par Abbé Zins » sam. 08 juin 2019 10:05
chartreux a écrit : ↑jeu. 06 juin 2019 11:42
J'ai du mal à comprendre le paragraphe souligné ci-dessous (que l'on peut retrouver
ici, haut de la p.541), sans doute par ce que le sens précis de l'expression
vertu de religion m'échappe un peu.
Scheeben, Dogmatik, livre III, §165, 754, traduction du p. Belet a écrit :
Mais voici un point qu'il ne faut pas perdre de vue : quoique toute la vie surnaturelle in statu viae ait une valeur morale, car la liberté morale s'exerce dans chacun de ses actes, elle ne consiste pas uniquement dans un plus haut degré de moralité. Elle implique, en outre, une connaissance vraiment surnaturelle par la foi, et les actes d'espérance et de charité ne valent pas seulement comme actes moraux, comme manifestation du respect qui est dû à Dieu ; ils valent encore et surtout parce qu'ils contiennent une union surnaturelle avec Dieu, dans laquelle on le saisit et l'embrasse d'une manière admirable. On a donc tout à fait tort, ainsi qu'on le fait souvent de nos jours, de subordonner à la vertu purement morale de religion les actes des vertus théologales, d'autant plus qu'on enlève ainsi à la vertu de religion son caractère surnaturel.
Si les
actes des vertus théologales ne doivent pas être subordonnés à
la vertu purement morale de religion, cela veut-il dire que des athées, des hérétiques, des infidèles etc peuvent accomplir des actes des vertus théologales ?
Je n'ai pas compris non plus en quoi le fait de subordonner les actes des vertus théologales à la
la vertu de religion lui
enlève son caractère surnaturel ?
L'exposé n'est pas des plus clair, en effet. Vous gagnerez certainement en lisant plutôt le R.P. Tanquerey, en ses ouvrages ou précis de Théologie morale et dogmatique.
La difficulté peut résulter du fait que tous ne tiennent ou ne donnent pas la même définition des différents termes et notions, soit en étant moins précis, soit en étendant davantage leurs objets.
Le mieux étant de s’en tenir aux définitions scolastiques qui ont marqué le sommet de la science théologique, que les siècles suivants n’ont fait qu’approfondir.
Les vertus sont soit acquises par la répétition des actes bons, soit infuses par don et grâce de Dieu ; soit naturelles, dépendantes des actes humains, soit surnaturelles, dépassant les forces humaines et infusées par Dieu, les humains y coopérant en s’y ouvrant et en y correspondant.
Les vertus théologales sont surnaturelles, et impliquent donc l’intervention divine avec coopération humaine. Elles ont une influence prépondérante sur toutes les autres vertus.
La vertu de religion se rattache à la vertu de justice, qui rend à chacun ce qui lui est dû ; la vertu de religion rendant ou tendant à rendre à Dieu ce qui Lui est dû, dont l’adoration, l’obéissance, et plus spécifiquement le culte.
Elle peut être à la fois naturelle et surnaturelle. Mais pour être juste et véridique, il lui faut connaître le vrai Dieu, Sa Volonté et Ses Commandements, le culte qui Lui convient.
L’auteur semble vouloir dire que les vertus théologales, et surtout la charité, ne s’en tiennent pas à ce qui est strictement dû au regard de la seule vertu de religion, mais s’étendent et vont au-delà.
Il paraît aussi dénoncer une restriction faite par des auteurs rationalistes de la vertu de religion à de simples actes naturels, sans considération de l’apport des vertus infuses, et spécialement des théologales, propres à la sublimer.
Mais il faut reconnaître que sa dernière phrase n’est pas claire du tout, et qu’il est difficile de saisir ce qu’il entend ainsi exprimer.
[quote=chartreux post_id=9346 time=1559814133 user_id=85]
J'ai du mal à comprendre le paragraphe souligné ci-dessous (que l'on peut retrouver [url=https://archive.org/details/lathologiedogm03sche/page/540]ici[/url], haut de la p.541), sans doute par ce que le sens précis de l'expression [i]vertu de religion[/i] m'échappe un peu.
[quote="Scheeben, Dogmatik, livre III, §165, 754, traduction du p. Belet"]
Mais voici un point qu'il ne faut pas perdre de vue : quoique toute la vie surnaturelle [i]in statu viae[/i] ait une valeur morale, car la liberté morale s'exerce dans chacun de ses actes, elle ne consiste pas uniquement dans un plus haut degré de moralité. Elle implique, en outre, une connaissance vraiment surnaturelle par la foi, et les actes d'espérance et de charité ne valent pas seulement comme actes moraux, comme manifestation du respect qui est dû à Dieu ; ils valent encore et surtout parce qu'ils contiennent une union surnaturelle avec Dieu, dans laquelle on le saisit et l'embrasse d'une manière admirable.[b] On a donc tout à fait tort, ainsi qu'on le fait souvent de nos jours, de subordonner à la vertu purement morale de religion les actes des vertus théologales, d'autant plus qu'on enlève ainsi à la vertu de religion son caractère surnaturel.[/b]
[/quote]
Si les [i]actes des vertus théologales[/i] ne doivent pas être subordonnés à [i]la vertu purement morale de religion[/i], cela veut-il dire que des athées, des hérétiques, des infidèles etc peuvent accomplir des actes des vertus théologales ?
Je n'ai pas compris non plus en quoi le fait de subordonner les actes des vertus théologales à la [i]la vertu de religion[/i] lui [i]enlève son caractère surnaturel[/i] ?
[/quote]
L'exposé n'est pas des plus clair, en effet. Vous gagnerez certainement en lisant plutôt le R.P. Tanquerey, en ses ouvrages ou précis de Théologie morale et dogmatique.
La difficulté peut résulter du fait que tous ne tiennent ou ne donnent pas la même définition des différents termes et notions, soit en étant moins précis, soit en étendant davantage leurs objets.
Le mieux étant de s’en tenir aux définitions scolastiques qui ont marqué le sommet de la science théologique, que les siècles suivants n’ont fait qu’approfondir.
Les vertus sont soit acquises par la répétition des actes bons, soit infuses par don et grâce de Dieu ; soit naturelles, dépendantes des actes humains, soit surnaturelles, dépassant les forces humaines et infusées par Dieu, les humains y coopérant en s’y ouvrant et en y correspondant.
Les vertus théologales sont surnaturelles, et impliquent donc l’intervention divine avec coopération humaine. Elles ont une influence prépondérante sur toutes les autres vertus.
La vertu de religion se rattache à la vertu de justice, qui rend à chacun ce qui lui est dû ; la vertu de religion rendant ou tendant à rendre à Dieu ce qui Lui est dû, dont l’adoration, l’obéissance, et plus spécifiquement le culte.
Elle peut être à la fois naturelle et surnaturelle. Mais pour être juste et véridique, il lui faut connaître le vrai Dieu, Sa Volonté et Ses Commandements, le culte qui Lui convient.
L’auteur semble vouloir dire que les vertus théologales, et surtout la charité, ne s’en tiennent pas à ce qui est strictement dû au regard de la seule vertu de religion, mais s’étendent et vont au-delà.
Il paraît aussi dénoncer une restriction faite par des auteurs rationalistes de la vertu de religion à de simples actes naturels, sans considération de l’apport des vertus infuses, et spécialement des théologales, propres à la sublimer.
Mais il faut reconnaître que sa dernière phrase n’est pas claire du tout, et qu’il est difficile de saisir ce qu’il entend ainsi exprimer.