avec l'enfer contre le Christ et son Église, avaient juré de détruire la religion chrétienne (Ps. II). Ils s'imaginaient vainement pouvoir arriver à ce but en versant à grands flots le sang du juste. Dioclétien et Maximien-Galère, son collègue, certes ne le cachaient
pas. «Nous porterons, disaient ces deux tyrans, un coup décisif au Christianisme !»



Selon le sentiment le plus généralement reçu, à rencontre de quelques-uns de faible autorité, sainte Philomène arriva à Rome vers l'an 288. Alors Dioclétien se trouvait dans cette ville avec Maximien pour conférer sur les affaires de l'Empire. Si nous en croyons Tillemont (tome IV, p. 222, col. I), c'est à cette même époque, en l'année 288, que ce prince impie et artificieux avait condamné à mort, après leur avoir fait subir des tourments affreux, plusieurs saints et célèbres martyrs, parmi lesquels saint Sébastien, avec ses compagnons, qu'il avait convertis à la religion du Christ. Pour souscrire à l'opinion des premiers, il faut aussi admettre qu'alors Dioclétien était veuf de sa première femme, sainte Sérène, qu'il fit périr avec sa propre fille, parce qu'elles professaient publiquement la foi chrétienne. Cependant certains auteurs prétendent que le veuvage de Dioclétien arriva un peu plus tard. Quoi qu'il en soit, ce fut dans ces circonstances si critiques que sainte Philomène se présenta, accompagnée de son père et de sa mère, devant l'empereur Dioclétien, qui les accueillit avec toutes les marques possibles de sa considération pour leur qualité de souverains.


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Dioclétien n'eut pas sitôt aperçu Philomène qu'il jeta sur elle des regards de convoitise. Ce fut la grande préoccupation de ce prince, tandis que le père de la Sainte développait chaleureusement les motifs qui
l'avaient amené à la cour de Rome.
Il faut convenir que la jeune Vierge avait en effet tout ce qu'il fallait pour
attirer l'attention de l'empereur: naissance illustre, beauté physique, esprit, talents, savoir, éducation soignée,
belle pose, franchise et candeur au suprême degré, innocence et modestie qui lui gagnait la sympathie de tous.

L'empereur avait mis si peu d'attention à ce que lui avait dit le prince grec, qu'il se contenta de lui répondre en
peu de paroles qu'il était satisfait de son rapport, et qu'il ne serait plus question désormais des différends qui
avaient eu lieu entre eux.



Et, ajouta Dioclétien: «Vous pouvez vivre heureux et content, bannir toute crainte de votre cœur, assuré que vous êtes de ma protection. Bien plus, si quelque prince osait attaquer les droits de votre couronne, vous n'aurez qu'à vous adresser à moi, et toutes les troupes
de mon empire seront, à votre disposition. Seulement, j'exige de vous une faveur que vous ne me refuserez pas, je l'espère, c'est que pour
témoignage de votre reconnaissance et de vos bonnes dispositions pour l'avenir à mon égard, vous m'accordiez la main de votre fille.»



Le père de Philomène fut ébloui par une si belle proposition, à laquelle il ne s'attendait guère. Il s'empressa de répondre au désir de l'empereur et l'assura qu'il lui donnerait volontiers sa fille. Mais la vierge Philomène ne dit mot. Et son silence lui suggéra des réflexions qui lui firent pressentir les grands et violents combats qui allaient être livrés à sa foi et à sa pureté. Son père, la voyant irrésolue, demande à l'empereur à le quitter, qu'il ferait en sorte de la gagner et qu'ils reviendraient une autre fois vers lui.


Philomène donc se retira avec son père et sa mère dans la maison qu'ils occupaient provisoirement à Rome.
Là elle eut à soutenir les épreuves les plus pénibles à son cœur innocent. Car ses parents mirent en jeu toutes les batteries, promesses et menaces pour l'amener à accepter l'offre de l'empereur et à les satisfaire. Mais l'amour divin triomphe de tout. Et la Vierge de Jésus, soutenue et fortifiée par la grâce de l'Esprit-Saint, sut repousser les conseils perfides de ses parents. Elle leur parla ainsi, d'un ton ferme, il est vrai, mais néanmoins avec un grand respect:


«Quoi ! vous voulez que, pour l'amour d'un homme, je manque à la promesse que j'ai faite, il y a deux ans, à Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Sachez que ma virginité lui appartient, je ne saurais plus en disposer. Voudriez-vous que, préférant la créature au Créateur, j'échangeasse le titre incomparable d'épouse du Roi des rois avec l'honneur transitoire d'impératrice de Rome ?»


Là-dessus, les parents aveuglés de Philomène lui firent l'objection à laquelle nous avons répondu déjà : «Qu'elle était trop jeune pour contracter un tel engagement.» Ce fut sur quoi insista beaucoup son infortuné père. Et à l'ordre qu'il lui intimait d'accepter la main de l'empereur il joignait les plus terrifiantes menaces.


A SUIVRE...
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