par Si vis pacem » mer. 30 janv. 2019 22:08
Louis Mc Duff a écrit : ↑mer. 19 déc. 2018 17:32
Quand les Pères du Saint Concile de Trente ont mis sur un même (autel ?) les écrits de S. Thomas et le Saint Évangile, était-ce la Somme Théologique publié du vivant de Saint Thomas ou toute la Somme avec ses 3 Parties et son Supplément ?
1° - Était-ce sur un autel ?
a) Si le
R.P. Touron, à la suite du
R.P. Thomas d'Aquin, nous parle d'une table :
R.P. Touron – La vie de saint Thomas d'Aquin. Paris, 1737, p.627 a écrit :
Ce ne fut pas seulement par des paroles, mais aussi par des faits les plus honorables, que cette auguste Assemblée donna des preuves non-équivoques de son estime particulière pour les écrits de Saint Thomas. On y vit sa Somme de Théologie sur une même table, à côté de la sainte Bible, pour servir sans doute d'explication, et de Commentaire du texte sacré. Il convenait, il était juste (dit un auteur qui rapporte le fait) que les ouvrages du docteur angélique fussent placés d'abord après les Livres divins :
R.P. Thomas d'Aquin – Vinea Christi sive politia ecclesiastica. Lyon, 1647, p.87 a écrit :
Fide dignissimi retulerunt in magnæ Aulæ medio, ubi erant congregati sacræ Tridentinæ Synodi religiosissimi Præsules, ac doctissimi Patres, mensam extitisse sacro Librorum pondere gravem, in qua sacri hi Codices conspiciebantur, sacra Scriptura ; & sanctiones, ac decreta Pontificum ; sancti Thomæ Summa. Expende quo honore habita, quæ inter Codices divinos numeratur. Par erat, ut post divinos libros recenserentur Angelici.
b) Le
R.P. Camblat nous parle, quant à lui, d'un autel :
R.P. Camblat – De perpetua Doctrinæ S. Thomæ Aquinatis in scholis & in Ecclesia Authoritate a écrit :
Quo cultus Th. Aquinatis Doctrinam venerati sint Concilii Tridentini PP. vel hoc unum plusquam satis explicat ; quod cum Sacrum Evangeliorum Librum, cæterasque Sacræ Scripturæ Paginas super Altare pro more jussissent reponi, ut certissimam suarum definitionum regulam, unam voluerunt iis adjungi S. Th. Summam ; ad quam ut ad lydium lapidem, si quid ambiguitatis, si quid controversia exortum fuisset, communibus votis referendum existimabant.
Difficile dans ces conditions de conclure. Reste alors l'étude des
documents iconographiques …
2° - « Était-ce la Somme Théologique publiée du vivant de Saint Thomas ou toute la Somme avec ses 3 Parties et son Supplément ? »
a) Les sacrements sont traités par saint Thomas dans la troisième partie de la Somme, et la pénitence est le dernier sacrement qu'il a lui-même rédigé ; la suite — ce que l'on désigne sous le nom de Supplément — est une compilation, inspirée par frère Reginald, du commentaire du quatrième livre des Sentences du même saint Thomas afin de compléter la
Somme. Ce n'est donc qu'un ajout utilisant un matériau de moindre qualité, une œuvre de jeunesse, et à ce titre, il ne peut être comparé à la Somme dont l'auteur reçut cette réponse si élogieuse de Notre-Seigneur : «
Bene scripsisti de me, Thoma ».
b) Et en effet, Cajetan, son commentateur par excellence, n'étudie que les parties rédigées par saint Thomas (1508 pour la
pars prima, 1514 pour la
prima secundæ, 1518 pour la
secunda secundæ et 1528 pour la
tertia) et pour suppléer aux questions que notre saint Docteur ne put traiter, Cajetan ajoute les suivantes qui ne se trouvent pas dans toutes les éditions : 1.
De attritione et contritione ; 2.
De confessione ; 3.
De satisfactione ; 4.
De ministro sacramenti pænitentiæ ; 5.
De indulgentiarum thesauro ; 6.
De causa indulgentiarum ; 7.
De suscipientibus indulgentias ; 8.
De modo tradendi seu recipiendi sacros ordines ; 9.
De contractu matrimonii ; 10.
De usu matrimonii ; 11.
De delectatione morosa.
c) Si donc, le supplément n'est qu'une compilation du commentaire du quatrième livre des Sentences, il était logique de citer celui-ci et non le Supplément lorsque nécessaire. C'est effectivement ce que nous constatons en lisant, par exemple, l'
Histoire du concile de Trente du cardinal Sforza Pallavicini (
Liv. XXII, chap. 4, pt. 25) à propos de l'intervention de Lainez concernant les mariages clandestins. Ce pourra être comparé à
cette anecdote concernant la
tertia pars, Quæst.80, art.11 rapporté à l'origine par
Diogo de Payva de Andrada dans le
deuxième tome de ses Sermões.
Au vu de tout cela, nous pouvons donc conclure que c'est la
Somme Théologique,
stricto sensu, qui figurait au côté des Saintes Écritures et des actes & décrets pontificaux.
[quote=" Louis Mc Duff" post_id=7710 time=1545237160 user_id=66]
Quand les Pères du Saint Concile de Trente ont mis sur un même (autel ?) les écrits de S. Thomas et le Saint Évangile, était-ce la Somme Théologique publié du vivant de Saint Thomas ou toute la Somme avec ses 3 Parties et son Supplément ?
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[b][color=red]1° - [/color]Était-ce sur un autel ?[/b]
[b]a) [/b]Si le [url=https://books.google.fr/books?id=8vNeAAAAcAAJ&pg=PA627]R.P. Touron[/url], à la suite du [url=https://books.google.fr/books?id=LmPraLqlVqAC&pg=PA87]R.P. Thomas d'Aquin[/url], nous parle d'une table :
[quote= R.P. Touron – La vie de saint Thomas d'Aquin. Paris, 1737, p.627]
Ce ne fut pas seulement par des paroles, mais aussi par des faits les plus honorables, que cette auguste Assemblée donna des preuves non-équivoques de son estime particulière pour les écrits de Saint Thomas. On y vit sa Somme de Théologie sur une même table, à côté de la sainte Bible, pour servir sans doute d'explication, et de Commentaire du texte sacré. Il convenait, il était juste (dit un auteur qui rapporte le fait) que les ouvrages du docteur angélique fussent placés d'abord après les Livres divins :
[quote= R.P. Thomas d'Aquin – Vinea Christi sive politia ecclesiastica. Lyon, 1647, p.87]
[i]Fide dignissimi retulerunt in magnæ Aulæ medio, ubi erant congregati sacræ Tridentinæ Synodi religiosissimi Præsules, ac doctissimi Patres, mensam extitisse sacro Librorum pondere gravem, in qua sacri hi Codices conspiciebantur, sacra Scriptura ; & sanctiones, ac decreta Pontificum ; sancti Thomæ Summa. Expende quo honore habita, quæ inter Codices divinos numeratur. Par erat, ut post divinos libros recenserentur Angelici.[/i]
[/quote]
[/quote]
[b]b) [/b]Le [url=https://books.google.fr/books?id=bwF3J5DEy60C&pg=PP75]R.P. Camblat[/url] nous parle, quant à lui, d'un autel :
[quote= R.P. Camblat – De perpetua Doctrinæ S. Thomæ Aquinatis in scholis & in Ecclesia Authoritate]
Quo cultus Th. Aquinatis Doctrinam venerati sint Concilii Tridentini PP. vel hoc unum plusquam satis explicat ; quod cum Sacrum Evangeliorum Librum, cæterasque Sacræ Scripturæ Paginas super Altare pro more jussissent reponi, ut certissimam suarum definitionum regulam, unam voluerunt iis adjungi S. Th. Summam ; [i]ad quam ut ad lydium lapidem, si quid ambiguitatis, si quid controversia exortum fuisset, communibus votis referendum existimabant[/i].
[/quote]
Difficile dans ces conditions de conclure. Reste alors l'étude des [url=http://lesalonbeige.blogs.com/.a/6a00d83451619c69e201b8d2828181970c-pi]documents iconographiques[/url] …
[b][color=red]2° - [/color]« [i]Était-ce la Somme Théologique publiée du vivant de Saint Thomas ou toute la Somme avec ses 3 Parties et son Supplément ?[/i] »[/b]
[b]a) [/b]Les sacrements sont traités par saint Thomas dans la troisième partie de la Somme, et la pénitence est le dernier sacrement qu'il a lui-même rédigé ; la suite — ce que l'on désigne sous le nom de Supplément — est une compilation, inspirée par frère Reginald, du commentaire du quatrième livre des Sentences du même saint Thomas afin de compléter la [i]Somme[/i]. Ce n'est donc qu'un ajout utilisant un matériau de moindre qualité, une œuvre de jeunesse, et à ce titre, il ne peut être comparé à la Somme dont l'auteur reçut cette réponse si élogieuse de Notre-Seigneur : « [i]Bene scripsisti de me, Thoma[/i] ».
[b]b) [/b]Et en effet, Cajetan, son commentateur par excellence, n'étudie que les parties rédigées par saint Thomas (1508 pour la [i][url=https://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10149307_00005.html]pars prima[/url][/i], 1514 pour la [i][url=https://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10149308_00007.html]prima secundæ[/url][/i], 1518 pour la [i][url=https://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10149309_00005.html]secunda secundæ[/url][/i] et 1528 pour la [i][url=https://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10149310_00005.html]tertia[/url][/i]) et pour suppléer aux questions que notre saint Docteur ne put traiter, Cajetan ajoute les suivantes qui ne se trouvent pas dans toutes les éditions : 1. [i]De attritione et contritione[/i] ; 2. [i]De confessione[/i] ; 3. [i]De satisfactione[/i] ; 4. [i]De ministro sacramenti pænitentiæ[/i] ; 5. [i]De indulgentiarum thesauro[/i] ; 6. [i]De causa indulgentiarum[/i] ; 7. [i]De suscipientibus indulgentias[/i] ; 8. [i]De modo tradendi seu recipiendi sacros ordines[/i] ; 9. [i]De contractu matrimonii[/i] ; 10. [i]De usu matrimonii[/i] ; 11. [i]De delectatione morosa[/i].
[b]c) [/b]Si donc, le supplément n'est qu'une compilation du commentaire du quatrième livre des Sentences, il était logique de citer celui-ci et non le Supplément lorsque nécessaire. C'est effectivement ce que nous constatons en lisant, par exemple, l'[i]Histoire du concile de Trente[/i] du cardinal Sforza Pallavicini ([url=https://books.google.fr/books?id=tR9UAAAAcAAJ&pg=PA429]Liv. XXII, chap. 4, pt. 25[/url]) à propos de l'intervention de Lainez concernant les mariages clandestins. Ce pourra être comparé à [url=https://books.google.fr/books?id=eNE6AQAAMAAJ&pg=PA1213] cette anecdote[/url] concernant la [i]tertia pars[/i], Quæst.80, art.11 rapporté à l'origine par [url=https://en.wikipedia.org/wiki/Diogo_de_Payva_de_Andrada]Diogo de Payva de Andrada[/url] dans le [url=https://tolosana.univ-toulouse.fr/feuilletage/?https://tolosana.univ-toulouse.fr/feuilletage/?id=075564203&openingpage=178&totalpages=640&tome=T2&width=1000&height=750&iframe=true#page/178]deuxième tome de ses [i]Sermões[/i][/url].
Au vu de tout cela, nous pouvons donc conclure que c'est la [i]Somme Théologique[/i], [i]stricto sensu[/i], qui figurait au côté des Saintes Écritures et des actes & décrets pontificaux.